GENÈVE : François Moser, l’invisible mais omniprésent promoteur genevois #HommeDInfluence #MoserVernet | Infos en français | Scoop.it

mots clés : immobilier geneve françois moser leonard vernet promoteur immobilier homme d influence mark muller régie moser vernet moser vernet suisse  holding

 

HOMMES ET FEMMES D’INFLUENCE (IV) • Patron de la régie Moser Vernet, le discret entrepreneur investit dans la pierre depuis plus de trente ans.

«Vous savez, c’est un homme réservé, qui n’aime ni parler de lui ni faire parler de lui.» Alors que nous demandons à rencontrer François Moser, promoteur immobilier au long cours et patron de l’une des plus grandes régies de Genève – Moser Vernet & Cie –, la remarque de sa secrétaire laisse entrevoir un inévitable refus. Ce sera bien le cas. Malgré son omniprésence dans le monde de la pierre depuis trois décennies au moins, l’homme cultive une discrétion toute protestante.
Dénicher des informations sur le personnage est un vrai parcours du combattant. Le soixantenaire à la chevelure blanche, toujours impeccablement peignée, n’apparaît jamais dans les médias – c’est son beau-frère et associé Léonard Vernet qui s’y colle –, il ne s’affiche pas avec le gratin politique et n’a rien d’un flambeur, contrairement à certains de ses semblables.
Cette invisibilité n’empêche pas François Moser de figurer parmi la poignée d’incontournables du marché. «Il fait partie des grands promoteurs à Genève et depuis longtemps, souligne un cadre de l’Etat de Genève, qui l’a côtoyé à l’occasion de divers projets de construction. Mais, par rapport à l’exubérance méridionale d’un Carlo Lavizzari, pour prendre un exemple des années folles, il représente plutôt la facette calviniste du métier.»

«Un homme craint»
Dans le milieu, le sérieux, les compétences et la longévité de l’entrepreneur inspirent le respect. «C’est quelqu’un de très écouté, même s’il ne parle pas beaucoup», souligne Charles Spierer, administrateur délégué de CGi Immobilier. Au sommet d’une autre grande régie de la place, sous couvert d’anonymat, on ose un pas supplémentaire. «François Moser est craint, du moins par ses concurrents. C’est un professionnel redoutable, très stratégique, qui sait parfaitement se placer. A un titre ou à un autre, il est présent sur toutes les belles parcelles de Genève.»

Au contour de la loi?
Mesurer sa sphère d’influence n’est pas aisé. Impossible même, si ce n’est à travers la myriade de sociétés, holdings et autres fondations dans lesquelles son nom apparaît au registre du commerce. On en compte une cinquantaine au total, dont des sociétés d’investissement (DPF Moser, Sogeprim, Valinvest, Real investissement immobilier...), le fonds immobilier de la banque Rothschild, ou encore la Fondation universitaire pour le logement des étudiants. François Moser est aussi membre du conseil de direction de la Fédération des entreprises romandes (FER) et a présidé par le passé la commission des immeubles de l’Hospice général.
Une toile sagement tissée au fil des ans, qui permet aujourd’hui au bâtisseur de poursuivre ses affaires avec assurance et sans coups d’éclat. On ne lui connaît pas de tendance marquée à fricoter avec le monde politique, même si Moser Vernet & Cie, comme toute régie qui se respecte à Genève, figure dans la liste des donateurs de feu le Parti libéral, aujourd’hui PLR.
Carlo Sommaruga, secrétaire général de l’Asloca romande, voit le personnage d’un œil plus critique. «La fortune et les affaires discrètes font le bonheur! François Moser est une personne affable, mais qui agit de manière agressive comme régisseur et qui n’hésite pas à tenter de contourner la législation. Nous nous sommes souvent opposés à lui devant les tribunaux.»
Dernier cas en date, à notre connaissance, celui d’un immeuble dans le quartier de Florissant dans lequel le Département des constructions – alors sous la houlette du libéral Mark Muller – avait autorisé la création d’un appartement de luxe en attique (dix pièces). Derrière le projet immobilier – six bâtiments –, on retrouvait divers promoteurs, dont François Moser. Le hic? La parcelle est située en zone de développement et les logements construits doivent répondre aux besoins prépondérants de la population... Après recours de l’Asloca et de la Ville de Genève, à qui la justice a donné raison, les parties ont conclu un accord pour diviser l’objet litigieux en trois appartements.

La rive gauche et le CEVA
Les beaux quartiers urbains de Genève, Florissant, Malagnou, Grange-Canal, Champel, et plus largement la rive gauche, constituent d’ailleurs la zone de prédilection de l’entrepreneur. Aux limites de la ville, ces secteurs sont immanquablement voués à une densification, au gré des déclassements de zones villas. On y réalise des investissements complexes, qui requièrent parfois des années d’efforts de négociation, mais qui promettent des rendements intéressants. A n’en pas douter, ces terrains vont prendre beaucoup de
valeur avec le temps.
La proximité des futures gares CEVA est aussi dans la mire intéressée des promoteurs genevois. Pas étonnant, donc, de retrouver François Moser, parmi d’autres gros acteurs du marché comme Thierry Barbier-Mueller, sur le pourtour de la gare des Eaux-Vives. Plusieurs parcelles sont déjà en main de l’une ou l’autre de ses sociétés, souvent en copropriété avec ses comparses habituels, comme l’avocate Elka Gouzer. Ces opérations de longue haleine – le RER, planifié depuis belle lurette, n’est toujours pas sur les rails – préfigurent de belles retombées
financières.
Pour l’anecdote, l’un des plus virulents opposants à la ligne ferroviaire CEVA n’est autre qu’un certain... François Moser. Qu’on se rassure: cet habitant de Champel, près du tracé honni, n’est qu’un homonyme! Les affaires des uns ne font pas toujours celles des autres. I