Pour réduire le trou de la "Sécu", la Cour des comptes cible l'optique et les hôpitaux | Think outside the Box | Scoop.it
La Sécurité sociale doit accélérer le rythme des économies, en particulier pour la branche maladie, la plus déficitaire, dont le trou devrait se creuser cette année à près de 8 milliards d'euros. C'est la recommandation donnée, mardi 17 septembre, par le rapport annuel de la Cour des comptes, qui cible particulièrement l'optique, les hôpitaux et les laboratoires.

La Cour, qui s'inquiète du "coup d'arrêt" dans la réduction des déficits observé en 2013 en raison de la crise, détaille les pistes d'économies possibles : "éventuel retrait" de la "Sécu" dans l'optique, développement de la chirurgie sans hébergement à l'hôpital ou révision des tarifs des analyses.

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RETRAIT DE L'OPTIQUE

Du côté de l'optique correctrice, déjà peu remboursée et largement prise en charge par les complémentaires santé, la Cour pose la question d'un éventuel retrait de l'assurance maladie obligatoire, "dès lors que l'assurance maladie complémentaire serait généralisée".

Cette suggestion est avant tout symbolique, l'assurance maladie ne remboursant que 200 millions d'euros au titre des dépenses d'optique, quand les complémentaires les prennent en charge à hauteur de 3,7 milliards d'euros. Ce "retrait continu" de la Sécu signe "un grave échec", pour la Cour des comptes. Mais dans un marché qu'elle juge "dynamique et opaque", elle appelle les pouvoirs publics à faire"des choix clairs", pour le rendre plus transparent et plus concurrentiel.

PLUS DE CHIRURGIE AMBULATOIRE

Autre piste d'économie selon la Cour : les hôpitaux, auxquels elle consacre cinq chapitres de son rapport. Il s'agit notamment de développer la chirurgie ambulatoire, c'est-à-dire les actes chirurgicaux pratiqués à l'hôpital, avec la sortie le jour même du patient.

Quatre interventions sur dix sont pratiquées sur ce modèle en France, contre huit sur dix dans plusieurs pays "qui nous sont comparables". La Cour souligne que le développement de cette pratique permettrait d'économiser 5 milliards d'euros.

RÉORGANISATION DE LA BIOLOGIE MÉDICALE

Des efforts peuvent également être réalisés dans les dépenses liées à la biologie médicale, dont le coût représente six milliards d'euros pour l'assurance maladie. La récente réorganisation des laboratoires "est encore bien trop timide pour faire baisser les coûts", relève la Cour, qui réclame aussi un meilleur encadrement des examens et une "politique tarifaire plus étroitement en cohérence avec les gains de productivité du secteur".

L'objectif est d'agir à la fois sur la tarification des actes et sur leur nombre. "Une économie de l'ordre de 500 millions d'euros (...) pourrait résulter rapidement d'actions dans cette double direction", juge l'institution.