Par Jean-Marc Jancovici
Depuis qu'il existe des négociations sur le climat, il est courant de dire que, si nous ne « faisons rien », les émissions continueront à augmenter indéfiniment, jusqu'au moment où… où quoi, exactement ?
Le repère généralement proposé est connu : avec des émissions croissant fortement, nous risquons de 4 à 6° C en plus en 2100. C'est beaucoup : à la sortie de la dernière ère glaciaire, la moyenne planétaire n'a gagné que 5° C en dix mille ans. Une même hausse en un siècle signifierait une claque que peu imaginent.
Mais, en annonçant des émissions croissant sans limites en cas d'inaction, les partisans de l'action accréditent, paradoxalement, une idée très sympathique : « ne rien faire » signifierait une économie encore en croissance sur quatre-vingt-sept ans, quoi que puisse faire le climat ! Evidemment, c'est une illusion.
D’un point de vue financier, de nombreux indicateurs montrent que les investissements dans les énergies fossiles présentent un risque significatif. Nous demandons aux investisseurs de reconnaître ce risque et d’opter pour des stratégies d’investissement compatibles avec le but de limiter le dérèglement climatique sous la barre des 2 °C, idéalement 1,5 °C. En amont de la COP21, la communauté financière a un rôle vital à jouer dans la transition vers une nouvelle économie, qui laisse les combustibles fossiles dans le sol. Le climat a déjà changé, atmosphériquement bien sûr, mais aussi politiquement, économiquement et socialement.
Investissements et Energie: Le temps est venu de prendre des positions stratégiques de sauvegarde du climat, de la société... et de son économie.