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Emploi, terrorisme, climat, mœurs... Quel sursis pour le clivage droite gauche ?

Emploi, terrorisme, climat, mœurs... Quel sursis pour le clivage droite gauche ? | Think outside the Box | Scoop.it

TRIBUNE. Par Gérard Leclerc, éditorialiste politique à We Demain.

 

C’est le débat à la mode, porté par Emmanuel Macron et Nathalie Kosciusko-Morizet. Dans un passé pas si lointain, quand on demandait au philosophe Alain si ce clivage droite/gauche avait encore un sens, il répondait que "celui qui pose cette question n’est certainement pas un homme de gauche !"Traditionnellement, droite et gauche opposaient leurs valeurs : Identité, autorité, responsabilité pour la première, justice, égalité et solidarité pour la seconde. Et - comme les vaches ! - les électeurs étaient bien gardés !

La droite se réclamait depuis la révolution française de la tradition et la conservation, la gauche du progrès et du mouvement. Ces frontières se sont brouillées, jusqu’à parfois déboucher sur une confusion générale. La gauche lutte contre les déficits et pour la restauration de la compétitivité des entreprises, rôle qui traditionnellement incombait à la droite. Et celle-ci a admis le Pacs et bientôt le mariage pour tous et ne parle plus de privatisation des retraites ou de la santé.

 

Le Front national fait du coup ses gorges chaudes de "l’UMPS". Un sondage TNS-Sofres révèle que près d’un jeune sur 2 se dit "ni de droite ni de gauche", et l’on voit Cohn-Bendit prêt à voter Juppé et Renaud avouer sa sympathie pour Fillon !

En fait de nouveaux clivages sont apparus, qui divisent la droite et la gauche : l’Europe, l’environnement, ou des questions sociétales comme l’instauration d’un revenu universel… Par ailleurs, la gauche de la gauche, hier révolutionnaire, s’est crispée sur la défense des acquis sociaux, et donc la conservation : code du travail, travail le dimanche, concurrence, modernisation : elle s’est repliée sur une vision sclérosée du monde et de la société, rejetant toute adaptation à la mondialisation, à la numérisation et à la demande d’autonomie des individus…

Alors la fin du clivage droite/gauche ? On n’en est pas là, mais les défis qui nous sont posés - emploi, terrorisme, réchauffement climatique, inégalités -  et l’impuissance politique devraient pousser les uns et les autres à sortir de leurs tranchées. Que tous ceux qui préfèrent que rien ne bouge se rassurent. Nicolas Sarkozy souhaite plus de nucléaire et moins d’énergie renouvelable, et Jean-Luc Mélenchon vante encore le Venezuela au bord de la faillite…

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« Le premier problème de la France, ce sont ses institutions » Laurence Parisot

« Le premier problème de la France, ce sont ses institutions » Laurence Parisot | Think outside the Box | Scoop.it

 Laurence Parisot, vice-présidente de l'IFOP

 


Laurence Parisot, ancienne présidente du Medef, livre son diagnostic sur l'état de la France. Pour elle, les institutions ne sont plus adaptées à un monde en perpétuel mouvement. Elle donne aussi son avis sur la politique de l'offre, la construction européenne... Elle ne nie pas vouloir entrer bientôt dans l'arène politique.

 

LA TRIBUNE - Quel regard portez-vous sur la situation économique actuelle ?

LAURENCE PARISOT - L'économie française est dans un état préoccupant. Mais le plus grave, c'est que les Français ont perdu confiance en la capacité de notre pays à rebondir. Ils sont d'autant plus anxieux qu'ils ne voient pas quelles pourraient être les solutions pour sortir de la crise.

 

Ce pessimisme vous inquiète ?

Oui, car il paralyse. On dit souvent que croissance rime avec confiance, mais l'inverse vaut également. Bien sûr, certaines situations personnelles sont très délicates. L'augmentation continue du nombre de demandeurs d'emploi est terriblement anxiogène.

Mais l'économie tricolore a de nombreux atouts à faire valoir et il faut bien arrêter l'autocritique ! Je note avec satisfaction que la France a cessé de perdre des places au classement de l'attractivité établi par le Forum économique mondial, grâce à l'accord sur le marché du travail de janvier 2013. C'est un début.

 

Selon vous de quel mal principal souffre le pays ?

Le problème est certes économique. Mais il est aussi politique. Ayant vu les choses avec la double casquette de présidente du Medef et de chef d'entreprise de l'IFOP, j'en suis arrivée à la conviction que notre premier problème est institutionnel. Dans le monde actuel, il faut aller vite. Or nos institutions, très solides - et c'est l'oeuvre du général de Gaulle -, ne permettent pas de réagir convenablement dans un monde incertain où s'enchaînent les crises financières et géopolitiques. Il faut de nouveaux mécanismes qui laissent du jeu aux différents acteurs.

En Allemagne ou en Suisse, la structure fédérale des États permet de ne pas concentrer l'ensemble des pouvoirs dans les mains d'un seul homme, comme en France. Je salue sur ce point la réforme territoriale, portée par le président de la République. Elle est importante et courageuse, mais il ne faut pas s'arrêter là. Les nouvelles régions devront se penser différemment et se placer dans une dimension européenne.

Le mode de scrutin français entraînant une bipolarisation de la vie politique empêche aussi le vote de certaines réformes : provoquons un débat institutionnel sur ces questions qui dépassent le clivage droite/gauche et trouvons de nouvelles majorités ! Ce sera, de plus, nécessaire pour lutter contre la montée des extrêmes, notamment du Front National !

 

En déployant une politique de l'offre, le gouvernement a-t-il pris la mesure des maux qui paralysent les entreprises ?

En partie. Les efforts du gouvernement sont louables. Le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi [CICE] est une mesure utile car elle permettra de relancer l'investissement des entreprises. C'est un point essentiel, car sans investissement, les entreprises continueraient à perdre du terrain face à leurs concurrentes étrangères. Je regrette toutefois que cette stratégie n'ait pas été mise en place plus tôt, dès 2006, lorsque la compétitivité des entreprises a commencé à décrocher nettement.

Je regrette également que l'on continue à créer une ligne de démarcation entre l'industrie et les services, alors qu'ils sont le principal moteur de l'économie française et qu'il n'existe presque plus d'acteur industriel pur. Tous les grands noms de l'industrie ont depuis longtemps développé des activités de services sans lesquelles ils ne pourraient faire progresser leur chiffre d'affaires.

À cause de cette distinction factice, l'immatériel et le numérique voient leurs possibilités de développement bridées, alors qu'ils pourraient être les pôles de croissance du futur. Il y a urgence à créer des outils notamment dans le domaine de la fiscalité du capital et dans le droit du travail enfin adaptés à la modernité de ces entreprises.


 

Faut-il également relancer la demande ?

Oui, mais à l'échelle européenne. Si les carnets de commandes ne se remplissent pas, l'aversion au risque restera élevée dans les entreprises. Les embauches, l'innovation et les exportations ne doivent pas rester bloquées. Mais au regard de l'état des finances publiques, déployer une stratégie de relance est quasiment impossible !

C'est précisément pourquoi l'Union européenne doit intervenir, notamment via l'émission de project bonds qui financeraient des programmes de grands travaux capables de mobiliser les entreprises européennes, de stimuler les énergies et favoriser les synergies entre elles. Une telle stratégie donnera aux citoyens européens l'image concrète du futur de l'Europe. J'ai accueilli avec enthousiasme le lancement en juillet du premier project bond français et européen, lié au très haut débit. Mais il faut aller beaucoup plus loin.

 

Avez-vous des exemples en tête ?

La transition énergétique est dans tous les esprits : pourquoi l'Europe ne mobiliserait-elle pas les constructeurs automobiles, les électriciens et les opérateurs de travaux publics européens en finançant, via des project bonds, les équipements et les infrastructures ouvrant la voie au développement du véhicule électrique ? D'une manière générale, la question des réseaux d'énergie peut être au coeur de la croissance européenne.

 

Relance des débats sur les 35 heures, sur les seuils sociaux... Avez-vous le sentiment que ce sont là les vraies pistes pour favoriser l'emploi ?

Je n'aime pas que des débats aussi fondamentaux soient devenus des totems, purement symboliques, mais ayant force de rassemblement. Les 35 heures en sont un, si bien qu'on ne peut plus en parler. Les entreprises devraient pouvoir adapter leurs horaires en fonction de la conjoncture et du carnet de commandes. Il y a bien eu des assouplissements techniques permettant de moduler le temps de travail, mais ni les DRH ni les hommes politiques n'osent aborder le sujet. On constate une situation de blocage.

De même sur les seuils : or, si l'on déplaçait les curseurs, par exemple en instaurant les nouvelles obligations à partir de 80 salariés et non plus 50, cela aurait un effet, pas massif certes, mais néanmoins sensible sur l'emploi.

 

Y a-t-il une réforme, un projet que vous regrettez de ne pas avoir portée quand vous étiez à la tête du Medef ?

Oui, j'ai un regret. Celui de ne pas avoir eu le temps de porter la réforme des prud'hommes. Il y a en France un million d'entreprises qui ont entre 1 et 10 salariés. Elles craignent de grandir par peur de se heurter systématiquement aux prud'hommes en cas de licenciement. Un système moins anxiogène serait plus fructueux. Il faut des magistrats professionnels pour remplacer les actuels juges élus par leurs pairs. La décision prud'homale est aujourd'hui paritaire, cela conduit à des marchandages sous prétexte de recherche de consensus entre représentants des salariés et employeurs. Ce qui est totalement bancal et n'apporte pas l'assurance du droit. Voilà ce qui inquiète les entreprises et empêche les TPE d'être le gisement d'emplois attendu.

 

On vous prête l'envie d'entrer dans l'arène politique ?

En fait, je me veux comme force de propositions. Mais, j'attends de voir ce qui va se passer dans les semaines et mois à venir, et je suis bien certaine que beaucoup de choses vont arriver à l'UMP, à l'UDI et au PS. En revanche, j'ai un engagement extrêmement clair contre l'extrême droite et Marine Le Pen. Et puis, il n'y a pas que la politique, il peut y avoir des engagements via l'entreprise, là où des innovations européennes sont possibles.

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A la recherche du clivage perdu

A la recherche du clivage perdu | Think outside the Box | Scoop.it

Ces dernières élections démontrent bien que le clivage droite-gauche "est un fantôme, mais il continue à dominer la vie politique", selon l'expression consacrée par Marcel Gauchet. Et pendant que les partis politiques tentent d faire vivre cette illusion, le FN, lui, essaye de capter le vote de ces électeurs "qui en ont marre". Avec succès pour le moment.

 

Tout d'un coup, ils se découvrent tout proches. Presque semblables. A quoi bon continuer à jouer les adversaires face à l'ennemi commun ? On se détestait, c'était idiot. On a tant de choses à faire ensemble. Quoi ? Ce qu'on faisait déjà séparément. Cela aide. Les appels lancés à gauche et à droite, de Valls à Raffarin, pour « travailler ensemble », aujourd'hui ou demain, relèvent du constat d'huissier : le clivage droite-gauche est moribond. Il a même trépassé dans deux grandes régions où électeurs de gauche et de droite se sont déjà mélangés. Sans dégoût. Les temps changent. Le vieux sophisme d'Alain, qui a beaucoup servi, « Lorsqu'on me demande si la coupure entre hommes de droite et hommes de gauche a un sens, la première idée qui me vient est que l'homme qui pose cette question n'est certainement pas un homme de gauche ! » en devient exotique. Tout comme le critère du look d'Emmanuel Berl, selon lequel, au contraire de ceux des hommes de droite, « les pantalons des hommes de gauche ne sont pas faits de la même étoffe que leurs vestons ».

Aujourd'hui, tout est déréglé. Le regrettent aussi bien un nostalgique de l'antique gauche de combat comme Daniel Mermet - « L'extrême droite copie la vraie gauche et la gauche copie la vraie droite ! » - qu'un éternel centriste de bonne volonté comme Jean-Louis Bourlanges - « François Hollande parle à la droite. Alain Juppé parle à la gauche. Nicolas Sarkozy parle à l'extrême droite. Et Marine Le Pen parle à l'extrême gauche ». Pas étonnant que 73 % des Français estiment « les notions de droite et de gauche dépassées ». Ils n'étaient que 33 % en 1981. L'époque où Jack Lang opposait « la lumière » de la gauche à « l'ombre » de la droite. Toutes les deux se retrouvent aujourd'hui dans le même brouillard. Après trois décennies d'un chassé-croisé qui a tout brouillé.

Le ralliement sans débat de la gauche à un capitalisme en ébullition néolibérale a dérouté la droite dépossédée de sa défense de la « société libre » face au danger communiste. Privées de leurs vieux programmes, et faute d'en proposer un autre, droite et gauche ont rallié de concert celui promis par Bruxelles : le Grand Soir postnational et les lendemains heureux de la mondialisation. Un programme commun bien vu par Philippe Séguin : « La droite et la gauche sont des détaillants qui ont le même grossiste, l'Europe. » La collusion de Nicolas Sarkozy et de François Hollande pour faire voter le traité constitutionnel en 2005, puis mépriser son rejet démocratique par les Français en le leur imposant par voie parlementaire en 2008, symbolise cette érosion du clivage droite-gauche. Elle résulte de leurs choix similaires sur l'essentiel. Et de leurs échecs communs face à leurs conséquences : chômage de masse et inégalités croissantes, désindustrialisation et crise agricole, crise migratoire et désintégration nationale, insécurité physique et culturelle. Autant de problèmes aux premiers rangs des préoccupations des Français mais guère mieux traités par la droite que par la gauche. Ils ont suscité de nouveaux clivages fracturant tous les partis (protectionnisme ou mondialisme, assimilation ou multiculturalisme, atlantisme ou non-alignement, prévention ou répression, laïcité ou communautarisme). Ils auraient pu remplacer ou remodeler le clivage droite-gauche. Après tout, son histoire est plus courte qu'on ne le dit en le faisant toujours remonter à la Révolution française. Le XIXe siècle a en réalité vécu sur d'autres oppositions. Monarchistes et républicains. Aristocrates et bonapartistes. Cléricaux et laïques. Dreyfusistes et antidreyfusistes. Une lecture postérieure, qui doit beaucoup à René Rémond, a repeint toutes ces divisions en droite contre gauche. Il a fallu en réalité attendre le XXe siècle pour que la naissance de l'URSS ordonne l'axe droite-gauche avec des objectifs de guerre politique sans nuances tels que la lutte des classes, la sortie du capitalisme, l'appropriation collective des moyens de production. Il n'en reste rien. Commencée au sortir de 14-18, cette confrontation sérieuse se termine dès les années Mitterrand et la chute du mur de Berlin. Et son rôle explicatif est très surestimé, les événements majeurs de ce petit siècle ayant ignoré l'axe droite-gauche : la colonisation et la décolonisation, Munich et Vichy, la collaboration et la Résistance recrutèrent à gauche comme à droite.

Les nouveaux clivages nés ces trois dernières décennies n'ont pas trouvé de traduction politique parce qu'ils ne se recoupent pas. Ceux, de droite et de gauche, qui s'accordent sur une question (l'école, les 35 heures ou les sans-papiers) s'opposent sur d'autres (l'euro, l'islam ou la GPA). L'échec de Jean-Pierre Chevènement, qui en appelait en 2002 aux « républicains des deux rives », illustre le constat paradoxal de Marcel Gauchet : « Le clivage droite-gauche est un fantôme, mais il continue à dominer la vie politique. » Fantôme artificiellement défendu comme principe vital par le personnel des partis toujours à la recherche de la plus petite différence. Mais qui désespère une « demande de politique qui en a marre de cette forme d'indifférenciation droite-gauche », comme le reconnaît aujourd'hui Benoît Hamon. Pour l'instant, seul le Front national s'intéresse avec succès à cette demande politique orpheline « qui en a marre ». Il a désormais le renfort de ceux qui n'ont plus d'autre ambition que de sauver leur existence en s'unissant contre lui. Et plus d'autre programme que de s'opposer ensemble à ce que leur bilan commun a produit.

 


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