En être digne. | Think outside the Box | Scoop.it

Le vendredi 23 mars, alors qu’il était confronté à un terroriste déterminé à tuer pour assouvir son fanatisme, un gendarme, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, a décidé d’échanger sa vie contre celle d’une otage. Touché de 4 balles et poignardé, il est mort dans la nuit de vendredi à samedi, portant à 4 victimes le bilan de cette nouvelle attaque sur notre sol.

 

Il rejoint la trop longue liste de ceux qui sont morts pour et par leur uniforme, Imad Ibn Ziaten, Abel Chennouf et Mohamed Legouad en 2012; Franck Brinsolaro, Ahmed Merabet et Clarissa Jean-Philippe en 2015; Jessica Schneider et Jean-Baptiste Salvaing en 2016 et enfin Xavier Jugelé en 2017.

 

Ils ont en commun d’être morts pour ce qu’ils représentaient, notre rempart face à la barbarie, le mur d’enceinte de notre république. Chacun en était une brique, chacun en était fier et chacun aurait préféré mourir plutôt que d’abandonner ce mur aux assauts lâches et sanglants de ses assaillants.

 

Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame a ajouté à son sens infaillible du devoir, le choix délibéré du sacrifice au nom de l’idéal de protection et de service de ses concitoyens. En faisant cela, par delà le Styx qui le sépare désormais de nous, il nous appelle et il nous interpelle collectivement, en tant que Nation, pour nous pousser à répondre à la seule question qui vaille, devant son cercueil recouvert du drapeau tricolore: « Son courage, sa force, sa fraternité, en suis-je digne ?

 

… en sommes-nous dignes ? »

 

Ce courage, c’est celui de se battre, de résister, de ne pas laisser passer, d’affirmer la laïcité, d’asséner le droit, la loi, la République, toute la République, rien que la République; cette force c’est aussi celle de ne pas céder à la facilité, de ne pas cesser de réfléchir, de ne jamais confondre les assassins et les victimes, les fous et les sages, les fanatiques et les croyants, les traitres et les citoyens.

 

Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame nous laisse avec les questions et les doutes auxquels son incroyable vaillance a répondu pour lui. À défaut de pouvoir jamais y donner un écho équivalent, il nous reste l’impérieuse responsabilité d’essayer, d’essayer encore, d’essayer tous les jours, pour lui, pour ses proches, pour ses compagnons et pour qu’un soir prochain, sur l’autre rive, nous puissions le regarder dans les yeux sans craindre de devoir baisser la tête.

 

Xavier Alberti

@xavier_alberti