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#Syrie #analyse Trop de coïncidences pour un avant-goût de solution - Scarlett HADDAD

#Syrie #analyse Trop de coïncidences pour un avant-goût de solution - Scarlett HADDAD | Infos en français | Scoop.it

#Syrie #analyse Trop de coïncidences pour un avant-goût de solution -

Décryptage
29/08/2016

Avec l'approche de l'élection d'un nouveau président aux États-Unis, les développements régionaux semblent brusquement s'emballer. Au cours des derniers dix jours, l'armée turque a réussi à reprendre à Daech, en un temps record, la ville syrienne de Jarablous au nord du pays (les combattants se sont pratiquement enfuis sans mener une véritable bataille). En même temps, le secrétaire d'État américain John Kerry, en visite en Arabie saoudite, a proposé une feuille de route pour une solution à la guerre menée par Riyad au Yémen depuis un an et demi. Le même Kerry a eu une rencontre-marathon à Genève avec son homologue russe Sergueï Lavrov sur la Syrie. Et, en Syrie, le régime a récupéré la ville importante de Daraya, proche de Mazzé, et donc de la capitale, après un accord conclu avec les éléments armés qui a prévu leur retrait avec leurs familles, après avoir déposé les armes.

Il faut encore évoquer le long coup de fil entre le président russe Poutine et son homologue turc Erdogan pour comprendre que cette succession d'événements ne peut pas être une simple coïncidence. Si les contours de la solution globale ne sont pas encore clairs, parce que les parties concernées ne sont pas parvenues à un accord définitif, il semble toutefois que quelque chose se prépare aussi bien à l'échelle régionale qu'internationale. Mais le vrai problème réside dans le fait que les négociations russo-américaines restent secrètes et que les partenaires régionaux tâtonnent pour en connaître le contenu et le sérieux, tout en cherchant à marquer des points sur le terrain pour ne pas être exclus des accords finaux.

D'ailleurs, les médias régionaux reflètent les appréhensions des différents protagonistes, face à ce qui se trame entre Washington et Moscou. Les médias prosaoudiens ont ainsi tendance à minimiser l'importance des discussions russo-américaines, en avançant l'argument suivant : on voit mal comment les Russes pourraient conclure un accord avec une administration américaine sortante, sachant que seulement deux mois nous séparent encore de l'élection d'un nouveau président aux États-Unis et que les délais sont donc devenus trop courts pour régler les dossiers en suspens. Les Saoudiens souhaitent ainsi clairement gagner du temps en attendant l'arrivée d'un nouveau locataire à la Maison-Blanche, qui, selon eux, ne pourrait pas être pire pour l'Arabie saoudite que Barack Obama. De leur côté, les Iraniens ne ratent pas une occasion pour déclarer qu'ils ne peuvent absolument pas faire confiance aux États-Unis, quelle que soit l'identité de leur président, et qu'ils seront même prêts à remettre en question l'accord conclu sur le nucléaire si les Américains veulent poursuivre leur politique de sanctions économiques. De son côté, la Turquie cherche à profiter de toutes les occasions pour s'imposer comme un partenaire incontournable de la Russie et des États-Unis, en Syrie et dans la plupart des dossiers régionaux.

Décidant brusquement de se rallier directement à la guerre contre le terrorisme, la Turquie a donc lancé une opération militaire contre Jarablous. Mais son véritable objectif n'est pas tant de combattre Daech (avec lequel il n'y a pas eu de véritables combats) que les forces kurdes, elles-mêmes aidées par les Américains. Depuis deux jours, les affrontements sont d'ailleurs directs entre les forces kurdes et l'armée turque dans les localités voisines de Jarablous. Ce qui montre bien où sont les priorités des autorités turques, qui n'hésitent pas à mener directement la bataille tout en affirmant appuyer l'Armée syrienne libre, qui avait pourtant presque disparu du paysage militaire.

Face à ce nouveau champ de bataille, le régime syrien n'a pas les moyens militaires, ni les effectifs nécessaires pour affronter à la fois l'armée turque et les forces kurdes. Il se contente donc de les laisser se battre après avoir publié un communiqué pour condamner l'intervention militaire turque sur son territoire. Mais, au fond, la Syrie n'en est pas à une seule atteinte à sa souveraineté et son intégrité territoriale. La protestation est donc de principe et le régime préfère concentrer ses efforts sur le compromis de Daraya qui lui permet d'abord de reprendre le contrôle d'une localité importante, qui depuis le début de la guerre en Syrie était un fief des groupes opposants. En même temps, Damas souhaite utiliser cet accord comme un modèle pour d'autres localités autour de la capitale et dans d'autres régions du pays. L'accord qui porte sur le retrait de près d'un millier de combattants avec leurs familles (au total près de 4 000 personnes) montre le sérieux des forces du régime dans le respect de leurs engagements. Au point qu'une partie des combattants (300 environ) ont préféré rester dans les zones contrôlées par le pouvoir, dans des centres d'accueil prévus pour eux et leurs familles, alors que 700 autres ont choisi de se rendre à Idleb pour rejoindre Daech et les autres organisations de l'opposition. Dans cette période confuse où l'on ne sait plus très bien qui se bat contre qui sur le sol syrien, le succès de l'évacuation de Daraya est donc un point marqué par le régime, qui montre sa capacité à conclure des accords avec ceux qui l'ont combattu et les récupérer. Cet accord tombe aussi à point nommé au moment où John Kerry et Sergueï Lavrov discutent du sort de la Syrie et butent encore sur deux points importants, selon des sources diplomatiques bien informées. Le premier porte sur le sort du président Bachar el-Assad après la période transitoire et le second concerne la nature des forces d'opposition qui devraient faire partie de la solution politique...

Chaque pays a ainsi ses « poulains » auxquels il voudrait donner un rôle dans le paysage politique de la « nouvelle Syrie », mais il semble que le terrain décidera qui restera dans la course.

http://www.lorientlejour.com/article/1004135/trop-de-coincidences-pour-un-avant-gout-de-solution.html

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Entente totale entre Moscou et Téhéran sur le sort d’ #Alep, selon des sources iraniennes - #ScarlettHADDAD #Syrie

Entente totale entre Moscou et Téhéran sur le sort d’ #Alep, selon des sources iraniennes - #ScarlettHADDAD #Syrie | Infos en français | Scoop.it

Entente totale entre Moscou et Téhéran sur le sort d’ #Alep, selon des sources iraniennes - #ScarlettHADDAD #Syrie

Scarlett Haddad, le 21.06.2016 pour l'Orient Le Jour

Les derniers développements sur le terrain en Syrie, notamment dans le rif d'Alep, suscitent de nombreuses questions. Surtout après les rumeurs sur des divergences profondes entre l'Iran et la Russie et après les tentatives d'assaut répétées des groupes de l'opposition, autour du Front al-Nosra, contre les forces du régime syrien et leurs alliés, qui ont fait 24 morts dans les rangs du Hezbollah (contre plus de 150 dans les rangs adverses). Des visiteurs libanais de retour d'Iran rapportent toutefois des données différentes. Ces visiteurs, qui ont rencontré de hauts responsables iraniens dans le cadre d'une visite d'information, affirment que la coordination entre les deux pays est totale et que l'accord entre l'Iran et la Russie sur la Syrie porte aussi bien sur les grandes lignes que sur les détails. Selon ces visiteurs, la confiance n'était pas au départ totale entre les deux parties, mais les deux visites de Vladimir Poutine à Téhéran, la première en 2013 lorsqu'il était Premier ministre et candidat à la présidence de son pays et la seconde il y a quelques mois, ont permis des discussions en profondeur avec l'ayatollah Khamenei.

Les Russes et les Iraniens sont donc désormais convaincus de la nécessité de maintenir l'État syrien et d'appuyer l'armée syrienne. Après avoir hésité sur ce point, les Russes ont admis le fait que le président syrien Bachar el-Assad est la tête de l'État et s'il est écarté c'est tout l'édifice qui menace de s'effondrer. Les Russes et les Iraniens sont donc désormais sur la même longueur d'onde à ce sujet. Les Iraniens ont de leur côté compris que les Russes veulent avoir une marge de manœuvre dans leurs négociations avec les États-Unis. Ils font des percées sur le terrain puis s'arrêtent dans l'espoir de relancer les négociations politiques (ce qui est en réalité une tactique américaine qu'ils ont reprise à leur compte). C'est dans cette optique que les Russes ont accepté la trêve proposée par les États-Unis en février et ils ont tenu à la préserver malgré les violations répétées des groupes de l'opposition, notamment dans le rif d'Alep. Mais après la perte par les forces du régime et leurs alliés de Tallet al-Iss puis de Khan Toman, les Iraniens ont estimé qu'il fallait faire le point au sujet de la stratégie adoptée. C'est donc à leur demande que s'est tenue à Téhéran une réunion tripartite regroupant les ministres de la Défense de la Russie, de l'Iran et de la Syrie.

Au cours de cette réunion qualifiée de cruciale, il a été convenu d'augmenter le rôle iranien sur le terrain syrien et plus même, la salle d'opération commune centrale a été placée sous le contrôle d'un Iranien (l'amiral Ali Chamakhani, le premier chef des gardiens de la révolution, devenu depuis conseiller du guide suprême pour les questions de la sécurité nationale), alors que jusque-là c'était un général russe qui en avait les commandes. L'idée des Iraniens était de jouer un rôle plus actif sur le terrain syrien et en particulier dans la région d'Alep, pour alléger les pressions exercées par les États-Unis et l'Union européenne sur les Russes. Ces derniers alternent en effet les pressions économiques, politiques et militaires (le déploiement des forces de l'Otan dans trois pays proches de la Russie notamment), et les appâts du genre : la promesse de donner un rôle aux Russes au Yémen... Les Iraniens ont donc mieux compris la position de la Russie et les deux pays sont en accord total sur le dossier syrien, même s'ils ont des divergences profondes sur d'autres sujets, comme l'attitude par rapport à Israël. La Russie a de son côté compris que le maintien du président Assad est une ligne rouge pour l'Iran et il faut préciser à cet égard que contrairement à ce qu'ils disent officiellement, les Américains ont adouci leur position sur ce point, en cherchant toutefois à priver Assad de ses prérogatives en proposant le principe de la désignation de 5 vice-présidents...

Les discussions se poursuivent, mais, toujours selon les Libanais de retour d'Iran, les Russes ont de plus en plus le sentiment d'avoir été roulés par les Américains qui n'ont pas tenu leurs promesses concernant, entre autres, la classification des groupes armés en Syrie. Ils seraient surtout opposés à la volonté américaine de retirer le Front al-Nosra de la liste des organisations terroristes. Selon les sources précitées, c'est pourtant le Front al-Nosra qui est le noyau de « l'Armée al-Fateh » qui combat actuellement dans le rif d'Alep et qui est derrière la dernière attaque de plus de 5 000 combattants venus de Turquie dans le secteur sud. Les mêmes sources affirment que cette fois il n'est plus possible de se taire et les Russes seraient enfin convaincus de la nécessité de mener une vaste contre-attaque dans la région d'Alep. La visite-surprise du ministre russe de la Défense à Damas il y a quelques jours et les images qui ont été distribuées de son entretien avec le président Assad alors qu'il était en tenue militaire sont un signe que les Russes ont voulu donner de l'imminence de la bataille. En principe, le timing de l'offensive avait été décidé après la fin du mois de jeûne, mais la dernière attaque de l'Armée du Fateh et de ses alliés, qui a fait de nombreuses victimes dans les rangs de l'armée syrienne et du Hezbollah, pourrait précipiter la riposte. Alep et ses environs restent l'enjeu principal sachant que c'est pratiquement une guerre mondiale qui se déroule dans cet espace géographique avec des interventions directes ou non de la plupart des puissances, en plus des forces locales.

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