Aurore Bergé lors de sa campagne municipale à Magny-les-Hameaux.
Quelques heures après les révélations sur des faits présumés d'agression et de harcèlement sexuel de la part de l'écologiste Denis Baupin, une élue LR des Yvelines a publié lundi sur Twitter le récit de son conseil d'agglomération tenu le soir même... Aurore Bergé relate à son tour avoir fait l'objet de grossièretés de la part de certains élus.
C'est simplement une "scène de la vie politique ordinaire", selon Aurore Bergé. Cette élue Les Républicains des Yvelines, proche de Valérie Pécresse et soutien d'Alain Juppé, a relaté lundi soir sur son compte Twitter le conseil d'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines auquel elle venait de participer. Quelques heures après les accusations portées à l'encontre du député écologiste Denis Baupin pour harcèlement et agression sexuel, elle a rapporté des remarques sexistes qui lui ont été adressées. "Pendant les dépouillements, je pars échanger avec certains élus. Je suis accueillie par un 'quand je te vois, j'ai envie de te faire une Baupin'", écrit-elle.
"Ils ne changeront peut-être pas, mais nous oui"
"Un autre élu enchaîne avec un 'quand on voit Aurore, on a le bâton de Berger'. C'est gras, c'est vulgaire, c'est grossier. C'est pathétique. Il a l'âge d'être mon père (ils en ont un peu tous l'âge)", dit encore la conseillère municipale de Magny-les-Hameaux âgée de 29 ans, qui racontait en 2014 dans le JDD sa première campagne électorale. L'élue reconnait s'être trouvée "navrante dans [son] incapacité à réagir". "Quand ça t'arrive, tu ne sais pas comment réagir. Tu es sidérée. Bloquée. Tu lui fous une claque? Tout le monde te regarderait. Tu ne ris pas? Tu n'es décidément pas faite pour la politique. Et puis, c'est drôle, non? C'est un bon mot, après tout", explique-t-elle, précisant avoir ri "par réflexe" après s'être interrogée sur le choix de son chemisier, "comme si c'était toi la coupable".
"Mais aujourd'hui n'est pas une journée ordinaire. Elles ont parlé", affirme Aurore Bergé, en évoquant les élus écologistes qui ont mis en cause Denis Baupin pour ces faits plus graves. "S'il y a des différences de degrés dans le harcèlement, je ne crois pas qu'il y ait de différence de nature", explique l'élue Les Républicains. "Car on a le droit de ne pas avoir envie de ces remarques graveleuses, de ces gestes déplacés, sans pour autant être cataloguée en pisse vinaigre ou mal baisée. Je mesure le courage qu'il a fallu à ces femmes pour prendre la parole. Ils ne changeront peut-être pas, mais nous oui. On parlera", conclut-elle.
Arnaud Focraud - leJDD.fr