Corinne Lepage : «On veut être remboursés de 20 % du prix des tickets» d'autoroute | Think outside the Box | Scoop.it

Corinne Lepage, fondatrice du Rassemblement citoyen, coordonne une action de masse des usagers pour dénoncer le prix trop élevé des péages.

Sur quoi vous basez-vous pour dire que les tarifs des péages d'autoroutes sont trop chers ?
CORINNE LEPAGE. Nous nous basons notamment sur un rapport de la Cour des comptes de juillet 2013 qui déplorait des hausses de tarifs nettement supérieures à l'inflationet évoquait un rapport de force plus favorable aux concessionnaires qu'aux pouvoirs publics.

Mais ces sociétés n'en tiennent pas compte. Ces pratiques sont toujours à l'œuvre, cela engendre une surfacturation pour l'usager. L'automobiliste se fait plumer ! Le tarif au péage n'a plus rien à voir avec le coût du service. On ne peut continuer ainsi.

Quelle action mettez-vous en place sur ce sujet ?
Les usagers peuvent se prévaloir de ce que dit la Cour des comptes pour réclamer une indemnité. Je me suis rapprochée d'un site de juristes, Actioncivile.com, pour monter une action collective. Le but est d'exiger des sociétés d'autoroutes le juste prix du ticket de péage. Selon nos estimations, le tarif actuel est d'au moins 20 % supérieur à ce qu'il devrait être. Concrètement, les personnes qui empruntent les autoroutes peuvent, à partir d'aujourd'hui, remplir un formulaire sur le site* et demander un remboursement de 20 %. La seule condition est d'avoir emprunté les autoroutes A 1, A 6, A 7, et l'A 9 ou A 13 lors des cinq dernières années et de pouvoir le justifier avec un ticket de péage. Cette action dure jusqu'en juin.

Pourquoi ces 5 autoroutes-là ?
Nous avons fait ce choix, car ce sont les autoroutes les plus anciennes. Elles ont été construites sous le général de Gaulle dans les années 1960-1970, et leur coût de construction est amorti depuis longtemps, contrairement à ce que prétendent les concessionnaires pour faire grimper les prix.

Que va-t-il se passer après ?
Nous espérons rassembler plusieurs dizaines de milliers de demandes, peut-être jusqu'à 50 000, afin de modifier le rapport de force en faveur des usagers. Actioncivile.com fera d'abord une demande de médiation avec les sociétés. Nous demandons la réparation du préjudice, afin qu'elles disent quel est le vrai prix, et le remboursement de 20 % du prix des tickets payés par les usagers. Si, au bout d'un mois, rien ne bouge, nous déposerons ces recours auprès des tribunaux d'instance afin que les juges se saisissent de cette question.

Les sociétés rétorquent que leurs tarifs sont encadrés par l'Etat...
Peut-être, mais dans les faits elles n'ont pas le droit de faire ce qu'elles veulent. Les péages ne sont légaux qu'à certaines conditions, car le principe en France est que la circulation sur les routes est gratuite. Il n'est pas question d'empêcher ces sociétés de vivre, mais l'usager doit payer le juste prix. Quand elles licencient des employés aux péages et les remplacent par des barrières automatiques dans le but de fluidifier la circulation, elles ne font pas baisser le prix du ticket. On ne peut plus accepter ces pratiques.

A quel titre menez-vous cette action ?
Je le fais en tant que femme politique, dans mon mouvement Rassemblement citoyen, qui a toujours milité pour la défense du droit des usagers. J'ai donné des conseils juridiques à ce site, mais je le fais de façon totalement bénévole. Chacun doit désormais être en capacité d'agir pour faire face collectivement à des injustices. L'arme du recours collectif est vraiment une solution d'avenir lorsque les solutions sont bloquées.

* www.actioncivile.com.