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#Histoire #littérature - Il y 80 ans, la Guerre d’ #Espagne: des écrivains dans la guerre - 9 mn - RTS

#Histoire #littérature - Il y 80 ans, la Guerre d’ #Espagne: des écrivains dans la guerre - 9 mn - RTS | Art and culture | Scoop.it

Très fier de mes grands-pères qui ont participé à la République puis à la Guerre Civile (un d'eux a "disparu" à l'après-guerre alors qu'il était maquisard .. "terroriste" selon le régime de Franco, un régime appuyé par les #USA au nom de la "lutte contre le communisme" .

Qu'ils reposent en paix.

"On a perdu la guerre mais on a gagné le sens de la lutte"  comme dit #LydieSalvayre qui livre ici son témoignage nuancé sur cette guerre civile cruelle, meurtrière qui a été l'anti-chambre de la Seconde Guerre Mondiale

 

#Histoire #littérature - Il y 80 ans, la Guerre d’ #Espagne: des écrivains dans la guerre - 9 mn - RTS

Forum consacre cette semaine une série historique à la Guerre d’Espagne (1936-1939). Particulièrement sanglant, le conflit a marqué aussi le premier affrontement entre démocratie et fascisme. Interview de Lydie Salvayre, fille d'un couple d'exilés espagnols en France.

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Audio 11mn : Un auteur lausannois dénonce "la petite #mafia des éditeurs #suisse s romands" #littérature

Audio 11mn : Un auteur lausannois dénonce "la petite #mafia des éditeurs #suisse s romands" #littérature | Art and culture | Scoop.it

oui, depuis toujours, ceux qui exploitent l'art en vivent toujours beaucoup mieux que les artistes ‪#‎parasites‬
Je pisse sur l'arrogance et la suffisance de M. Vandenberghe

 

Audio 11mn : Un auteur lausannois dénonce "la petite #mafia des éditeurs #suisse s romands" #littérature

Un vent de révolte souffle dans le milieu des écrivains romands. Ils ont été nombreux ces derniers jours, sur les réseaux sociaux, à s'emporter contre une économie du livre jugée trop peu solidaire. A l'origine de leur courroux, il y a une tribune parue la semaine passée dans Le Temps: "Adresse à la micro-mafia de la chaîne du livre romande". Le débat entre Sébastien Meier, écrivain lausannois auteur de cette tribune et Pascal Vandenberghe, patron des librairies Payot en Suisse.

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Madame Bovary au tribunal / France Inter 55 mn #censure #littérature #GustaveFlaubert #Histoire #Justice #Culture

Madame Bovary au tribunal / France Inter 55 mn #censure #littérature #GustaveFlaubert #Histoire #Justice #Culture | Art and culture | Scoop.it

Madame Bovary au tribunal / France Inter 55 mn #censure #littérature #GustaveFlaubert #Histoire #Justice #Culture

 

Aujourd’hui c’est l’histoire du procès Flaubert que Stéphanie Duncan vous raconte .

L’incroyable procès qu’en 1857 la justice aux ordres de Napoléon III intenta à l’auteur de Madame Bovary, ce roman iconoclaste, toujours moderne… Portrait d’une femme sensuelle, Emma Bovary, rêveuse et mal mariée, adultère, et qui n’éprouve pas l’ombre d’un sentiment de culpabilité.

 Je vous annonce que demain 24 janvier 1857, j’honore de ma présence le banc des escrocs ; 6ème chambre correctionnelle, 10 heures du matin. Les dames sont admises. Une tenue décente et de bon goût est de rigueur. » écrit la veille du procès le jeune écrivain, pourfendeur féroce des médiocrités de la vie bourgeoise. Le ton est railleur,  mais Flaubert n’en mène pas large, poursuivi qu’il est pour outrage à la morale publique et religieuse.

Prison, amende, interdiction de son premier roman... Il risque gros, il le sait.

Les écrivains sont dangereux. De Candide de Voltaire mis à l’index par l’Eglise, à Vie et Destin de Grossman, dont le manuscrit fut détruit par le KGB, le pouvoir politique et religieux a toujours su la force subversive de la littérature.   

 

 

L'invité de Stéphanie Duncan est Pierre-Marc de Biasi, plasticien, écrivain et  chercheur au CNRS.                                                  

 

On ne change pas le sang d'un livre  (Flaubert)

 

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interview #AlbertCossery 20 mn  -RTS archive -  #littérature #Egypte #Paris #StGermain #MendiantsEtOrgueilleux #indigné

interview #AlbertCossery 20 mn  -RTS archive -  #littérature #Egypte #Paris #StGermain #MendiantsEtOrgueilleux #indigné | Art and culture | Scoop.it

interview 30.5.1991  #AlbertCossery 20 mn  -RTS archive -  #littérature #Egypte #Paris #StGermain #MendiantsEtOrgueilleux #indigné

Une des rares interview de l'écrivain égyptien installé à Paris.

«Je ne peux pas écrire une phrase qui ne contienne pas une dose de rébellion. Sinon elle ne m'intéresse pas. Je suis toujours indigné de tout ce que je vois…» Au début de 1991, l'écrivain égyptien Albert Cossery accepte l'invitation de Pierre-Pascal Rossi pour une rare interview télévisée. L'équipe de l'émission littétaire Hôtel le suit dans les rues du Caire et à Saint-Germain-des-Prés, où il s'est installé en 1945.


Albert Cossery avait choisi de vivre modestement à l'hôtel La Louisiane. «J'ai vécu ma vie minute par minute», confesse-t-il à Pierre-Pascal Rossi dans ce très beau document.



Albert Cossery est né au Caire le 3 novembre 1913. Il est l'auteur de huit livres à la verve sarcastique et à l'humour imprégnée de sagesse orientale. Son oeuvre met en scène le petit peuple du Caire. En 1945, il s'installa à Paris où il fréquenta le milieu intellectuel de Saint-Germain-des-Prés, notamment Henry Miller, qui fit connaître ses livres aux Etats-Unis, Albert Camus ou Alberto Giacometti.


Refusant de travailler pour se consacrer pleinement à la littérature, il vécut l'essentiel de sa vie dans sa chambre d'hôtel La Louisiane, rue de Seine, à Paris.

  • Journaliste:Pierre-Pascal Rossi
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Discours sur les Fils-De-Pute #littérature #politique #corruption #libéralisme #néolibéralisme

Discours sur les Fils-De-Pute  #littérature #politique #corruption #libéralisme #néolibéralisme


Par Alberto Pimenta, écrivain portugais né en 1937, texte écrit en 1977 dans "Discurso Sobre o Filho-da-Puta (Teorema, Lisbonne)" :

 

 "Il y a des gens pour prétendre que le fils-de-pute n’est qu’une façon de parler. Pourtant, l’existence de tant de portraits de lui, de tant de rues, de places, de collèges qui portent son nom ne suffit-t-elle pas pour en finir avec d’éventuels doutes quant à son existence réelle ? Qui, en effet, aurait assez d’imagination pour inventer tant de variétés de fils-de-pute? Non ! Le fils-de-pute existe. Le fils-de-pute existe/ et se trouve pratiquement partout :

Pour définir le fils-de-pute, la situation qu’il occupe est primordiale: presque toujours le fils-de-pute occupe la situation qui est le mieux faite pour lui. Il est extrêmement rare que de grands fils-de-pute occupent des situations inférieures ; moins rares est le cas inverse des petits fils-de-pute qui occupent des situations élevées. Cependant, la plupart des fils-de-pute occupent diverses situations, parce que les situations pour fils-de-pute sont plus nombreuses encore que les fils-de-pute eux-mêmes, et, comme on sait, les situations pour fils-de-pute ne peuvent être occupées que par des fils-de-pute, un point c’est tout.

Jamais personne n’a exigé de lui qu’il transforme et qu’il humanise la société et que, pour cela, il crée les intérêts, les enclos, le fils de fer barbelé, les normes, les règles et les exceptions, les grades, les habilitations, les certificats, les rapports, les commissions, les tests, les traités, les théories, les codes, les accords, les formules, personne ne l’a chargé de se sacrifier pour l’ordre et le progrès, personne ne veut le voir en proie à des préoccupations ; c’est lui-même qui le veut ainsi.

Combien et combien de variétés de fils-de-pute ! Que de temps, que de patience n’exigerait pas leur étude ! Et comme ils sont si nombreux et qu’ils occupent tant de situations, quelques-uns peuvent même se permettre de faire semblant de n’être pas des fils-de-pute.

Aussi loin que remonte la mémoire, nous savons que les fils-de-pute qualifiés pour faire collaborent étroitement avec les fils-de-pute qualifiés pour ne pas laisser faire ; ils collaborent, c’est-à-dire que les fils-de-pute qualifiés pour ne pas laisser faire ont pour occupation et préoccupation suprême de ne rien laisser faire qui défasse ce que font les fils-de-pute qualifiés pour faire.

Une des situations que ce fils-de-pute qualifié pour ne pas laisser faire aime le plus occuper est un bureau de secrétariat, parce que le secrétariat/ n’est pas / le lieu où l’on fait / mais le lieu où l’on ne fait pas / où l’on met sous le tas le papier qui devrait être au-dessus, où l’on crée des difficultés, où l’on retarde la remise des papiers, où l’on affirme ignorer ce que l’on sait et savoir ce que l’on ignore ; c’est au secrétariat que l’on commence à cesser de faire ce pourquoi la vie est faite et où l’on se met à faire ce qu’il convient au secrétariat que l’on fasse, au point de ne plus rien faire que ce qui arrange le secrétariat, c’est-à-dire ce qui n’arrange pas les gens, mais bien ce qui arrange le secrétariat.

Être fils-de-pute détruit la vie des autres sans améliorer la sienne.

Tous les fils-de-pute cherchent à rabaisser, à bafouer la dignité de tout ce qui n’est pas propre aux occupations du fils-de-pute. Si le fils-de-pute a besoin d’acheter le travail de quelqu’un et met dans le journal une annonce à cet effet, il ne demande pas un travailleur, il dit qu’il accepte un travailleur, qu’il accepte le travail de quelqu’un : « On accepte un travailleur » disent alors tous les fils-de-pute, et ils rabaissent ainsi le travail dont ils ont besoin et qu’ils prétendent accepter.

A force de ne pas vouloir abandonner les situations qu’il occupe et à force d’occuper toujours plus de situations, le fils-de-pute constate, de plus en plus, que la vie est une source de préoccupations. Il est d’autant plus préoccupé qu’il est plus fils-de-pute. Même quand il est en vacances, le fils-de-pute se préoccupe de ce que les autres peuvent bien faire en son absence et même de ce que les autres ne font pas mais pourraient faire. Et s’il en est ainsi, et il en est ainsi, comment est-il possible qu’il y ait encore des gens pour soutenir que la vie du fils-de-pute est agréable ? La vie du fils-de-pute ne varie pas, elle ne varie jamais. Pendant qu’il mange il passe son temps à se souvenir d’autres repas, dans d’autres endroits, avec d’autres fils-de-pute. De sorte qu’il mange préoccupé et préoccupant les autres, se rappelant qu’on peut

manger mieux. S’il va au spectacle, il n’y va pas pour satisfaire un besoin; le fils-de-pute va au spectacle parce que cela fait partie de ses obligations de fils-de-pute, il y va pour montrer qu’il y est allé, qu’il a rempli son devoir, et il y va pour voir, pour contrôler si les autres y sont venus, s’ils ont rempli leur devoir, qui est d’aller là où les fils-de-pute entendent que l’on doit aller. Le fils-de-pute y va et se préoccupe de ceux qui sont là et de ceux qui n’y sont pas, il se préoccupe de l’endroit où sont ceux qui sont là et de la manière qu’ils ont d’y être, et il se préoccupe de ceux qui ne sont pas là, et demande toujours d’un air étonné et légèrement réprobateur « si un tel n’est pas là », « si un tel n’est pas venu », « si un tel est absent et pourquoi », « pourquoi il est absent », « à quoi il a occupé son temps » celui qui n’a pas occupé son temps comme le fils-de-pute entend que le temps devait être occupé.

On est fils-de-pute full-time. Du matin au soir et du soir au matin, le fils-de-pute n’oublie jamais qu’il est un fils-de-pute.

Malgré tout, oui, malgré tout le fils-de-pute est/ relativement content de soi.

Comme naître est la pire des choses qui pouvait lui arriver, le fils-de-pute fils ne pense qu’à devenir bien vite fils-de-pute père en en fabriquant un autre qui soit à sa merci, il éprouve de l’orgueil à mesure que son fils cesse de faire ce qu’il serait naturel qu’il fit pour se mettre à faire ce que lui, fils-de-pute, fait ; il éprouve de l’orgueil à mesure qu’il voit son fils se transformer toujours plus en son fils-de-pute à lui, en un nouveau fils-de-pute lui aussi fils-de-pute. « Je veux que tu sois plus fils-de-pute que moi ».

On n’a pas encore bien établi si l’incapacité de vivre ou de laisser vivre qui caractérise le fils-de-pute est congénitale ou acquise ; en d’autres mots, on ne sait pas encore bien si le fils-de-pute naît fils-de-pute ; je crois cependant pouvoir affirmer qu’on naît fils-de-pute et qu’on le devient. Si l’une de ces conditions manque, nous voici devant le fils-de-pute frustré, c’est-à-dire ce fils-de pute pour qui la situation qui lui convient est déjà occupée ou alors n’existe pas encore.

Le fils-de-pute est-il éternel ? Est-il éternel, le fils-de-pute ? Oui, tout porte à croire que le fils-de-pute est éternel. Qui n’a observé par exemple ce qui arrive chaque fois que les fils-de-pute institutionnalisés et bien en place commencent à s’user et à se fatiguer? Qui n’a observé que c’est parmi ces fils-de-pute encore novices que sont alors recrutés les nouveaux fils-de-pute, et il y a toujours un nombre infini de fils-de-pute qui passent leur vie à attendre la place qui leur est due dans le gratin des fils-de-pute.

Comment expliquer que les fils-de-pute, parfois même entre eux, se laissent mourir, se font mourir, se trucident et s’entre-trucident ? Est-ce seulement le désir, l’ambition d’être toujours plus fils-de-pute, le meilleur fils-de-pute, jusqu’à arriver à être, si possible, le nec plus ultra des fils-de-pute ?

Cela ne le dérange jamais de laisser, ou même de faire mourir les autres. Cependant, tous ceux que le fils-de-pute a internés, leur vie durant, dans des maisons de fous et des asiles, des prisons, tous ceux dont il a maquillé le meurtre en suicide, tous ceux que le fils-de-pute a exclu de la vie parce qu’il les craignait, ils les reçoit à nouveau, après

leur mort, en son sein de fils-de-pute. C’est toujours la mort que les fils-de-pute commémorent, c’est toujours la date de la mort: célébrer les morts et mettre en pièce les vivants.

 

 

Juan Carlos Hernandez's curator insight, March 27, 2013 9:00 AM

Car ce texte de l'écrivain portugais Alberto Pimenta  est essentiel 

Quelques personnes se reconnaîtront parmi mes "amis" FB et suiveurs Twitter

Merci de me virer illico presto si vous vous reconnaissez

 

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Par Alberto Pimenta, écrivain portugais né en 1937, texte écrit en 1977 dans "Discurso Sobre o Filho-da-Puta (Teorema, Lisbonne)" :

 

 "Il y a des gens pour prétendre que le fils-de-pute n’est qu’une façon de parler. Pourtant, l’existence de tant de portraits de lui, de tant de rues, de places, de collèges qui portent son nom ne suffit-t-elle pas pour en finir avec d’éventuels doutes quant à son existence réelle ? Qui, en effet, aurait assez d’imagination pour inventer tant de variétés de fils-de-pute? Non ! Le fils-de-pute existe. Le fils-de-pute existe/ et se trouve pratiquement partout :

Pour définir le fils-de-pute, la situation qu’il occupe est primordiale: presque toujours le fils-de-pute occupe la situation qui est le mieux faite pour lui. Il est extrêmement rare que de grands fils-de-pute occupent des situations inférieures ; moins rares est le cas inverse des petits fils-de-pute qui occupent des situations élevées. Cependant, la plupart des fils-de-pute occupent diverses situations, parce que les situations pour fils-de-pute sont plus nombreuses encore que les fils-de-pute eux-mêmes, et, comme on sait, les situations pour fils-de-pute ne peuvent être occupées que par des fils-de-pute, un point c’est tout.

Jamais personne n’a exigé de lui qu’il transforme et qu’il humanise la société et que, pour cela, il crée les intérêts, les enclos, le fils de fer barbelé, les normes, les règles et les exceptions, les grades, les habilitations, les certificats, les rapports, les commissions, les tests, les traités, les théories, les codes, les accords, les formules, personne ne l’a chargé de se sacrifier pour l’ordre et le progrès, personne ne veut le voir en proie à des préoccupations ; c’est lui-même qui le veut ainsi.

Combien et combien de variétés de fils-de-pute ! Que de temps, que de patience n’exigerait pas leur étude ! Et comme ils sont si nombreux et qu’ils occupent tant de situations, quelques-uns peuvent même se permettre de faire semblant de n’être pas des fils-de-pute...."

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Par Alberto Pimenta, écrivain portugais né en 1937, texte écrit en 1977 dans "Discurso Sobre o Filho-da-Puta (Teorema, Lisbonne)" :

 

 "Il y a des gens pour prétendre que le fils-de-pute n’est qu’une façon de parler. Pourtant, l’existence de tant de portraits de lui, de tant de rues, de places, de collèges qui portent son nom ne suffit-t-elle pas pour en finir avec d’éventuels doutes quant à son existence réelle ? Qui, en effet, aurait assez d’imagination pour inventer tant de variétés de fils-de-pute? Non ! Le fils-de-pute existe. Le fils-de-pute existe/ et se trouve pratiquement partout :

Pour définir le fils-de-pute, la situation qu’il occupe est primordiale: presque toujours le fils-de-pute occupe la situation qui est le mieux faite pour lui. Il est extrêmement rare que de grands fils-de-pute occupent des situations inférieures ; moins rares est le cas inverse des petits fils-de-pute qui occupent des situations élevées. Cependant, la plupart des fils-de-pute occupent diverses situations, parce que les situations pour fils-de-pute sont plus nombreuses encore que les fils-de-pute eux-mêmes, et, comme on sait, les situations pour fils-de-pute ne peuvent être occupées que par des fils-de-pute, un point c’est tout.

Jamais personne n’a exigé de lui qu’il transforme et qu’il humanise la société et que, pour cela, il crée les intérêts, les enclos, le fils de fer barbelé, les normes, les règles et les exceptions, les grades, les habilitations, les certificats, les rapports, les commissions, les tests, les traités, les théories, les codes, les accords, les formules, personne ne l’a chargé de se sacrifier pour l’ordre et le progrès, personne ne veut le voir en proie à des préoccupations ; c’est lui-même qui le veut ainsi.

Combien et combien de variétés de fils-de-pute ! Que de temps, que de patience n’exigerait pas leur étude ! Et comme ils sont si nombreux et qu’ils occupent tant de situations, quelques-uns peuvent même se permettre de faire semblant de n’être pas des fils-de-pute.

Aussi loin que remonte la mémoire, nous savons que les fils-de-pute qualifiés pour faire collaborent étroitement avec les fils-de-pute qualifiés pour ne pas laisser faire ; ils collaborent, c’est-à-dire que les fils-de-pute qualifiés pour ne pas laisser faire ont pour occupation et préoccupation suprême de ne rien laisser faire qui défasse ce que font les fils-de-pute qualifiés pour faire.

Une des situations que ce fils-de-pute qualifié pour ne pas laisser faire aime le plus occuper est un bureau de secrétariat, parce que le secrétariat/ n’est pas / le lieu où l’on fait / mais le lieu où l’on ne fait pas / où l’on met sous le tas le papier qui devrait être au-dessus, où l’on crée des difficultés, où l’on retarde la remise des papiers, où l’on affirme ignorer ce que l’on sait et savoir ce que l’on ignore ; c’est au secrétariat que l’on commence à cesser de faire ce pourquoi la vie est faite et où l’on se met à faire ce qu’il convient au secrétariat que l’on fasse, au point de ne plus rien faire que ce qui arrange le secrétariat, c’est-à-dire ce qui n’arrange pas les gens, mais bien ce qui arrange le secrétariat.

Être fils-de-pute détruit la vie des autres sans améliorer la sienne.

Tous les fils-de-pute cherchent à rabaisser, à bafouer la dignité de tout ce qui n’est pas propre aux occupations du fils-de-pute. Si le fils-de-pute a besoin d’acheter le travail de quelqu’un et met dans le journal une annonce à cet effet, il ne demande pas un travailleur, il dit qu’il accepte un travailleur, qu’il accepte le travail de quelqu’un : « On accepte un travailleur » disent alors tous les fils-de-pute, et ils rabaissent ainsi le travail dont ils ont besoin et qu’ils prétendent accepter.

A force de ne pas vouloir abandonner les situations qu’il occupe et à force d’occuper toujours plus de situations, le fils-de-pute constate, de plus en plus, que la vie est une source de préoccupations. Il est d’autant plus préoccupé qu’il est plus fils-de-pute. Même quand il est en vacances, le fils-de-pute se préoccupe de ce que les autres peuvent bien faire en son absence et même de ce que les autres ne font pas mais pourraient faire. Et s’il en est ainsi, et il en est ainsi, comment est-il possible qu’il y ait encore des gens pour soutenir que la vie du fils-de-pute est agréable ? La vie du fils-de-pute ne varie pas, elle ne varie jamais. Pendant qu’il mange il passe son temps à se souvenir d’autres repas, dans d’autres endroits, avec d’autres fils-de-pute. De sorte qu’il mange préoccupé et préoccupant les autres, se rappelant qu’on peut

manger mieux. S’il va au spectacle, il n’y va pas pour satisfaire un besoin; le fils-de-pute va au spectacle parce que cela fait partie de ses obligations de fils-de-pute, il y va pour montrer qu’il y est allé, qu’il a rempli son devoir, et il y va pour voir, pour contrôler si les autres y sont venus, s’ils ont rempli leur devoir, qui est d’aller là où les fils-de-pute entendent que l’on doit aller. Le fils-de-pute y va et se préoccupe de ceux qui sont là et de ceux qui n’y sont pas, il se préoccupe de l’endroit où sont ceux qui sont là et de la manière qu’ils ont d’y être, et il se préoccupe de ceux qui ne sont pas là, et demande toujours d’un air étonné et légèrement réprobateur « si un tel n’est pas là », « si un tel n’est pas venu », « si un tel est absent et pourquoi », « pourquoi il est absent », « à quoi il a occupé son temps » celui qui n’a pas occupé son temps comme le fils-de-pute entend que le temps devait être occupé.

On est fils-de-pute full-time. Du matin au soir et du soir au matin, le fils-de-pute n’oublie jamais qu’il est un fils-de-pute.

Malgré tout, oui, malgré tout le fils-de-pute est/ relativement content de soi.

Comme naître est la pire des choses qui pouvait lui arriver, le fils-de-pute fils ne pense qu’à devenir bien vite fils-de-pute père en en fabriquant un autre qui soit à sa merci, il éprouve de l’orgueil à mesure que son fils cesse de faire ce qu’il serait naturel qu’il fit pour se mettre à faire ce que lui, fils-de-pute, fait ; il éprouve de l’orgueil à mesure qu’il voit son fils se transformer toujours plus en son fils-de-pute à lui, en un nouveau fils-de-pute lui aussi fils-de-pute. « Je veux que tu sois plus fils-de-pute que moi ».

On n’a pas encore bien établi si l’incapacité de vivre ou de laisser vivre qui caractérise le fils-de-pute est congénitale ou acquise ; en d’autres mots, on ne sait pas encore bien si le fils-de-pute naît fils-de-pute ; je crois cependant pouvoir affirmer qu’on naît fils-de-pute et qu’on le devient. Si l’une de ces conditions manque, nous voici devant le fils-de-pute frustré, c’est-à-dire ce fils-de pute pour qui la situation qui lui convient est déjà occupée ou alors n’existe pas encore.

Le fils-de-pute est-il éternel ? Est-il éternel, le fils-de-pute ? Oui, tout porte à croire que le fils-de-pute est éternel. Qui n’a observé par exemple ce qui arrive chaque fois que les fils-de-pute institutionnalisés et bien en place commencent à s’user et à se fatiguer? Qui n’a observé que c’est parmi ces fils-de-pute encore novices que sont alors recrutés les nouveaux fils-de-pute, et il y a toujours un nombre infini de fils-de-pute qui passent leur vie à attendre la place qui leur est due dans le gratin des fils-de-pute.

Comment expliquer que les fils-de-pute, parfois même entre eux, se laissent mourir, se font mourir, se trucident et s’entre-trucident ? Est-ce seulement le désir, l’ambition d’être toujours plus fils-de-pute, le meilleur fils-de-pute, jusqu’à arriver à être, si possible, le nec plus ultra des fils-de-pute ?

Cela ne le dérange jamais de laisser, ou même de faire mourir les autres. Cependant, tous ceux que le fils-de-pute a internés, leur vie durant, dans des maisons de fous et des asiles, des prisons, tous ceux dont il a maquillé le meurtre en suicide, tous ceux que le fils-de-pute a exclu de la vie parce qu’il les craignait, ils les reçoit à nouveau, après

leur mort, en son sein de fils-de-pute. C’est toujours la mort que les fils-de-pute commémorent, c’est toujours la date de la mort: célébrer les morts et mettre en pièce les vivants.

 

 

Juan Carlos Hernandez's insight:

Car ce texte de l'écrivain portugais Alberto Pimenta  est essentiel 

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Merci de me virer illico presto si vous vous reconnaissez

 

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Par Alberto Pimenta, écrivain portugais né en 1937, texte écrit en 1977 dans "Discurso Sobre o Filho-da-Puta (Teorema, Lisbonne)" :

 

 "Il y a des gens pour prétendre que le fils-de-pute n’est qu’une façon de parler. Pourtant, l’existence de tant de portraits de lui, de tant de rues, de places, de collèges qui portent son nom ne suffit-t-elle pas pour en finir avec d’éventuels doutes quant à son existence réelle ? Qui, en effet, aurait assez d’imagination pour inventer tant de variétés de fils-de-pute? Non ! Le fils-de-pute existe. Le fils-de-pute existe/ et se trouve pratiquement partout :

Pour définir le fils-de-pute, la situation qu’il occupe est primordiale: presque toujours le fils-de-pute occupe la situation qui est le mieux faite pour lui. Il est extrêmement rare que de grands fils-de-pute occupent des situations inférieures ; moins rares est le cas inverse des petits fils-de-pute qui occupent des situations élevées. Cependant, la plupart des fils-de-pute occupent diverses situations, parce que les situations pour fils-de-pute sont plus nombreuses encore que les fils-de-pute eux-mêmes, et, comme on sait, les situations pour fils-de-pute ne peuvent être occupées que par des fils-de-pute, un point c’est tout.

Jamais personne n’a exigé de lui qu’il transforme et qu’il humanise la société et que, pour cela, il crée les intérêts, les enclos, le fils de fer barbelé, les normes, les règles et les exceptions, les grades, les habilitations, les certificats, les rapports, les commissions, les tests, les traités, les théories, les codes, les accords, les formules, personne ne l’a chargé de se sacrifier pour l’ordre et le progrès, personne ne veut le voir en proie à des préoccupations ; c’est lui-même qui le veut ainsi.

Combien et combien de variétés de fils-de-pute ! Que de temps, que de patience n’exigerait pas leur étude ! Et comme ils sont si nombreux et qu’ils occupent tant de situations, quelques-uns peuvent même se permettre de faire semblant de n’être pas des fils-de-pute...."

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Adresse à la «micromafia» de la chaîne du livre #suisse romande-Tribune de l'auteur #SébastienMeier ds Le Temps #économie

Adresse à la «micromafia» de la chaîne du livre #suisse romande-Tribune de l'auteur #SébastienMeier ds Le Temps #économie | Art and culture | Scoop.it

Adresse à la «micromafia» de la chaîne du livre #suisse romande-Tribune de l'auteur #SébastienMeier ds Le Temps #économie

Le jeune romancier suisse romand Sébastien Meier dénonce les conditions qui sont faites aux auteurs de ce pays quand on en vient à leur existence matérielle

Récemment, nombre de questions concernant les auteurs ont été soulevées: pour qui travaillent-ils, faut-il les rémunérer lors de leur promotion et, surtout, qui devrait débourser? Sans jamais esquisser de réponse crédible, les adeptes de la «réflexion-lancer-le-débat» finissent par se refiler la patate chaude avec une certaine mauvaise foi.

Lire aussi sur le même sujet, la tribune d’Isabelle Falconnier: «Pour qui travaille un auteur en promotion»

Commençons par le début: la chaîne du livre, micromafia huilée composée des libraires, des éditeurs, des directeurs de salons,des fonctionnaires, des diffuseurs, etc., reçoit en général, à la fin du mois, un salaire, certes maigre le plus souvent. Mais tous vivent du livre. Sauf l’auteur qui doit, quant à lui, se contenter de ses droits – 10% du prix du livre, soit 2.50.– environ. On estime que 700 exemplaires vendus font d’un livre littéraire suisse romand un succès. Rémunération, donc: 1750.-.

L’équilibre entre emploi alimentaire et écriture

L’auteur romand va devoir trouver un «vrai métier» – ainsi, il n’est presque jamais en mesure de devenir professionnel. Et pendant qu’un équilibre précaire entre emploi alimentaire et écriture se met en place, 40 à 45% du prix du livre qu’il a commis vont au libraire, 15% au distributeur, 10% lui reviennent on l’a dit, et le reste va à l’éditeur qui assume financièrement tous les risques.

A noter que dans de plus grands marchés – la France, par exemple – les auteurs vivant de leurs droits sont également rares. Ils vivent – chichement, mais on n’en demandera pas plus – grâce aux cachets touchés en cas de lectures, tables rondes, etc.

Le cas du salon de Genève

Les salons se trouvent en fin de chaîne et, de plus en plus, hésitent entre mission commerciale et mission culturelle, entre foire et festival. Le salon de Genève en est un exemple parfait; mêlant stands de vente pure et scènes programmées.

Le salon m’a invité à participer à deux tables rondes. Il n’est jamais question de rémunération et, ma faute, je ne pense pas à l’exiger (oserais-je, risquant une ostracisation?). J’y vais – à mes frais –, me nourris – à mes frais – puis rentre chez moi – à mes frais. Aucune rémunération, ni même de défraiement, ne pointe à l’horizon. Je questionne autour de moi: même constat. Plus tard, dans une tribune ici publiée, la présidente dudit salon suggère que l’auteur en promo demande une augmentation de droits à son éditeur – ce après avoir questionné la «valeur» des auteurs et la «nature» de leur prestation, arguant qu’une table ronde n’exigeant aucune préparation (qu’en sait-elle?), il est légitime qu’elle soit gratuite. On offre déjà une visibilité, estimez-vous heureux; voilà le message.

L’auteur contraint à devenir performer

L’auteur devrait donc se muer en performer et parvenir à chiffrer l’afflux de public qu’il génère pour négocier son salaire. Dans cette logique l’auteur ne vaut rien, sinon quelques billets d’entrée. Pourquoi l’invite-t-on, dans ce cas? Pourquoi le public reste-il parfois 40 minutes à écouter ce qu’il a à dire? Sa parole, sur toutes les scènes qui ont fleuri à Genève, n’est que pure générosité, don de l’artiste à son public (précision: la parole des modérateurs, elle, est payée).

Les maisons d’édition romandes étant financièrement exsangues, je refuse l’argent de mon éditrice. Il incombe aux salons de rémunérer les auteurs invités pour faire vivre leurs scènes. D’ailleurs, n’ont-ils pas la mission de soutenir la littérature régionale? En l’état c’est raté: les auteurs d’ici y vont à perte – les maisons d’édition également. Mais l’auteur ayant beaucoup plus d’ego que de loyer, autant continuer à prétendre que la visibilité qu’on lui offre (quelle charité!) est largement suffisante. N’ayant guère d’alternative, j’ai jusqu’à présent accepté cette forme d’humiliation, offrant bêtement mon temps, sachant pourtant que les économies réalisées sur mon dos serviront à financer la venue d’une star dont le rayonnement – supposé m’être bénéfique – n’aura strictement aucun impact sur ma carrière littéraire.

La farce d’un système indigeste

J’ai été la farce d’un système de starification indigeste, qui joue avec les auteurs comme avec des pions. Le susucre: la «valeur» qui permet d’accéder au graal de la rémunération (valeur? c’est-à-dire? les ventes? la qualité littéraire? le joli minois?). On fait croire à du donnant-donnant: je n’en vois aucun. Gagnant-perdant. Il s’agit d’une position de monopole qui abuse honteusement de son pouvoir. On dit promouvoir l’auteur, mais l’auteur romand est en fait un bouche-trou de programmation, un alibi pour réclamer des subventions publiques. La prétendue visibilité qu’on lui offre devrait être considérée comme un paiement légitime? De qui se moque-t-on? Ce sont les auteurs romands qui financent ce salon, grâce à leur présence bénévole!

Pendant ce temps, en France

A Lyon, j’ai été invité par les Quais du polar. Le festival-salon m’a offert le train, l’hôtel, les repas. J’ai signé plus de 80 livres en trois jours et vendu plus d’une centaine (Genève = dix ventes). Les conférences auxquelles on m’a demandé de participer faisaient salle comble. Je n’ai pas été considéré comme un auteur inconnu (ce que je suis pourtant). On m’a fait débattre avec Marc Elsberg, mastodonte du thriller germanique, j’ai signé aux côtés de James Grady, monstre sacré du polar américain. On a rémunéré chacune de mes interventions. Et le festival défend ceci: chaque auteur est logé à la même enseigne. L’unique différence est le coût du transport. Non-starification. Librairies, éditeurs, festival, auteurs, journalistes, tout le monde collabore. Tout le monde est valorisé, y compris les 70 000 visiteurs qui jouissent durant trois jours de l’entrée gratuite à la manifestation.

Mais cela est une question de philosophie: considérer le travail de chacun demande du temps, et le courage de mettre en place un modèle économique solidaire – donc une réflexion de fond qu’on s’épargne visiblement, préférant un jeu sans inventivité, basé sur la concurrence, le mépris des «petits» auteurs, et une course au gigantisme mercantile.

Dommage.

Sébastien Meier, auteur. Il s’est vu récompenser par le Prix Lilau 2015 de la Ville de Lausanne pour son roman, Les Ombres du métis (Ed. Zoé)

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#KamelDaoud, le vrai disciple de #BHL - Mondafrique # #GalaxieNéoCons #IndigèneAlibi #Arabophobie #Littérature #Culture

#KamelDaoud, le vrai disciple de #BHL - Mondafrique # #GalaxieNéoCons #IndigèneAlibi #Arabophobie #Littérature #Culture | Art and culture | Scoop.it

#KamelDaoud, le vrai disciple de #BHL - Mondafrique # #GalaxieNéoCons #IndigèneAlibi #Arabophobie #Littérature #Culture

Dans sa préface au livre d'Ahmed Bensaada sur l'écrivain algérien Kamel Daoud, notre chroniqueur Jacques Marie Bourget retrace le parcours étrange de cet intellectuel qui va de l'islamisme engagé aux coteries parisiennes les plus islamophobes

24 mai 2016

L’essai d’Ahmed Bensaada, « Kamel Daoud: Cologne, contre enquête », qui vient d’être publié en Algérie, est simplement remarquable. Il l’est par sa forme, un français clair, une rigueur du raisonnement et sa manière de consigner les preuves de chaque fait avancé. Par le fond, et le texte d’Ahmed Bensaada est une succession de lignes de survie, comme celles qu’on lance pour repêcher les migrants naufragés. Des phrases et des idées aussi nécessaires que l’eau bouillante de Pasteur ou les commentaires d’Aristote par Averroès. Et c’est la qualité de notre auteur, dans la vie physicien et utopiste, de faire valser les concepts avec la rigueur d’un cyclotron.

La haine de soi

Il est le premier à mettre à nu, comme une grenouille autopsiée, la vérité de ces intellectuels maghrébins qui, par un effet de balancier digne du pendule de Foucault, ont décidé de jouer les supplétifs des pires « penseurs » néoconservateurs français. Le noyau le plus agité de ces gens de plumes et d’écrans, aussi permanents que l’horloge parlante, occupe tout l’espace médiatique français… ça ne suffit pas. Dans leur croisade du choc des civilisations, il leur faut du renfort basané. C’est bien connu, le colon a toujours eu besoin de son bon nègre, de son  indigène alibi. Y’a bon Banania.

Dans cette guerre faite aux Arabes et Musulmans, où à la tourelle son char à pédales BHL se rêve en Patton, un nommé Kamel Daoud va être recyclé par les élites de Paris qui en fait une tête de gondole. Voilà un nouveau héros, martyr d’une fatwa en peau de lapin. Après avoir été lui-même un militant barbu du Front Islamique du Salut, c’est-à-dire des frères Musulmans, ces coupeurs de têtes d’algériens au temps des « années  noires » (les tueurs au nom d’Allah étant alors considérés par Paris comme de braves guérilleros), Kamel Daoud saute subitement la source du Zamzam et découvre que Dieu est athée. A Oran, le voilà devenu un journaliste à la plume alerte. Il est donc dit que la France vivra désormais sous les diktats d’Éric Zemmour, l’Algérie sous ceux de Kamel Daoud.

« Kamel Daoud, contre enquète »

 

C’est par la publication de son livre « Meursault contre-enquête » que le journaliste oranais débarque Rive Gauche. Un bouquin dans lequel, se mettant dans la roue de Camus, il ne risque qu’une retombée : ramasser un peu de la gloire du Prix Nobel victime de la route.

La seconde intervention de Daoud, dans le champ du débat français, fait immédiatement suite au Nouvel An. Voilà qu’à Cologne, au cœur des libations, nombre de femmes ont été gravement harcelées, et pire peut être, par des hommes immédiatement qualifiés « d’arabes ». Ça tombe à pic, Angela Merkel ne vient-elle pas d’ouvrir les portes de sa république à des centaines de milliers de ces rastaquouères… Heureusement, cerbère de Cologne et nouveau Spinoza, Daoud nous écrit ce qu’il faut penser de tout cela. Pour faire court, tous les Arabes et musulmans de la planète sont des frustrés, des fourbes sans courage, des êtres sans convictions, corrompus et achetables par le plus offrant. Plus que dans leurs gènes, cela est inscrit dans leur religion commune, l’islam. Je fais remarquer en passant que, dans sa rafle, notre cher Daoud, si scientifique, a oublié de nous préciser ce qu’il pense du plus important état musulman au monde, cette Indonésie qui n’est pas « arabe » ? Autre détail, en passant, et qui nous dit tout du Savonarole d’Oran, face à l’ignominieuse injustice faite aux Palestiniens, Daoud se range du côté des bourreaux. Ecrire cela plutôt que la vérité, dans une France où BHL règne sur les médias, c’est le succès garanti. Dans son combat pour dire le vrai, c’est-à-dire le pire fantasmé par les élites occidentales, par les néo colonialistes de la pensée, Bensaada nous montre que Daoud n’est pas seul, qu’il fait « école », courant. L’auteur nous cite l’exemple de Boualem Sansal, un romancier primé par l’Académie Française qui, sur le chemin des idées courtes, tient lieu de compagnon de route au camarade Daoud.

De bonne foi de nombreux citoyens du monde ont été généreusement alertés par la furia de Cologne. Ignorant quel moteur Daoud cachait sous son capot, ils ont applaudit ses écrits sans langue de bois : « Nous ne sommes pas racistes… mais vraiment ces arabes sont insupportables. Finalement, le choc des civilisations est bien là… ».

Eloge de Kateb Yacine

Très bien mais qui vient nous dire, sauf Ahmed Bensaada dans ce livre, que chaque année la presse allemande met en garde les femmes contre les possibles outrages de cette nuit de Nouvel An, actes inexcusables commis par de grands et gros blonds. Que si l’on excepte la condamnation d’un marocain, les policiers germaniques, qui ne sont pas nuls, n’ont trouvé aucun autre « arabe » à conduire vers le tribunal. Daoud a donc glosé sur un évènement qui reste un mystère, ce qui n’est pas bien pour un journaliste si vétilleux.

A ce point je me souviens de mes rencontres avec Kateb Yacine. Son philosophe référent n’était pas BHL, mais Sartre. Il était fier dans son désespoir, sans haine de soi, ni des autres. Il pensait pouvoir changer (un peu) le monde et son monde. Lui, dont le français était celui d’un génie, s’est mis à écrire en arabe, et même en dialecte pour, avec ses amis du Théâtre de la Mer, aller de bled en bled afin de dire à ces arabes, à ces kabyles musulmans ou chrétiens, que la poésie et le savoir sont l’avenir de l’homme. Kateb est mort dans la misère, un jour Daoud sera à l’Académie. Voilà le livre d’Ahmed Bensaada. Il nous dit que, même pour l’incurable athée que je suis, insulter des peuples au nom de leur religion supposée est un crime.

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Célèbre avocat, #EmmanuelPierrat, sur les livres interdits, #censure et #EtatdUrgence - #France 2:37 #culture #littérature

Célèbre avocat, #EmmanuelPierrat, sur les livres interdits, #censure et #EtatdUrgence - #France 2:37 #culture #littérature

Ajoutée le 23 mars 2016

La censure existe toujours dans les sociétés démocratiques : sous forme de dommages et intérêts, estime l’avocat et écrivain Emmanuel Pierrat qui a guidé une «flânerie littéraire» au Salon du Livre.

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#GENIAL Discours sur les Fils-De-Pute #littérature #politique #prose

Par Alberto Pimenta, écrivain portugais né en 1937, texte écrit en 1977 dans "Discurso Sobre o Filho-da-Puta (Teorema, Lisbonne)" :

 

 "Il y a des gens pour prétendre que le fils-de-pute n’est qu’une façon de parler. Pourtant, l’existence de tant de portraits de lui, de tant de rues, de places, de collèges qui portent son nom ne suffit-t-elle pas pour en finir avec d’éventuels doutes quant à son existence réelle ? Qui, en effet, aurait assez d’imagination pour inventer tant de variétés de fils-de-pute? Non ! Le fils-de-pute existe. Le fils-de-pute existe/ et se trouve pratiquement partout :

Pour définir le fils-de-pute, la situation qu’il occupe est primordiale: presque toujours le fils-de-pute occupe la situation qui est le mieux faite pour lui. Il est extrêmement rare que de grands fils-de-pute occupent des situations inférieures ; moins rares est le cas inverse des petits fils-de-pute qui occupent des situations élevées. Cependant, la plupart des fils-de-pute occupent diverses situations, parce que les situations pour fils-de-pute sont plus nombreuses encore que les fils-de-pute eux-mêmes, et, comme on sait, les situations pour fils-de-pute ne peuvent être occupées que par des fils-de-pute, un point c’est tout.

Jamais personne n’a exigé de lui qu’il transforme et qu’il humanise la société et que, pour cela, il crée les intérêts, les enclos, le fils de fer barbelé, les normes, les règles et les exceptions, les grades, les habilitations, les certificats, les rapports, les commissions, les tests, les traités, les théories, les codes, les accords, les formules, personne ne l’a chargé de se sacrifier pour l’ordre et le progrès, personne ne veut le voir en proie à des préoccupations ; c’est lui-même qui le veut ainsi.

Combien et combien de variétés de fils-de-pute ! Que de temps, que de patience n’exigerait pas leur étude ! Et comme ils sont si nombreux et qu’ils occupent tant de situations, quelques-uns peuvent même se permettre de faire semblant de n’être pas des fils-de-pute.

Aussi loin que remonte la mémoire, nous savons que les fils-de-pute qualifiés pour faire collaborent étroitement avec les fils-de-pute qualifiés pour ne pas laisser faire ; ils collaborent, c’est-à-dire que les fils-de-pute qualifiés pour ne pas laisser faire ont pour occupation et préoccupation suprême de ne rien laisser faire qui défasse ce que font les fils-de-pute qualifiés pour faire.

Une des situations que ce fils-de-pute qualifié pour ne pas laisser faire aime le plus occuper est un bureau de secrétariat, parce que le secrétariat/ n’est pas / le lieu où l’on fait / mais le lieu où l’on ne fait pas / où l’on met sous le tas le papier qui devrait être au-dessus, où l’on crée des difficultés, où l’on retarde la remise des papiers, où l’on affirme ignorer ce que l’on sait et savoir ce que l’on ignore ; c’est au secrétariat que l’on commence à cesser de faire ce pourquoi la vie est faite et où l’on se met à faire ce qu’il convient au secrétariat que l’on fasse, au point de ne plus rien faire que ce qui arrange le secrétariat, c’est-à-dire ce qui n’arrange pas les gens, mais bien ce qui arrange le secrétariat.

Être fils-de-pute détruit la vie des autres sans améliorer la sienne.

Tous les fils-de-pute cherchent à rabaisser, à bafouer la dignité de tout ce qui n’est pas propre aux occupations du fils-de-pute. Si le fils-de-pute a besoin d’acheter le travail de quelqu’un et met dans le journal une annonce à cet effet, il ne demande pas un travailleur, il dit qu’il accepte un travailleur, qu’il accepte le travail de quelqu’un : « On accepte un travailleur » disent alors tous les fils-de-pute, et ils rabaissent ainsi le travail dont ils ont besoin et qu’ils prétendent accepter.

A force de ne pas vouloir abandonner les situations qu’il occupe et à force d’occuper toujours plus de situations, le fils-de-pute constate, de plus en plus, que la vie est une source de préoccupations. Il est d’autant plus préoccupé qu’il est plus fils-de-pute. Même quand il est en vacances, le fils-de-pute se préoccupe de ce que les autres peuvent bien faire en son absence et même de ce que les autres ne font pas mais pourraient faire. Et s’il en est ainsi, et il en est ainsi, comment est-il possible qu’il y ait encore des gens pour soutenir que la vie du fils-de-pute est agréable ? La vie du fils-de-pute ne varie pas, elle ne varie jamais. Pendant qu’il mange il passe son temps à se souvenir d’autres repas, dans d’autres endroits, avec d’autres fils-de-pute. De sorte qu’il mange préoccupé et préoccupant les autres, se rappelant qu’on peut

manger mieux. S’il va au spectacle, il n’y va pas pour satisfaire un besoin; le fils-de-pute va au spectacle parce que cela fait partie de ses obligations de fils-de-pute, il y va pour montrer qu’il y est allé, qu’il a rempli son devoir, et il y va pour voir, pour contrôler si les autres y sont venus, s’ils ont rempli leur devoir, qui est d’aller là où les fils-de-pute entendent que l’on doit aller. Le fils-de-pute y va et se préoccupe de ceux qui sont là et de ceux qui n’y sont pas, il se préoccupe de l’endroit où sont ceux qui sont là et de la manière qu’ils ont d’y être, et il se préoccupe de ceux qui ne sont pas là, et demande toujours d’un air étonné et légèrement réprobateur « si un tel n’est pas là », « si un tel n’est pas venu », « si un tel est absent et pourquoi », « pourquoi il est absent », « à quoi il a occupé son temps » celui qui n’a pas occupé son temps comme le fils-de-pute entend que le temps devait être occupé.

On est fils-de-pute full-time. Du matin au soir et du soir au matin, le fils-de-pute n’oublie jamais qu’il est un fils-de-pute.

Malgré tout, oui, malgré tout le fils-de-pute est/ relativement content de soi.

Comme naître est la pire des choses qui pouvait lui arriver, le fils-de-pute fils ne pense qu’à devenir bien vite fils-de-pute père en en fabriquant un autre qui soit à sa merci, il éprouve de l’orgueil à mesure que son fils cesse de faire ce qu’il serait naturel qu’il fit pour se mettre à faire ce que lui, fils-de-pute, fait ; il éprouve de l’orgueil à mesure qu’il voit son fils se transformer toujours plus en son fils-de-pute à lui, en un nouveau fils-de-pute lui aussi fils-de-pute. « Je veux que tu sois plus fils-de-pute que moi ».

On n’a pas encore bien établi si l’incapacité de vivre ou de laisser vivre qui caractérise le fils-de-pute est congénitale ou acquise ; en d’autres mots, on ne sait pas encore bien si le fils-de-pute naît fils-de-pute ; je crois cependant pouvoir affirmer qu’on naît fils-de-pute et qu’on le devient. Si l’une de ces conditions manque, nous voici devant le fils-de-pute frustré, c’est-à-dire ce fils-de pute pour qui la situation qui lui convient est déjà occupée ou alors n’existe pas encore.

Le fils-de-pute est-il éternel ? Est-il éternel, le fils-de-pute ? Oui, tout porte à croire que le fils-de-pute est éternel. Qui n’a observé par exemple ce qui arrive chaque fois que les fils-de-pute institutionnalisés et bien en place commencent à s’user et à se fatiguer? Qui n’a observé que c’est parmi ces fils-de-pute encore novices que sont alors recrutés les nouveaux fils-de-pute, et il y a toujours un nombre infini de fils-de-pute qui passent leur vie à attendre la place qui leur est due dans le gratin des fils-de-pute.

Comment expliquer que les fils-de-pute, parfois même entre eux, se laissent mourir, se font mourir, se trucident et s’entre-trucident ? Est-ce seulement le désir, l’ambition d’être toujours plus fils-de-pute, le meilleur fils-de-pute, jusqu’à arriver à être, si possible, le nec plus ultra des fils-de-pute ?

Cela ne le dérange jamais de laisser, ou même de faire mourir les autres. Cependant, tous ceux que le fils-de-pute a internés, leur vie durant, dans des maisons de fous et des asiles, des prisons, tous ceux dont il a maquillé le meurtre en suicide, tous ceux que le fils-de-pute a exclu de la vie parce qu’il les craignait, ils les reçoit à nouveau, après

leur mort, en son sein de fils-de-pute. C’est toujours la mort que les fils-de-pute commémorent, c’est toujours la date de la mort: célébrer les morts et mettre en pièce les vivants.

 

 

Juan Carlos Hernandez's curator insight, March 27, 2013 9:00 AM

Car ce texte de l'écrivain portugais Alberto Pimenta  est essentiel 

Quelques personnes se reconnaîtront parmi mes "amis" FB et suiveurs Twitter

Merci de me virer illico presto si vous vous reconnaissez

 

"

Par Alberto Pimenta, écrivain portugais né en 1937, texte écrit en 1977 dans "Discurso Sobre o Filho-da-Puta (Teorema, Lisbonne)" :

 

 "Il y a des gens pour prétendre que le fils-de-pute n’est qu’une façon de parler. Pourtant, l’existence de tant de portraits de lui, de tant de rues, de places, de collèges qui portent son nom ne suffit-t-elle pas pour en finir avec d’éventuels doutes quant à son existence réelle ? Qui, en effet, aurait assez d’imagination pour inventer tant de variétés de fils-de-pute? Non ! Le fils-de-pute existe. Le fils-de-pute existe/ et se trouve pratiquement partout :

Pour définir le fils-de-pute, la situation qu’il occupe est primordiale: presque toujours le fils-de-pute occupe la situation qui est le mieux faite pour lui. Il est extrêmement rare que de grands fils-de-pute occupent des situations inférieures ; moins rares est le cas inverse des petits fils-de-pute qui occupent des situations élevées. Cependant, la plupart des fils-de-pute occupent diverses situations, parce que les situations pour fils-de-pute sont plus nombreuses encore que les fils-de-pute eux-mêmes, et, comme on sait, les situations pour fils-de-pute ne peuvent être occupées que par des fils-de-pute, un point c’est tout.

Jamais personne n’a exigé de lui qu’il transforme et qu’il humanise la société et que, pour cela, il crée les intérêts, les enclos, le fils de fer barbelé, les normes, les règles et les exceptions, les grades, les habilitations, les certificats, les rapports, les commissions, les tests, les traités, les théories, les codes, les accords, les formules, personne ne l’a chargé de se sacrifier pour l’ordre et le progrès, personne ne veut le voir en proie à des préoccupations ; c’est lui-même qui le veut ainsi.

Combien et combien de variétés de fils-de-pute ! Que de temps, que de patience n’exigerait pas leur étude ! Et comme ils sont si nombreux et qu’ils occupent tant de situations, quelques-uns peuvent même se permettre de faire semblant de n’être pas des fils-de-pute...."

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" Discours sur les Fils-De-Pute"  Par Alberto Pimenta, écrivain portugais né en 1937, texte écrit en 1977 dans "Discurso Sobre o Filho-da-Puta (Teorema, Lisbonne)"

" Discours sur les Fils-De-Pute" Par Alberto Pimenta, écrivain portugais né en 1937, texte écrit en 1977 dans "Discurso Sobre o Filho-da-Puta (Teorema, Lisbonne)"

 

 "Il y a des gens pour prétendre que le fils-de-pute n’est qu’une façon de parler. Pourtant, l’existence de tant de portraits de lui, de tant de rues, de places, de collèges qui portent son nom ne suffit-t-elle pas pour en finir avec d’éventuels doutes quant à son existence réelle ? Qui, en effet, aurait assez d’imagination pour inventer tant de variétés de fils-de-pute? Non ! Le fils-de-pute existe. Le fils-de-pute existe/ et se trouve pratiquement partout :

Pour définir le fils-de-pute, la situation qu’il occupe est primordiale: presque toujours le fils-de-pute occupe la situation qui est le mieux faite pour lui. Il est extrêmement rare que de grands fils-de-pute occupent des situations inférieures ; moins rares est le cas inverse des petits fils-de-pute qui occupent des situations élevées. Cependant, la plupart des fils-de-pute occupent diverses situations, parce que les situations pour fils-de-pute sont plus nombreuses encore que les fils-de-pute eux-mêmes, et, comme on sait, les situations pour fils-de-pute ne peuvent être occupées que par des fils-de-pute, un point c’est tout.

Jamais personne n’a exigé de lui qu’il transforme et qu’il humanise la société et que, pour cela, il crée les intérêts, les enclos, le fils de fer barbelé, les normes, les règles et les exceptions, les grades, les habilitations, les certificats, les rapports, les commissions, les tests, les traités, les théories, les codes, les accords, les formules, personne ne l’a chargé de se sacrifier pour l’ordre et le progrès, personne ne veut le voir en proie à des préoccupations ; c’est lui-même qui le veut ainsi.

Combien et combien de variétés de fils-de-pute ! Que de temps, que de patience n’exigerait pas leur étude ! Et comme ils sont si nombreux et qu’ils occupent tant de situations, quelques-uns peuvent même se permettre de faire semblant de n’être pas des fils-de-pute.

Aussi loin que remonte la mémoire, nous savons que les fils-de-pute qualifiés pour faire collaborent étroitement avec les fils-de-pute qualifiés pour ne pas laisser faire ; ils collaborent, c’est-à-dire que les fils-de-pute qualifiés pour ne pas laisser faire ont pour occupation et préoccupation suprême de ne rien laisser faire qui défasse ce que font les fils-de-pute qualifiés pour faire.

Une des situations que ce fils-de-pute qualifié pour ne pas laisser faire aime le plus occuper est un bureau de secrétariat, parce que le secrétariat/ n’est pas / le lieu où l’on fait / mais le lieu où l’on ne fait pas / où l’on met sous le tas le papier qui devrait être au-dessus, où l’on crée des difficultés, où l’on retarde la remise des papiers, où l’on affirme ignorer ce que l’on sait et savoir ce que l’on ignore ; c’est au secrétariat que l’on commence à cesser de faire ce pourquoi la vie est faite et où l’on se met à faire ce qu’il convient au secrétariat que l’on fasse, au point de ne plus rien faire que ce qui arrange le secrétariat, c’est-à-dire ce qui n’arrange pas les gens, mais bien ce qui arrange le secrétariat.

Être fils-de-pute détruit la vie des autres sans améliorer la sienne.

Tous les fils-de-pute cherchent à rabaisser, à bafouer la dignité de tout ce qui n’est pas propre aux occupations du fils-de-pute. Si le fils-de-pute a besoin d’acheter le travail de quelqu’un et met dans le journal une annonce à cet effet, il ne demande pas un travailleur, il dit qu’il accepte un travailleur, qu’il accepte le travail de quelqu’un : « On accepte un travailleur » disent alors tous les fils-de-pute, et ils rabaissent ainsi le travail dont ils ont besoin et qu’ils prétendent accepter.

A force de ne pas vouloir abandonner les situations qu’il occupe et à force d’occuper toujours plus de situations, le fils-de-pute constate, de plus en plus, que la vie est une source de préoccupations. Il est d’autant plus préoccupé qu’il est plus fils-de-pute. Même quand il est en vacances, le fils-de-pute se préoccupe de ce que les autres peuvent bien faire en son absence et même de ce que les autres ne font pas mais pourraient faire. Et s’il en est ainsi, et il en est ainsi, comment est-il possible qu’il y ait encore des gens pour soutenir que la vie du fils-de-pute est agréable ? La vie du fils-de-pute ne varie pas, elle ne varie jamais. Pendant qu’il mange il passe son temps à se souvenir d’autres repas, dans d’autres endroits, avec d’autres fils-de-pute. De sorte qu’il mange préoccupé et préoccupant les autres, se rappelant qu’on peut

manger mieux. S’il va au spectacle, il n’y va pas pour satisfaire un besoin; le fils-de-pute va au spectacle parce que cela fait partie de ses obligations de fils-de-pute, il y va pour montrer qu’il y est allé, qu’il a rempli son devoir, et il y va pour voir, pour contrôler si les autres y sont venus, s’ils ont rempli leur devoir, qui est d’aller là où les fils-de-pute entendent que l’on doit aller. Le fils-de-pute y va et se préoccupe de ceux qui sont là et de ceux qui n’y sont pas, il se préoccupe de l’endroit où sont ceux qui sont là et de la manière qu’ils ont d’y être, et il se préoccupe de ceux qui ne sont pas là, et demande toujours d’un air étonné et légèrement réprobateur « si un tel n’est pas là », « si un tel n’est pas venu », « si un tel est absent et pourquoi », « pourquoi il est absent », « à quoi il a occupé son temps » celui qui n’a pas occupé son temps comme le fils-de-pute entend que le temps devait être occupé.

On est fils-de-pute full-time. Du matin au soir et du soir au matin, le fils-de-pute n’oublie jamais qu’il est un fils-de-pute.

Malgré tout, oui, malgré tout le fils-de-pute est/ relativement content de soi.

Comme naître est la pire des choses qui pouvait lui arriver, le fils-de-pute fils ne pense qu’à devenir bien vite fils-de-pute père en en fabriquant un autre qui soit à sa merci, il éprouve de l’orgueil à mesure que son fils cesse de faire ce qu’il serait naturel qu’il fit pour se mettre à faire ce que lui, fils-de-pute, fait ; il éprouve de l’orgueil à mesure qu’il voit son fils se transformer toujours plus en son fils-de-pute à lui, en un nouveau fils-de-pute lui aussi fils-de-pute. « Je veux que tu sois plus fils-de-pute que moi ».

On n’a pas encore bien établi si l’incapacité de vivre ou de laisser vivre qui caractérise le fils-de-pute est congénitale ou acquise ; en d’autres mots, on ne sait pas encore bien si le fils-de-pute naît fils-de-pute ; je crois cependant pouvoir affirmer qu’on naît fils-de-pute et qu’on le devient. Si l’une de ces conditions manque, nous voici devant le fils-de-pute frustré, c’est-à-dire ce fils-de pute pour qui la situation qui lui convient est déjà occupée ou alors n’existe pas encore.

Le fils-de-pute est-il éternel ? Est-il éternel, le fils-de-pute ? Oui, tout porte à croire que le fils-de-pute est éternel. Qui n’a observé par exemple ce qui arrive chaque fois que les fils-de-pute institutionnalisés et bien en place commencent à s’user et à se fatiguer? Qui n’a observé que c’est parmi ces fils-de-pute encore novices que sont alors recrutés les nouveaux fils-de-pute, et il y a toujours un nombre infini de fils-de-pute qui passent leur vie à attendre la place qui leur est due dans le gratin des fils-de-pute.

Comment expliquer que les fils-de-pute, parfois même entre eux, se laissent mourir, se font mourir, se trucident et s’entre-trucident ? Est-ce seulement le désir, l’ambition d’être toujours plus fils-de-pute, le meilleur fils-de-pute, jusqu’à arriver à être, si possible, le nec plus ultra des fils-de-pute ?

Cela ne le dérange jamais de laisser, ou même de faire mourir les autres. Cependant, tous ceux que le fils-de-pute a internés, leur vie durant, dans des maisons de fous et des asiles, des prisons, tous ceux dont il a maquillé le meurtre en suicide, tous ceux que le fils-de-pute a exclu de la vie parce qu’il les craignait, ils les reçoit à nouveau, après

leur mort, en son sein de fils-de-pute. C’est toujours la mort que les fils-de-pute commémorent, c’est toujours la date de la mort: célébrer les morts et mettre en pièce les vivants.

 

 

Juan Carlos Hernandez's curator insight, March 27, 2013 9:00 AM

Car ce texte de l'écrivain portugais Alberto Pimenta  est essentiel 

Quelques personnes se reconnaîtront parmi mes "amis" FB et suiveurs Twitter

Merci de me virer illico presto si vous vous reconnaissez

 

"

Par Alberto Pimenta, écrivain portugais né en 1937, texte écrit en 1977 dans "Discurso Sobre o Filho-da-Puta (Teorema, Lisbonne)" :

 

 "Il y a des gens pour prétendre que le fils-de-pute n’est qu’une façon de parler. Pourtant, l’existence de tant de portraits de lui, de tant de rues, de places, de collèges qui portent son nom ne suffit-t-elle pas pour en finir avec d’éventuels doutes quant à son existence réelle ? Qui, en effet, aurait assez d’imagination pour inventer tant de variétés de fils-de-pute? Non ! Le fils-de-pute existe. Le fils-de-pute existe/ et se trouve pratiquement partout :

Pour définir le fils-de-pute, la situation qu’il occupe est primordiale: presque toujours le fils-de-pute occupe la situation qui est le mieux faite pour lui. Il est extrêmement rare que de grands fils-de-pute occupent des situations inférieures ; moins rares est le cas inverse des petits fils-de-pute qui occupent des situations élevées. Cependant, la plupart des fils-de-pute occupent diverses situations, parce que les situations pour fils-de-pute sont plus nombreuses encore que les fils-de-pute eux-mêmes, et, comme on sait, les situations pour fils-de-pute ne peuvent être occupées que par des fils-de-pute, un point c’est tout.

Jamais personne n’a exigé de lui qu’il transforme et qu’il humanise la société et que, pour cela, il crée les intérêts, les enclos, le fils de fer barbelé, les normes, les règles et les exceptions, les grades, les habilitations, les certificats, les rapports, les commissions, les tests, les traités, les théories, les codes, les accords, les formules, personne ne l’a chargé de se sacrifier pour l’ordre et le progrès, personne ne veut le voir en proie à des préoccupations ; c’est lui-même qui le veut ainsi.

Combien et combien de variétés de fils-de-pute ! Que de temps, que de patience n’exigerait pas leur étude ! Et comme ils sont si nombreux et qu’ils occupent tant de situations, quelques-uns peuvent même se permettre de faire semblant de n’être pas des fils-de-pute...."

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#extraordinaire Discours sur les Fils-De-Pute par Alberto Pimenta #culture #néolibéralisme


#extraordinaire Discours sur les Fils-De-Pute par Alberto Pimenta  #culture  #néolibéralisme

Par Alberto Pimenta, écrivain portugais né en 1937, texte écrit en 1977 dans "Discurso Sobre o Filho-da-Puta (Teorema, Lisbonne)" :

 

 "Il y a des gens pour prétendre que le fils-de-pute n’est qu’une façon de parler. Pourtant, l’existence de tant de portraits de lui, de tant de rues, de places, de collèges qui portent son nom ne suffit-t-elle pas pour en finir avec d’éventuels doutes quant à son existence réelle ? Qui, en effet, aurait assez d’imagination pour inventer tant de variétés de fils-de-pute? Non ! Le fils-de-pute existe. Le fils-de-pute existe/ et se trouve pratiquement partout :

Pour définir le fils-de-pute, la situation qu’il occupe est primordiale: presque toujours le fils-de-pute occupe la situation qui est le mieux faite pour lui. Il est extrêmement rare que de grands fils-de-pute occupent des situations inférieures ; moins rares est le cas inverse des petits fils-de-pute qui occupent des situations élevées. Cependant, la plupart des fils-de-pute occupent diverses situations, parce que les situations pour fils-de-pute sont plus nombreuses encore que les fils-de-pute eux-mêmes, et, comme on sait, les situations pour fils-de-pute ne peuvent être occupées que par des fils-de-pute, un point c’est tout.

Jamais personne n’a exigé de lui qu’il transforme et qu’il humanise la société et que, pour cela, il crée les intérêts, les enclos, le fils de fer barbelé, les normes, les règles et les exceptions, les grades, les habilitations, les certificats, les rapports, les commissions, les tests, les traités, les théories, les codes, les accords, les formules, personne ne l’a chargé de se sacrifier pour l’ordre et le progrès, personne ne veut le voir en proie à des préoccupations ; c’est lui-même qui le veut ainsi.

Combien et combien de variétés de fils-de-pute ! Que de temps, que de patience n’exigerait pas leur étude ! Et comme ils sont si nombreux et qu’ils occupent tant de situations, quelques-uns peuvent même se permettre de faire semblant de n’être pas des fils-de-pute.

Aussi loin que remonte la mémoire, nous savons que les fils-de-pute qualifiés pour faire collaborent étroitement avec les fils-de-pute qualifiés pour ne pas laisser faire ; ils collaborent, c’est-à-dire que les fils-de-pute qualifiés pour ne pas laisser faire ont pour occupation et préoccupation suprême de ne rien laisser faire qui défasse ce que font les fils-de-pute qualifiés pour faire.

Une des situations que ce fils-de-pute qualifié pour ne pas laisser faire aime le plus occuper est un bureau de secrétariat, parce que le secrétariat/ n’est pas / le lieu où l’on fait / mais le lieu où l’on ne fait pas / où l’on met sous le tas le papier qui devrait être au-dessus, où l’on crée des difficultés, où l’on retarde la remise des papiers, où l’on affirme ignorer ce que l’on sait et savoir ce que l’on ignore ; c’est au secrétariat que l’on commence à cesser de faire ce pourquoi la vie est faite et où l’on se met à faire ce qu’il convient au secrétariat que l’on fasse, au point de ne plus rien faire que ce qui arrange le secrétariat, c’est-à-dire ce qui n’arrange pas les gens, mais bien ce qui arrange le secrétariat.

Être fils-de-pute détruit la vie des autres sans améliorer la sienne.

Tous les fils-de-pute cherchent à rabaisser, à bafouer la dignité de tout ce qui n’est pas propre aux occupations du fils-de-pute. Si le fils-de-pute a besoin d’acheter le travail de quelqu’un et met dans le journal une annonce à cet effet, il ne demande pas un travailleur, il dit qu’il accepte un travailleur, qu’il accepte le travail de quelqu’un : « On accepte un travailleur » disent alors tous les fils-de-pute, et ils rabaissent ainsi le travail dont ils ont besoin et qu’ils prétendent accepter.

A force de ne pas vouloir abandonner les situations qu’il occupe et à force d’occuper toujours plus de situations, le fils-de-pute constate, de plus en plus, que la vie est une source de préoccupations. Il est d’autant plus préoccupé qu’il est plus fils-de-pute. Même quand il est en vacances, le fils-de-pute se préoccupe de ce que les autres peuvent bien faire en son absence et même de ce que les autres ne font pas mais pourraient faire. Et s’il en est ainsi, et il en est ainsi, comment est-il possible qu’il y ait encore des gens pour soutenir que la vie du fils-de-pute est agréable ? La vie du fils-de-pute ne varie pas, elle ne varie jamais. Pendant qu’il mange il passe son temps à se souvenir d’autres repas, dans d’autres endroits, avec d’autres fils-de-pute. De sorte qu’il mange préoccupé et préoccupant les autres, se rappelant qu’on peut

manger mieux. S’il va au spectacle, il n’y va pas pour satisfaire un besoin; le fils-de-pute va au spectacle parce que cela fait partie de ses obligations de fils-de-pute, il y va pour montrer qu’il y est allé, qu’il a rempli son devoir, et il y va pour voir, pour contrôler si les autres y sont venus, s’ils ont rempli leur devoir, qui est d’aller là où les fils-de-pute entendent que l’on doit aller. Le fils-de-pute y va et se préoccupe de ceux qui sont là et de ceux qui n’y sont pas, il se préoccupe de l’endroit où sont ceux qui sont là et de la manière qu’ils ont d’y être, et il se préoccupe de ceux qui ne sont pas là, et demande toujours d’un air étonné et légèrement réprobateur « si un tel n’est pas là », « si un tel n’est pas venu », « si un tel est absent et pourquoi », « pourquoi il est absent », « à quoi il a occupé son temps » celui qui n’a pas occupé son temps comme le fils-de-pute entend que le temps devait être occupé.

On est fils-de-pute full-time. Du matin au soir et du soir au matin, le fils-de-pute n’oublie jamais qu’il est un fils-de-pute.

Malgré tout, oui, malgré tout le fils-de-pute est/ relativement content de soi.

Comme naître est la pire des choses qui pouvait lui arriver, le fils-de-pute fils ne pense qu’à devenir bien vite fils-de-pute père en en fabriquant un autre qui soit à sa merci, il éprouve de l’orgueil à mesure que son fils cesse de faire ce qu’il serait naturel qu’il fit pour se mettre à faire ce que lui, fils-de-pute, fait ; il éprouve de l’orgueil à mesure qu’il voit son fils se transformer toujours plus en son fils-de-pute à lui, en un nouveau fils-de-pute lui aussi fils-de-pute. « Je veux que tu sois plus fils-de-pute que moi ».

On n’a pas encore bien établi si l’incapacité de vivre ou de laisser vivre qui caractérise le fils-de-pute est congénitale ou acquise ; en d’autres mots, on ne sait pas encore bien si le fils-de-pute naît fils-de-pute ; je crois cependant pouvoir affirmer qu’on naît fils-de-pute et qu’on le devient. Si l’une de ces conditions manque, nous voici devant le fils-de-pute frustré, c’est-à-dire ce fils-de pute pour qui la situation qui lui convient est déjà occupée ou alors n’existe pas encore.

Le fils-de-pute est-il éternel ? Est-il éternel, le fils-de-pute ? Oui, tout porte à croire que le fils-de-pute est éternel. Qui n’a observé par exemple ce qui arrive chaque fois que les fils-de-pute institutionnalisés et bien en place commencent à s’user et à se fatiguer? Qui n’a observé que c’est parmi ces fils-de-pute encore novices que sont alors recrutés les nouveaux fils-de-pute, et il y a toujours un nombre infini de fils-de-pute qui passent leur vie à attendre la place qui leur est due dans le gratin des fils-de-pute.

Comment expliquer que les fils-de-pute, parfois même entre eux, se laissent mourir, se font mourir, se trucident et s’entre-trucident ? Est-ce seulement le désir, l’ambition d’être toujours plus fils-de-pute, le meilleur fils-de-pute, jusqu’à arriver à être, si possible, le nec plus ultra des fils-de-pute ?

Cela ne le dérange jamais de laisser, ou même de faire mourir les autres. Cependant, tous ceux que le fils-de-pute a internés, leur vie durant, dans des maisons de fous et des asiles, des prisons, tous ceux dont il a maquillé le meurtre en suicide, tous ceux que le fils-de-pute a exclu de la vie parce qu’il les craignait, ils les reçoit à nouveau, après

leur mort, en son sein de fils-de-pute. C’est toujours la mort que les fils-de-pute commémorent, c’est toujours la date de la mort: célébrer les morts et mettre en pièce les vivants.

 

 

Juan Carlos Hernandez's curator insight, March 27, 2013 9:00 AM

Car ce texte de l'écrivain portugais Alberto Pimenta  est essentiel 

Quelques personnes se reconnaîtront parmi mes "amis" FB et suiveurs Twitter

Merci de me virer illico presto si vous vous reconnaissez

 

"

Par Alberto Pimenta, écrivain portugais né en 1937, texte écrit en 1977 dans "Discurso Sobre o Filho-da-Puta (Teorema, Lisbonne)" :

 

 "Il y a des gens pour prétendre que le fils-de-pute n’est qu’une façon de parler. Pourtant, l’existence de tant de portraits de lui, de tant de rues, de places, de collèges qui portent son nom ne suffit-t-elle pas pour en finir avec d’éventuels doutes quant à son existence réelle ? Qui, en effet, aurait assez d’imagination pour inventer tant de variétés de fils-de-pute? Non ! Le fils-de-pute existe. Le fils-de-pute existe/ et se trouve pratiquement partout :

Pour définir le fils-de-pute, la situation qu’il occupe est primordiale: presque toujours le fils-de-pute occupe la situation qui est le mieux faite pour lui. Il est extrêmement rare que de grands fils-de-pute occupent des situations inférieures ; moins rares est le cas inverse des petits fils-de-pute qui occupent des situations élevées. Cependant, la plupart des fils-de-pute occupent diverses situations, parce que les situations pour fils-de-pute sont plus nombreuses encore que les fils-de-pute eux-mêmes, et, comme on sait, les situations pour fils-de-pute ne peuvent être occupées que par des fils-de-pute, un point c’est tout.

Jamais personne n’a exigé de lui qu’il transforme et qu’il humanise la société et que, pour cela, il crée les intérêts, les enclos, le fils de fer barbelé, les normes, les règles et les exceptions, les grades, les habilitations, les certificats, les rapports, les commissions, les tests, les traités, les théories, les codes, les accords, les formules, personne ne l’a chargé de se sacrifier pour l’ordre et le progrès, personne ne veut le voir en proie à des préoccupations ; c’est lui-même qui le veut ainsi.

Combien et combien de variétés de fils-de-pute ! Que de temps, que de patience n’exigerait pas leur étude ! Et comme ils sont si nombreux et qu’ils occupent tant de situations, quelques-uns peuvent même se permettre de faire semblant de n’être pas des fils-de-pute...."