Revue de presse théâtre
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Scooped by Le spectateur de Belleville
June 2, 2021 4:38 PM
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Théâtre : « Mithridate », entre passions privées et passions politiques

Théâtre : « Mithridate », entre passions privées et passions politiques | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Par Fabienne Darge (Strasbourg, envoyée spéciale) dans Le Monde 2 juin 2021

La reine Monime (Jutta Johanna Weiss) et Xipharès (Thomas Jolly) dans « Mithridate », de Racine, mis en scène par Eric Vigner au TNS, à Strasbourg, en novembre 2020. JEAN-LOUIS FERNANDEZ

 

Mise en scène de manière stylisée par Eric Vigner, la tragédie crépusculaire de Racine est présentée pour la réouverture du TNS, à Strasbourg.

Du théâtre. La voix nue des acteurs, leur présence, un grand texte, une respiration commune entre la scène et le public. Le calme d’un rituel consenti, hors l’agitation du monde. Quelle joie de les retrouver, lundi 31 mai, lors de la réouverture du Théâtre national de Strasbourg (TNS), après les longs mois d’arrêt dus au Covid-19, avec la première représentation de Mithridate, de Racine, mis en scène par Eric Vigner. Une réouverture qui a eu lieu sans encombre : le collectif qui occupait le théâtre depuis trois mois, composé d’étudiants de l’école du TNS, a lu un texte dénonçant l’« iniquité » de la réforme de l’assurance-chômage, et s’est réjoui de « laisser la place au spectacle ».

 

Ces retrouvailles avec le théâtre sont ici d’autant plus saisissantes que Mithridate est un spectacle qui, dans cette année particulière, a été vu d’abord dans sa version filmée, réalisée par Stéphane Pinot et diffusée sur France 5 en mars. Les qualités de la mise en scène d’Eric Vigner et de l’interprétation étaient déjà patentes à la vision de cette captation réalisée avec les moyens technologiques les plus pointus, mais elles se déploient d’autant mieux dans l’espace et le présent du théâtre.

 

Lire aussi : « Mithridate », sur France 5, une captation de plateau inventive et innovante

Pour être moins connue que Phèdre ou BéréniceMithridate n’en est pas moins une tragédie tout aussi belle. Ecrite en 1672, juste après Bajazet, dans la période orientale de Racine, donc, il se dit d’ailleurs qu’elle était la préférée de Louis XIV. Le conflit tragique s’y noue avec autant de pureté, d’humanité et de grandeur que dans les autres chefs-d’œuvre du maître, et la pièce offre un rôle féminin magnifique, et une vision magistrale des liens entre passions privées et passions politiques.

 
 

Racine s’inspire pour l’écrire de la vie de Mithridate VI, qui régna jusqu’en 63 av. J.-C. sur le royaume du Pont – l’actuelle Turquie, la Crimée et de nombreuses régions au bord de la mer Noire –, et reste célèbre pour avoir résisté à l’expansionnisme romain, mais aussi pour avoir accoutumé son corps à s’immuniser contre les poisons : c’est la fameuse mithridatisation. Le dramaturge situe l’action au dernier jour de sa vie : alors qu’il est déclaré mort, Mithridate revient en son palais pour voir ses deux fils, Xipharès et Pharnace, se déchirer pour la conquête du royaume et celle de la reine, la belle Monime.

Un superbe écrin nocturne

Amour, trahison, rivalité entre les fils et le père, jalousie fratricide, soumission des femmes, utilisées comme monnaie d’échange entre royaumes. Mithridate est une tragédie crépusculaire, qui voit un homme tout perdre sauf son âme, et assister impuissant à l’effondrement de son monde, de sa culture et de sa civilisation.

Eric Vigner l’inscrit dans un superbe écrin nocturne, dans lequel brillent l’éclat d’un feu, la moirure du satin rouge des costumes de Mithridate et de Monime, et plus encore la somptuosité d’un rideau de perles scintillantes, qui évoque à la fois la couronne royale et les larmes versées. Les correspondances ne sont jamais appuyées, dans cette mise en scène stylisée et discrètement japonisante, qui fuit autant le réalisme qu’un formalisme trop empesé. Les corps s’effleurent, les passions sont brûlantes mais sublimées par les alexandrins raciniens, des alexandrins que les comédiens et comédiennes, magnifiques, font ruisseler comme des rivières de diamants.

La mise en scène ciselée met en valeur une distribution de haut vol, où chacun et chacune brille à sa façon

C’est elle, d’abord, la langue de Racine, que l’on redécouvre avec un plaisir fou. Etre baigné dans cette langue, à l’heure du langage dégradé des réseaux sociaux et de la technocratie, c’est un véritable bain de jouvence. Il permet d’apprécier à sa juste valeur la manière dont Eric Vigner décline le thème du poison dans Mithridate, qu’il voit comme une tragédie des corps empoisonnés et des âmes souffrantes. A chacun de tisser ses propres liens avec notre aujourd’hui.

Cette mise en scène ciselée met en valeur une distribution de haut vol, où chacun et chacune brille à sa façon. Thomas Jolly est un Xipharès pétri d’émotions, à fleur de peau, déchiré entre sa fidélité filiale et son amour pour Monime. Stanislas Nordey sculpte chaque mot avec une précision et une clarté remarquables, pour figurer un Mithridate hanté par la fin d’un monde et par la jalousie, mais qui fera in fine le choix de la générosité et de la transmission.

Mais c’est surtout Jutta Johanna Weiss qui étonne ici. Cette actrice d’origine autrichienne, qui s’est formée à New York et auprès de metteurs en scène venus d’Europe de l’Est, développe depuis quelques années un jeu singulier. Elle joue Monime à la manière des onnagatas japonais, ces acteurs de kabuki ou de nô qui incarnent des femmes, et travaillent sur l’expression corporelle de la féminité. Ce double décalage n’est pas seulement passionnant : il donne lieu à des moments d’une beauté et d’une douceur rares.

 

 

Vidéo de présentation de Mithridate par Eric Vigner

 

 

Mithridate, de Jean Racine. Mise en scène : Eric Vigner. Théâtre national de Strasbourg (TNS), 1, avenue de la Marseillaise, Strasbourg. Tél. : 03-88-24-88-00. Les 2, 4, 7 et 8 juin à 18 heures. Puis à la Comédie de Reims, du 22 au 25 juin, et en tournée sur la saison 2021-2022.

 

Fabienne Darge (Strasbourg, envoyée spéciale)

 

 

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November 8, 2014 6:13 AM
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Eric Vigner s’offre le mythe increvable de Tristan et Iseult. Un tourbillon - Rue89

Eric Vigner s’offre le mythe increvable de Tristan et Iseult. Un tourbillon - Rue89 | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Les longues et belles années d’Eric Vigner à Lorient vont s’achever dans les deux saisons qui viennent par une trilogie dont il signe par tous les pores et les poches de son être le premier volet : « Tristan ».

 

Une variation autour du mythe de Tristan et Iseult (ou Iseut), libre comme l’air marin, foisonnante comme un bouquet d’algues folles, un spectacle iodé complètement barré dans les vertiges de l’amour, celui du théâtre n’étant pas le dernier servi.

 

La trilogie se poursuivra par deux autres variations autour du mythe que sont, de fait, « Partage de midi » de Paul Claudel (Vigner était entré au Conservatoire de Paris et en était sorti avec des scènes de cette pièce passées avec la jeune Valérie Dréville) et « Le Vice-Consul » de Marguerite Duras. Trois histoires d’amour et de mort avec mer.


Jean-Pierre Thibaudat pour son blog "Théâtre et Balagan" sur Rue89


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"Tristan", une pièce d'Eric VignerQui signe aussi la mise en scène, le décor et les costumesGrand Théâtre de Lorient, jusqu »au 8 nov ;Comédie de Reims du 9 au 11 déc ;Equinoxe de Châteauroux, le 16 déc ;Théâtre national de Bretagne, du 21 au 24 janvier ;Passerelle de Saint-Brieuc, les 4 et 5 février.


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March 2, 2015 3:16 PM
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David Murgia et Eric Vigner : Entretien avec Philippe Lefait

David Murgia et Eric Vigner :  Entretien avec Philippe Lefait | Revue de presse théâtre | Scoop.it

Plaisir de recevoir dans l'Émission, 2 générations de "théâtreux". A 25 ans, Murgia ne connaît pas tout le répertoire mais la qualité de sa recherche et de sa curiosité politique et intellectuelle (s'allier Vaneigem comme inspirateur quand-même!) en fait un jeune homme novateur dans l'engagement et la manière. Eric Vigner aligne lui 20 ans d'exigence au Théâtre de Lorient...

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