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Aider les #réfugiés :nouvelle stratégie de comm pr les multinationales ? #airbnb #starbucks #ikea & co #taxfraud

Airbnb, Starbucks, Ikea… Plusieurs grandes entreprises ont récemment annoncé leur intention de s’investir pour la cause des réfugiés. Si cette nouvelle stratégie de com' est bien vue par les pouvoirs publics, elle n’en fait pas moins oublier les problématiques fiscales liées à ces multinationales.

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Cette soudaine fibre humanitaire qui anime ces multinationales est toutefois loin de plaire a tout le monde. Manon Aubry, qui travaille sur la justice fiscale et les inégalités pour la confédération Oxfam rappelle que l’attitude de ces grands groupes a une lourde responsabilité dans les difficultés économiques actuelles des Etats. « L’argent que font perdre ces entreprises en ne payant qu’une faible part de leurs impôts pourrait être investi dans des programmes nationaux d’aide aux réfugiés dont l’impact serait bien supérieur ».

Il est ainsi bon de se souvenir que chaque année la France perd entre 60 et 80 milliards d’euros à cause de l’évasion fiscale, selon les chiffres d’un rapport du Sénat daté de 2012. Or, quelles entreprises retrouve-t-on en première ligne dans le combat en faveur des réfugiés ? Ni plus ni moins que les ténors des combines fiscales. AirBnB dont le siège social se trouve en Irlande et qui devrait chaque année entre cinq et dix millions d’euros au fisc français. Starbucks dont le système de franchises lui garantit une très faible imposition. Ikea, enfin, qui « aurait soustrait à l’impôt un milliard d’euros (entre 2010 et 2016) au détriment de divers Etats européens », selon un rapport mis en ligne l’an dernier…

"Privatisation de la philanthropie"

Très réticentes à jouer les règles du jeu fiscal, ces multinationales préfèrent bien sûr donner en personne pour montrer à la face du monde la grandeur de leur générosité. « On assiste à une privatisation de la philanthropie, s’indigne Antoine Peillon, journaliste pour la Croix et auteur de nombreux ouvrages sur l’évasion fiscale. Les grandes entreprises investissent ce terrain pour faire passer la pilule et justifier leur hyper-richesse. Elles refusent les règles fiscales, font fi des acquis de la modernité. On retourne au Moyen-Age, comme à l’époque des Médicis, où seuls les puissants pouvaient aider les pauvres ».

Le journaliste regrette profondément que l’on fasse ainsi « de plus en plus appel à la générosité privée, avec la complicité de l’Etat qui est de moins en moins présent ».

Cette « privatisation de la philanthropie », comme la qualifie Antoine Peillon, commence à irriter dans certains pays comme l’Espagne, sévèrement touchée par la crise économique. Dans un Etat qui a vu le budget de ses services publics fondre comme neige au soleil, le don de 320 millions d’euros d’Amancio Ortega, le PDG de Zara, à l’hôpital public, n’a pas franchement été bien accueilli. Le leader de Podemos, Pablo Iglesias, a notamment qualifié l’acte « d’aumône digne d’un pays du tiers-monde ». Amancio Ortega, quatrième fortune mondiale selon Forbes et soupçonné de recourir à l’optimisation fiscale, a aussi été renvoyé dans les cordes par le président de la fédération espagnole de défense des services de santé publique, Manuel Martin. « Les dons ont une fin et provoquent des inégalités. Nous avons un modèle redistributif qui fonctionne, et l’administration doit décider comment elle utilise l’argent, sans interférence. »