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Magali Delamour

DRA Vienne à CAP21

Membre du Bureau National du Rassemblement Citoyen

Membre du Parti du Vote Blanc.

 

La question de l’alliance est au cœur de toute possibilité créatrice.

Du renouveau ne peut advenir que dans la mise en commun de nos idées et actes (l’acte étant directement relié à la volonté) sur fond de poursuite d’un idéal de vie meilleur.

A mon sens, la dynamique d’ouverture ne répond pas moins à un désir de changement qu’à une possibilité de transformation (pour reprendre le modèle de la résilience qui m’est cher). Il existerait donc une logique de l’autrement consubstantielle à la notion de vie, qui, au même titre que la politique, nous oblige à être pragmatiques sous peine de passer à côté de nos vives aspirations et besoins. Du bon sens me direz-vous. C’est pourtant précisément ce même manque de bon sens qui fait dire quotidiennement à de nombreux citoyens français : « On marche sur la tête ! » Nous baignons, en effet, sur bien des points en plein paradoxe, et ce ne sont pas les discours et actualités paradoxales qui manquent ! Citons juste cette tendance qu’ont certaines figures de l’autorité qui prônent précisément d’agir de façon inverse à la leur, en toute bonne conscience et en toute impunité. En découlent naturellement des notions de dégoût de la politique, de résignation, de colère, de défiance mais aussi de peur de l’avenir. Nul doute qu’une crise de l’éthique soit à l’oeuvre dans cette désaffection de notre vie politique française.


Passé ce premier état des lieux, un deuxième niveau d’analyse s’impose. Les femmes et les hommes politiques, de quelque obédience qu’ils soient, sont-ils tous des « corrompus », « pourris », « escrocs », tels que nous l’entendons régulièrement du fait d’affaires pour le moins honteuses et décridibilisantes à l’égard de la classe politique? Ne pouvons-nous pas imaginer qu’il existe, au moins, dans ce champ politique un ensemble de bonnes volontés qui se soient ralliées à une cause commune en l’espoir de faire évoluer la vie de nos concitoyens ? Il est vrai que certains politiques ont vraisemblablement succombé à la folle course au pouvoir au détriment de nobles idéaux et se sont multipliés derrière le masque d’un vœu d’allégeance à leur propre égo. Ceux-ci ont terni l’image de la politique, c’est indéniable. Le fait est que la crise de sens (et de bon sens) qui nous affecte, a tendance à s’exprimer au travers de la notion de rejet et d’amalgames laissant peu de place à des pensées nuancées. Peut-être serait-il important de rappeler qu’il existe de bons pouvoirs, ceux de l’échange, de l’union qui fait souvent la force, de l’intellect qui peut nous aider à élaborer des solutions à nos problèmes, de l’amour, du lien, de la bienveillance, etc. Il existe également de belles ambitions, fort heureusement. Et puis, il existe un pouvoir malsain, celui de la quête du profit sans foi ni loi, de la corruption, osons le mot, de la perversion. Notre système politique est de plus en plus infiltré par une logique perverse, laquelle enferme et stygmatise, malheureusement, les femmes et les hommes qui, pour un certain nombre, œuvrent de façon honnête et sans violence. Cette logique perverse s’avère présente dans de nombreux systèmes (familles, entreprises, etc). Cette perversion du système qui pourrait être liée à la crise des idéaux, des repères et relative à un monde où les limites se voient brouillées, s’avère chaque jour un peu plus visible. On ne pourrait décemment pas la dissocier d’une crise du sentiment de responsabilité. Ce dernier semble totalement absent de certains esprits qui jouissent éhontément d’un sentiment de toute-puissance et d’impunité. Bref, ça crise ! Ce malaise aigü du système se traduit, nous le sentons bien, par un pic de tensions d’autant plus fort que le sentiment d’impuissance qui l’accompagne laisse les êtres dans un désarroi et parfois un silence inquiétant. Une expression revient souvent : « Comment le pot de terre peut-il de toutes façons se battre contre le pot de fer ? » Le pouvoir de l’éthique est, à mon sens, un des seuls qui puisse agir tel un vrai contre-pouvoir de transformation de cette désesperance collective en force créatrice. Si elles ne sont pas soutenues par une vraie logique morale, nos idées, aussi bonnes soient-elles, ne seront pas entendues du plus grand nombre. Or, il se pourrait que ce soit précisément la mise en mouvement de cette masse qui fasse changer les choses en profondeur.

 


Dans le champ politique qui nous occupe, nous pouvons peut-être ainsi parler des conséquences du sombre pouvoir d’une minorité très puissante (matériellement et psychologiquement) sur un groupe humain qui subirait alors les foudres des discours amalgamant et réducteurs au nom du « Tous les mêmes, tous pourris. » L’égo peut être destructeur, en effet, et pousser les êtres les mieux intentionnés à finir par se trahir eux-mêmes, par vendre « leur âme au diable » en contre-partie de quelques gains mais aussi parfois pour se protéger de certaines menaces. Heureusement certains résistent !! Et autant dire que ceux-là ont d’autant plus de mérite qu’ils continuent à défendre ce qui leur est cher dans un contexte qui leur est défavorable. Les réseaux d’influence voire l’influence des réseaux (je ne parle pas des réseaux sociaux), sont à mon sens, au cœur de ce qui peut permettre à un système donné de continuer à fonctionner aujourd’hui. Ces réseaux peuvent s’avérer tout aussi positifs et engendrer une dynamique de croissance, qu’ils invitent à « cautionner » silencieusement mais activement certains faits moins élogieux du groupe. La liberté de parole et de pensée du sujet se réduit alors au nom d’un sentiment de redevabilité envers ce même système qui lui a permis d’évoluer. La dynamique perverse est alors enclenchée. Pourtant, tout le monde le sait désormais, le réseau peut aussi être d’une utilité formidable pour les causes que nous servons. Ce que j’essaie de mettre en lumière, c’est qu’aucun groupe humain, n’est a priori à l’abri, des conséquences de l’ébranlement de la notion d’éthique et de celle de la responsabilité dans notre société. Il existe une logique perverse et destructrice contre laquelle nous devons lutter mais aussi dont nous devons apprendre à nous défendre. De même, il existe une logique constructive et créatrice qui telle un cercle vertueux ne demande qu’à s’épanouir. L’exemplarité serait-elle une des solutions ?

 

 

Troisième niveau d’analyse : Partant du principe que l’être humain porte en lui le germe du meilleur comme du pire, que pouvons-nous mettre en place afin que d’une alliance naisse un renouveau et non une dénaturation de nos spécificités qui pourraient s’effacer au profit d’enjeux de pouvoir? Je crois qu’il nous faut rester ouvert à des alliances possibles mais il nous faut absolument incarner et réclamer un espace TIERS. Ce dernier est censé être, pour le moins, un lieu où de l’élaboration et de la dialectique peuvent circuler et où chacun peut faire valoir la légitimité de sa parole dans le but d’une mise en commun des richesses des uns et des autres. A mes yeux, Le Rassemblement Citoyen incarne précisément cet espace de l’autrement. Mais cela ne signifie pas qu’il soit pour autant à l’abri des travers évoqués plus haut et présents dans la nature humaine. Faire de l’alliance un renouveau signifie prendre la mesure de notre spécificité éthique et idéologique afin de mettre en place les outils nécessaires au respect de nos principes et objectifs. La création du conseil de surveillance a précisément cette ambition, me semble-t-il.

 

Notre mouvement se réclamerait donc d’une ambition politique spécifique, encadrée par une éthique.

 

Ce conseil de surveillance pourrait être à la base de la création d’une commission constitutionnelle représentative d’une autorité « gardienne de la morale » du groupe politique (une sorte de garde-fou). Cette instance pourrait servir d’exemple au gouvernement en place qui a, de toute urgence, besoin de poser des actes et symboles forts pour sortir du désaveu qui le gangrène.

Notre affiliation environnementale et désireuse de défendre les droits de l’Homme (d’ailleurs, la protection de l’environnement devrait faire partie des droits de l’Homme!) ainsi que notre volonté de faire évoluer les modes de gouvernance, fondent, me semble-t-il, notre ADN. Autrement dit, pour qu’une alliance puisse avoir lieu avec un autre parti sans qu’une logique perverse prenne le pas, il nous faut dès le départ, imposer notre spécificité comme étant une valeur-ajoutée en soi qui peut, avec l’aide de ce parti, servir nos idéaux communs (si ils font appel à nous, c’est qu’il y a des besoins et inversement si nous acceptons.) Il y aura donc des limites à poser des deux côtés et à respecter. Ce sont précisément ces limites ainsi que l’authenticité de notre engagement au sein de notre mouvement qui, à mon sens, seront les meilleurs garants d’une mutualisation de nos richesses dans l’optique d’une transformation de la politique actuelle qu’il nous faut tous redorer par des actions concrètes et fortes symboliquement. La crise est malheureusement profonde.

 

Je pense, par ailleurs, qu’à partir du moment où l’on s’intéresse vraiment à l’autre et où on lui donne la parole, du mouvement (y compris chez ceux qui ne veulent plus voter) est possible. Je suis, en effet, convaincue du fait que l’isolement, le rejet et la colère relèvent en tout premier lieu de l’écrasement de la parole du sujet.

 

Nous avons donc besoin des hommes et des femmes. Si la politique a souvent été un domaine « réservé » à la gente masculine, cela est aujourd’hui de moins en moins le cas. A la désaffection du politique, s’ajoute pour la gente féminine, visiblement, un autre problème : peu de femmes osent s’investir en politique ! Je pense qu’il nous faut absolument réveiller les consciences politiques des femmes (qui, pour rappel, représentent plus de 50% de notre population) et rendre légitime leurs idées, paroles et actions. Une grande force de vie sommeille dans cet espace féminin qui ne demande qu’à être entendue puis actée. Je vous propose de prendre en charge cette problématique car d’un terreau nouveau et fertile nous avons besoin, pour que de l’autrement germe ! Je souhaiterais que nous parlions des femmes avec des hommes et non plus d’opposition. Bien que je sois d’accord, sur le fond, avec la plupart des courants féministes, il faut bien reconnaître que sur la forme, certains d’entre eux tendent à mettre tous les hommes dans le même lot ce qui ne peut s’avérer qu’injuste et contre-productif. En effet, les hommes n’aiment pas plus que les femmes être niés dans leur essence propre. Il s’agira sans doute également de rassurer les hommes qui pourraient craindre, à tort, que nous prenions leur place (réelle ou symbolique car le pouvoir a souvent été associé au masculin.) Une société démocratique est une société où les femmes et les hommes agissent ensemble. En temps de guerre, les femmes, par nécessité, ont occupé des places qu’elles n’occupaient pas auparavant. C’est ainsi que nous avons eu accès au travail puis au droit de vote. Quelque chose, en dehors de la Loi Veil, s’est ensuite figé dans cette évolution vers l’égalité de nos droits respectifs. A croire qu’il nous faut peut-être nous trouver en situation de crise sociale et de manque de liberté historique pour que des barrières psychologiques tombent enfin au profit du pragmatisme. Nous avons besoin les uns des autres, tout simplement! Ainsi, il nous faut motiver les citoyens en général et décomplexer les femmes qui sont toutes, au même titre que les hommes, des invitées d’honneur à la table de la vie politique.

 

Pour conclure, en cas d’alliance avec le gouvernement en place, chacun peut avoir à y gagner si de vraies limites éthiques sont posées dans le respect de l’autonomie de chacun. La démocratie est née de la dialectique laquelle renvoie à la maïeutique et au renouveau. « La démocratie, c’est avant tout les gens, pas ceux qui possèdent les privilèges », pour reprendre les propos de S.Hessel. Imposons notre signe distinctif, notre ouverture sur de l’autrement ! Mais attention, le risque est encore plus grand pour nous de voir notre mouvement désavoué si nous devions nous laisser séduire par la corruption aux mille visages là où nous venons précisement lutter contre ces formes perverses. On ne nous le pardonnerait pas ! Mais la vie est un risque !

Prendre des risques pour que de l’autrement advienne oui, se protéger aussi.

 

Gageons que le « trois » de cette addition possible avec le gouvernement en place soit le résultat de la créativité, de l’humanité et du pragmatisme dont nous avons tous besoin.