L'abus de pouvoir policier : une #sociologie - France Culture 29 mn #police #violence
le sociologue Cédric Moreau de Bellaing tente de saisir pourquoi les violences policières sont si peu sanctionnées, au regard d'autres types de dévoiements de la fonction policière.
Jeudi, des parents d’élèves s’étaient rassemblés devant l’entrée du Collège Surcouf de Saint-Malo pour protester contre la fermeture annoncée de cet établissement. Appelées par le recteur d’académie, les forces de l’ordre sont intervenues pour les déloger, blessant du même coup une dizaine collégiens dont trois furent hospitalisés suite à des fractures et luxations. Interpellé par le maire de la ville, le préfet a déclaré que l’usage de la force avait été « strictement proportionné aux circonstances ». Prenant connaissance de ces faits choquants, on se surprend immédiatement à se demander si les choses se seraient passées différemment si cet événement ne prenait pas place dans une séquence qui voit se multiplier depuis plusieurs semaines les incidents, parfois graves, provoqués par les forces de police lors d’opération de maintien de l’ordre. On pense ainsi à ce qui s’est passé non loin de Saint-Malo, ce même jeudi : à Rennes, où la police a cru bon mener la charge en voiture et à vive allure contre des manifestants tentant de bloquer la rocade, à Rennes où des journalistes, portant des casques estampillés presse, ont été sciemment frappés à coups de matraque. On pense aussi bien sûr à Romain D., jeune homme de 28 ans, dans le coma depuis le jeudi précédent, le 26 mai, après avoir été atteint à la tempe par l’un des galets de plastique que contient une grenade de désencerclement lancée par un policier d’une compagnie d’intervention de la Préfecture de police de Paris, ainsi que l’établit le journal Le Monde dans son édition du 2 juin. Face à ces faits, récemment recensés par Mediapart qui dénombre des dizaines de manifestants blessés par les forces de l’ordre depuis deux mois et demi et le début de la mobilisation contre la loi Travail, on se surprend à tendre l’oreille pour entendre l’écho de cette phrase prononcée par le Premier ministre, Manuel Valls le 19 mai sur RTL : «Il n'y a aucune consigne de retenue, aucune consigne de ne pas interpeller, aucune consigne de ne pas aller jusqu'au bout pour ne pas appréhender les casseurs ». L’absence revendiquée de retenue pour la police, voilà ce qui nous occupera aujourd’hui à La Suite dans les Idées, en compagnie du Cédric Moreau de Bellaing, auteur de Force publique, une enquête magistrale de retenue sociologique sur les violences policières. Sylvain Bourmeau