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Bourgeoisie d'état vit sur la bête

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Comment la bourgeoisie d’Etat vit sur la bête? 95 exemples

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L’Etat le plus bête du monde ?

L’Etat le plus bête du monde ? | Think outside the Box | Scoop.it
L’affaire de la taxe avortée sur l’EBE est révélatrice d’une évolution inquiétante : la matière grise manque de plus en plus à une administration dont les élites se détournent. Il faut remettre de l’intelligence dans l’Etat.

 

La France n’est ni l’Italie ni les Etats-Unis, il faut que l’Etat y fonctionne, y fonctionne bien et même très bien. Les pouvoirs publics sont si lourds, représentant plus de la moitié du PIB, si omniprésents avec des milliers de bureaux qui doivent donner leur coup de tampon sur la moindre initiative, mais aussi si intimement inscrits dans l’identité nationale, que la France ne sait tout simplement pas être sans son Etat. Question d’histoire ancienne, question d’ADN. Or cet Etat s’est considérablement dégradé depuis vingt ans. Cela s’observe chaque semaine à mille endroits.

A la SNCF-RFF, naguère machine si bien huilée, qui laisse se dégrader ses rails, ce qui est mortel, mais surtout qui n’a plus les dispositifs internes de remontée de l’information. A l’Education nationale, où passent comme sur les plumes d’un canard les résultats honteux d’une enquête de l’OCDE qui montre que 21,6 % des Français adultes ne maîtrisent pas l’écrit et 28 % les chiffres. Rendez-vous compte, le pays de Voltaire et de Cédric Villani (médaille Fields) obtient les pires scores des pays développés, ne faisant mieux, à peine, que l’Espagne, l’Italie (pour la langue) et les Etats-Unis (pour les maths). Et personne ne dit rien.

L’affaire de la taxe sur l’excédent brut d’exploitation (EBE) que le gouvernement a fini in extremis par arrêter en vol est éclairante de ce pourrissement étatique. Comment se fait-il qu’une idiote initiative, dont n’importe quel chef d’entreprise vous dira qu’elle pénalise forcément l’investissement, soit née puis qu’elle se soit développée au point de devenir possible ? Le ministère des Finances que, naguère, rêvaient d’intégrer la crème de la crème de nos étudiants, énarques et polytechniciens, reste malgré tout l’administration la plus huppée. On devrait y trouver des intelligences capables de voir l’idiotie et de la dire. Eh bien non. Silence là encore. Personne ne se sent responsable ni dans l’administration ni dans les cabinets des trop nombreux ministres. Pourquoi ? Pourquoi l’Etat français devient-il le plus bête du monde ?

Dans l’attente d’études sans concession sur cette question existentielle pour le pays, on peut émettre quelques hypothèses. La première est, si je puis dire, constitutive à l’esprit administratif obéissant. Il faut des sous ! A Bercy, chacun est mobilisé à cette urgence nationale de rétablir des comptes dans le rouge depuis quarante ans. Et chaque bureau de faire preuve de zèle, l’impératif budgétaire écrase tout, jusqu’au bon sens. A l’examen, j’écarte pourtant cette hypothèse de l’aveugle obéissance. Il y a forcément eu quelqu’un à Bercy qui a pointé la bêtise.

Mais alors ? Alors, ces esprits lucides sont devenus rares. Nous entrons dans le cœur du drame. L’Etat français n’accueille plus la crème de la crème, les meilleurs élèves de la République vont dans les groupes du CAC40, où les rémunérations sont devenues sans commune mesure. Il faut une abnégation admirable pour rester au service du bien commun. Naturellement, les vocations s’évanouissent. A cela s’ajoute que, comme le pantouflage est devenu le seul but, les hauts fonctionnaires sont tentés de perdre leur indépendance d’esprit. A mal rémunérer, l’Etat perd ses meilleurs officiers et déprave leur amour de la patrie.

A cette rareté des Delouvrier, Nora, Camdessus, Trichet (heureusement, il en reste quelques-uns, Musca, Fernandez, Macron) s’ajoute une évolution catastrophique du rapport entre l’administration et la politique qui remonte à Pierre Bérégovoy. Le Parti socialiste, à partir de 1993, a attribué la défaite de la gauche à la soumission de Bérégovoy, ministre des Finances puis Premier ministre, à son administration qui l’a poussé vers une politique orthodoxe et vers la libéralisation des marchés financiers. La politique, disent les socialistes unanimes, doit s’imposer à l’administration. Ce fut fait par la suite. Mais c’était casser cette subtile alchimie française née sous les rois et leurs intendants qui faisait de ces derniers des réformateurs proposant. La France doit en vérité autant, sinon plus, à Colbert et Vauban qu’aux Capet. A partir de 1993, la relation est dégradée : le fonctionnaire n’a plus qu’à obéir, il est sommé de garder ses idées pour lui. C’est aux politiques d’en avoir, des idées.

Or, deuxième marche de la dégradation, non seulement les politiques n’ont plus d’idées nationales ou européennes (ils sont des élus locaux, ils ne travaillent pas, ils ne voyagent pas hors de France), mais leurs entourages non plus. C’est là l’évolution de l’Etat la plus dommageable, sous la gauche mais la droite la copie sur ce sujet comme sur tant d’autres : les cabinets ministériels sont emplis d’attachés parlementaires, d’anciens apparatchik d’organisations étudiantes ou syndicales, de ces militants professionnels carriéristes, bref de membres des « staffs », à l’américaine. La vérité oblige à dire qu’on a remplacé, au cœur du pouvoir, les énarques par ceux qui ont raté l’ENA. Voilà pourquoi votre fille est muette.

On aura compris que si la taxe sur l’EBE a fini par rencontrer la colère du patronat, c’est, si l’on peut dire, par coup de chance, parce que le président de la République a compris que l’investissement est en panne, bref, c’est depuis le champ politique que le scud a été tiré et non pas depuis la machine d’Etat. Celle-ci continue au contraire de se dégrader sous les tirs anti-élitistes de la classe politique tout entière, écoutez Sarkozy, écoutez Montebourg, écoutez Le Pen. Les intelligences huées n’ont plus qu’à fuir l’Etat.

Bob TSUC's comment, October 18, 2013 9:54 AM
Je crois avoir reconnu le petit gros à la cravate de travers.