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Le défaut du réacteur chinois pourrait remettre en cause tous les EPR

Le défaut du réacteur chinois pourrait remettre en cause tous les EPR | Think outside the Box | Scoop.it

Un lanceur d’alerte révèle de nouvelles informations sur l’incident qui a conduit à l’arrêt du réacteur EPR de Taishan. De graves défauts sur le combustible pourraient se retrouver sur tous les EPR. L’Autorité de sûreté nucléaire est interpellée.

Le problème de sécurité qui a conduit à l’arrêt du réacteur chinois EPR de Taishan, en juillet dernier, pourrait révéler un défaut récurrent sur tous les EPR, dont celui en construction à Flamanville (Manche). C’est ce que laisse entendre la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad). Dans une lettre adressée à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) le 27 novembre, et dont Reporterre a eu copie, la Criirad apporte de nouvelles informations sur l’incident. Elle les aurait obtenues par un « lanceur d’alerte qui travaille dans l’industrie nucléaire ».

L’arrêt du réacteur 1 de Taishan (la centrale en compte deux) est dû à des ruptures des gaines du combustible nucléaire plongé au cœur du réacteur. Selon l’informateur de la Criirad, ces dégradations « sont dues principalement à des vibrations anormales des assemblages de combustible nucléaire ». Ces vibrations seraient liées à « un défaut de conception de la cuve de la filière EPR ».

La Criirad rappelle que la cuve de l’EPR a été inspirée du projet de réacteur allemand Konvoi, sur lequel des défauts avaient à l’époque été identifiés. Dans les années 1990, l’EPR était en effet un projet franco-allemand, que Berlin a abandonné en cours de route, avec la perspective de sortie du nucléaire.

L’association demande donc à l’ASN de vérifier ces différents points, et de fournir une information publique à leur propos. Selon Bruno Chareyron, directeur du laboratoire de la Criirad, si l’incident de Taishan révélait un défaut générique des cuves de l’EPR, cela « pourrait hypothéquer le démarrage des réacteurs de Flamanville et Olkiluoto », en Finlande.

Des questions précises sont posées à l’ASN :

  • peut-elle confirmer si une trentaine d’assemblages et soixante-dix crayons de combustible sont concernés ?
  • les ressorts de maintien de ces crayons ont-ils cassé ?
  • certaines grilles ont-elles perdu des plaquettes côté réflecteur neutronique ?
  • est-elle informée des résultats des essais de Framatome, au Creusot en 2007-2008, sur l’hydraulique de la cuve de l’EPR ? Rappelons que cette usine a été le siège de nombreuses irrégularités dans les années 2000.
  • y a-t-il un rapport entre ce qui a été observé à Taishan et les vibrations observées sur l’EPR ?

L’ASN n’a pas encore répondu à cette lettre de la Criirad. Les questions posées suggèrent que le lancement de nouveaux EPR, que veut annoncer M. Macron les jours prochains, pourrait être problématique, tant que toutes les incertitudes sur leur sécurité ne seront pas levées.

 

29 novembre 2021

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L’ASN parle d’un "risque industriel" pris par EDF sur la cuve de l’EPR

L’ASN parle d’un "risque industriel" pris par EDF sur la cuve de l’EPR | Think outside the Box | Scoop.it

Malgré les investigations en cours sur la cuve de l’EPR, EDF a fait le choix de l’installer au cœur du bâtiment réacteur de l’EPR de Flamanville. L’ASN pourrait pourtant estimer que cette pièce est inutilisable.

 

 

Mercredi 18 janvier, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) présentait ses traditionnels vœux à la presse. Il y a un an, le Président Pierre-Franck Chevet rappelle qu’il évoquait "un contexte préoccupant à moyen terme", aujourd'hui, il assure que "le contexte est préoccupant tout court". L’année passée a vu l’émergence d’une anomalie générique sur le parc qui a conduit à la mise à l’arrêt temporaire de 12 réacteurs d’EDF et à la découverte de falsifications dans l’usine Areva du Creusot.

Même s’ils vont demander encore des mois de travail, tous ces dossiers sont désormais pris en charge. Mais de nouveaux sujets se présentent à l’autorité. Comme la préparation de la première visite décennale des usines du cycle du combustible ou la gestion des sources radioactives utilisées sur les chantiers pour tester les soudures. Mais de tous les dossiers, c’est sans doute son avis à venir sur l’utilisation de la cuve de l’EPR en construction à Flamanville (Manche) qui est le plus attendu.

Pas de plan B

La découverte de concentrations anormales de carbone dans le couvercle et le fond de cette cuve a poussé à l’ASN à demander à EDF de justifier la solidité de cette pièce au sein de laquelle se déroule la réaction de fission nucléaire. L’électricien a transmis son dossier et ses mesures à l’ASN en fin d’année 2016. Cette dernière pense pouvoir rendre son avis à l’été 2017. Lors d’une visite récente du chantier, les responsables EDF assuraient qu’il n’y avait pas de plan alternatif à celui où la cuve serait validée par l’ASN.

"Nous avons autorisé la mise en place de la cuve dans le bâtiment réacteur mais nous avons demandé à EDF de prévoir un plan B", explique Pierre-Franck Chevet. "Si EDF n’en a pas, ils devront s’en remettre à notre décision (…) EDF a pris un risque industriel, ils assumeront". En cas de rejet de la cuve par les experts de l’autorité, celle-ci devra être réparée ou remplacée. Dans les deux cas, il faudra la sortir du bâtiment réacteur, une opération, lourde, coûteuse et destructrice. EDF, de son côté, assure que les mesures réalisées sur la cuve de l’EPR montre qu’elle est utilisable en toute sûreté.

 

LUDOVIC DUPIN

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EPR de Flamanville, nouvelles anomalies repérées

EPR de Flamanville, nouvelles anomalies repérées | Think outside the Box | Scoop.it

Les soupapes de sûreté du réacteur nucléaire EPR de Flamanville rencontrent des « difficultés de fonctionnement » auxquelles l'exploitant EDF va devoir « répondre », a indiqué l'IRSN (Institut de Radioprotection et de sûreté nucléaire) lundi 8 juin.

L’Institut réagissait à une information du site Médiapart qui a fait état d'un « rapport confidentiel » de l'IRSN datant du mois de février et portant sur de « graves dysfonctionnement de pièces importantes de l’EPR », déjà confronté à un sérieux problème sur sa cuve. Les soupapes permettent de réguler la pression de l'eau dans le circuit primaire du cœur nucléaire.

« Il n'y a pas de “rapport confidentiel” car nous n'en sommes qu'à la phase d'instruction », a précisé Thierry Charles, directeur général adjoint de l'IRSN. « Mais il y a eu une réunion préparatoire avec l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) au cours de laquelle ont été présentés des transparents ». « Les essais réalisés par EDF ont montré des difficultés sur les questions d'ouverture et de fermeture des soupapes », a détaillé M. Charles. Ces essais ont débuté en 2014 et se sont poursuivis en 2015.

 

Avis définitif rendu cet été

« Pour l'instant, on ne peut pas encore conclure que c'est grave car on n'a pas encore jugé complètement la qualité » de ces fameuses soupapes, a-t-il dit. « Nous sommes en train d'examiner le dossier remis par EDF en vue du démarrage de l'EPR. Sur tous les sujets, on a des remarques. C'est classique », a-t-il souligné.

L'IRSN devrait être en mesure de rendre à l'ASN son avis technique sur les soupapes sans doute « dans le courant de l'été », a-t-il estimé. Il reviendra alors à l'ASN de demander à EDF des compléments d'information sur la conception des soupapes afin de s'assurer que ces éléments fonctionnent bien. EDF va devoir « apporter des réponses » pour montrer que la soupape est « prête à assurer sa fonction », a souligné M. Charles.

Interrogé par l'AFP, le groupe Areva, concepteur de l'EPR, a assuré que « tout ceci fait partie du travail normal de qualification des équipements mené avec l'IRSN ». De son côté, EDF indique qu'il enverra son « rapport final » à l'ASN et à l'IRSN « au cours du second semestre ».

Le réacteur EPR n'en finit pas d'accumuler les problèmes techniques. En novembre, EDF a annoncé un nouveau report, à 2017, de la mise en service de ce réacteur. Puis en avril, l'ASN a signalé une « sérieuse anomalie » dans la composition de l'acier du couvercle et du fond de cuve du réacteur fabriqué par Areva.



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Nucléaire français : la fuite en avant ou l'effondrement 

Nucléaire français : la fuite en avant ou l'effondrement  | Think outside the Box | Scoop.it

Ce texte est écrit à partir d’un document gardé secret tant le contenu dérange mais que l’ACRO, qui se bat pour qu’il soit rendu public, a pu consulter dans l’objectif de faire progresser la transparence.

 

La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) publiée au Journal Officiel du 18 août 2015, vise à préparer l’après pétrole et à instaurer un modèle énergétique robuste et durable. En ce qui concerne le nucléaire, elle s’est fixé comme objectif de réduire sa part dans la production d’électricité à 50 % à l’horizon 2025. La part du nucléaire étant de l’ordre de 75% actuellement, c’est donc environ un tiers du parc qui doit être arrêté pour atteindre cet objectif, soit environ 19 réacteurs sur 58. A priori les plus anciens.

 

Or, le combustible MOx, qui permet de recycler le plutonium extrait à l’usine de retraitement d’Orano à La Hague, est utilisé dans les réacteurs les plus anciens du parc. Leur arrêt à l’horizon 2025 aura donc un impact énorme sur l’activité de cette usine et de celle de Melox qui fabrique le combustible. Cela mérite que l’on s’y attarde, surtout quand un débat national sur le plan de gestion des matières et déchets radioactifs est en préparation.

 

Dès 1997, le directeur de la sûreté des installations nucléaires a indiqué à EDF qu’il souhaitait disposer d’une approche globale de la sûreté du combustible nucléaire. Depuis, EDF a transmis plusieurs dossiers, tous secrets. La dernière mise à jour était demandée pour le 30 juin 2016 par l’ASN qui précisait également les scénarios devant être étudiés afin de tenir compte de l’objectif fixé par la loi pour la transition écologique et pour la croissance verte. EDF a rendu sa copie le 29 juin 2016, dans un dossier intitulé « Impact cycle 2016 » qui n’est pas plus public que ses prédécesseurs. L’ASN a aussi demandé une expertise sur ce dossier à l’IRSN. Le rapport n’est pas public, mais l’ACRO a pu l’examiner.

 

Selon l’IRSN, le scénario qui conduit donc à l’arrêt de 19 tranches de puissance unitaire 900 MWe et à une production électrique d’origine nucléaire abaissée de 420 TWh à 305 TWh en 2025, conduit à la saturation des piscines de la Hague et des réacteurs nucléaires en moins de 5 ans après la première fermeture. Tout le parc nucléaire devra donc s’arrêter pour cause d’occlusion intestinale après la mise à l’arrêt de moins de 9 tanches utilisant du MOX ! Les résultats de la simulation de l’IRSN confirment la conclusion d’EDF.

 

EDF a un projet de piscine centralisée bunkérisée pour augmenter ses capacités d’entreposage des combustibles usés. Le rapport IRSN mentionne une ouverture en 2030. Ainsi, toujours selon l’IRSN, le report à 2035 de la limitation à 50 % de la production d’électricité d’origine nucléaire, décale de 10 ans les dates de saturation des piscines, ce qui est compatible avec le calendrier prévisionnel de mise en service de la piscine d’entreposage centralisé, prévue à l’horizon 2030. Et, comme par hasard, le premier ministre a profité de la vacance au ministère de la transition écologique pour annoncer le report de 10 ans de la limitation à 50 % de la production d’électricité d’origine nucléaire…

Rien ne dit qu’EDF terminera sa piscine en 2030. Et, en attendant on ne pourrait pas arrêter le retraitement et le MOx. Pour M. Jean-Bernard Lévy, président-directeur général d’EDF, « si je devais utiliser une image pour décrire notre situation, ce serait celle d’un cycliste qui, pour ne pas tomber, ne doit pas s’arrêter de pédaler. » Il tentait de justifier la construction de nouveaux EPR lors de son audition, le 7 juin 2018, par la commission d’enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires. Cela s’applique aussi aux usines de retraitement de la Hague et Melox qui doivent pédaler sans relâche pour éviter l’arrêt complet du parc nucléaire.

 

Le retraitement consiste à séparer l’uranium, le plutonium des combustibles usés qui sortent des réacteurs. L’uranium, qui représente encore 95% de la masse des combustibles usés, est officiellement recyclable, mais n’est pas recyclé. Comme il ne nécessite pas de stockage en piscine, il est envoyé à Pierrelatte dans la Drôme. Les éléments les plus radioactifs sont concentrés, vitrifiés et entreposés à La Hague en attendant un stockage définitif. Reste le plutonium, moins de 1% de ce qui sort des réacteurs, qui ne peut pas être accumulé pour des raisons de prolifération. Il sert à faire du combustible MOx qui est utilisé dans 22 réacteurs (ceux du palier CPY à Dampierre, Gravelines, Le Blayais, Tricastin, Chinon et Saint Laurent). Le MOx n’est pas retraité ensuite.

 

C’est ce petit pourcent qui peut bloquer toute la machine. Toute l’industrie nucléaire est donc dans une situation très fragile, car on peut imaginer des aléas qui entraîneraient un arrêt prolongé d’une des mailles de cette chaîne du plutonium. Et le maillon faible, ce sont les évaporateurs de l’usine de retraitement de La Hague qui assurent la concentration des produits de fission. Ces équipements, conçus pour une durée de fonctionnement de trente ans, se corrodent plus rapidement que prévu lors de leur conception. Selon l’ASN, cette corrosion est de nature à remettre en cause à moyen terme la sûreté de l’installation. En effet, la tenue de ces équipements à la pression de leurs circuits de chauffe ou au séisme pourrait être remise en cause dans les prochaines années et potentiellement dès 2018 pour l’évaporateur le plus dégradé. Des fuites sont déjà apparues.

 

En cas d’arrêt des évaporateurs de l’un des ateliers, l’usine correspondante devrait également être arrêtée. Ainsi, le dossier d’EDF postule un aléa d’exploitation de 6 mois d’arrêt survenant uniquement sur l’une des deux usines de La Hague. Dans ce cas, l’autre usine seule devrait assurer le traitement des combustibles usés. Mais l’IRSN considère qu’un aléa peut survenir sur les deux usines simultanément et qu’un évènement sur un équipement dont le caractère générique nécessiterait l’arrêt d’équipements similaires, ne peut pas être écarté. La situation correspondant à l’arrêt temporaire des deux usines, même pour quelques mois, n’est cependant pas étudiée par Orano Cycle. En tout état de cause, une diminution des capacités de traitement de ces usines pourrait conduire à terme à la saturation des entreposages des combustibles usés.

 

Ainsi, au regard de la situation actuelle des évaporateurs, l’IRSN relève que l’aléa forfaitaire de six mois retenu ne peut pas être considéré comme enveloppe. Un arrêt des deux usines pour une durée supérieure aux six mois pourrait conduire à une saturation des piscines d’entreposage. L’IRSN demande donc à Orano cycle et EDF de revoir leur copie sur ce sujet et de préciser la durée d’indisponibilité qui conduirait à la saturation des piscines. La réponse est facile à estimer puisque la place disponible à La Hague ne serait plus que de 7,4% : la saturation interviendrait au bout d’une année environ.

 

L’industrie nucléaire française a donc mis en place un système que l’on ne peut pas stopper sur décision politique, sans risque d’un effet falaise qui arrêterait tout le parc en peu de temps. Mais ce système est extrêmement fragile et le piège pourrait se refermer sur ces concepteurs, à la suite de pannes. Pourtant, François de Rugy, alors président de l’Assemblée nationale, a affirmé : « Ce n’est plus EDF qui fait la politique de l’énergie en France » (AFP, 12/07/2018). Vraiment ?

 

L’utilisation de MOx dans les réacteurs les plus récents de 1 300 MWe en remplacement des réacteurs les plus anciens n’est pas simple à mettre en œuvre. Cela demande des études complètes sur le fonctionnement des cœurs des réacteurs et des travaux conséquents à instruire et valider. Il faudrait aussi revoir la fabrication des combustibles et leur transport car ils n’ont pas la même longueur dans les réacteurs anciens et les plus récents.

Reste donc l’option d’arrêter les réacteurs les plus récents en premier pour pouvoir continuer à utiliser le combustible MOx ! En effet, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte ne stipule pas les réacteurs qui doivent être fermés avant 2025. Ou encore d’arrêter des réacteurs anciens et récents pour satisfaire à la loi sans entraîner l’arrêt complet du parc en 5 ans par effet falaise. L’IRSN montre que c’est possible avec l’arrêt d’autant de réacteurs anciens de 900 MWe que de réacteurs récents de 1 300 MWe. Avec une telle option, les activités des usines de retraitement de fabrication de MOx seraient réduites de moitié.

 

Quoi qu’il en soit, EDF devrait aussi augmenter rapidement ses capacités d’entreposage de combustibles usés.

 

Tous ces éléments auraient dû être rendus publics en amont du débat national qui a eu lieu sur la Programmation Pluriannuelle de l’Energie. Ils doivent l’être avant le nouveau débat sur le Plan de Gestion des Matières et Déchets Radioactifs.

 

ACRO

Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l'Ouest

 

 

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Comment expliquer qu'en 2017, EDF ne soit toujours pas capable de justifier les coupures d'électricité?

Comment expliquer qu'en 2017, EDF ne soit toujours pas capable de justifier les coupures d'électricité? | Think outside the Box | Scoop.it

Depuis quelques heures, EDF a communiqué abondamment sur les risques de pénurie d'électricité en raison du froid et des pointes de consommation que celui-ci risquait de générer.

 

Depuis quelques heures, EDF a communiqué abondamment sur les risques de pénurie d'électricité en raison du froid et des pointes de consommation que celui-ci risquait de générer. Comment expliquer que dans un pays théoriquement en surcapacité -puisque nous disposons environ de huit réacteurs de plus que ce dont nous avons besoin- nous en soyons arrivés à une telle situation?

 

Elle résulte d'une double conjonction. D'une part, une addiction au chauffage électrique, en particulier dans les logements sociaux, conduite à la demande de l'État et surtout d'EDF pour écouler l'électricité produite par les centrales nucléaires, et ce de manière constante. Rappelons que lorsqu'il y a une pointe de consommation électrique en Europe l'hiver, la moitié de la pointe est due à la France qui est une exception en Europe au très mauvais sens du terme. Cette addiction au chauffage électrique, constamment encouragée par le législateur, pour les mêmes raisons, a des conséquences sociales extrêmement lourdes puisqu'elle renforce la précarité énergétique et les charges des locataires. S'ajoute à cela un retard massif de la France en matière d'efficacité énergétique, sans même parler de sobriété énergétique. En effet, jusqu'à ces toutes récentes années, la France a refusé énergiquement de mettre en place une politique de maîtrise de l'énergie ce qui explique qu'un ménage français consomme aujourd'hui 35 % de plus d'électricité qu'un ménage allemand équivalent. Cette politique est bien entendue tout à fait volontaire c'est-à-dire destinée à permettre la consommation d'une électricité permanente qu'il était impossible de stocker. La mise en place au demeurant très discutable, car faite dans l'intérêt unique d'EDF et non des consommateurs, des compteurs Linky et les premières campagnes en faveur de la sobriété énergétique arrivent très tard.

 

Le second facteur explicatif est l'indisponibilité d'un nombre relativement important de réacteurs nucléaires à la suite de leur mise à l'arrêt à la demande de l'autorité de sûreté nucléaire. Les contrôles qui ont été exigés à juste titre trouvent leur source dans les malversations constatées au sein de l'entreprise Areva au Creusot à la suite des anomalies découvertes sur la cuve et le couvercle de l'EPR de Flamanville. En effet, les anomalies détectées ont conduit à craindre que des générateurs de vapeur voire des cuves de 21 réacteurs puissent comporter des défauts. On doit donc être reconnaissant à l'ASN d'avoir exercé ses pouvoirs et exiger de l'exploitant, particulièrement réticent, une mise à l'arrêt pour contrôle. Si les autorisations de redémarrage, avec des conditions dont il n'est pas certain qu'elles aient été respectées par l'exploitant, ont été données par l'ASN pour certains réacteurs -avec au passage un certain nombre d'adaptation concernant les règles– il n'en demeure pas moins que nombre de réacteurs restent encore aujourd'hui à l'arrêt.

 

Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que nous manquions d'électricité, d'autant plus que le manque de rentabilité des centrales au gaz a conduit à en fermer certaines réduisant d'autant les capacités de production électrique autre que nucléaire. En effet, notre extrême faiblesse dans le développement des énergies renouvelables (la biomasse et même le solaire qui peuvent être utilisés en période de froid) et l'absence de rentabilité d'un certain nombre de centrales à gaz rendent notre approche monomaniaque de l'énergie catastrophique. Reste bien évidemment l'approvisionnement sur le marché européen qui lui-même est très sollicité et bien évidemment coûteux, ce qui gêne EDF en des périodes de vaches très maigres.

 

Ainsi, la situation actuelle est totalement imputable à notre champion national qui, dans sa croisade permanente en faveur du nucléaire, qui a engendré une dépendance volontaire du chauffage à l'électricité, a cherché à détruire toutes les sources alternatives de production électrique depuis 20 ans, ce qui a été évidemment encouragé par des politiques dotés d'une clairvoyance redoutable.

Au-delà, la communication faite sur les risques de pénurie, voire de black-out, n'a pas seulement l'objectif de prévenir les Français d'une menace de manque d'électricité. Elle vise également à faire pression sur l'autorité de sûreté nucléaire pour que les autorisations de redémarrage soient données le plus rapidement possible et, de manière plus insidieuse, à essayer de faire porter sur l'autorité de contrôle la responsabilité d'une insuffisance des moyens de production. Or, s'il est un responsable de cette insuffisance c'est évidemment l'exploitant qui, malgré des procédés de contrôle interne, n'a jamais été capable lors des décennies passées de déceler les malfaçons dont ses réacteurs pouvaient être affectés. Autrement dit, derrière la communication sur la situation de tension sur le réseau se cache la partie de bras de fer qu'EDF a engagé contre l'autorité de sûreté nucléaire pour forcer cette dernière à donner des autorisations qui ne doivent pas l'être, dès lors que la sûreté et la sécurité ne sont pas complètement assurées.

 

Corinne LepageAvocate, Ancienne députée européenne Cap21, ancienne ministre de l'Environnement

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Sûreté nucléaire de l'EPR de Flamanville : EDF navigue à vue

Sûreté nucléaire de l'EPR de Flamanville : EDF navigue à vue | Think outside the Box | Scoop.it

ANALYSE. Alors que l’EPR de Flamanville (Cotentin) est en construction depuis sept ans, EDF n’a toujours pas apporté de réponse satisfaisante à des questions fondamentales de sûreté nucléaire. A tel point que les experts officiels qualifient de « régression » un choix récent d’EDF pour la sûreté de l’EPR. Le temps commence à manquer à l’électricien, qui ne dispose plus que de quelques mois pour boucler la démonstration de sûreté de l’EPR.

 

Par Louis Germain et Martin Leers

 

Si l’EPR[1] de Flamanville n’en finit pas avec les surcoûts, retards et malfaçons, la conception même de la sûreté nucléaire du réacteur est, elle aussi, toujours en chantier. L’EPR est pourtant présenté par EDF comme un réacteur nucléaire « doté d’un niveau de protection très élevé ». Pour Areva, le concepteur et fournisseur de l’EPR de Flamanville, c’est « un réacteur d’une sûreté sans équivalent, extrêmement résistant aux incidents internes comme aux risques externes. »

L’expertise de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) donne un autre son de cloche.

Un rapport de l’IRSN, porté à la connaissance du public le 4 décembre dernier, explique qu’EDF a fait un choix technologique sur un équipement capital pour la sûreté du réacteur EPR qui « constitue une régression en termes de sûreté par rapport à la conception des réacteurs du parc en exploitation[2]. » Quelle est cette pièce importante pour la sûreté de l’EPR ?

Il s’agit de la soupape de sûreté du pressuriseur[3]. A l’image de la soupape d’une cocotte-minute qui permet de relâcher la pression pour éviter que la cocotte n’explose, la soupape de sûreté permet de relâcher la vapeur au cas où la pression devient trop importante dans le circuit primaire. Cette soupape se situe sur le pressuriseur, chargé de réguler la pression et la température du circuit primaire, qui contient le combustible nucléaire et où circule de l’eau pour le refroidir. Une surpression non maitrisée pourrait conduire à la rupture de la cuve, un accident majeur.

Inversement, une soupape de sûreté qui ne se refermerait pas et relâcherait en continu la vapeur, pourrait conduire en association avec d’autres dysfonctionnements, à la vidange du circuit primaire et à la fusion du cœur. Le directeur du service des centrales nucléaires de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Thomas Houdré nous confirme que le rôle de cette soupape est « d’éviter les accidents, d’éviter la rupture du circuit primaire et d’assurer le confinement des substances radioactives ».

Une des causes principales de l’accident nucléaire majeur de Three Mile Island (Etats-Unis) en mars 1979 provenait d’une vanne du pressuriseur qui ne s’était pas refermée. Dès le lancement du parc nucléaire français, des défaillances sur des soupapes de sûreté du pressuriseur ont mené à leur remplacement par des soupapes « en tandem » : une deuxième soupape en aval de la soupape de sûreté permet de fermer cette dernière si elle s’y refuse.


EDF demande une dérogation pour un élément clé de la sûreté de l’EPR

(...)

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