Depuis des années, les traducteurs littéraires se battent à feuillets nus pour que soit reconnu leur travail, c'est-à-dire, entre autres, pour que leurs noms soient présents sur la couverture des livres ou cités dans les recensions critiques et les notices bibliographiques. Leur cause a pas mal progressé depuis vingt ans, mais ça résiste encore. Il n'est pas rare de tomber encore sur des éditeurs qui vous expliquent que la charte graphique de leur couverture les empêche de l'encombrer avec votre nom. (C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles je signe seulement "Claro", car le gain d'encre et de place est considérable pour l'éditeur.) Quant aux articles dans la presse, il arrive encore souvent de lire un éloge du style de l'auteur sans qu'un vague lien soit établi avec le fait de la traduction. Très récemment, Olivier Mannoni, traducteur de l'allemand, signalait une notice établie par un festival littéraire, dans laquelle il était précisé que l'auteur avait remporté… un prix de traduction. Hum. Mouais. C'est pas gagné, hein, cette histoire de reconnaissance.