Glaucome : l'espoir d'un traitement plus efficace | Infos en français | Scoop.it
Même si les travaux portent sur le rat, il est très probable que la cible thérapeutique découverte serve aussi à soigner les hommes.

Deuxième cause de cécité dans le monde, le glaucome touche cinquante à soixante millions de personnes dont six à sept millions devenus aveugles. En France, environ 800 000 personnes sont traitées pour un glaucome (et des centaines de milliers seraient atteintes sans le savoir car cette maladie reste longtemps silencieuse). D'où l'intérêt des résultats obtenus par l'équipe dirigée par Christophe Baudouin au sein de l'Institut de la vision (Inserm/CNRS/UPMC). Dans un article à paraître dans Plos One, ils expliquent comment ils ont réussi à préserver la fonction visuelle de rats atteints de glaucome. En bloquant des récepteurs spécifiques, ils sont parvenus à diminuer la pression intérieure de l'oeil et ainsi à protéger la rétine et les capacités visuelles.

Le glaucome se caractérise par une pression anormalement élevée à l'intérieur de l'oeil, causée par une résistance à l'écoulement normal de l'humeur aqueuse au niveau d'une structure spécifique : le trabéculum. Elle entraîne une destruction progressive du nerf optique et une altération irréversible de la fonction visuelle, pouvant finir par rendre totalement aveugle. Ses facteurs de risque sont connus : l'hérédité (dans 20 à 30 % des cas), l'âge (en général après 45 ans), la myopie et l'origine ethnique (les populations d'origine africaine et asiatique sont plus exposées). Quant au tabac, c'est un facteur d'aggravation de la maladie.

La dégénérescence des tissus du trabéculum, qui est à l'origine de ce dysfonctionnement, reste mal comprise. Et les traitements actuels contre le glaucome ne ciblent pas directement cette "trabéculopathie". Ce qui pourrait expliquer, au moins en partie, l'échec thérapeutique souvent observé et conduisant parfois à la cécité en dépit d'une prise en charge médicale optimale.

Traitement contraignant

Ce sujet passionne l'équipe de Christophe Baudouin, qui tente de comprendre les mécanismes physiopathologiques responsables de cette "trabéculopathie glaucomateuse", et plus spécifiquement le rôle de certaines molécules spécifiques de l'inflammation appelées chimiokines. Ces chercheurs ont démontré, chez le rat, que le blocage d'un des récepteurs aux chimiokines (le CXCR3) permettait de restaurer l'écoulement normal de l'humeur aqueuse, la fonction de filtration du trabéculum, et donc de diminuer la pression intraoculaire. Ce qui permet de préserver la fonction visuelle. Pour Alexandre Denoyer, "la stratégie inédite utilisée ciblant les chimiokines au niveau du trabéculum pourrait aboutir au développement d'un traitement innovant en remplacement ou en complément des traitements à long terme par les collyres actuels".

Ces derniers permettent effectivement de diminuer cette tension. Mais il est primordial de ne jamais les interrompre, de bien respecter les horaires recommandés, ainsi que le nombre d'instillations de collyre indiqué sur l'ordonnance. Un oubli ou un décalage d'heures dans la prise de certains collyres peuvent avoir des conséquences importantes sur l'état de santé général. Et s'ils ne suffisent pas, les ophtalmologistes peuvent proposer un traitement chirurgical ou par laser. L'essentiel étant, quand même, de faire dépister cette maladie pour pouvoir agir à temps.