#ClaudySiar, journaliste à #RFI : "Il faut que la #France décide d’arrêter sa prédation sur l’ #Afrique " entretien 17 mn

Ajoutée le 5 déc. 2017

Claudy Siar est en colère. Le journaliste de RFI avait organisé, à Paris, une manifestation dénonçant la marchandisation des femmes et des hommes en Libye. "Tout le monde savait", accuse-t-il tout en regrettant que "la France arc-en-ciel de Charlie Hebdo" ne se soit pas mobilisée. Quelques jours après la visite du président Emmanuel Macron en Afrique, un point de situation s'imposait.

Sur la mobilisation contre la marchandisation des hommes et des femmes en Libye
« Nous sommes une génération consciente. Des jeunes et des moins jeunes, des hommes et des femmes ont décidé que leurs vies ne pourraient plus être hypothéquées par des politiques meurtrières. »
« Je pensais que nous allions voir la France arc-en-ciel qui était dans la rue après les attentats de Charlie Hebdo, après les attentats du 13 novembre mais j’ai surtout vu les populations noires dans la rue. Ça m’a blessé. »

Sur le traitement des médias de l’actualité libyenne
« On le traite comme étant une actualité normale. C’est pas quelque chose de normal. »
« Je suis un descendant d’esclaves, j’appartiens à un peuple né dans les fers de l’esclavage. »
« Je ne pensais qu’un jour je devrais être confronté à des négriers. »
« Personne n’a eu la bonne attitude et encore moins les médias. »

Sur l’accueil des réfugiés en Europe
« Je m’interroge sur l’attitude de la France et de l’Europe qui rusent avec tous les principes d’égalité, d’accueil et d’asile. »
« Tous les dirigeants savent qu’il y a une prédation sur les matières premières et pas seulement, sur les systèmes politiques, qui expliquent l’extrême pauvreté. »
« C’est un crime contre l’humanité parce qu’il y a préméditation : tout le monde savait ce qui se passait en Libye. »
« Lorsque vous payez les bandits pour enrayer une migration, vous pouvez vous attendre à toutes sortes de dérives et de crimes. »
« L’Europe a payé pour freiner ces gens-là : mieux vaut que ces nègres meurent dans le désert et en mer, mais plus proche des côtes libyennes que des côtes européennes plutôt que de les voir débarquer. »

Sur ce qui se joue en Afrique
« C’est l’histoire de l’humanité. La cohésion entre les êtres humains quelques soient leurs origines sociales, ethniques, leur couleur de peau, leur religion. »
« Tous les affrontements aujourd’hui sont justifiés par la relégation, les discriminations, par le regard différent qu’on peut avoir sur l’autre. »
« Ce qui se joue aujourd’hui, c’est une paix et le respect qu’il doit y avoir entre les différents peuples. »
« Je peux être fondé à me dire ‘je veux prendre la tête d’une rébellion contre cet occident qui fait plus que nous oppresser, nous humilie, nous avilie avec la complicité des chefs d’Etats africains’. »

Sur le discours d’Emmanuel Macron à Ouagadougou
« Non seulement il y a du paternalisme mais en plus il ne s’en est pas rendu compte. »
« On n’est pas sorti de la Françafrique. »
« [Emmanuel Macron] a eu de la condescendance. »
« Il n’a pas conscience du contexte des rapports entre l’Afrique et l’Europe. »
« Il en restera quelque chose d’aussi négatif que le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar. »

Sur les solutions politiques
« Il faut que la France décide d’arrêter sa prédation sur l’Afrique, de faire et défaire les rois qui ne sont que des bourreaux pour leurs populations. »
« Il faut laisser les peuples se construire et on empêche aujourd’hui l’Afrique de se construire, de marcher sur le chemin qui doit être le sien. »

Sur la Francophonie
« Si la Francophonie n’est pas une arme de propagande juste pour asseoir un peu plus la domination francophone ou française sur le reste du monde, c’est un outil qui permet de partager des valeurs. »

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