Infos en français
215.7K views | +0 today
Follow
Infos en français
Politique, Environnement, Géostratégie. Société, Santé
Your new post is loading...
Your new post is loading...
Scooped by Juan Carlos Hernandez
Scoop.it!

Lettre ouverte aux charlatans de la révolution syrienne / Par #BrunoGuigue #Syrie #Syria #Siria

Lettre ouverte aux charlatans de la révolution syrienne / Par #BrunoGuigue #Syrie #Syria #Siria | Infos en français | Scoop.it

Un cri du coeur de Bruno Guigue auquel j'adhère

Adressé à tous les politiques et citoyens (pauvres gens manipulés par les premiers et les médias mainstreams) qui n'ont eu cesse d'appuyer des fous furieux, de leur faire des donations, de les inviter à des conférences

Vous avez été et pour certains, continuez à être ( "errare humanum est, PERSEVERARE DIABOLICUM" !!!) les idiots utiles des vendeurs d'armes et des compagnies gazières et pétrolières

 

Lettre ouverte aux charlatans de la révolution syrienne / Par #BrunoGuigue #Syrie #Syria #Siria

Par Bruno Guigue le 13 mai 2016

Au moment où un dirigeant historique de la résistance arabe libanaise, en Syrie, vient de mourir sous les coups de l’armée sioniste, j’adresse cette lettre ouverte aux intellectuels et militants de « gauche » qui ont pris parti pour la rébellion syrienne et croient défendre la cause palestinienne tout en rêvant de la chute de Damas.

Vous nous disiez, au printemps 2011, que les révolutions arabes représentaient un espoir sans précédent pour des peuples subissant le joug de despotes sanguinaires. Dans un excès d’optimisme, nous vous avons écoutés, sensibles à vos arguments sur cette démocratie miraculeusement naissante et à vos proclamations sur l’universalité des droits de l’homme. Vous aviez presque réussi à nous persuader que cette protestation populaire qui emporta les dictateurs tunisien et égyptien allait balayer la tyrannie partout ailleurs dans le monde arabe, en Libye comme en Syrie, au Yémen comme à Bahreïn, et qui sait où encore.

Mais cette belle envolée lyrique laissa rapidement paraître quelques failles. La première, béante, apparut en Libye. Adoptée par le conseil de sécurité pour secourir des populations civiles menacées, une résolution de l’ONU se transforma en chèque en blanc pour la destitution manu militari d’un chef d’Etat devenu encombrant pour ses partenaires occidentaux. Digne des pires moments de l’ère néoconservatrice, cette opération de « regime change » accomplie pour le compte des USA par deux puissances européennes en mal d’affirmation néo-impériale aboutit au désastre dont la malheureuse Libye continue de payer le prix. L’effondrement de ce jeune Etat unitaire livra le pays aux ambitions effrénées des factions et des tribus, sciemment encouragées par les convoitises pétrolières des charognards occidentaux.

Il y avait pourtant de bonnes âmes, parmi vous, pour accorder des circonstances atténuantes à cette opération, comme il y en avait, davantage encore, pour exiger qu’un traitement analogue fût infligé au régime de Damas. Car le vent de la révolte qui soufflait alors en Syrie semblait valider votre interprétation des événements et donner une justification a posteriori au bellicisme humanitaire déchaîné contre le potentat de Tripoli. Pourtant, loin des médias « mainstream », certains analystes firent observer que le peuple syrien était loin d’être unanime, que les manifestations antigouvernementales se déroulaient surtout dans certaines villes, bastions traditionnels de l’opposition islamiste, et que la fièvre sociale de couches paupérisées par la crise n’entraînerait pas pour autant la chute du gouvernement syrien.

Ces avertissements de bon sens, vous les avez ignorés. Comme les faits ne correspondaient pas à votre narration, vous les avez triés comme bon vous semble. Là où des observateurs impartiaux voyaient une polarisation de la société syrienne, vous avez voulu voir un tyran sanguinaire assassinant son peuple. Là où un regard dépassionné permettait de discerner les faiblesses, mais aussi les forces de l’Etat syrien, vous avez abusé de rhétorique moralisante pour instruire à charge le procès d’un gouvernement qui était loin d’être le seul responsable des violences. Vous avez vu les nombreuses manifestations contre Bachar Al-Assad, mais vous n’avez pas vu les gigantesques rassemblements de soutien au gouvernement et aux réformes qui emplirent les rues de Damas, Alep et Tartous. Vous avez dressé la comptabilité macabre des victimes du gouvernement, mais vous avez oublié celles des victimes de l’opposition armée. A vos yeux, il y avait de bonnes et de mauvaises victimes, des victimes qui méritent qu’on en parle et des victimes dont on ne veut pas entendre parler. Délibérément, vous avez vu les premières, tout en vous rendant aveugles aux secondes.

Au même moment, ce gouvernement français, dont vous critiquez volontiers la politique intérieure pour entretenir l’illusion de votre indépendance, vous a donné raison sur toute la ligne. Curieusement, la narration du drame syrien qui était la vôtre coïncidait avec la politique étrangère de M. Fabius, chef d’œuvre de servilité mêlant l’appui inconditionnel à la guerre israélienne contre les Palestiniens, l’alignement pavlovien sur le leadership américain et l’hostilité recuite à l’égard de la résistance arabe. Mais votre mariage ostensible avec le Quai d’Orsay ne sembla pas vous gêner. Vous défendiez les Palestiniens côté cour, et vous dîniez avec leurs assassins côté jardin. Il vous arriva même d’accompagner les dirigeants français en visite d’Etat en Israël. Vous voilà embarqués, complices, pour assister au spectacle d’un président qui déclare qu’il « aimera toujours les dirigeants israéliens ». Mais il en fallait plus pour vous scandaliser, et vous avez repris l’avion avec le président, comme tout le monde.

Vous aviez condamné à juste titre l’intervention militaire américaine contre l’Irak en 2003. La vertu roborative du bombardement pour la démocratie vous laissait froids, et vous doutiez des vertus pédagogiques des frappes chirurgicales. Mais votre indignation à l’égard de cette politique de la canonnière version « high tech » s’avéra étrangement sélective. Car vous réclamiez à cor et à cri contre Damas, en 2013, ce que vous jugiez intolérable dix ans plus tôt contre Bagdad. Une décennie a suffi pour vous rendre si malléables que vous voyiez le salut du peuple syrien, désormais, dans une pluie de missiles de croisière sur ce pays qui ne vous a rien fait. Reniant vos convictions anti-impérialistes, vous avez épousé avec enthousiasme l’agenda de Washington. Sans vergogne, non seulement vous applaudissiez par avance aux B 52, mais vous repreniez la propagande US la plus grotesque, dont le précédent irakien et les mensonges mémorables de l’ère Bush auraient dû vous immuniser.

Pendant que vous inondiez la presse hexagonale de vos inepties, c’est un journaliste américain, enquêteur hors pair, qui mit en pièces le pitoyable « false flag » destiné à rendre Bachar-Al-Assad responsable d’une attaque chimique dont aucune instance internationale ne l’a accusé, mais que les expertises du Massachussets Institute of Technology et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, en revanche, ont attribuée à la partie adverse. Ignorant les faits, les travestissant au besoin, vous avez joué à cette occasion votre misérable partition dans cette cacophonie de mensonges. Pire encore, vous continuez de le faire. Alors qu’Obama lui-même laisse entendre qu’il n’y a pas cru, vous vous obstinez à réitérer ces sornettes, comme des chiens de garde qui aboient après la disparition de l’intrus. Et pour quel motif ? Pour justifier le bombardement, par votre propre gouvernement, d’un petit Etat souverain dont le tort principal est de refuser l’ordre impérial. Pour venir en aide à une rébellion syrienne dont vous avez sciemment masqué le véritable visage, accréditant le mythe d’une opposition démocratique et laïque qui existe seulement dans les salons des grands hôtels de Doha, de Paris ou d’Ankara.

Cette « révolution syrienne », vous l’avez donc exaltée, mais vous avez pudiquement détourné les yeux de ses pratiques mafieuses, de son idéologie sectaire et de ses financements troubles et douteux. Vous avez soigneusement occulté la haine interconfessionnelle qui l’inspire, cette aversion morbide pour les autres confessions directement inspirée du wahhabisme qui en est le ciment idéologique. Vous saviez que le régime baassiste, parce qu’il est laïque et non confessionnel, constituait une assurance-vie pour les minorités, mais vous n’en aviez cure, allant même jusqu’à qualifier de « crétins » ceux qui prenaient la défense des chrétiens persécutés. Mais ce n’est pas tout. A l’heure du bilan, il restera encore cette ultime ignominie : vous avez cautionné la politique d’un Laurent Fabius pour qui Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaida, « fait du bon boulot ». Tant pis pour les passants déchiquetés dans les rues de Homs ou les alaouites de Zahra assassinés par les rebelles : à vos yeux, ils ne sont que du menu fretin.

Entre 2011 et 2016, les masques tombent. Vous vous réclamez du droit international, mais vous applaudissez à sa violation contre un Etat souverain. Vous prétendez promouvoir la démocratie pour les Syriens, mais vous êtes devenus les fourriers du terrorisme qu’ils endurent. Vous dites que vous défendez les Palestiniens, mais vous êtes dans le même camp qu’Israël. Lorsqu’un missile sioniste s’abat sur la Syrie, n’ayez crainte : il ne frappera jamais vos amis. Grâce à Israël, grâce à la CIA, et grâce à vous, ces courageux rebelles vont continuer à préparer l’avenir radieux de la Syrie sous l’emblème du takfir. Le missile sioniste, lui, va tuer un des dirigeants de cette résistance arabe que vous avez trahis.

Bruno Guigue | 13 mai 2016

Bruno Guigue est un haut fonctionnaire, essayiste et politologue français né à Toulouse en 1962. Ancien élève de l’École Normale Supérieure et de l’ENA. Professeur de philosophie et chargé de cours en relations internationales dans l’enseignement supérieur. Il est l’auteur de cinq ouvrages, dont Aux origines du conflit israélo-arabe, l’invisible remords de l’Occident (L’Harmattan, 2002).

No comment yet.
Scooped by Juan Carlos Hernandez
Scoop.it!

#Syrie : et si #Damas et #Moscou parvenaient à libérer #Alep ? - Le Figaro #Russie

#Syrie : et si #Damas et #Moscou parvenaient à libérer #Alep ? - Le Figaro #Russie | Infos en français | Scoop.it

#Syrie : et si #Damas et #Moscou parvenaient à libérer #Alep ? - Le Figaro #Russie

 

"La Syrie utile, celle qui concentre les 80% de la population du pays est sous contrôle du gouvernement. Le pays se desserre de l'étau de ce que certains persistent encore à appeler «l'opposition syrienne» mais que même Amnesty international et Le Monde ont fini par appeler «rebelles islamistes»."

 

  • Par Hadrien Desuin
  • Publié le 08/07/2016 à 11:35

Ancien élève de l'École spéciale militaire de St-Cyr puis de l'École des officiers de la Gendarmerie nationale, Hadrien Desuin est titulaire d'un master II en Relations internationales et en Stratégie sur la question des Chrétiens d'Orient, de leurs diasporas et de la géopolitique de l'Égypte, réalisé au Centre d'Études et de Documentation Économique Juridique et social (CNRS/MAE) au Caire en 2005. Il a dirigé le site Les Conversations françaises de 2010 à 2012. Aujourd'hui il collabore à Causeur et Conflits, où il suit l'actualité de la diplomatie française dans le monde.

 

FIGAROVOX/TRIBUNE - Dans une certaine indifférence médiatique, l'Armé syrienne vient de couper la dernière route qui reliait les bases de la rébellion islamiste à Alep. Pour Hadrien Desuin, c'est une victoire stratégique pour le régime de Damas et pour Moscou.

 

Alep outragé, Alep brisé, Alep martyrisé, mais Alep bientôt libéré? C'est dans l'indifférence générale que l'armée syrienne vient de couper la dernière route qui reliait la rébellion islamiste de ses bases. Pour la première fois depuis le début de l'insurrection, les factions djihadistes qui ceinturent la seconde ville du pays sont prises à leur propre piège. Par un mouvement enveloppant venu du nord, les positions syriennes ont retourné le siège contre leurs assaillants. De geôliers en 2012, les rebelles islamistes se retrouvent aujourd'hui détenus dans leurs quartiers.

Malgré le silence de cathédrale et la clameur du stade qui ont couvert la nouvelle en Europe, c'est un nouveau tournant dans la guerre civile syrienne qui frappe le pays depuis cinq ans. Une victoire tactique mais aussi stratégique. Alep est la seconde ville de Syrie; elle domine tout le nord du pays et rivalisait autrefois avec Damas. Après Homs et Hama, c'est une nouvelle avancée symbolique pour les forces loyalistes. Désormais la Syrie utile, celle qui concentre les 80% de la population du pays est sous contrôle. Progressivement le pays se desserre de l'étau de ce que certains persistent encore à appeler «l'opposition syrienne» mais que même Amnesty international et Le Monde ont fini par appeler «rebelles islamistes». Le dernier rapport de l'association de défense des droits de l'Homme a reconnu un nouveau crime de guerre de cette opposition qui n'a de «modérée» que le nom.

Une victoire de l'armée syrienne qui intervient alors que la Turquie vient de se réconcilier spectaculairement

 

avec la Russie et Israël. Profitant des fêtes de la fin du Ramadan et de l'euro de football, l'armée syrienne appuyée par les kurdes inflige une défaite lourde de conséquences pour les factions djihadistes alliées à Al Qaeda en Syrie (Jabbat Al Nosra) et aux Turcs. Ce revers ne peut qu'encourager, un peu plus, la reprise du dialogue entre Ankara et Damas. Pour la Turquie, il est temps de se rendre à l'évidence: attiser la guerre civile n'a fait qu'accentuer le risque djihadiste dans toute la région.

C'était la stratégie russe depuis le début de son intervention. Frapper symboliquement Daech à Palmyre mais surtout se débarrasser des factions djihadistes du nord appuyés par le Qatar, l'Arabie saoudite à la frontière turque. Il n'y a pas de libération possible de Rakka et Der Ez Zor avant de s'être débarrassé au préalable de la tenaille alépine. Pas de libération possible sans couper la rébellion islamiste de ses bases turques.

Certes la guerre civile syrienne est loin d'être terminée mais, clairement, l'espoir a changé de camp. Il suffit de constater l'absence de réaction occidentale qui, il y a un an à peine, vociférait contre une armée syrienne acculée. Le temps est loin où Laurent Fabius rapportait de ses amis pétromonarques que «le front Al Nosra faisait du bon boulot». Le maintien de Bachar El Assad au pouvoir est une réalité qu'il va falloir prendre en compte dans les années à venir. Après cinq ans d'aveuglement, il est temps de rouvrir notre ambassade à Damas et de renouer avec la politique arabe de la France.

 

 

No comment yet.