Revue de presse théâtre
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LE SEUL BLOG THÉÂTRAL DANS LEQUEL L'AUTEUR N'A PAS ÉCRIT UNE SEULE LIGNE  :   L'actualité théâtrale, une sélection de critiques et d'articles parus dans la presse et les blogs. Théâtre, danse, cirque et rue aussi, politique culturelle, les nouvelles : décès, nominations, grèves et mouvements sociaux, polémiques, chantiers, ouvertures, créations et portraits d'artistes. Mis à jour quotidiennement.
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April 16, 2018 4:36 PM
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Avec Shakespeare, dans la forêt des désirs

Avec Shakespeare, dans la forêt des désirs | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Fabienne Darge dans Le Monde | 16.04.2018

 

 

Christophe Rauck met en scène avec finesse « Comme il vous plaira », où les femmes et les fous mènent la danse.


Il y a des soirs, comme cela, où rien ne peut procurer plus de plaisir que de s’enfoncer dans une des forêts magiques de Shakespeare, avec leurs fous, leurs amoureux, leurs bêtes, les désirs qui s’y affolent, les pulsions qui s’y libèrent, et les secrets qui s’y cachent. Ainsi en va-t-il avec Comme il vous plaira, une des comédies les plus mystérieuses et mélancoliques du grand Will, que met en scène avec grâce et finesse Christophe Rauck, le patron du Théâtre du Nord : un bonheur de théâtre qui, après avoir été créé à Lille en janvier, tourne à travers la France.

Le désir, le plaisir, l’amour, la poésie, le rêve et la réalité s’enlacent sans fin, dans cette pièce où tout marche par double et par paires, où tout peut toujours se retourner comme un gant, et notamment les rôles sociaux et sexuels : roi et mendiant, sage et fou, femme et homme – Shakespeare est le champion incontesté, parmi les précurseurs de nos actuelles théories du genre. Et ce sont les femmes et les fous qui mènent la danse, dans ce jeu de cache-cache à travers la forêt d’Ardennes. Célia et Rosalinde, cousines et amies de cœur, s’y sont enfuies, après que le père de l’une, le duc Frédérick, a démis et exilé le père de l’autre, le vieux duc. Dans les bois courent aussi Olivier et Orlando, frères ennemis qui vont tomber amoureux des deux donzelles, et deux fous-philosophes, l’un triste et l’autre gai, Jaques le mélancolique et Pierre de Touche.

Jeux de miroir
L’intrigue n’a que peu d’importance dans Comme il vous plaira, où Shakespeare multiplie les jeux de miroir de manière vertigineuse, à l’image de son personnage principal, Rosalinde, une femme qui joue un homme qui joue une femme. Dans la lignée de la poésie baroque de la fin du XVIe siècle, c’est bien la question du désir, aussi impérieux qu’évanescent, et celle de la mort, et donc du temps, qui vagabondent à travers bois.

La mise en scène de Christophe Rauck est au diapason de cette dualité foncière, elle est à la fois légère et profonde, joyeuse et mélancolique, fidèle au texte de Shakespeare, tel que le livre la traduction précise et précieuse de Jean-Michel Déprats, et remplie d’échos contemporains, sans jamais forcer. Le metteur en scène, qui a fait ses classes avec Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil, installe une atmosphère plus qu’un décor, un espace qui laisse toute sa place au jeu et aux comédiens.

Un écrin nocturne
Et dans cet écrin nocturne, ils font merveille, ces comédiens qui vont par paires, eux aussi. John Arnold, en costume sombre, colle si bien à Jaques le mélancolique qu’on en oublierait qu’il joue un rôle, tandis que son alter ego comique, Pierre de Touche, est joué par un Alain Trétout vibrillonnant et bariolé. Pierre-François Garel (Orlando) et Pierre-Félix Gravière (Olivier) déclinent toutes les variations de leurs personnages d’amoureux sans consistance, qui semblent plus aimer l’amour lui-même que leurs amoureuses.

Mais, ce qui est bien normal avec cette pièce qui célèbre les femmes d’esprit, ce sont les filles, Maud Le Grévellec (Célia) et Cécile Garcia Fogel (Rosalinde), qui font particulièrement des étincelles. Joueuses comme deux gamines, clairvoyantes comme de vieux sages, elles conduisent au cœur de l’esthétique shakespearienne, pour dire que « le monde entier est un théâtre,/Et tous, hommes et femmes, n’y sont que des acteurs,/Ils ont leurs sorties et leurs entrées,/Et chacun dans sa vie a plusieurs rôles à jouer ».


Comme il vous plaira, de William Shakespeare (traduit de l’anglais par Jean-Michel Déprats). Mise en scène : Christophe Rauck. Au Bateau-feu, scène nationale de Dunkerque, les 17 et 18 avril, au Théâtre-Sénart de Lieusaint du 3 au 5 mai, et à la Maison de la culture d’Amiens les 15 et 16 mai.

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April 16, 2018 4:09 PM
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Le secteur culturel ouvre ses portes aux migrants 

Le secteur culturel ouvre ses portes aux migrants  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

 Par Ève Beauvallet  dans Libération — 17 avril 2018 


Théâtres, orchestres, musées… Enfin soutenues par leur tutelle, les institutions publiques et associations multiplient les actions artistiques en direction des migrants.


Où sont-ils donc, les fantassins sartriens ? Ceux déterminés à faire vivre la figure de l’artiste engagé, fidèles à cette «éthique de la responsabilité» élaborée depuis le XVIIIe siècle, aujourd’hui que l’occasion leur est offerte de rendre concrètes des abstractions comme «culture, facteur de lien social», «culture, rempart à la barbarie», ou «nécessaire symbolisation de la souffrance» ? En janvier, dans un discours prononcé aux Biennales internationales du spectacle (BIS) à Nantes, la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, avait eu l’air de poser cette question à mi-mots, au moment où elle enjoignait le milieu à agir en faveur des migrants, pour notamment «que des places leur soient réservées pour assister à des spectacles ; que des ateliers de théâtre, de cirque, de danse leur soient proposés».

A LIRE AUSSI      France têtes d’accueil:   http://www.liberation.fr/france/2018/04/16/france-tetesd-accueil_1643830 

Un comble.
Une prise de parole courageuse, philosophiquement bienvenue, de la part de Françoise Nyssen, visiblement décidée à ne pas laisser à Gérard Collomb le monopole du discours sur les migrants ? Non, un comble, selon certains acteurs culturels qui disaient, dans une tribune publiée dans l’Huma, leur indignation face à cette injonction contradictoire du gouvernement les appelant à jouer les «good cops» tandis que l’Intérieur propose cette loi «pour une immigration maîtrisée», jugée trop répressive par la majorité du secteur culturel. Et puis, panser les plaies dans lesquelles l’Etat est accusé de remuer son couteau, les artistes et opérateurs le font déjà, ils vous remercient.

Le réseau des bibliothèques était aux avant-postes, lui qui dispose de lieux chauffés, connectés, avec des ressources. Celui du théâtre ou de la musique est posté sur le front depuis longtemps. Collecte de chansons de migrants organisée par l’Orchestre de chambre de Paris (en résidence à la Philharmonie) ; orchestre pour les réfugiés créé par Jordi Savall (soutenu par le programme Europe Creative, qui finance cette année 12 projets de ce type) ; création d’associations comme Singa, qui monte, entre autres, des ateliers au Théâtre de l’Odéon ; projet de médiation pour les réfugiés syriens avec des guides de langue arabe mis en place par le musée du Louvre à Paris ; création de l’«école des actes» par le Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, seconde édition du festival Welcome prévue au Musée de l’Immigration…

Au vu de la foultitude d’initiatives, l’ingénierie culturelle semble donc aujourd’hui marcher bon train en France, après un léger «retard à l’allumage» si l’on considère - suivant un rapport de la Commission européenne - que la mobilisation des homologues allemands fut bien plus rapide et structurée. «En 2015, les réseaux français n’étaient pas encore constitués, explique Luc Gruson, ancien directeur du musée de l’Immigration et chargé de mission au ministère de la Culture sur l’accueil des migrants. Etablissements culturels et ONG n’avaient aucune habitude de travail, il y avait une méconnaissance réciproque. Je pense aussi que les acteurs culturels attendaient un signal politique qui n’est pas venu de leur ministère à l’époque, aussi en raison des attentats puis des élections.»

Depuis, les organisations type Emmaüs ou France Terre d’asile - d’habitude peu axées sur l’offre culturelle - ont infléchi leur approche, tandis que des organismes tel l’Office national de diffusion artistique (ONDA) ont appris à repérer les artistes arrivant sur le territoire, multipliant les «salons d’artistes» pour les connecter au réseau culturel et travaillant main dans la main avec l’Atelier des artistes en exil créé par Judith Depaule et Ariel Cypel - «un projet héroïque, monté de rien», souligne encore Luc Gruson. Qui explique qu’une nouvelle phase de mobilisation, politique cette fois, s’est ouverte.

«Non-relation».
En effet, outre le rapport (prévu pour fin juin) que Françoise Nyssen a confié sur le sujet à l’historien de l’immigration Benjamin Stora, le ministère de la Culture entend aujourd’hui rallier le programme lancé par le ministère de la Recherche, de façon à ce que les écoles supérieures d’art accueillent des enseignants chercheurs réfugiés. Par ailleurs, il planche aussi sur la façon d’élargir le pass culture aux enfants de migrants et met au point une plateforme en ligne de mise en relation entre établissements culturels et associations. Des actions menées sans concertation avec le ministère de l’Intérieur, avec qui la rue de Valois serait dans une totale «non-relation». Et qui, dès lors, apparaissent au mieux comme un combat de David contre Goliath, au pire comme un pétard mouillé tant qu’elles seront «annihilées par des contre-mesures de répression d’Etat», s’indignait la tribune de l’Huma. «En regard de la loi qui va être votée, confie Ariel Cypel, coordinateur de l’Atelier des artistes en exil, tout cela ne restera que du symbolique même si c’est évidemment mieux que rien.»

Ève Beauvallet

 

Légende photo =

: Cours de théâtre donné par le Good Chance Theater, dans la «jungle» de Calais, le 4 février 2016. Photo Aimée Thirion

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April 16, 2018 8:03 AM
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A Midsummer Night's Dream - Tours - Critique | Forum Opéra

A Midsummer Night's Dream - Tours - Critique | Forum Opéra | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Alice Fiorentini pour forumopera  | lun 16 Avril 2018 

 

 

A Midsummer Night's Dream - Opéra de Tours


À l'ère élisabéthaine, le spectateur qui se serait rendu à la première représentation de A Midsummer Night's Dream de William Shakespeare comme nous avons fait de même pour cette première à l'Opéra de Tours, nous aurait dit qu'il allait écouter la pièce (listen) et non pas la voir (see). Il aurait pourtant été dommage d'aller à cette production tourangelle les yeux fermés. Certes, la musique envoûtante et mordante de Britten se suffit à elle-même, et cela malgré quelques couacs des cuivres à l'orchestre et des glissandi aux cordes parfois périlleux. Toutefois, Benjamin Pionnier dirige d'une main sûre l'Orchestre Symphonique Région Centre-Val de Loire. Le maestro qui va bientôt fêter son premier anniversaire à la tête de l'Opéra de Tours maîtrise cette partition difficile et sait dompter un orchestre en l'invitant aux nuances.


Avec Jacques Vincey à la mise en scène et Mathieu Lorry-Dupuy aux décors, il était évident que ces deux habitués du poète élisabéthain prendraient grand soin de la prose et de l'univers shakespearien, mais quid de Britten ?

Dès le lever du rideau le ton est donné. Un visage poupin cerné de cheveux roux bouclés nous fixe et nous invite à plonger dans ce royaume inquiétant où l'on devine la présence de petits esprits qui nous épient, cachés dans les ténèbres de la forêt. L'enfant, sujet si cher à Britten, sera le fil rouge du spectacle : innocent témoin des événements, objet de désir et de déchirement ou jouet des adultes, il est à la lisière des consciences et suscite tendresse ou terreur.

Dans cette optique, Jacques Vincey se fait un point d'honneur de mettre en valeur le chœur de la Maîtrise du Conservatoire Francis Poulenc, tant par sa force symbolique que par sa quasi-omniprésence sur scène durant tout le spectacle, même lorsque celle-ci n'est pas indiquée. Ainsi, les enfants vont assister à la Farce tragique du dernier acte avec les trois couples d'amants, leur laissant la possibilité de voir le spectacle de la scène plutôt que des coulisses. Ce passage très drôle devient alors un petit moment de fraîcheur quand certains enfants tentent de cacher tant bien que mal leurs rires sincères face aux pitreries d'un Marc Scoffoni en grande forme dans la peau d'un Bottom plutôt attachant, ou d'un Carl Ghazarossian, au jeu peut-être plus exagéré mais à la voix capable de toutes les prouesses. Les autres rustres (Éric Martin-Bonnet, Raphaël Jardin, Yvan Sautejeau et Jean-Christophe Picouleau) sont tout à fait en cohésion avec leurs deux comparses même s'ils semblent être davantage « mis en danger » par la partition, à en juger par les (trop?) nombreux regards jetés à Benjamin Pionnier pour les départs. On regrette également que Vincey se soit un peu trop « reposé » sur le texte et les situations déjà immensément drôles de Shakespeare et n'ait pas plus incorporé d'idées propres dans la mise en scène de la Farce tragique. Il est vrai que le livret se suffit à lui-même au vu des rires francs déclenchés dans la salle.


Pris à part, les décors, les costumes (Céline Perrigon) et certains accessoires – les perruques des enfants surtout – sont esthétiquement discutables mais mis en commun et juxtaposés ils se complètent et forment un ensemble harmonieux. Très vite, nos yeux prennent les lamelles de plastique noir pour des arbres et la bâche qui recouvre la scène pour de la terre boueuse. Ces trompe-l’œil ne sauraient fonctionner sans le superbe travail réalisé sur la perspective ni sur celui des lumières, dont l'ouvrage minutieux et inspiré de Marie-Christine Soma doit être particulièrement souligné.

Dans cette forêt, le plus shakespearien des adolescents, le Puck de Yuming Hey, court et vole avec aisance, parle anglais avec une verve insolente et commande aux petits soldats du chœur. Adolescent, il l'est par son regard clairvoyant sur le monde des adultes, mais reste cloisonné dans celui de l'enfance à cause de son attachement maladif pour Oberon. Ce dernier est campé par Dmitry Egorov, contre-ténor russe à la voix sûre et superbe tant dans les graves que dans les aigus, roi des fées plus autoritaire et menaçant que paternel. Dans l'impitoyable couple royal exploitant les petites fées, Marie-Bénédicte Souquet est une Tytania tyrannique aux aigus perçants qui n'est pas sans rappeler la grande méchante mozartienne de la Flûte Enchantée.

Les scènes qui se déroulent dans l'univers humain sont peut-être plus redondantes malgré la qualité des interprètes. Le couple Lysander-Hermia fonctionne toutefois moins bien que le couple Demetrius-Helena, le premier semblant moins amoureux que le second. Ceci n'enlève rien aux qualités vocales de Majdouline Zerari qui nous offre une voix généreuse et plus sensible que Peter Kirk, au timbre affirmé mais plus dur. Deborah Cachet déploie toute sa connaissance du répertoire baroque anglais en nous servant une ligne de chant toujours soignée et Ronan Nédélec est un Demetrius tantôt méprisable tantôt pitoyable dont la voix puissante souligne bien les différents sentiments dans cette quête initiatique et somnambulique. Le Theseus de Thomas Dear est physiquement imposant mais ne convainc pas tout à fait vocalement tandis que l'Hippolyta de Delphine Haidan s'impose plus dans les médiums que dans les graves tout en assurant une présence physique digne d'une reine des Amazones.

Les humains sortis victorieux de leur quête initiatique, l'opéra se ferme sur notre petit garçon joufflu, bientôt rejoint par Puck et les enfants. Tous nous fixent et chantent le dernier chœur de l’œuvre, comme pour nous rappeler la présence de cet enfant que Britten chérit tant. Celui que nous avons enfoui au plus profond d'une forêt et qui parfois, au détour d'un songe, se rappelle à nous.

 

 

Compositeur 
Ville 
Infos sur l'oeuvre 

Opéra en trois actes, adapté de l’œuvre A Midsummer Night's Dream de William Shakespeare par Peter Pears et Benjamin Britten.

Créé au Jubilee Hall d'Aldeburgh le 11 juin 1960.

 

Nouvelle production.

Coproduction Opéra de Tours et Conseil Départemental d'Indre-et-Loire.

Première représentation à l'Opéra de Tours.

Détails 

Mise en scène

Jacques Vincey

Décors

Mathieu Lorry-Dupuy

Costumes

Céline Perrigon

Lumières

Marie-Christine Soma

 

Oberon, roi des fées

Dmitry Egorov

Tytania, reine des fées

Marie-Bénédicte Souquet

Puck ou Robin Bonenfant, lutin

Yuming Hey

Lysander, amant d'Hermia

Peter Kirk

Hermia, amante de Lysander

Majdouline Zerari

Demetrius, amant d'Helena

Ronan Nédélec

Helena, amante de Demetrius

Deborah Cachet

Theseus, duc d'Athènes

Thomas Dear

Hippolyta, reine des Amazones

Delphine Haidan

Nick Bottom, tisserand

Marc Scoffoni

Quince, charpentier
Éric Martin-Bonnet

Flute, raccommodeur de soufflets

Carl Ghazarossian

Snout, chaudronnier

Raphaël Jardin

Starveling, tailleur

Yvan Sautejeau*

Snug, menuisier

Jean-Christophe Picouleau*

Cobweb**

Arsène Thorigny / Raphaëlle Piraudeau

Mustardseed**

Marthe Hays-Gareau / Élisa Hervé

Moth**

Hannah-Rose Tatem

Peaseblossom**

Noa Ferré / Maïa Cheref

Le Page**

Sacha Garabedian Becherand

 

*Artistes des Chœurs de l'Opéra de Tours

**Artistes de la Maîtrise du Conservatoire Francis Poulenc

Maîtrise du Conservatoire Francis Poulenc – CRR de Tours

Chefs de chœur

Sarane Pacqueteau et Alexandre Herviant

Orchestre Symphonique Région Centre-Val de Loire/Tours

Direction musicale

Benjamin Pionnier

 

Tours, Opéra de Tours, vendredi 13 avril, 20h

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April 15, 2018 1:04 PM
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La Fleur du Dimanche: Au TNS: Alan... au pays des Merveilles

La Fleur du Dimanche: Au TNS: Alan... au pays des Merveilles | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Publié dans le blog La Fleur du Dimanche

mardi 10 avril 2018


Comme un air de "déjà vu" (ou entendu).

Quand, au début du spectacle de Mohamed Rouabhi, sur la scène vide, on entend le début du texte de l'histoire d'Alan, qui se lève, comme tous les matins, prend son bus, comme tous les matins et va au bureau, comme tous les matins, une impression étrange de déjà entendu me saisit. Je suis persuadé que j'ai entendu ce texte précédemment et fouille dans ma mémoire. Quand cette même histoire se répète, avec quelques variations, j'en suis persuadé et je trouve le procédé très futé, quand cela continue ainsi plusieurs fois avec des variations, et que le personnage d'Alan, interprété tout en silences parlants et en mouvements adaptés par Hervé Sika, alors que sur le fond de scène se projettent les images d'un dessin animé artisanal simples et superbes de Stéphanie Sergeant, nous sentons que nous allons vers un univers de rêve....

Et rond et rond petit Lapereau...

Effectivement, le texte que nous susurre à l'oreille le narrateur - qui n'est autre que l'auteur et metteur en scène Mohamed Rouabhi - de sa voix rassurante ressemble à tous égards à un conte ou une histoire d'Alice de Lewis Caroll.... Il ne suffit que d'un lapin, et Hop! le voilà: c'est "l'étranger", avec un masque de lapin de garenne sur la tête, et avec le magnifique bougé de danseuse de Lauren Pineau-Orcier que l'on devine sous le costume qui fait trois petits tours en trottinette, revient en mini-moto et sème la graine de discorde dans cet univers cahotant mais régulé.

Tout tourne mal 

Parce qu'effectivement ce monde régulé, dans des bureaux paysagés, n'est pas fait pour se faire rencontrer les gens, même Alan, qui laisse la porte de son bureau ouverte et Mademoiselle Jones qui distribue des dossiers, mais qui ne manque pas d'atouts (extraordinaire Marie Sergeant). Ces deux individus solitaires, coincés dans leurs manies et leur rythme, ordonné et quotidien, de leur bureau, des transports, anonymes, et même des vacances où chacun tout aussi anonyme s'entasse sur la plage - séquence magnifiquement rendue dans le dessin animé plein de couleurs acides et le regard plein d'humour - mais qu'ils abbhorent et fuient tous les deux aurait pu les réunir. Mais non, et même les immeubles de la ville où chacun n'est qu'une petite lumière aussi inaccessible qu'une étoile dans le ciel, sont un obstacle

Mademoiselle Jones et Docteur Pils 

Parce que Mademoiselle Jones fait un effort. Elle pour qui la ville est un carcan et un ennemi, qui a la nostalgie de la campagne, des étoiles et des arbres que la ville et ses immeubles ont mangé, Mademoiselle Jones va quand même essayer de mixer leurs univers et faire un pas vers Alan en lui faisant découvrir la nature en lui donnant un livre sur les arbres. Mais le grain de sable dans la tête d'Alan est trop fort et le manège de l'étranger trop perturbant pour ce solitaire irréductible. Même les prescriptions et les pilules de Miss Pils ne vont pas arranger les affaires puisqu'ellles semblent plutôt l'enfoncer dans l'enfermement. Le monde ne tourne plus rond.


Vers (les dix endroits stupéfiants et extraordinaires) le Bonheur et l'Amour

Mais ne désespérez pas, rappelez-vous, ceci est un conte, il ne peut donc que bien se terminer, et ce sera "l’étranger", qui a capacité de transformation (je vous en laisse la surprise), qui sera la clé du bonheur. Comme le dit Mohamed Rouabhi dans le programme du spectacle:
"Il y a un proverbe qui dit : « L’étranger, c’est un ami qu’on n’a pas encore rencontré. » C’est un processus courant : quand une personne nouvelle arrive dans notre vie, le premier réflexe, c’est la peur, ou la méfiance. C’est normal: au fond, nous sommes «sortis de nos grottes» depuis peu, nos réactions sont faites d’instinct, de la peur de l’inconnu. Puis, quand on commence à côtoyer la personne, vient la curiosité, sans plus de peur. Au final, elle peut vraiment faire partie de notre vie, et peut-être même devenir centrale. Ce sont ces étapes que j’ai voulu raconter".


La Magie du théâtre et de la scénographie

Effectivement, le théâtre et sa magie sont là pour nous raconter de belles histoires. Mohamed Rouabhi dans son choix de mise en scène, de musique, des lumières imaginées par Laurence Bruley, de la scénographie et des costumes crées par Laurence Bruley et, il faut le rappeler, l'animation et les dessins de Stéphanie Sergeant, nous emmène pendant une bonne heure dans un beau voyage non pas autour du monde, mais dans une belle histoire qui nous réconcilie avec notre prochain et notre voisin, et surtout notre voisine (si on se sent un peu Alan*). Et nous fait rencontrer l'amour du texte et des gens et comme il dit: "Ce n'est pas un message, c'est un mantra"!".


La Fleur du Dimanche

P.S. Concernant le "déjà vu", on ne peut que féliciter Mohamed Rouabhi de nous avoir mis dans cet état. Alors j'ai cru l'avoir entendu à une lecture d'Actuelles au TAPS, il y a un ou deux ans, l'auteur en a confirmé cette impossibilité, le texte ayant été publié en novembre 2017 par Acte-Sud à l'occasion de la création de la pièce "Jamais Seul" - le deuxième texte du livre - en novembre 2017 à la MC93-Bobigny.

* P.P.S. Alan peut s'entendre (en poussant un peu) "Allein" qui signifie "Seul" en Allemand ou Alone en Anglais.....  ;-)


Alan

Du 10 au 21 avril 2018 au TNS Strasbourg

COPRODUCTION

Texte et mise en scène Mohamed Rouabhi
Avec Lauren Pineau-Orcier, Marie Sergeant, Hervé Sika
Et la voix de Mohamed Rouabhi 

Animation et dessins Stéphanie Sergeant
Scénographie et costumes Laurence Bruley
Prothéses et Masques Estelle Chrétien
Création images vidéo Fabien Luszezyszyn


Assistanat à la mise en scène Élodie Chamauret
Création lumière Nathalie Lerat
Vidéos et régie vidéo Ludovic Lang
Régie générale Fouad Meskinia
Peinture du décor Marien de Guétonny
Administratration de production Cécile Espérou-Kenig

Production Compagnie Les acharnés - Mohamed Rouabhi
Coproduction Théâtre National de Strasbourg, Théâtre des îlets - Centre Dramatique National de Montluçon

La coproduction remercie les Tréteaux de France et Canal 93.
La Compagnie les acharnés – Mohamed Rouabhi est subventionnée par la DRAC Île de-France – Ministère de la Culture.
Le texte est publié aux éditions ACTES SUD-PAPIERS (octobre 2017).
Le décor et les costumes sont réalisés par les ateliers du TNS.
Peinture du décor Marien de Guétonny.
Création le 6 février 2018 au Théâtre des îlets - Centre dramatique National de Montluçon.

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April 15, 2018 11:12 AM
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... Du coup on a envie de le faire à la perfection

... Du coup on a envie de le faire à la perfection | Revue de presse théâtre | Scoop.it

« Je suis optimiste … parce que j’ai lu Galilée (rire). C’est une révélation essentielle, c’est la première chose qu’on devrait apprendre à l’école. Notre place dans le temps, dans l’espace, c’est-à-dire notre nullité. Ça relativise tous les problèmes humains. Le seul problème qui vaille qu’on le prenne au sérieux, c’est la souffrance physique, celui du tiers-monde, ça c’est l’essentiel. Mais le reste… Le reste, ce sont des futilités, c’est un luxe, on le fait si on a le temps. C’est très beau, les histoires d’amour, il y en a de très belles, mais on ne les vit que parce qu’on a le temps. Ce qui me plaît dans mon métier, c’est la gratuité. Faire du théâtre est la chose la plus superficielle, la plus inutile au monde, et du coup, on a envie de le faire à la perfection. (...)

 

Je prends un plaisir fou à le faire et à voir le public y prendre du plaisir. Le problème, c’est que la plupart des gens qui font des métiers comme le mien prennent ça très au sérieux, ils pensent que c’est décisif dans l’histoire du monde, et ça c’est terrible. »

 

Bernard-Marie Koltès, entretien avec Michel Genson, Le Républicain Lorrain, 2 octobre 1988

 

Koltès, mort un 15 avril, il y a 29 ans.

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April 14, 2018 11:16 AM
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Matthieu Haumesser, L’autre scène : philosophie du théâtre

Matthieu Haumesser, L’autre scène : philosophie du théâtre | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Publié par Adèle van Reeth sur la page des Chemins de la philosophie, sur le site de France Culture

 

Ecouter l'émission (59 mn) :  https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/matthieu-haumesser-lautre-scene-philosophie-du-theatre-0

 

 

Au théâtre, imagineriez-vous que ce qui se passe sur scène est plus réel que la réalité?


En convoquant Platon et Shakespeare, Matthieu Haumesser redéfinit l'espace théâtral. Loin d'être un lieu de divertissement, le théâtre permet de saisir toutes les émotions de l'âme humaine.

Extraits
Shakespeare, Hamlet, Acte III, scène 1 (Jean-Louis Barrault, 1947)

Molière, Amphitryon, Acte I, scène 2 (Jean-Paul Roussillon, 1967)

Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, Acte I, scène 4 (Jean Piat, 1966)

 

INTERVENANTS

  • professeur de philosophie en classes préparatoires (au lycée A. Kastler de Cergy-Pontoise) et à Sciences-Po Paris.

 

Légende photo : Le Dernier Caravansérail, Ariane Mnouchkine, 2003• Crédits : Lieberenz/ullstein bild - Getty

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April 14, 2018 6:05 AM
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La Région Île-de-France s'engage pour la réhabilitation du Théâtre des Amandiers à Nanterre (92)

La Région Île-de-France s'engage pour la réhabilitation du Théâtre des Amandiers à Nanterre (92) | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Valérie Pécresse, Présidente de la Région Île-de-France, et Agnès Evren, Vice-présidente chargée de la Culture, du Patrimoine et de la Création, annoncent la participation de la Région pour la réhabilitation du Centre dramatique national (CDN) des Amandiers à Nanterre.

Lors du comité de pilotage décisionnel qui a réuni le 12 avril l'ensemble des partenaires (la Ville de Nanterre, l'État et le Département des Hauts-de-Seine), la Région a annoncé qu'elle participera à hauteur de 6 M€ à cette réhabilitation, dont le coût global est estimé entre 30 et 40 M€. Cette subvention exceptionnelle s'inscrit dans le cadre de sa stratégie ambitieuse d'investissement culturel.

Le CDN des Amandiers à Nanterre, dirigé par Philippe Quesne, est l'un des théâtres les plus emblématiques de la région. Symbole de la décentralisation culturelle et lieu unique de création cher à Patrice Chéreau, il est aussi un outil exceptionnel dans le paysage des théâtres franciliens. Il possède, en effet, un très grand plateau, plusieurs salles, des espaces de répétition, un atelier de construction de décors, une librairie et un bar-restaurant.

Construit dans les années 1970, l'équipement n'a jamais été rénové. Des travaux sont aujourd'hui nécessaires pour réhabiliter le site, améliorer son accessibilité, mettre aux normes les installations techniques et sécuriser l'enveloppe du bâtiment. L'occasion aussi de repenser l'inscription de l'équipement dans son environnement proche et son rapport au territoire.

Afin de créer les conditions du développement des pratiques culturelles sur l'ensemble du territoire et pour tous les Franciliens, Valérie Pécresse et Agnès Evren ont simplifié et renforcé le dispositif d'aides à l'investissement culturel en novembre 2017. Cette nouvelle politique a pour objectif de rééquilibrer la répartition des équipements culturels, dans une logique d'inclusion, de proximité territoriale et de lutte contre les disparités.

La Région Île-de-France soutient également les projets du CDN à travers son dispositif de Permanence Artistique et Culturelle (PAC) pour un montant de 65 000 € par an.

 

 

Contact presse : 01 53 85 66 45 - servicepresse@iledefrance.fr

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April 13, 2018 6:10 PM
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Volksbühne :  Démission de Chris Dercon, directeur du théâtre de l’Est de Berlin - Libération

Volksbühne :  Démission de Chris Dercon, directeur du théâtre de l’Est de Berlin - Libération | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Article non signé dans Libération :
Il n’aura pas tenu une saison. Vendredi matin, on apprenait la démission du directeur de la Volksbühne, Chris Dercon.

 

A l’été 2017, la prise de fonctions de ce Flamand, ancien directeur de la Tate Modern, à la tête de ce mythique théâtre de l’est de la capitale allemande, avait provoqué de vives tensions. Dès l’annonce de sa démission, des affiches fraîchement placardées devant le théâtre clamaient «Tschüss, Chris» : un adieu qui sonne comme un «bon débarras». Les critiques avaient fleuri dès l’annonce de sa nomination en 2015 et se sont intensifiées lors sa prise de fonctions, deux ans plus tard - le principal argument de ses détracteurs étant que l’arrivée de Dercon, qui vient du milieu des arts plastiques et non de la mise en scène, aurait des conséquences fâcheuses sur la direction artistique du théâtre. En septembre, le théâtre fut occupé pendant six jours par un agrégat d’employés, d’étudiants, de musiciens… faisant de ce bastion culturel de l’ex-RDA une sorte de ZAD artistique. En outre, selon plusieurs médias allemands, ce départ intervient alors que la situation financière du théâtre s’avère catastrophique.  (Libération)
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Article de Brigitte Salino dans Le Monde : 

 

L’ancien directeur de la Tate Modern de Londres, dont la nomination avait fait polémique, jette l’éponge.

 

Annoncée vendredi 13 avril au matin, la nouvelle fait grand bruit dans les milieux de la culture berlinois, mais elle ne surprend pas : Chris Dercon démissionne de son poste de directeur de la Volksbühne, sans même attendre la fin de la première saison qu’il avait mise en place. Le communiqué qui annonce son départ ne tourne pas autour du pot. Il indique que les deux parties – Klaus Lederer, le ministre de la culture du Land de Berlin, et Chris Dercon lui-même – conviennent que « la Volksbhüne a besoin d’un nouveau départ », les projets de Chris Dercon n’ayant pas donné les résultats espérés.

 

Lire le récit :   La Volksbühne, scène mythique de Berlin, change d’ère et d’air

 

Ces projets s’annonçaient comme une révolution dans ­l’histoire de la Volksbühne. Située dans l’ex-Berlin-Est, cette scène historique édifiée au début du XXe siècle était un fleuron du théâtre d’art. Frank Castorf, le prédécesseur de Chris Dercon, s’inscrivait dans la tradition. Nommé en 1992, ce metteur en scène de ­génie qui a su accompagner les années de la réunification, est resté en poste jusqu’en 2017. Chris Dercon ne lui a pas succédé dans un contexte favorable.

 

Lire le reportage :   La force d’un pacte à la Volksbühne de Berlin

Violemment attaqué

Dès l’annonce de sa venue à ­Berlin, deux ans avant de prendre son poste, le Flamand a été violemment attaqué, au motif qu’il n’avait jamais dirigé de théâtre. Né en 1958, historien de l’art, Chris Dercon avait jusqu’alors mené une belle carrière à la di­rection de musées en Europe, dont la Haus der Kunst (Maison de l’art), à Munich, de 2003 à 2011, puis la très prestigieuse Tate Modern de Londres. Chris Dercon n’a pas su désarmer les milieux de la culture et la gauche berlinoise, malgré l’opération de charme à ­laquelle il s’est livré en annonçant son projet : ouverture à toutes les disciplines artistiques, renforcement de la dimension interna­tionale de la programmation, et rattachement à la Volksbühne du hall 5 de l’aéroport désaffecté de Tempelhof, au sud de Berlin, pour y présenter des spectacles.

 

Lire le compte-rendu :   De Londres à Berlin, l’envol de Chris Dercon

 

Ce projet a été contesté en raison de la rupture qu’il apportait. Accusé de renoncer à l’exigence artistique au profit de la rentabilité financière et d’une politique de « coups », Chris Dercon a tenu bon, et a mis en place la programmation qu’il ambitionnait. La ­première (et maintenant dernière) saison a ouvert, en septembre 2017, avec Fous de danse, une invitation, lancée aux Berlinois par le chorégraphe français Boris Charmatz, à danser à Tempelhof.

 

Lire le portrait :   Chris Dercon, l’homme qui a fait de la Tate une tour de Babel

 

Elle s’est poursuivie d’une manière chaotique, alignant des spectacles et des propositions qui n’ont pas tenu leurs promesses, comme Liberté, du cinéaste Albert Serra, qui travaillait pour la première fois au théâtre et réunissait sur le plateau Helmut Berger, Anne Tismer et Ingrid Caven. Ce fut un échec, moins grave sur le fond puisque c’était une création, que celui de l’invitation de Rêve et folie, de Georg Trakl, le spectacle créé par Claude Régy en France à l’automne 2016, qui a rempli tout au plus un tiers de la salle.

Désaffection du public

Cette désaffection du public, avec les conséquences financières qu’elle entraîne, a sûrement joué dans la décision d’évincer Chris Dercon. A sa charge, il faut reconnaître qu’il est arrivé à Berlin sûr de lui, et qu’il n’a pas su prendre la mesure de la Volksbühne, en proposant une programmation de type festivalier dans un théâtre qui ne s’y prêtait pas. A sa décharge, il faut pointer le fait que personne n’a été tendre avec lui : on ne lui a pas laissé beaucoup de chances de réussir – c’est le moins que l’on puisse dire.

 

Lire l’analyse :   Berlin divisée par une polémique théâtrale

 

Vendredi, Chris Dercon s’est adressé à son équipe. Aucune conférence de presse n’est prévue, mais on en saura plus dans les jours qui viennent sur les modalités de son départ. L’homme ne manque pas de cordes à son arc. Le 2 octobre 2017, Jack Lang, le directeur de l’Institut du monde arabe, annonçait dans Le Monde que Chris Dercon travaillait « à un projet d’exposition sur l’art contemporain en Arabie saoudite ».


Brigitte Salino - Le Monde

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April 13, 2018 4:31 PM
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Fontenay construit son avenir grâce aux recettes foncières - Le Parisien

Fontenay construit son avenir grâce aux recettes foncières - Le Parisien | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Par Marion Kremp dans Le Parisien @marionkremp
13 avril 2018

 


Le théâtre est désormais financé. Dessiné par l’architecte Wilmotte, il sera adossé à la salle Jacques-Brel.


Le maire Front de gauche de Fontenay-sous-Bois annonce le financement de « projets structurants » grâce aux recettes foncières.


« Maîtrisé, utile et audacieux. » A l’occasion du vote du budget ce jeudi soir, le maire de Fontenay-sous-Bois est ravi de pouvoir présenter des recettes à faire rougir plus d’une commune.

Rien qu’avec le projet immobilier de l’Ilot de la Pointe — soit 47 000 m2 de bureaux et 120 logements face aux Dunes de la Société générale — ce sont 27 M d’euros de recettes foncières qui entrent dans les caisses de la ville. Des droits de mutation, taxes d’aménagement, vente de terrains qui s’accumulent grâce aux nombreux projets immobiliers en cours et à venir.

Un paradoxe pour cette ville ancrée à la gauche de la gauche depuis l’élection en 1965 de la figure communiste Louis Bayeurte.

« Le développement de la ville est au service de l’intérêt général et la pépite de la charge foncière profite aux habitants. Mais c’est bien parce que nous nous sommes battus », présente le maire Jean-Philippe Gautrais qui se voit en « contre-modèle ».

Le satisfecit est assumé en ces temps de baisse des dotations. Revendiqué aussi alors que la réforme territoriale menace l’autonomie communale. Sans oublier une nouvelle qui tombe à pic pour préparer les prochaines élections. Le théâtre, devenu serpent de mer, se fera. Mais pas que.

« Je suis le maire qui en quatre ans aura fait quatre équipements majeurs ! », annonce l’édile.

Alors que les travaux de l’école Langevin commenceront en juillet, ceux du théâtre dessiné par l’architecte Wilmotte en 2019, l’îlot Michelet auquel sera notamment accolée une école d’art plastique commencera à sortir de terre cet été, la ville se lance deux nouveaux projets.

N’en déplaise à l’opposant (UDI) Gildas Lecoq qui y a vu lors du conseil « quelques rustines » la médiathèque sera reconstruite et les deux centres de santé seront regroupés. Le tout en un seul pôle qui permettra de requalifier le boulevard de Verdun et d’ouvrir la Redoute. Une place sera créée, entourée de commerces et de logements. Une présentation aux habitants est prévue à la mi-mai.

Pour maintenir l’équilibre urbain, la ville a sanctuarisé le terrain en cours de rachat aux moines franciscains. « C’est un acte politique majeur au moment où les promoteurs attaquent, nous allons en faire un parc de 4 000 m2, un centre de réinsertion pour les femmes qui sortent de prison et nous réfléchissons à un projet d’aménagement d’économie sociale et solidaire avec les associations locales », détaille Jean-Philippe Gautrais.

Pour Gildas Lecoq (UDI) cependant, « il faut arrêter de crier victoire » : « la situation de la ville n’est pas bonne et ce budget n’a rien d’audacieux, il n’y a pas de projet marquant en 2018 ».

Ce jeudi soir, il a ainsi dénoncé la « densification » de la commune. Celle qui permet à Fontenay d’investir. Mais qui pour lui «modifie les valeurs foncières et font progresser les bases des taxes qui augmentent pour les propriétaires

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April 13, 2018 7:47 AM
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Chris Dercon tritt als Volksbühnen-Intendant zurück

Chris Dercon tritt als Volksbühnen-Intendant zurück | Revue de presse théâtre | Scoop.it

13. April 2018, Süddeutsche Zeitung
Berliner Volksbühne
Intendant Chris Dercon tritt zurück


Die Intendanz des Belgiers sei laut Berliner Kulturverwaltung mit sofortiger Wirkung beendet.
In einer Erklärung heißt es, dass "das Konzept von Chris Dercon nicht wie erhofft aufgegangen" sei.
Dem Nachfolger von Frank Castorf wurde seit seiner Berufung vorgeworfen, aus der Traditionsbühne eine "Eventbude" zu machen.

Der umstrittene Intendant der Berliner Volksbühne, Chris Dercon, gibt seinen Posten auf. Kultursenator Klaus Lederer (Linke) und Dercon hätten sich einvernehmlich darauf verständigt, die Intendanz mit sofortiger Wirkung zu beenden, teilte die Kulturverwaltung am Freitag mit.

"Beide Parteien sind übereingekommen, dass das Konzept von Chris Dercon nicht wie erhofft aufgegangen ist, und die Volksbühne umgehend einen Neuanfang braucht", heißt es in der Erklärung. Mit der einvernehmlichen Einigung sei nun die Chance gegeben, diesen notwendigen Neustart einzuleiten. "Ich habe den designierten Geschäftsführer der Volksbühne, Klaus Dörr, gebeten, in dieser Situation kommissarisch die Geschäfte des Intendanten übernehmen", erklärte Lederer. "Im Übrigen ist es mir wichtig zu betonen, dass die persönlichen Angriffe und Schmähungen aus Teilen der Stadt gegen Chris Dercon in der Vergangenheit inakzeptabel waren. Solche Formen der Auseinandersetzung sind unwürdig und entbehren jeder Kultur."

Dem Belgier Dercon schlägt seit seiner Berufung massive Kritik aus der Berliner Kulturszene entgegen. Im September 2017 wurde das Haus sogar einige Tage von Kritikern besetzt. Dem Nachfolger von Frank Castorf wurde vorgeworfen, aus der Traditionsbühne eine "Eventbude" zu machen. Die ersten Inszenierungen unter der Intendanz von Dercon seit Beginn der Spielzeit im Herbst 2017 kamen bei Publikum und Kritik sehr gemischt an.

 

Foto : Nicht länger Chef der Berliner Volksbühne: Chris Dercon. (Foto: Getty Images)  

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April 13, 2018 3:46 AM
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Au Rond-Point, remise des premiers prix Topor 

Au Rond-Point, remise des premiers prix Topor  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Jean-Michel Ribes a présenté la cérémonie télévisée agrémentée de numéros des lauréats ou d'artistes proches par l'esprit du merveilleux créateur aux dons multiples disparu le 16 avril 1997.

Un beau décor de Sophie Perez reprenant des dessins célèbres de Roland Topor et une photographie : rigolard et melon vissé sur le crâne. On n'aura pas entendu son rire énorme et tonique, mais on aura retrouvé son espièglerie, sa férocité dévastatrice, sa gentillesse, sa mélancolie. Et parfois sa voix.

A jardin, la batterie, à cour le piano de Reinhardt Wagner. Il a mis des textes de Roland Topor en musique et l'on en entendra certains, chantés par Alexie Ribes et Héloïse Wagner, Mesdemoiselles les filles, très douées !

Sur les côtés de la salle, des écrans diffusent quelques images. A la fin, on revoit une séquence célèbre "La grève de l'hygiène" avec notamment Ronny Coutteure en journaliste, Philippe Khorsand en mari asphyxié par une épouse qui pour partager la misère du monde ne se lave plus depuis très longtemps...Cette femme est la merveilleuse Andrea Ferréol. On est en 1982.

Cette soirée est d'abord celle d'une remise de prix, avec le jury assis sagement sur la scène. Fabienne Pascaud, directrice de la rédaction de "Télérama" qui co-organise la manifestation avec la MGEN (Mutuelle de l'éducation nationale).

 

Une remise de prix et une émission de télévision diffusée en différé (23h45) le soir même avec la mention : déconseille aux moins de seize ans. C'est vrai, c'est parfois plus scabreux que du pur Topor...et la salle qui ne connaît pas la désespérance de Steven Cohen, rigolera un peu fort en le voyant apparaître...Il est à l'affiche du Rond-Point dans les jours qui viennent avec des vidéos qu'il commentera en direct. Sa performance rompait violemment avec le caractère bon enfant, bien dans les clous, de la soirée.

 



Les trophées sont de petites sculptures qui reprennent du Topor. Un visage, une main, si l'on a bien vu. A un moment, le directeur du Théâtre du Rond-Point, dira, dans un lapsus qui fait se marrer toute la salle qu'il attend un molière !

Entrelardant la remise des prix, des numéros. Avec lectures de textes de Roland Topor et apparitions personnelles : un haut moment, celui d'Olivier Martin Salvan, aux couleurs du patron, chemise parme et pantalon rose, des tons qu'affectionne Jean-Michel Ribes, interprétant sa chanson en sabir à intonations bataves. Un sommet.

Tout comme l'unique Patrick Robine imitant un oeuf frit à l'américaine ou un reste de purée clapotant dans une casserole.

Génies familiers du Rond-Point, loué par Pierre Guillois.

En fin de parcours, Nicolas Topor, le fils de Roland Topor, pour la marionnettiste enchantée, Elzbieta Jeznach.

Bref, on ne va pas tout raconter puisque l'émission doit être en replay. Lisez Roland Topor, admirez ses dessins, voyez le catalogue de la manifique exposition que lui a consacré la BnF l'an dernier.

Voici le palmarès complet avec mention des personnes qui ont remis les prix. Il n'est pas dans l'ordre de la remise.

AGNES HURSTEL

par Camille Chamoux

TOPOR 2018 DU

« RIRE DE SON SEXE

N’ATTEND PAS LE NOMBRE DES ANNEES »

CHANTAL LADESOU

par Michel Fau

TOPOR 2018 DE

« LA BOULEVARDIERE

QUI SORT DU CADRE »

VUILLEMIN

par Jean-Marie Gourio

TOPOR 2018 DE

« L’OBSCENITE NECESSAIRE »

BERTRAND MANDICO

par Arnaud Laporte

TOPOR 2018 DU

« CINEMA COMME ON EN REVE »

JACQUES A.BERTRAND

par Président MGEN

TOPOR MGEN 2018 DU

« IL ETAIT TEMPS QU’IL L’ECRIVE »

NOEL GODIN

par Gérard Mordillat

TOPOR 2018 DU

« LANCER FRANC »

PHILIPPE KATERINE

par Sophie Perez

« GRAND PRIX TOPOR 2018 »

STEVEN COHEN

par Agathe Berman

« GRAND TOPOR PANIQUE 2018 »

ELZBIETA JEZNACH

à Nicolas Topor

TOPOR 2018 DE

« LA DOUBLE VIE »

JACQUES DUTRONC

à Jean-Michel Ribes

TOPOR 2018 DU

« MAUVAIS GOUT REVIGORANT »

PIERRE GUILLOIS

par Jérôme Thomas

TOPOR SACD 2018 DU

« JE NE SUIS PAS PARTI A L’ENTRACTE »

YVES-NOEL GENOD

par Sophie Perez

TOPOR 2018 DE

« L’INCONGRUITE POETIQUE »

JONATHAN CAPDEVIELLE

par Kader Aoun

TOPOR 2018 DE

« LA FEE DIABOLIQUE DES PYRENEES »

GWENAEL MORIN

par Fabienne Pascaud

TOPOR TELERAMA 2018 DU

« LE THEATRE

C’EST QUAND MEME MIEUX COMME ÇA »

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April 12, 2018 7:16 PM
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Clément Hervieu-Léger, l’héritier affranchi

Clément Hervieu-Léger, l’héritier affranchi | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Par Fabienne Darge dans Le Monde le 12.04.2018
L’homme de théâtre marqué par Chéreau met en scène « L’Eveil du printemps », de Wedekind, à la Comédie-Française.


Un visage, un corps, un regard, des mots. Eléments d’un portrait. Le visage, chez Clément Hervieu-Léger, est à la fois masculin et féminin. Le corps, gracieux, plus athlétique qu’il n’y paraît. Le regard, brûlant et clair. Les mots, précis et fiévreux, viennent à la fois de la tête et du cœur.

A 40 ans et toujours un air d’enfance accroché comme une ombre, il s’est taillé un joli chemin à la Comédie-Française, où il est entré en 2005 comme pensionnaire. Rapidement, il signe des spectacles remarqués et devient sociétaire le 1er janvier.

Aujourd’hui, il fait entrer dans la vénérable maison un invité sulfureux, qui jusque-là n’avait pas eu droit à cet honneur : l’Allemand Frank Wedekind (1864-1918), son monde de désirs incandescents et réprimés, et cette pièce magnifique qu’est L’Eveil du printemps. Ce classique de la modernité va bien à Clément Hervieu-Léger, qui semble toujours tenir l’équilibre entre deux pôles. Il ne se destinait pas au théâtre, lui le fils de deux sociologues, Bertrand Hervieu, spécialiste du monde agricole, et Danièle Hervieu-Léger, labourant le champ religieux et spécifiquement celui du catholicisme, et dont la voix, forte et précise, s’est plusieurs fois exprimée, dans les colonnes du Monde notamment, pour démonter les approximations anthropologiques des adversaires du mariage pour tous.

« Bon élève »
« Je me voyais plutôt faire Sciences Po ou l’ENA et devenir fonctionnaire : la notion de service public m’a été inculquée de naissance, et m’a toujours importé, note-t-il. Mais l’univers de la scène n’a jamais été loin : ma grand-mère, professeure de lettres et passionnée de théâtre, m’y a beaucoup emmené, ma mère a fait l’école du Théâtre national populaire (TNP) en même temps que Sciences Po, et j’ai fait de la danse classique dès l’âge de 6 ans. » Le théâtre l’a attrapé à peine son bac en poche. Le « bon élève » n’a même pas eu le temps de suivre une formation de comédien. « Mais j’ai eu la chance inouïe d’avoir une autre école », sourit-il.

Un soir de l’hiver 2003, alors qu’il vient juste de terminer les représentations d’Antoine et Cléopâtre, sous la direction de Daniel Mesguich, il prend un billet pour aller voir Phèdre, de Racine, mis en scène par Patrice Chéreau aux Ateliers Berthier. « Je n’avais jamais vu de spectacle de Chéreau, il avait ­arrêté le théâtre pendant plusieurs années. Ce soir-là, il était là. Après la représentation, je suis resté discuter avec des amis, Patrice ­Chéreau s’est joint à nous, et nous avons entamé une conversation qui ne s’est jamais interrompue. »

Le décès du metteur en scène, en 2013, n’interrompt pas cette ­relation, précise le comédien : « Le travail est pour moi une manière de prolonger ce dialogue avec lui. » Clément Hervieu-Léger joue dans Gabrielle, un film que Chéreau signe en 2005, et assiste le metteur en scène-réalisateur au théâtre et à l’opéra, sur Cosi fan Tutte, Tristan, De la Maison des morts, de Janacek, ou Rêve d’automne, de Jon Fosse. Il collabore avec lui à l’écriture de deux livres, J’y arriverai un jour (Actes Sud) et Les Visages et les Corps (L’Harmattan).

Leurs mots, notre vie
Jeune chevalier adoubé par le seigneur, le risque était grand pour lui de subir l’influence trop forte du maître. « Mais j’ai eu la chance, là aussi, d’être appelé par Marcel Bozonnet, alors administrateur, pour entrer à la Comédie-Française en 2005, se souvient Clément Hervieu-Léger. En tant qu’acteur du Français, on joue beaucoup et on est sans cesse confronté à des esthétiques ­différentes, ce qui m’a permis de me construire, y compris a contrario d’ailleurs. J’ai adoré jouer dans Les Fables de La Fontaine montées par Bob Wilson et j’ai adoré ­certains de ses spectacles en tant que spectateur. Mais ce n’est pas du tout le théâtre que j’ai envie de faire comme metteur en scène. »

Clément Hervieu-Léger reste profondément marqué par Chéreau, avec qui il partage « un goût du répertoire et des textes et une même obsession du rapport entre le corps et le mot, de l’incarnation, de ­l’engagement des corps ». Mais il a su trouver sa propre identité de metteur en scène, au fil de spectacles toujours raffinés et profonds, signés à la Comédie-Française ou ailleurs : La Critique de l’école des femmes et Le Misanthrope, de Molière, L’Epreuve et Le Petit-Maître corrigé, de Marivaux, Le Pays lointain, de Jean-Luc Lagarce, créé au Théâtre national de Strasbourg à l’automne 2017 et programmé au Théâtre de l’Odéon la saison prochaine. Mais aussi, dans le registre du théâtre musical et de l’opéra, Monsieur de Pourceaugnac, de Molière et Lully, La Didone, de ­Cavalli, avec William Christie, et Mitridate, re di Ponto, de Mozart, avec Emmanuelle Haïm.

« CELA VOUS OBLIGE À METTRE DE VOTRE PROPRE VIE DANS LE SPECTACLE QUE VOUS MONTEZ. EN TANT QU’ARTISTE, VOUS NE POUVEZ PAS FAIRE L’ÉCONOMIE DE VOUS-MÊME »

 


Qui a dit que le répertoire était une chose poussiéreuse ? Clément Hervieu-Léger sait qu’il n’en est rien et qu’on peut dire autant – voire plus – sur aujourd’hui avec une œuvre du XVIIe siècle qu’avec un texte écrit hier. « En tant que comédien comme en tant que metteur en scène, j’ai la même obsession : trouver l’équilibre entre la manière dont l’œuvre ou le personnage se rapproche de moi et la manière dont je me rapproche d’eux, analyse-t-il. Si vous vous ­intéressez à la vie de Molière ou de Jean-Luc Lagarce, ce n’est pas pour faire leur biographie sur scène. C’est parce que cela vous oblige à mettre de votre propre vie dans le spectacle que vous montez. En tant qu’artiste, vous ne pouvez pas faire l’économie de vous-même. »

Un fil ténu mais tenu, avec autant de constance que de discrétion, court donc tout au long des spectacles de Clément Hervieu-Léger, et notamment à travers les trois personnages d’Alceste (Molière), de Florimond (Marivaux) et de Louis (Lagarce), tous trois interprétés par Loïc Corbery, son ami, son double, son alter ego de ­théâtre. Un fil tendu sur la difficulté de dire le désir homosexuel ou « anormal », de l’assumer auprès de sa famille et de la société, et sur la solitude qui s’ensuit.

Chéreau toujours
Cette question du désir est également au cœur de L’Eveil du printemps. Wedekind y met en scène une bande de jeunes gens travaillés par des appétits sexuels en butte à une société et à des adultes dressés sur leurs certitudes. « La pièce a été écrite en 1890, mais elle est d’une modernité et d’une crudité inouïes, observe-t-il. Cette “insensée cochonnerie”, comme l’appelait Wedekind avec dérision, a d’ailleurs été rapidement censurée, après sa création au début du siècle. Elle a inspiré à Freud ses Essais sur la théorie sexuelle, et à Lacan un texte célèbre. Avec elle, c’est la première fois que la sexualité des jeunes est le sujet d’une œuvre dramatique. Wedekind y aborde, sans tabous ni enjolivements, le masochisme, l’autoérotisme, la masturbation collective, l’homosexualité, le suicide et l’avortement, menant au passage une charge implacable contre les principes éducatifs en cours à son époque. »

Pour cet Eveil, Clément Hervieu-Léger travaille pour la première fois avec Richard Peduzzi, le scénographe historique de Patrice Chéreau. « Avant, cela serait venu trop tôt, tant son univers est fort », constate-t-il. Chéreau, encore et toujours, jamais très loin, comme en profil perdu. Souvent, les psychanalystes disent qu’il ne faut pas seulement savoir transmettre, dans la vie, mais aussi savoir ­hériter. De toute évidence, ­Clément Hervieu-Léger a su.

« L’Eveil du printemps », de Frank Wedekind. Mise en scène : Clément Hervieu-Léger. Comédie-Française, salle Richelieu, du 14 avril au 8 juillet. www.comedie-francaise.fr


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April 12, 2018 6:33 PM
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La fronde s'organise contre la vente à la découpe du conservatoire d'art dramatique

La fronde s'organise contre la vente à la découpe du conservatoire d'art dramatique | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Par  Ludivine Trichot dans le Figaro  le 12/04/2018

À l'approche du déménagement du CNSAD aux Ateliers Berthier dans le cadre du projet de la Cité du Théâtre, l'association Rue du conservatoire s'oppose au démantèlement des locaux historiques de l'établissement et interpelle Françoise Nyssen. Classé monument historique, seul le théâtre sera préservé.

C'est une nouvelle bataille qui s'annonce pour la ministre de la Culture Françoise Nyssen. Dans le cadre du projet de réalisation d'une grande Cité du Théâtre dans le quartier des Batignolles, à Paris, le ministère a décidé de se séparer des locaux du conservatoire supérieur d'art dramatique. Mais la résistance s'organise. Dans une lettre ouverte adressée à Françoise Nyssen, l'association Rue du conservatoire explique que «la vocation culturelle est inscrite dans les fondations du bâtiment». Selon eux, les prestigieux locaux du 2 bis, rue du Conservatoire ne devraient pas être vendus à la découpe, comme le prévoit l'État pour financer la Cité du Théâtre. Seul le théâtre, imaginé en 1811 par l'architecte François-Jacques Delanoy, sera épargné car il est classé monument historique depuis 1921.


Pour l'association Rue du conservatoire, composée d'élèves, d'anciens élèves et d'amis du Conservatoire national supérieur d'art dramatique, l'espace moderne qui leur sera proposé dans leurs nouveaux locaux porte de Clichy d'ici 2022 est une chance. Les artistes et apprentis artistes estiment toutefois que la vente à la découpe de l'immeuble de la rue du Conservatoire est une «aberration».

«Un devoir de mémoire»
«Les plus prestigieux compositeurs, musiciens, actrices, acteurs, metteurs en scène y ont travaillé, s'y sont accomplis et ont pratiqué leurs recherches au service de leur art», expliquent les passionnés d'art dramatique dans leur lettre ouverte à propos du 2 bis, rue du Conservatoire. Anciennement École royale de chant et de déclamation, le Conservatoire national supérieur d'art dramatique, inauguré en 1784, accueille chaque année environ trente étudiants pour 1100 demandes. Une exigence qui fait sa réputation.


La bâtisse dispose de décors prestigieux, de la salle Louis-Jouvet au salon d'apparat, qui ont inspiré les plus grands. «Sa charpente, ses boiseries et ses poutrelles peintes en font un lieu unique et admirable», selon les membres de l'association Rue du Conservatoire. Catherine Gandois, membre du groupe et actrice de renom, regrette de voir un jour disparaître ce «symbole». «Pour nous c'est absolument incompréhensible parce que c'est une mémoire culturelle, explique-t-elle. En dehors de l'attachement sentimental, il est important que ce lieu reste un endroit pour le théâtre.»

L‘association demande à la ministre de la Culture de considérer l'idée que le Jeune théâtre national occupe les locaux après le départ des élèves du Conservatoire. «Ils n'ont actuellement que deux petites salles dans la rue Saint-Paul et pourraient mettre à profit les locaux du IXe, analyse Catherine Gandois. Il y a plein d'autres possibilités que l'on étudie et on espère que notre présidente pourra les présenter cette semaine à Mme Nyssen.»

«C'est une mémoire culturelle. En dehors de l'attachement sentimental, il est important que ce lieu reste un endroit pour le théâtre»   Catherine Gandois

La plus grande crainte de l'artiste est que le bâtiment du Conservatoire termine comme celui de l'École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre de la rue Blanche (9e arrondissement). Après le déménagement de l'établissement sur la colline de Fourvière à Lyon en 1997, l'hôtel particulier parisien que les étudiants occupaient a été vendu à la découpe. Son théâtre et ses salles historiques ont été transformés en complexe sportif moderne. «C'est une honte quand des lieux culturels disparaissent pour simplement faire du commerce, déplore Catherine Gandois. On manque terriblement d'endroits dédiés aux artistes dans Paris.»

La Cité du théâtre, un projet ambitieux
L'objectif de l'association Rue du Conservatoire n'est pas d'entrer en polémique contre la Cité du Théâtre, bien au contraire. «Il a longtemps été question de trouver des salles supplémentaires pour pouvoir travailler, créer et répéter. Donc c'est merveilleux que le CNSAD puisse avoir un avenir proche avec un espace beaucoup plus important», explique Catherine Gandois.

Les 20.000 mètres carrés des Ateliers Berthier dans le XVIIe arrondissement vont être habilités pour accueillir le CNSAD, la Comédie Française et le Théâtre de l'Odéon d'ici 2022. Ce projet de la Cité du Théâtre, qui s'inscrit dans le cadre de la mutation du quartier des Batignolles, a été annoncé en 2016 par le président François Hollande avec le soutien de Stéphane Lissner, directeur de l'Opéra national de Paris, d'Éric Ruf, l'administrateur général de la Comédie française, de Stéphane Braunschweig, le directeur de l'Odéon-théâtre, et de Claire Lasne-Darcueil, la directrice du CNSAD. Catherine Gandois reste toutefois sceptique. «Depuis la germination de l'idée de la Cité du théâtre, deux présidents et plusieurs ministres se sont succédé, déplore-t-elle. Chacun à ses idées et chacun se renvoie la balle. Le budget diminue et les contours du projet restent flous.»

Si le plan du ministère de la Culture actuel se concrétise, les travaux aux Ateliers Berthier débuteront en septembre 2019 pour se terminer en décembre 2022 avec un budget estimé de 150 millions d'euros. Quatre-vingts groupes d'architectes ont tenté en février 2017 de participer au concours pour proposer la maquette la mieux adaptée à cette ambition de réunir les plus grandes institutions de l'art dramatique en un même lieu. Après une première sélection de dix agences, ils ne sont aujourd'hui plus que trois en lice et seront départagés le mois prochain. «C'est là que tout se joue pour nous, détaille Catherine Gandois. Nous sommes à un moment charnière car la vente de nos locaux va se décider en même temps que le projet se lance. Quand on dépense de l'argent, il faut en faire entrer de l'autre côté.»

Désormais, Rue du Conservatoire compte sur la communication autour de sa lettre ouverte à la ministre de la Culture pour bloquer la vente des locaux du IXe arrondissement. Sur le site Internet de l'association, des centaines de signatures de soutien se cumulent. Élèves, anciens étudiants et admirateurs du Conservatoire approuvent leur objectif de sauvegarde du patrimoine. Des grands noms du cinéma s'indignent au nom de l'art et la culture française. Juliette Binoche, Julia Faure, François Clavier, Yves Lambrecht, Éric Prat et Jean-Pierre Becker en font partie.

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April 16, 2018 4:33 PM
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» Barroco de Marion Coutris, mise en scène de Serge Noyelle

» Barroco de Marion Coutris, mise en scène de Serge Noyelle | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Philippe du Vignal dans Théâtre du blog - 16 avril 2018

Barroco, texte et livret de Marion Coutris, musique de  Marco Quesada, mise en scène de Serge Noyelle

Un projet ambitieux dans un espace bi-frontal d’une longueur d’une trentaine de mètres, pour quelque quatre cent spectateurs. Rien sur la scène, sauf à une extrémité derrière un très grand cadre doré assez chargé : un batteur, un clarinettiste, et, à l’autre bout, assis sur une longue poutre en plexiglass, un homme immobile, comme une sculpture vivante, juste vêtu d’un slip noir avant même que le spectacle ne commence. Référence christique comme sortie tout droit de chez Grotowski


Cordula Treml

Le spectacle participe d’une sorte d’opéra-poème qui rappelle parfois le célébrissime Einstein on the beach  (1976) de Phil Glass et Bob Wilson et deux avant La Classe morte, puis les autres très fameuses pièces de Tadeusz Kantor (1915-1990) et les spectacles baroques et délirants de l’américain John Vaccaro… Epoque bénie du théâtre.


Bref un spectacle à la fois parlé et muet, dansé et/ou chanté en chœur,  en français comme en russe  ou par seulement deux remarquables contre-ténors français et une superbe basse russe. Accompagné par un batteur, un clarinettiste et un accordéoniste en direct, et par une enregistrement du grand orchestre de Perm qui, nous a-t-on dit, n’a pas obtenu  de visa venir en France.. Avec des images très fortes.


Barroco est donc bien entendu baroque : il y a ici une imagerie simple mais très efficace pour traduire le dramatique de la condition humaine, comme l’ont fait les artistes européens de cette grande période artistique, architectes, compositeurs, peintres ou sculpteurs. Il y a ici  nombre de références a à la peinture baroque mais  surtout aux clairs-obscurs du Caravage. Et la mort est omniprésente comme chez Tadeusz Kantor mais sublimée et comme sous forme d’exorcisme. Avec une sorte de curieux  mouvement  permanent, et un excès dans les images. A charge pour le texte de dire,mais aussi de renforcer quelque fois les  images par hypotypose, mot savant pour signifier une description réaliste de la scène dont on veut donner une image. Si on a bien compris, le poème de Marion Coutris a aussi pour fonction scénique d’accompagner verbalement le langage gestuel, vocal et musical de l’ensemble des quelque trente participants, en accord avec sa sensibilité  de comédienne texte.

Il y a d’abord cette femme discrète mais très impressionnante, en grande robe noire. Très mince sur de hauts talons, bien jouée avec une grande discrétion  et une belle présence par Marion Coutris cette fois actrice, plus jeune mais parente si l’on peut dire du personnage de La Classe morte, une image muette mais très inquiétante de la Mort: “Les yeux du dedans Dessinent des formes Inexpliquées Qu’on poursuit Avec des tâtonnements De bienheureux. » Et elle s’adresse à l’Homme nu): “ Toi, quel maudit croisement De planètes A marqué  ton destin? La Rage et le Désir Sont nés de la même mère Avec la même nourriture Ils ont grandi Et toi Tu te souviens de la trace Brûlante De leur morsure Toi Tu traces Avec ton talon Blessé Un sillon Dans la poussière Un sillon déjà creusé Avant toi”.


On n’entend pas toujours bien, à cause sans doute d’une mauvaise acoustique et malgré un micro HF ce texte poétique, et c’est dommage. Mort, sexe, religion, amour  et parfum d’érotisme discret sont ici convoqués pour accompagner cette danse macabre avec, sublimes de beauté et d’efficacité scénique, de longues et lentes processions d’une quinzaine de danseuses (beaux costumes de Catherine Oliveira) habillées de  belles robes anciennes à dentelles blanches ou noires selon les moments. Elles marchent avec quelques acteurs travestis, à pas rythmés sur la musique de Marco Quesada, aux thèmes parfois proches de celle d’Henry Purcell.On pense aux célèbres vers de L’Enfer de La Divine comédie de Dante : «Je vis alors une bannière qui claquait si vite en filant qu’elle refusait tout repos. Elle était suivie d’une file en nombre si grand que la mort ne me semblait pouvoir la prendre. Je reconnus certains d’entre eux. Surtout l’ombre de celui qui abandonna la papauté ».  Tous  les acteurs chanteurs-danseurs font entrer une longue table d’une dizaine de mètres nappée de blanc, là aussi tout à fait kantorienne où à un bout, la Mort foudroiera l’Homme seul du début, assis à l’autre bout. Fascinant…

Il y a ici une galerie insensée de personnages remarquablement mise en scène par Serge Noyelle : l’Ange noir,  un Prophète, un Roi déchu, Un devin prophétique, une triade d’hommes vêtus de grands manteaux et excellents chanteurs, ou travestis en femmes avec escarpins et bas noirs, de vieux petits jumeaux ridicules en pourpoint blanc avec fraise-comme de vieilles poupées tout droit sorties des Ménines de Velasquez, et aussi bien entendu des jumeaux faux frères Dupont de Tadeusz Kantor où ils étaient de tous ses spectacles…


Soit donc une sorte de Requiem baroque, aussi insolite que  carnavalesque, mais dont les images appartiennent aussi bien au monde des arts plastiques qu’à celui  du théâtre. Dans une mise en scène des plus rigoureuses qui soient, et absolument indispensable, puisqu’il y a quelque trente personnes sur le plateau ! Ce qui n’a rien d’évident et exige de longues mises au point pour arriver à une telle maîtrise du temps et de l’espace.  Au chapitre des bémols : un son qui demanderait à être revu, une identification de tous ces personnages parfois difficile et une dramaturgie un peu chaotique sur la fin avec deux inutiles rebondissements. Mais tout cela peut assez vite être remis d’équerre.

Que demande le peuple? Longue ovation debout, en particulier de lycéens marseillais qui, visiblement, n’ont pas boudé leur plaisir devant cette création. On peut espérer qu’un théâtre de Paris ou de sa banlieue accueille Barocco quelques jours dans la saison 2020-2021. Nombre de lieux comme les Ateliers Berthier, Nanterre-Amandiers, Ivry, Créteil, ou les festivals d’Avignon ou d’Aurillac-oui, pourquoi pas?-ont des espaces suffisants pour accueillir cette création en bi-frontal qui le mériterait bien.

Philippe du Vignal

Spectacle vu le 10 avril au Théâtre Nono, 35 Traverse de Carthage  Marseille VIIIème. T. : 04 91 75 64 59.

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April 16, 2018 11:21 AM
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Léo l’élégant ou l’art d’être critique

Léo l’élégant ou l’art d’être critique | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Par Jean-Pierre Thibaudat pour son blog Balagan  16 avr. 2018 

Critique de théâtre au journal « L’Humanité » depuis la fin des années 60, Jean-Pierre Léonardini revient sur son parcours sous forme d’une réflexion nourrie et nourrissante sur son métier. Chez celui que l’on surnomme Léo, du choix des chaussures à celui des mots, tout est affaire de style.


A l’heure où tout spectateur plus ou moins assidu, possesseur d’un ordinateur et de quelques doigts peut s’autoproclamer «critique de théâtre » (ou de film, etc.), Jean-Pierre Léonardini, dès les premières pages de Qu’ils crèvent les critiques !, va à l’essentiel : « Je ne cesserai de marteler que la critique procède avant tout d’un genre littéraire. On ne doit la juger qu’à cette aune-là. »

Le curseur est le style

Si son titre pointe la part de plus en plus congrue de la critique dans la presse écrite qui reste son sacerdoce, et tance indirectement la multiplicité des blogs à la petite semaine sur Internet, il est d’abord un clin d’œil à feu Tadeusz Kantor repéré sous sa plume dès la première venue du Polonais au Festival mondial du théâtre de Nancy en 1971 et plus tard signataire d’un tonique Qu’ils crèvent les artistes !.

La critique doit certes donner un certain nombre d’informations au lecteur, nous dit l’ami Léo, mais elle relève avant tout « de l’appréciation personnelle, de l’affirmation de points de vue et d’angles d’attaque, d’une prise de parti enfin et même, en cas d’urgence, d’une prise à partie ». C’est dit, et bien dit, porté par une langue précise et soutenue. Dans ses articles comme dans ce livre, les phrases de Léonardini sont tendues, musclées de réflexion, elles ne nécessitent pas la béquille d’une allumette pour propager leur feu. Son « bréviaire », c’est Baudelaire, écrit-il, poète et critique d’art pour qui la critique doit être « partiale, passionnée, politique ». Baudelaire à qui on doit aussi cette phrase qui tient lieu de talisman à Léonardini : « je ne crois qu’au travail patient, à la vérité dite en bon français, et à la magie du mot juste. » Plus loin, il définira la tâche de la critique comme « l’affirmation d’un point de vue soupesé sur une délicate balance dont le curseur est le style ».

C’est quoi le style Léo ? Il court tout au long de ce livre, où l’auteur à l’élégance de ne citer aucun de ses articles (à l’exception de deux pour des raisons particulières) préférant ouvrir en vrac la boîte crânienne aux souvenirs. C’est quoi le style Léo ? c’est ça : « Il [Jean Vilar] fut à sa manière un homme politique et, en actes, le parangon d’une vertu civique dont la trace est perceptiblement brouillée, sinon effacée, même si l’on ranime petitement la flamme à son endroit à toutes fins utiles, de moins en moins, d’ailleurs au milieu de discours officiels pâteux sur une politique culturelle dont on mesure, jour après jour, l‘amollissement, les humeurs spécieuses, les caprices propres à l’air d’un temps futile clapotant dans la mare infestée du “pragmatisme”. » En une phrase, une seule, au rebours de tout télégraphiste pressé d’en finir, on passe en dansant de Jean Vilar à Jean Foutre.

La carte du Parti

On ne naît pas critique, on le devient « au hasard des rencontres », dit Léonardini, on le reste par passion jamais tarie ni assouvie. Voici d’abord le minot marseillais qui pousse la porte de La Marseillaise, journal communiste dirigé par un ancien résistant. On lui demande s’il a la carte (du Parti). Il l’a. « Bon, tu commences aujourd’hui ou demain ? » Et c’est parti... « Rastignac à la manque », il monte à Paris en stop avec sa valise « en carton bouilli », il hésite entre L’Humanité et Libération (celui du résistant d’Astier de la Vigerie) mais ce dernier ferme sa boutique. Le jeune journaliste finira par entrer à « l’organe central du parti communiste français » comme « second couteau » à la rubrique cinéma et là, à la faveur d’un départ, il tombera dans le théâtre « par surprise ». Retraité, il y patauge encore un demi-siècle plus tard avec délectation, écrivant chaque lundi une colonne aux mots comptés.

Son premier Festival d’Avignon sera celui, tumultueux, de 1968. Deux semaines plus tard, les chars soviétiques entraient à Prague, et le parti communiste français se rangea du côté de Moscou. Léo parle d’une période de « débats intensifs » au sein du Parti. Un ange passe.

L’insatisfaction permanente

On est le critique de son époque, traversant quatre ou cinq décennies et quelques générations. Léonardini suit pas à pas l’avancée des théâtres dans des banlieues alors très rouges, la montée en puissance des Centres dramatiques nationaux, les débats du Verger avignonnais. Les années passent avec leurs spectacles phares dans le désordre de la mémoire, Le Regard du sourd de Bob Wilson, La Dispute de Chéreau, Faust Salpétrière de Klaus Michael Grüber, Orlando Furioso de Ronconi, les infimes marionnettes de Robert Anton... Jean-Pierre Léonardini effectue de pertinents rapprochements, par exemple entre Milo Rau et Christoph Marthaler ; il souligne « l’attachement » fécond qui le lia à trois hommes de théâtre, André Benedetto « l’inventeur du off », Kateb Yacine « le Kabyle errant » et Armand Gatti « l’homme-arbre ». Et ajoute le « constant accompagnement subjugué » que fut et reste celui de Claude Régy.

Avignon l’occupe chaque été, il y revient comme à un refrain, et fait un sort à l’édition 1983, celle de l’annulation. C’est là qu’il cite ses deux papiers impitoyables, comme le sont les portraits de quelques plumitifs de cet été-là.

Plus le livre avance, plus sa mémoire est encombrée, plus l’oubli l’inquiète. Alors il accélère. Il cite en cascade des spectacles aimés. Il n’a pas parlé des acteurs ? Les voici en rafales au fil d’un déroulé vif et somptueux. Et les confrères de sa génération ? Rebelote. Ce qui ne l’empêche pas de revenir, encore et encore sur la critique, cet « exercice d’insatisfaction permanente » et de résumer son positionnement vis-à-vis des artistes : sans forfanterie, il déploie avec eux « une connivence à base d’amicalité, ce qui n’abolit pas l’appréciation ferme et résolue ». Ainsi vont au gré des lueurs et des réminiscences ces « mémoires en miettes ». Mais quelles miettes !

Qu’ils crèvent les critiques !, éditions Les Solitaires intempestifs, 192 p., 14€

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April 15, 2018 6:46 PM
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Songe d’une nuit d’été de Benjamin Britten à l’Opéra de TOURS (13, 15 et 17 avril 2018)

Songe d’une nuit d’été de Benjamin Britten à l’Opéra de TOURS (13, 15 et 17 avril 2018) | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Reportage vidéo publié dans Classique News

https://vimeo.com/264821087


REPORTAGE : Songe d’une nuit d’été de Benjamin Britten à l’Opéra de TOURS (13, 15 et 17 avril 2018). 

 

La nouvelle production  présentée à l’Opéra de Tours sous la direction de Benjamin Pionnier offre une nouvelle vision de la partition de Britten, inspirée de Shakespeare. Nuit enivrante, extatique ou cauchemar halluciné ? Un peu des deux certainement. Car le désordre règne dans une Nature chaotique – et même bitumineuse ici, – ; si le retour à l’ordre s’opère dans la représentation de la tragédie Pyrame et Thisbé par les artisans rustics, amateurs devenus acteurs (un rien parodique délirants), le chemin parcouru depuis le début par tous les personnages les laisse éprouvés : l’ordre oui, mais à quel prix ! Le spectacle est la première mise en scène de Jacques Vincey, directeur du centre dramatique régional de Tours qui à l’invitation de Benjamin Pionnier, directeur de l’Opéra de Tours, réalise ainsi une éblouissante relecture de la partition, à la fois, onirique et cynique – Production événement à Tours en 3 dates : les 13, 15 et 17 avril

 

 

2018. ENTRETIENS, EXPLICATIONS, PRESENTATION DES PERSONNAGES ET DES OPTIONS DE MISE EN SCENE avec Jacques Vincey et Benjamin Pionnier – réalisation : Philippe Alexandre PHAM / © studio CLASSIQUENEWS.TV 2018 – Durée : 8mn 08.

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April 15, 2018 12:08 PM
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Le Cid, de Pierre Corneille, mise en scène d’Yves Beaunesne, à la Manufacture des Œillets

Le Cid, de Pierre Corneille, mise en scène d’Yves Beaunesne, à la Manufacture des Œillets | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Article de Denis Sanglard dans "Un fauteuil pour l'orchestre"

 



« Dieu ! (…) qu’il est joli garçon l’assassin de papa ! »*. Cette boutade du poète Georges Fourest, sans résumer la mise en scène du Cid de Corneille par Yves Beaunesne, donne sans doute une des clefs de la volonté d’un metteur en scène de ne pas s’enferrer dans le carcan cornélien et de lui offrir une sacré vitalité. Louchant à raison vers Shakespeare, il y a du Hamlet dans la pugnacité chez Chimène à venger son père dont le spectre hante le plateau, nous oscillons entre la tragédie et la comédie. Mise en scène baroque, pour un texte qui ne l’est pas moins, par les sentiments exacerbés et d’une magnifique sobriété, austère même, dans sa composition volontairement picturale. Il y a du Zurbaran dans le choix d’un plateau dégagé de tout obstacle et sur lequel les corps vêtus d’étoffes lourdes et chamarrées se découpent avec netteté. Ce n’est pas tant le dilemme cornélien tant rebattu qui taraude Yves Beaunesne que ses conséquences. Honneur et amour, certes mais au-delà ce qui occupe le metteur en scène est avant tout un conflit générationnel. Entre un monde ancien, celui des pères attachés à l’honneur comme un boulet, et celui des enfants plus préoccupés à aimer. Chimène, têtue comme un taureau castillan, partagée entre ses deux valeurs devenues inconciliables, ne peut qu’abandonner ce monde ancien pour entrer dans une modernité que Rodrigue, devenu le Cid en combattant presque malgré lui les maures, a d’ores et déjà intégré, s’émancipant non sans doute et violence. S’arracher du père en lavant l’honneur de celui-ci n’est pas le seul paradoxe cornélien. Et puisqu’il faut tuer le père, commençons par celui de Chimène… C’est peut-être là que réside l’héroïsme de Rodrigue plus que sur un champ de bataille. La bataille, le conflit, est avant tout intérieur, dans cette volonté de rompre avec le monde ancien pour entrer dans l’inconnu, l’âge adulte. Et c’est dans ce conflit irrésolu alors même que Rodrigue, ayant fait table rase, lui ouvre le chemin que Chimène se débat jusqu’à la contradiction insoutenable. Le père hante toujours la fille, l’ordre ancien son emprise. Et cette querelle générationnelle Yves Beaunesne la greffe sur l’alexandrin. Car ce qui est mis en scène là, magnifiquement, c’est aussi la langue de Corneille. Archaïque, rugueuse, alerte, vivante. Pétrie comme une pâte et marqueur d’une rupture entre deux générations qui n’appréhendent pas la langue et donc le monde de la même façon. Jean-Claude Drouot, Don Diègue, charrie l’alexandrin comme le Guadalquivir. La langue est un fleuve qui roule et gronde avec majesté et tenue, maîtrise. A l’exact inverse de Chimène et Rodrigue, torrents impétueux, heurtés, débordant. Ces deux-là vous dynamitent  l’alexandrin sapant de fait l’autorité d’une société repliée sur sa langue devenue carcan. Entre tradition et modernité la pièce ne cesse de faire la bascule et dans cette oscillation, cette tension, Yves Beaunesne trouve la dynamique interne, le rythme heurté de cette pièce qu’il dépoussière avec malice et humour. Car on rit beaucoup avant d’être fauché par l’émotion. Sous des atours faussement classiques il rompt avec l’empesage traditionnel et décorsète tout ça sans barguigner. Et ce qui devient évident c’est combien cette langue loin d’être un obstacle, en s’appuyant sur elle, est tout à la fois populaire et d’une incroyable modernité. Qu’elle donne une impulsion folle à cette pièce magnifiquement bâtarde et dont les acteurs, chacun à sa façon mais dans une belle unité, dirigés au cordeau, s’emparent avec une belle énergie. Yves Beaunesne, c’est évident, à pour cette pièce les yeux de Rodrigue pour Chimène. Et c’est cet amour-là qui déborde de tout côté.

*In La négresse blonde

 

Le Cid de Pierre Corneille

Mise en scène d’Yves Beaunesne

Avec Julien Roy, Marie Sylf, Jean-Claude Drouot, Eric Chalier, Thomas Condemine, Antoine Laudet, Maximin Marchand, Zoe Schellenberg, Eva Hernandez, Fabienne Luchetti

Du 4 au 14 avril 2018 à 20h
Le jeudi à 19h, le samedi à 18h, le dimanche à 16h

 

Manufacture des Œillets
1 place Pierre Gosnat
94200 Ivry sur Seine

Réservations 01 43 90 11 11
reservations@theatre-quartier-ivry.com

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April 14, 2018 6:15 PM
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 Warm / David Bobée / Ronan Chéneau

 Warm / David Bobée / Ronan Chéneau | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Rick Panégy pour son blog Rick & Pick

 


37,2°C X 2
Warm est cet objet hybride, mêlant la performance à la littérature, l’interprétation à la mise en scène, la représentation à la symbolique. Il embarque doucement le spectateur dans un espace de mots où s’entremêlent l’érotisme et la sensualité, et où se répondent les gestes et les corps, dépassant la simple illustration. La chaleur n’est pas qu’évoquée, elle est ici vécue, par les sens : la vue, l’ouïe, le corps et l’esprit. Et derrière la sensation se joue ici le spectre politique du fantasme et de la sexualité.

Sur scène, Wilmer Marquez et Edward Aleman, deux athlètes circassiens, performent, enchaînant les figures les plus acrobatiques et les plus sensationnelles… Ils représentent cette force masculine, archétypale, une puissance et une musculature que David Bobée va, déconstruire, confronter à la force du désir féminin.  Autour d’eux, les projecteurs, par dizaines, chauffent l’espace scénique au fur et à mesure que les mots de Ronan Chéneau, lus par Béatrice Dalle, et écrits spécialement pour ce spectacle, chauffent l’esprit. Et peu à peu, les corps des deux performers se dénudent et fatiguent, faisant glisser la maîtrise du mouvement et de la représentation circassienne en entrechoquements des corps. L’échec, la tentative, la connivence, l’échange succèdent au rectiligne de la réussite et de la maîtrise. Il s’opère sous les yeux du spectateur un laisser-aller, une ouverture vers des possibles inattendus et incertains : sur scène se vit donc métaphoriquement ce que Chéneau décrit dans son texte sensuel, une ode à la sensualité des corps voués et soumis aux désirs, à la sexualité, variée, multiple, imprévue. C’est que la sexualité de la femme narratrice,  fantasmée, puissante, déborde des mots pour accoucher sur scène, et défaire de son élan puslionnel les représentations usuelles sociétales de la domination sexuelle masculine.

Car ce texte, déclamé côté cour par Béatrice Dalle comme on interprète et comme on vit le réel (il faut la voir se mouvoir, se languir, regarder ses yeux et ses gestes tandis qu’elle module sa voix, tantôt grave, tantôt suave ou encourageante), est un texte rempli de sueur et d’épiderme, de jouissances, de fantasmes et de sexes érigés ou désirés… Ici, la femme modèle sa sexualité à l’image de ses fantasmes, qu’elle s’autorise sans honte et sans détour.

David Bobée, dans un ensemble scénique où la sobriété répond à l’exaltation cathartique, fait se répondre dans un équilibre tendu les mots et les corps, les fantasmes et le réel, l’esprit et la chair. Et tandis que sous les projecteurs, la température monte dans la salle jusqu’à 45°C, le spectateur est invité, de gré ou de force, à embrasser la moiteur et à se fondre dans la torpeur admirative : l’état nonchalant dans lequel il est plongé endort la perception pour n’en faire ressortir que le plaisir des yeux -ces corps qui se complètent- et celui de l’âme-bercée par la volupté humide des mots-. Au loin, peut-être trop en sourdine, se dessine la question politique de la place légitime de la femme au cœur de ses rapports à l’homme.

Rick Panegy

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April 14, 2018 8:20 AM
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Jean Chevalier, nouveau pensionnaire de la Comédie-Française

Jean Chevalier, nouveau pensionnaire de la Comédie-Française | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Agathe Charnet dans son blog "L'Ecole du spectacle" :

 


Jean Chevalier, nouveau pensionnaire de la Comédie-Française

Il ne pensait vraiment pas faire ça. Comédien. C’était pas son rêve de gosse. Jusqu’à ses quatorze ans, Jean Chevalier se destinait à devenir footballeur. Au centre de formation du club de l’Estac, à Troyes (Aube), le gamin en culottes courtes et chaussettes hautes occupait le poste d’arrière-latéral. « Le foot, je ne pensais qu’à ça, mais j’ai fini par me faire virer du centre, je ne supportais pas la pression pendant les gros matchs, je ne prenais plus de plaisir ».

Pourtant, dix ans après les heures d’entrainement sur les pelouses détrempées, c’est un  match d’envergure que se doit de jouer Jean Chevalier. Dans un autre genre de stade et sans sifflets de supporters pour accompagner ses premières passes. Le jeune homme de vingt-quatre ans vient de signer son contrat de pensionnaire de la Comédie-Française. Il fera ses débuts salle Richelieu le 14 avril prochain dans l’Eveil du printemps du dramaturge allemand Frank Wedekind.

Conquérir Paris

« Une belle revanche » estime cet acteur au visage lunaire et au regard doucement naïf. « Dans le foot, la fragilité te perd tout de suite, au théâtre, il faut la travailler, la développer, même ». Jean Chevalier découvre le théâtre peu après avoir raccroché ses crampons. Le cousin Théo jouait « le lapin rose d’Alice au Pays des Merveilles » dans une salle champenoise. « J’ai trouvé ça incroyable. Pendant la représentation, il y avait la plus jolie fille du village qui riait, qui riait. J’ai eu envie de faire ça ». Jean Chevalier intègre le conservatoire de Troyes et, accompagné de l’ami Théo, rejoint un cabaret avec lequel il se produit dans « toute la Champagne-Ardennes ».

«C’était une époque merveilleuse, se souvient-il. La semaine, j’allais au lycée et les week-ends on jouait devant 300 personnes».

A 18 ans, les apprentis comédiens Jean et Théo se jettent à corps perdu dans la sempiternelle bataille aznavourienne pour conquérir Paris – et se voir qui sait, à leur tour, en haut de l’affiche. L’Ecole des Variétés (aujourd’hui fermée), le Cours Florent puis le prestigieux Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique accueillent les pérégrinations de ce  jeune Rastignac des planches. Et quand l’éclat de la ville-lumière est trop éblouissant, Jean Chevalier se réfugie dans l’obscurité du poulailler de la Comédie-Française. Muni d’une place à 5 euros, « à visibilité réduite » il apprend par coeur le nom de tous les artistes de la troupe et découvre, subjugué, Michel Vuillermoz dans le rôle de Cyrano. « J’étais fasciné par son humanité au plateau, il incarnait à la fois la tendresse et la puissance ».

« Une étrange démarche »

Au Conservatoire de Paris, Jean Chevalier rencontre « de magnifiques camarades de voyage » et apprend à son corps d’ancien sportif à « faire preuve de souplesse », à faire fi de la performance pour trouver son « organicité ». Il se souvient tout particulièrement d’un voyage à Moscou, avec sa promotion, et de la découverte de la méthode russe. « Les enseignants criaient sur les élèves pendant les exercices physiques en leur demandant de sourire même s’ils avaient mal. Je crois que ça m’a plu, cette idée de  forger le mental pour transformer la douleur en plaisir », se souvient-il. C’est au Conservatoire, toujours, que Jean Chevalier croise la route de Clément Hervieu-Léger. Le sociétaire français dirige un atelier de fin d’année et encourage le jeune homme à postuler aux auditions de la Comédie-Française. On chuchote en effet que la maison de Molière cherche à recruter de jeunes comédiens pour agrandir sa troupe en perpétuelle recomposition.

Jean Chevalier est reçu. Une nouvelle vie s’annonce, au sein de cette singulière « ruche » théâtrale. C’est toujours sous le regard « subtil et passionnant »  de Clément Hervieu-Léger qu’il jouera le rôle d’Otto dans l’Eveil du Printemps. Pour célébrer son entrée dans la troupe, Jean Chevalier a pu participer à l’hommage à Molière, cérémonie où tous les comédiens du Français récitent leur tirade favorite du tutélaire dramaturge. Lui qui ne jure que par le collectif et l’esprit d’équipe a voulu se présenter à ses nouveaux camarades à sa manière. Il a choisi cette réplique mi-effrayée, mi-téméraire de Dorimène dans Le Bourgeois Gentilhomme :

« Je fais encore ici une étrange démarche, de me laisser amener par vous dans une maison où je ne connais personne. »

 « Cette réplique, je l’ai répétée encore et encore, pendant des heures, s’amuse le nouveau venu. Je faisais du crayon [exercice d’articulation consistant à se placer un crayon entre les dents afin de muscler la diction NDR] pour être sûr de la prononcer parfaitement. Et bien évidemment, une fois sur scène, j’ai bégayé. Mais c’était fait ! » 

En attendant d’habiter pleinement cette nouvelle maison – sa loge,  qu’il partage avec son ancien professeur Nazim Boujenah, est encore vide – Jean Chevalier rêve. De pouvoir un jour endosser à son tour le rôle de Cyrano – « j’aime le fait d’être dans l’ombre mais d’être aimant, c’est une telle sublimation du manque de confiance en soi ». Ou de se lancer dans le cinéma, art dont il est un fanatique compulsif.

Mais, il le sait bien, il faudra d’abord entrer dans l’arène. Et, le 14 avril 2018, Jean Chevalier ne sera pas tout à fait en terrain inconnu. Son ancien professeur et désormais metteur en scène, Clément Hervieu-Léger, lui a concocté une tendre surprise. C’est un ballon aux pieds que Jean Chevalier fera ses premiers pas sur la vénérable scène de la Comédie-Française. « Ben oui, pour mon entrée, je joue au foot, je dribble ! » 

L’Eveil du printemps, du 14 avril au 8 juillet 2018 à la Comédie-Française (salle Richelieu)

 

Photo © Stéphane Lavoué, coll. Comédie-Française.

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April 13, 2018 7:41 PM
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Schubert et Jelinek se marient à la Pop | Le

Schubert et Jelinek se marient à la Pop | Le | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Jean-Pierre Thibaudat pour son blog Balagan :

 


Franz Schubert a composé les déchirantes mélodies de son « Voyage en hiver » (Winterreise) ; Elfriede Jelinek a écrit « Winterreise » (Voyage en hiver), un texte qui déchire. Clara Chabalier et Sébastien Gaxie les associent dans un voyage excellemment hybride.


La Pop est une péniche qui se présente, en langage un poil branchouille sans pour autant se payer de mots, comme un « incubateur artistique et citoyen » et « un lieu de résidences, de recherches et d’expérimentations » dont « l’objet musical est au cœur du processus de création ». Autrement dit, c’est une péniche amarrée aux courants et aux roulis de la création musicale et au touche-touche avec les autres arts. Bref, c’est une entremetteuse. Pilotée par deux gars de la marine artistique, Geoffroy Jourdain et Olivier Michel. Chaque saison, la Pop préside à l’accouchement, et si possible aux noces, à tout le moins d’une dizaine de créations.


Hybride, vous avez dit hybride

Il n’y a que ça à la Pop, des créations. C’est suffisamment rare pour être souligné dans un paysage où l’on se perd dans le marigot des coproductions qui émiettent l’engagement artistique et la prise de risque. La Pop est née en mars 2016 dans une vieille carcasse flottante. Lors de sa précédente vie, elle fut la Péniche-Opéra de Mireille Larroche. Amarrée au bord du bassin de la Villette où il fait bon se promener, c’est une péniche qui semble sans âge, on se dit qu’elle a dû flirter avec Jean Vigo au temps de l’Atalante.

Les deux directeurs n’ont pas d’ergots passéistes, ni de jean up-to-date troués aux genoux. L’un des mots qu’ils préfèrent, c’est « hybride ». Ils n’aiment rien tant que les « objets artistiques hybrides ». C’est pourquoi, depuis deux ans, on a pu y croiser des metteurs en scène de théâtre comme Mathieu Bauer ou Jeanne Candel (qui sont aussi des musiciens), un acteur comme Jacques Bonnafé, une actrice comme Evelyne Didi, des inclassables comme Grand Magasin, et bien sûr une flopée de poètes et ingénieux ingénieurs du son, des musiciens, des chanteurs, des compositeurs.

Rien de plus hybride que le spectacle qui vient d’y être créé au terme d’une longue résidence, pour trois représentations seulement, mais toute création à la Pop a une vie après la Pop. La jeune actrice et metteuse en scène Clara Chabalier et le compositeur et pianiste Sébastien Gaxie se sont associés pour cosigner Voyage d’hiver (une pièce de théâtre) qu’ils interprètent accompagnés par la chanteuse mezzo-soprano Elise Dabrowski. Ce Voyage en hiver, en allemand Winterreise, c’est bien sûr les deux cycles célébrissimes et sublimissimes composés pour voix et piano par Franz Schubert sur des poèmes de Wilhelm Müller. Mais Winterreise (le titre allemand a été conservé dans la traduction française parue au Seuil), c’est tout autant le texte d’Elfriede Jelinek qui lui-même prend appui sur Schubert pour mieux rebondir dans le monde d’aujourd’hui. Le spectacle joue sur les deux tableaux en faisant du yoyo entre Schubert et Jelinek. Un tonique chaud et froid de formes, de sons et de mots. Comme un voyage dont on aurait planifié toutes les étapes mais où rien ne se passerait comme prévu. Pour emprunter la célèbre formule de Lautréamont, c’est la rencontre entre le parapluie Schubert-Müller et la machine à coudre Jelinek. On passe de la chemise de nuit romantique et des paysages alpestres à l’anorak fluo et à la station de sports d’hiver avec forfait, de l’edelweiss à la « vulve du réseau ». Le voyageur, ou plutôt l’étrangère voyageuse, tient lieu de fil.

Un sapin en kit

Dans son texte, Jelinek fait référence à des affaires de malversations qui ont défrayé la chronique en Autriche et aussi à l’affaire Natascha Kampusch (séquestrée des années durant dans une cave) qui a vite dépassé les frontières du pays de la prix Nobel de littérature. Les stations de Schubert agissent comme des balises sur un chemin escarpé et tourmenté. Clara Chabalier et Sébastien Gaxie se sont également appuyés sur deux autres textes de Jelinek, inédits en français, Moi l’étrangère et Sur Schubert. Le tout est foisonnant parfois jusqu’à l’étouffement (syndrome habituel aux spectacles les soirs de première ; le temps filtrera tout cela). L’espace pourtant étroit de la péniche se démultiplie en plusieurs zones qui finissent par se décomposer comme le sapin du premier plan qui se démonte en plusieurs morceaux à l’instar d’un lampadaire acheté en kit. Un astucieux et pertinent usage de la caméra vidéo complète ce tableau composite.

Le compositeur parle, l’actrice chante, la chanteuse joue, le spectacle atteint son pic dans un séduisant slam à trois. Si, parfois, on se perd dans ce voyage contrasté, tel le voyageur qui se croit égaré au milieu de la nuit, on aperçoit bientôt une lumière au fond de la vallée ; alors guilleret, on sifflote en chemin. Content.

Créé à la Pop, le spectacle Voyage d’hiver (une pièce de théâtre) sera à l’affiche de l’Echangeur à Bagnolet du 12 au 20 décembre.

 


Scène de "Voyage d'hiver( pièce de théâtre)" © Marikan Lahana

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April 13, 2018 4:34 PM
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J’ai regardé des femmes marcher au plafond à l’Académie Fratellini

J’ai regardé des femmes marcher au plafond à l’Académie Fratellini | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Mona Prudhomme dans Enlarge your Paris
11 avril 2018

Chez Enlarge your Paris, nous franchissons toujours les portes de l’Académie Fratellini à Saint-Denis avec délectation. Ma dernière visite, jeudi 12 avril, l'a encore confirmé. J’ai pu voyager dans un autre espace temps sous le majestueux chapiteau de bois grâce au spectacle "Petites histoires sans gravité" qui se joue jusqu'au 15 avril.


Avant de me glisser sur les coussins placés au sol devant la scène, je m’autorise un petit détour par le bar. Tous les soirs de représentations c’est Lemon Pie qui régale avec une cuisine faite maison, de saison et bio à tomber. La part de pain d’épice se marie parfaitement avec la Volcelest ambrée, bière brassée en vallée de Chevreuse (Yvelines). Après dix minutes d’attente supplémentaires pour laisser une chance à ceux retardés par les grèves, le public prend place. En cinquante minutes, ces “Petites histoires sans gravité” offrent une autre perception du monde et nous entraînent dans un univers surréaliste pareil à celui d’Alice au pays des merveilles.

Le plafond est leur royaume


Les trois acrobates de la compagnie Underclouds, diplômées de l’Académie Fratellini, osent une performance étonnante : la marche au plafond. Rédigeant une lettre assises sur un bureau accroché en l’air ou dansant suspendues par les pieds, les circassiennes semblent surhumaines. Je les imagine parfaitement s’endormir la tête en bas comme des chauve-souris une fois le rideau refermé. Sans échanger aucune parole, les trois jeunes femmes se comprennent et s’entremêlent, se balançant à l’unisson comme un métronome sur une musique envoûtante. A en perdre la tête…

Infos pratiques : Petites histoires sans gravité à l’Académie Fratellini, 1-9 rue des cheminots, La Plaine Saint-Denis (93).  Vendredi 13 avril à 19h30 (suivie d’une rencontre avec l’équipe artistique) et dimanche à 16h00. Tarifs : de 6€ à 18€. Infos et réservation sur academie-fratellini.com

 

Mona Prudhomme
11 avril 2018

 

Légende photo : Petites histoires sans gravité à l’Académie Fratellini à Saint-Denis / DR

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April 13, 2018 7:55 AM
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Spectacle de Romeo Castellucci : Une lettre d'Arnaud Rykner au Préfet de la Sarthe

Spectacle de Romeo Castellucci : Une lettre d'Arnaud Rykner au Préfet de la Sarthe | Revue de presse théâtre | Scoop.it
Professeur Arnaud Rykner
Institut d’Études Théâtrales
Université Sorbonne nouvelle – Paris 3
13, rue Santeuil
75005 Paris
 
À Monsieur le Préfet de la Sarthe
Paris, le 12 avril 2018
 
Monsieur le Préfet,
 
Professeur des Universités à l’Institut d’Études Théâtrales de la Sorbonne nouvelle, je ne suis ni un pétitionnaire à tout va, ni un professionnel de la protestation et de l’indignation. Mais je me sens aujourd’hui dans l’obligation de vous écrire pour vous dire ma sidération et mon inquiétude. En interdisant la présence d’enfants dans le spectacle de Roméo Castellucci, Sur le concept du visage du fils de Dieu, présenté les 10 et 11 avril 2018 au théâtre des Quinconces, au Mans, vous avez de facto décidé d’amputer ce dernier d’une scène représentant environ un cinquième de l’œuvre.
 
Votre décision s’appuie sur l’avis défavorable émis par la « Direction Départementale de la cohésion sociale » concernant l’engagement d’enfants dans ce spectacle. En instrumentalisant d’une manière hypocrite et scandaleuse la protection de l’enfance, cette Direction et vous-même avez sans ambiguïté censuré l’œuvre d’un des grands créateurs de notre époque, reconnu dans le monde entier. Arguant de l’incapacité supposée de ces enfants à accéder à la fonction symbolique, ou de leur supposée impossibilité d’avoir un recul critique ou imaginaire par rapport à la scène qu’ils devaient jouer, vous les avez privés d’une expérience artistique importante, et vous avez privé le public de l’accès à l’intégralité de cette œuvre profondément éthique, le passage en question ne pouvant évidemment se jouer sans eux.
 
On peut se demander si l’intention réelle de l’interdiction de la participation d’enfants à cette scène, pourtant représentée depuis dix ans, notamment en Espagne, Italie, Grande-Bretagne, Allemagne, Russie, Pologne, Bulgarie, Norvège, Hollande ou Grèce, et dans plusieurs villes de France, était d’inciter le metteur en scène et le directeur du théâtre à déprogrammer le spectacle, donnant ainsi un gage scandaleux aux extrémistes de tous bords.
 
Heureusement pour la démocratie et pour la liberté de créer, le spectacle a été maintenu, même amputé de ce passage – qu’il est d’ailleurs heureusement possible, depuis des années, de regarder sur internet. Si vous-même ou les membres de la commission sur l’avis de laquelle vous avez fondé votre décision aviez d’ailleurs pris la peine de visionner cette scène, vous auriez, sans nul doute, mesuré le ridicule de cette interdiction, qui ne sert, en réalité qu’à rétablir indirectement une censure abolie depuis longtemps, et qui, encore une fois, sert surtout plus que jamais les intérêts des extrémistes et, j’ose le dire, des terroristes qui tentent, quelle que soit leur confession religieuse ou leur projet politique, d’asservir nos sociétés.
 
Au prétexte de respecter et de protéger des enfants, une telle décision empêche en effet toute réflexion critique, tout travail de symbolisation et toute méditation sur notre humanité. En l’occurrence, dans ce spectacle donnant à voir la déchéance physique d’un homme âgé et l’amour profond du fils qui s’occupe de lui, sous le regard empreint de compassion du Christ d’Antonio da Messina, la scène que vous avez censurée relevait d’une forme de révolte contre notre condition.
 
Le jet de « grenades » en plastique contre cette reproduction du Salvator Mundi, geste en réalité à la fois ludique, poétique et philosophique, était évidemment parfaitement compréhensible par les enfants (d’autant plus que, pour chaque reprise du spectacle, le metteur en scène organise des rencontres préparatoires entre les enfants concernés et son assistant, Silvano Voltolina, qui prend soin de contextualiser cette action, inspirée d’une photographie célèbre de Diane Arbus).
 
Compréhensible par des enfants de neuf ans, ce geste, donc, aurait dû a fortiori l’être par un Préfet de la République française, qui plus est, il m’en coûte particulièrement de le dire, normalien et lettré. Cela n’a manifestement pas été le cas. Y a-t-il eu pression de lobbies extrémistes, à l’unisson des manifestants de « l’Action française » vociférant devant le théâtre ? On peut le croire. Cela ne fait qu’augmenter la gravité de votre décision.
Comment dans ces conditions espérer faire comprendre le fonctionnement d’une image, le sens second d’une caricature (qui n’est pas son sens littéral, faut-il le rappeler ?), le rôle d’une fiction ? Et comment dès lors demander aux jeunes de s’ouvrir à la compréhension de l’autre, comment leur demander de faire effort pour analyser les grands enjeux du devenir humain en même temps que celui de nos sociétés contemporaines, si on leur interdit et si on interdit à travers eux à tous les spectateurs de méditer sur de telles œuvres, et de se faire leur propre opinion, bonne ou mauvaise, sur de tels spectacles ?
 
Faut-il aussi mentionner l’argument également avancé selon lequel ces enfants auraient été choqués ou traumatisés d’être confrontés à la nudité d’un vieillard ?
 
J’en conclus, Monsieur le Préfet, que vous et la Commission dont vous vous êtes entouré, validerez, le moment venu, l’interdiction de faire entrer des enfants dans des musées, ou encore le souhait de rhabiller les statues antiques comme le firent à l’occasion les siècles passés.
 
Une fois de plus, il est douloureux de constater que notre société démocratique et républicaine, en dévoyant ses propres idéaux de protection des individus, conduit tout droit, par pure faiblesse ou par lâcheté, au retour de théocraties pudibondes qui n’auront rien à envier aux sociétés d’où proviennent les idéologies terroristes qui veulent nous détruire. À moins que vos points de comparaison ne soient la censure, certainement pas plus respectable, d’entreprises comme Facebook ou Amazon qui voudraient interdire L’Origine du monde ou la simple apparition sur leurs écrans d’un de ces seins qu’on ne saurait voir (et dont il faudrait bien sûr cacher la vue à nos pauvres enfants).
 
On commence par censurer les spectacles (en s’abritant derrière la défense des enfants), puis on se met à brûler les livres, à voiler les images, avant quoi ?
 
Que tout cela ait pu être décidé par un représentant de l’État et au nom de la République est profondément choquant – et en réalité profondément angoissant.
Croyez, Monsieur le Préfet, à l’expression de ma consternation distinguée,
 
Arnaud Rykner
 
Professeur des Universités
Membre Sénior de l’Institut Universitaire de France
 
 
Illustration : Sur le concept du visage du Fils de Dieu, création de Romeo Castellucci, Avignon 2011. Photo Christophe Raynaud de Lage
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April 13, 2018 7:41 AM
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Chris Dercon steps down as director of the Volksbühne Theatre in Berlin | The Art Newspaper

Chris Dercon steps down as director of the Volksbühne Theatre in Berlin | The Art Newspaper | Revue de presse théâtre | Scoop.it

 

Gareth Harris / The Arts Newspaper
13th April 2018 09:22 GMT


Chris Dercon’s turbulent time as director of the Volksbühne Theatre in Berlin has come to an end after the former director of Tate Modern stepped down today. A statement released by Berlin’s culture senator, Klaus Lederer, says: “Both parties have agreed that the concept of Chris Dercon did not work out as hoped, and the Volksbühne needs a fresh start immediately. [Following] the amicable agreement between the culture senator [Klaus] Lederer and Dercon, there is now a chance to initiate this necessary reboot.” Klaus Dorr, the theatre’s managing director, has been appointed acting director.

Dercon was announced as the replacement for Frank Castorf—who had been in post almost 25 years—in April 2015, and took up the role early last year. But the move angered German culture professionals who published an open letter in 2016 in which they voiced “deep concerns” about Dercon’s plans for the so-called People’s Theatre.

More than 180 directors and stage designers said that the appointment was “an irreversible turning point and a break in the recent history of the theatre”, adding that the new chief would turn the historic venue into a “festival house”.

Dercon revealed his inaugural programme last May which included performances by artists such as Tino Sehgal. Last November, the artist duo Calla Henkel and Max Pitegoff turned the theatre’s Grüner Salon into a “bar and stage”. The theatre is currently showing Israel-born artist Yael Bartana’s film and performance project, What If Women Ruled The World? A trio of works by Samuel Beckett—Not I/Footfalls/Eh, Joe—is also being staged.

Last autumn, the controversy intensified however when artists and activists occupied the Volksbühne Theatre for six days. The occupation was directed against Berlin’s cultural and urban development policies; the activists also expressed concerns that Dercon would make the avant-garde theatre more corporate.

The activist coalition Hands off our Movement posted an open letter to Dercon, saying: “We understand that the situation around your appointment as the new director of the Volksbühne Theatre is complicated, and that the current atmosphere in regards to this matter makes rational discourse difficult. We are appalled that during the past months this situation escalated to the point of physical attacks against your person.”

But the group also challenged why Dercon allegedly filed a criminal complaint with the local authorities which led to police blocking the venue, overseeing the end of the protest. Dercon said he could not find “common path” with the occupiers; he could not be reached for further comment.

 


Crédit photo Chris Dercon : (c) Marion Vogel 

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April 13, 2018 3:28 AM
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Romeo Castellucci censuré par l’Etat français 

Romeo Castellucci censuré par l’Etat français  | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Per Jean-Pierre Thibaudat pour son blog Balagan : 


Le spectacle de Romeo Castellucci « Sur le concept du fils de Dieu » était programmé au Mans. Le préfet de la Sarthe en a interdit une séquence de 12 minutes. Censure ? Oui, censure.

Tout préfet de France étant le représentant de l’État français, c’est donc bel et bien ce dernier en la personne du préfet de la Sarthe qui vient de censurer le spectacle de Romeo Castellucci Sur le concept du fils de Dieu programmé au Mans. En 2011 ce spectacle présenté au Théâtre de la ville à Paris avait suscité les vives réactions des catholiques traditionalistes de Civitas qui, quelques mois plus tard, devaient s’en prendre à un spectacle de Rodrigo Garcia (lire ici). Plus besoin de Civitas, le préfet s’en charge. L’ordre moral et son cortège de régressions marque des points. On aurait aimé entendre une prompte réaction républicaine de la ministre de la culture. On l’attend toujours. D’ici à ce que d’autres préfets s’engouffrent dans la brèche…

Après discussion avec son équipe Romeo Castellucci a décidé de maintenir son spectacle amputé de la séquence de 12 minutes interdite suite un un avis défavorable de la Direction départementale de la cohésion sociale que le préfet de la Sarthe, sans se renseigner sur l’histoire du spectacle et le travail de Castellucci, a aveuglément et sottement suivi. Nous publions ci-dessous la lettre que le metteur en scène italien a adressé aux spectateurs du Mans où il explique le sens de cette séquence et le travail qui l’accompagne auprès des enfants du Mans devant y participer comme dans chaque ville où le spectacle est donné.

« Chers spectateurs du Mans,

Je ne vous montrerai pas ce soir la pièce Sur le concept du fils Dieu de dans son intégralité. Il y manquera une scène importante dans laquelle interviennent des enfants. Suite à l’avis défavorable émis par la Direction départementale de la cohésion sociale, le Préfet de la Sarthe a refusé la participation des enfants à l’une des scènes de la pièce à laquelle vous allez assister ce soir. Il s’agit d’une séquence d’environ 12 minutes, pendant laquelle un groupe d’enfants entre en scène avec des sacs à dos et vide leur contenu composé de jouets en forme de grenades, tout comme le garçon dans la photo de Diane Arbus qui a inspiré cette scène. Ils lancent ces fausses grenades sur le grand portrait du Salvator Mundi de Antonello de Messine au fond de la scène. Il s’agit d’un passage complexe dont je ne peux que synthétiser le sens : c’est une forme de prière, un geste porté par l’innocence de l’enfance qui symbolise ici l’humanité entière, un geste qui fait référence à la Passion du Christ. Pour monter cette scène, dans chaque ville nous organisons régulièrement des rencontres préparatoires avec les enfants, afin de leur faire comprendre «l'homéopathie» de ce geste violent qui appelle des sentiments inverses. 

Depuis la Première représentation de ce spectacle en 2010, ces rencontres sont  conduites avec beaucoup de soin et délicatesse par mon assistant Silvano Voltolina qui a une longue expérience dans la pédagogie théâtrale spécifiquement auprès des enfants. Ce moment est l'un des aspects les plus riches et les plus beaux de ce travail : s’offrir le temps de discuter d'enjeux importants avec les enfants, écouter enfin leur voix, critiquer la violence par l'usage paradoxal de sa fiction et partager avec eux un discours sur l'art, la culture et la fragilité humaine. Parler d’éthique, finalement. Je ne partage donc pas du tout les raisons invoquées par la Direction départementale, raisons qui parlent de défense de la moralité et mise en danger de la santé des enfants. La moralité ici évoquée est un mot vidé de son sens, un stéréotype douloureux et déplacé, qui ne surgit pas de la conscience profonde de l'individu mais plutôt d'une anesthésie de la conscience individuelle. La moralité évoquée ici est ce qu'on appelle le sens commun : une caricature de la véritable éthique, une offense à l'intelligence critique des adultes et des enfants. L’art est une éthique contenue dans une esthétique et cela n'a rien à voir avec le moralisme. La Préfecture a certes le devoir d’œuvrer pour le bien de la société et de la préserver des dangers mais, dans le cas présent, ce type de réponse me semble mieux convenir à un régime théocratique qu'à une République fondée sur la liberté d'expression. Cependant, je suis contraint d’accepter la décision de la Direction départementale et après un premier moment de consternation et d’incrédulité, j’ai pris la décision, avec ma compagnie, de jouer quand même le spectacle dans une version amputée de la scène en question. Je tiens beaucoup à m’en excuser auprès des enfants, de leurs parents et de vous-mêmes, chers spectateurs, car vous êtes venus ici ce soir en vous attendant à voir le spectacle dans son intégralité. Merci de votre compréhension, merci de votre attention. » 

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April 12, 2018 7:04 PM
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La Magie lente, texte de Denis Lachaud (Editions Actes-Sud), mise en scène de Pierre Notte

La Magie lente, texte de Denis Lachaud (Editions Actes-Sud), mise en scène de Pierre Notte | Revue de presse théâtre | Scoop.it


Par Véronique Hotte dans son blog Hottello
 



La Magie lente, texte de Denis Lachaud (Editions Actes-Sud), mise en scène de Pierre Notte

 « La psychanalyse est une magie lente », telle est la phrase de Freud qui a inspiré Denis Lachaud pour le titre de sa pièce La Magie lente, mise en scène par Pierre Notte. Aussi voit-on se dérouler sur scène une cure psychanalytique, des relations saisies entre norme sociale et psychiatrie via l’exploration des fantasmes d’un être.

Un acteur – Benoit Giros – endosse les rôles de personnages différents : le protagoniste Monsieur Louvier, patient diagnostiqué comme souffrant de schizophrénie, avec le traitement afférent durant dix ans, par un premier psychiatre.

Monsieur Kémener, qui fait sa communication dans un colloque – sur le plateau face au public de médecins que sont les spectateurs -, représente le second praticien de Monsieur Louvier, qui détecte plutôt une bipolarité et une homosexualité latente.

L’erreur de diagnostic est relativement fréquente en matière de psychose.

Benoit Giros incarne successivement Monsieur Louvier le patient, Monsieur Kémener le médecin, et raconte le comportement d’un garçonnet, le même Louvier qui a huit ans. Des jeux de lumière, des avancées de l’acteur près du public, ou bien la posture assise sur une chaise, l’acteur se sert des verres d’eau sur le chemin de l’élucidation.

Monsieur Kémener aide son patient à retrouver le scénario éloquent de son enfance, ses oublis et trous noirs de mémoire transfigurés avec éclat en réminiscences. En racontant sa tragédie passée – un oncle qui viole l’enfant qu’il était -, un traumatisme qui l’empêche de vivre pleinement, il renoue peu à peu avec lui-même et sa vérité.

Les agressions sexuelles sur les adultes, et sur les enfants encore plus – violences physiques, violences psychiques et pressions psychologiques – travaillent contre eux à un destin qui leur est imposé – dévalorisation des sentiments et de l’érotisme.

Les enfants – leur fragilité naturelle dont l’émancipation progressive n’est pas encore acquise – n’ont pour repère que la loi parentale des adultes ;  les parents n’ont rien deviné.

Ces pratiques sexuelles – indignité et cruauté – sur des enfants  sont objets de haine.

La culpabilité où la victime s’enferme ne peut disparaître aisément, si ce n’est que la dénonciation fait basculer l’assurance du violeur, mâle primitif et dangereux pervers.

Le viol s’inscrit parmi les pratiques de violence qui établissent un rapport d’inégalité et de domination entretenu par le sadisme et la volonté sourde d’humilier.

L’évolution significative du mot pédophile – l’assassin violeur d’enfant – marque une réprobation unanime et une volonté répressive, accrues par les faits divers atroces.

Après la catastrophe, la monstruosité et le ratage d’une vie entamée – termes choisis par le metteur en scène Pierre Notte -, l’exploration théâtrale de ces blessures d’un homme mène sur le chemin lumineux d’une réparation et réconciliation existentielles.

Un témoignage poignant, des révélations inavouables et crues, des mises au jour auxquelles nul n’est préparé mais qui sont nécessaires tant l’être est parfois bestial.

Véronique Hotte

Théâtre de Belleville, 94 rue du Faubourg du Temple 75011, du 4 au 15 avril, du mercredi au samedi à 19h15, dimanche à 15H. Tél : 01 48 06 72 34

Festival Avignon Off, Théâtre Artéphile, du 6 au 28 juillet à 11h.

Théâtre La Reine Blanche, du 9 novembre au 23 décembre.

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