TF1, Canal+ et M6, mauvais élèves des élections européennes | Think outside the Box | Scoop.it

L'autorité indépendante de l'audiovisuel reproche aux chaînes privées françaises leur faible couverture des élections européennes. La multitude de candidats a toutefois rendu complexe le respect de l’égalité de temps de parole, selon le CSA. 

À peine plus d’une heure, c’est le temps consacré par les trois grandes chaînes de télévision généralistes privées aux élections européennes de mai 2014.

TF1, M6 et Canal+ se sont fait taper sur les doigts par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) pour le très faible temps d’antenne consacré au scrutin européen du 25 mai dernier.

M6 signe la pire performance avec seulement 7 minutes et 20 secondes d’antenne, suivie par Canal+ qui affiche 14 minutes et 15 secondes au compteur. Enfin, TF1 totalise 40 minutes et 36 secondes, souligne le CSA dans son rapport sur l’élection des représentants au Parlement européen des 24 et 25 mai 2014.

Hausse du temps d’antenne

Le gendarme de l'audiovisuel français a notamment déploré que ces chaînes n’aient pas accordé « une exposition significative au traitement de l’actualité électorale sur leur antenne ». À l’inverse, le CSA estime que le service public audiovisuel – notamment France 2 avec 6 h 27 d’antenne — a déployé des efforts significatifs « pour rendre compte des campagnes électorales ». Autres bons élèves, les radios, les chaînes d’information en continu et les médias internationaux ont tous reçus les félicitations du jury.

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Pourtant, le service audiovisuel public n’avait pas été exempt de critiques pendant la campagne. En effet, France Télévisions avait décidé de reléguer le débat entre les candidats à la présidence de la Commission européenne sur son site Internet, provoquant la colère des candidats.

Malgré plusieurs saisines du CSA, notamment de la part de l’ex-ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, le groupe audiovisuel public avait campé sur ses positions.

Revenant sur la controverse dans son rapport, le CSA a conclu que le débat, finalement diffusé sur la chaîne parlementaire LCP, i>télé et Euronews, « a surtout manifesté, pour la première fois, l’émergence d’un espace commun aux vingt-huit États membres de l’Union dans l’univers de la communication politique ».

Le CSA juge la campagne « atone »

Malgré les contre-performances des chaînes privées généralistes et la non-diffusion du débat présidentiel sur une des chaînes de France Télévisions, le CSA a délivré une appréciation globalement positive à l’ensemble du secteur, n’hésitant au passage à formuler quelques critiques sur la qualité de la campagne électorale européenne.

« En dépit d’une campagne que d’aucuns ont jugée atone et peinant à trouver ses thèmes structurants, la couverture de l’élection des représentants au Parlement européen par les médias audiovisuels s’est révélée, contrairement aux apparences, très substantielle », souligne le Conseil dans son rapport.

Le temps de parole accordé aux candidats aux élections européennes au cours des six semaines précédant le scrutin a en effet augmenté de façon significative, passant de 112 heures en 2009, à 155 heures.

Équité respectée

Selon le CSA, les services de radio et de télévision « ont respecté le principe d’équité et permis l’expression de plus de trente partis et groupements politiques engagés dans la campagne électorale ».

Au cours de la campagne, le Conseil avait cependant dû rappeler plusieurs fois à l’ordre les chaînes de radio et de télévisions qui ne donnaient pas un temps d’exposition suffisant aux petites listes.

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Pour autant, les critiques sont nombreuses sur la faisabilité pour les chaînes de radio et de télé d’honorer le principe d’équité. D’abord, le CSA a observé un effet de « rattrapage » du temps de parole des petites formations lors des derniers jours de la campagne.

Un effet boule de neige que le Conseil explique par « les difficultés » posées par le nombre croissant de listes aux élections européennes.

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En effet, les élections européennes de mai ont été le théâtre d’une multiplication des listes de candidats : 193 en 2014 contre 160 en 2009, soit une augmentation de 21 %.

Face au phénomène, le CSA s’est  interrogé sur «  l’exposition dont doivent bénéficier ou non les listes et les partis et groupements politiques dont la représentativité apparaît fragile sinon inexistante ».

Les eurocirconscriptions vilipendées

Autre critique, le découpage des huit circonscriptions électorales propres aux élections européennes est « artificiel » selon le rapport. Surtout, elle a conduit logiquement les médias audiovisuels nationaux « à privilégier le débat national, qui a concentré 95 % du temps de parole, au détriment des enjeux locaux ». Pour le CSA « le débat par circonscription n’a guère de sens dans le cadre de ce scrutin »

« Le Conseil propose qu’à l’occasion des prochaines élections européennes, les temps de parole fassent l’objet d’un relevé global par les services nationaux de radio et de télévision », conclut le rapport.

Face aux difficultés soulevées, le CSA a annoncé son intention de lancer au deuxième semestre 2014 des consultations sur l’adéquation des règles « qui encadrent la liberté de communication en période électorale avec la liberté d’informer et l’expression pluraliste des courants de pensée et d’opinion ».