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Anne Hornung-Soukup: de la finance aux #TPG, en passant par Panama - #PanamaPapers #Genève (pathétique #Geneva )

Mercredi 01 juin 2016

- Eric Lecoultre

Inconnue du public, Anne Hornung-Soukup sera la future présidente du conseil d'administration des Transports publics genevois. A-t-elle le profil adéquat?

Mais qui est Anne Hornung-Soukup? En mars dernier, le Conseil d'Etat annonçait son nom pour occuper le siège de présidente du conseil d'administration des Transports publics genevois (TPG), vacant depuis la démission de la verte Anita Frei. La Suissesse d'origine américaine n'a aucune expérience dans les transports ou le secteur public. Elle a bâti sa carrière dans la finance. «Mon nom figurait dans un registre de personnalités qui souhaitent travailler dans des conseils d'administration, explique-t-elle. Mon profil a plu au conseiller d'Etat Luc Barthassat et après une série d'entrevues, j'ai été engagée.» Elle prendra ses fonctions en juillet prochain.

Sur la Toile, on découvre un C.V. bien rempli. A 63 ans, Anne Hornung-Soukup a notamment travaillé pour une banque zurichoise, fondé sa propre société financière, Axia Investments SA, avant de devenir gérante de patrimoine chez Bruellan SA, en 2010. Elle bénéficie aussi d'une expérience associative en ayant notamment présidé le Career Women's Forum. Certaines lignes sont toutefois absentes de son profil public. Elle apparaît par exemple en tant que directrice de deux sociétés enregistrées à Panama1. Son mari en dirige une trentaine. A la suite des révélations des Panama papers, une sacrée tache sur le C.V.?

La première se nomme I.T.A. Consulting Group et a été dissoute en 1997. Mme Hornung-Soukup affirme ne pas savoir de quoi il s'agit, mais y a pourtant été inscrite comme trésorière et directrice. La seconde, Sarton Properties, a été utilisée pour acheter une maison en République dominicaine, explique-t-elle. «On conseille aux étrangers souhaitant y acquérir un bien de le faire à travers une structure tierce.»

A chaque reprise, elle figure à la tête de ces sociétés aux côtés de son mari, Douglas Hornung, avocat genevois connu pour avoir défendu les employés des banques suisses dont les noms avaient été transmis aux autorités étasuniennes. Sa collection de «panaméennes» – l'expression est de lui – est plus fournie. Il apparaît plus d'une trentaine de fois comme directeur, même si beaucoup de ces sociétés n'existent plus. «Pour la plupart, la radiation a été demandée, dit-il. Il ne m'en reste que six.» Irrité, il précise que cette activité est légale. «Tout est déclaré aux impôts. Je connais les obligations pour les intermédiaires financiers, tout comme l'origine de l'argent», ajoute-t-il.

Un profil compatible?

L'affaire des Panama papers a révélé des pratiques criminelles liées à ce système (corruption, blanchiment d'argent, fraude fiscale) et le rôle important des avocats genevois, en tant qu'intermédiaires privilégiés. Mais souvent, le recours à des structures offshore est tout à fait légal. L'optimisation fiscale ou la planification successorale sont les motifs les plus souvent avancés.

Le député socialiste Alberto Velasco, qui avait alerté le gouvernement genevois sur les possibles retombés fiscales des Panama papers, estime qu'une personne nommée à la tête d'une régie publique doit «faire preuve d'exemplarité». S'il ne reproche rien directement à Mme Hornung-Soukup, il souligne que les sociétés offshore servent principalement à contourner les impôts. Un membre du conseil d'administration des TPG pointe, lui, le «manque de transparence» lié à ces activités.

Mais c'est également le peu d'ancrage local de Mme Hornung-Soukup qui est questionné. Tout en précisant qu'il n'a pas d'a priori sur la future présidente, Francisco Gonzalez, le représentant socialiste au conseil d'administration des TPG, relève que ce poste, attribué directement par le Conseil d'Etat, «est un maillon de la chaîne particulièrement politique». Les prédécesseurs d'Anne Hornung-Soukup, la verte Anita Frei et le libéral Patrice Plojoux, ont dû s'exposer publiquement pour défendre la stratégie des TPG. «C'est une personnalité qui n'a visiblement pas la connaissance du contexte politique genevois», ajoute Boris Calame, député des Verts au Grand Conseil. «Cela peut être un problème lorsqu'il s'agit de représenter l'institution devant les élus, notamment pour défendre un budget, mais aussi devant les collaborateurs et les usagers.»

Un «regard neuf»

La prochaine présidente a déjà rencontré ses futurs collègues autour d'un café. Le magistrat de la Ville de Genève Rémy Pagani, également membre du conseil d'administration des TPG, ne s'oppose pas à son arrivée. Il explique défendre «la pluralité des opinions» au sein des conseils d'administration. Idem pour la représentante des Verts, Sonja Molinari, qui parle du «regard neuf» de Mme Hornung-Soukup, malgré son manque d'expérience dans le domaine des transports: «Ce ne sont pas forcément les personnes qui ont le plus de bouteille qui sont les plus indiquées.»

Justement, comment cette dernière aborde-t-elle sa mission? «Le monde change vite, et les technologies aussi», explique-t-elle, citant l'«uberisation» de l'économie: «Pour être compétitifs, les TPG doivent prendre ce changement en compte et adapter les services offerts à la clientèle.» Elle mentionne notamment les bus électriques TOSA, développés par les TPG et ABB, ou encore l'installation de capteurs dans les véhicules, afin d'informer précisément de l'état du réseau.

Mais les premiers défis sont plus concrets. Anne Hornung-Soukup devra notamment préparer l'arrivée du CEVA pour décembre 2019, ou le déménagement du dépôt des trams à Vernier. Elle devra surtout pallier les difficultés budgétaires: l'année 2015 a été bouclée sur un déficit de 11 millions de francs, que le canton n'entend pas combler. «Les TPG ont déjà pris des mesures d'économie, poursuit-elle. Ils ne faut plus baisser l'offre mais faire l'inverse, à mon avis, et tenter d'augmenter le nombre d'usagers.» Une voie qui passe par une plus grande efficacité du réseau, et par une meilleure communication. «Il y a des choses à améliorer, assure-t-elle. Je compte amener mon regard extérieur et mon expérience. Je me familiarise progressivement avec ce milieu.»

Le conseiller d'Etat chargé des transports, Luc Barthassat, assume ce choix atypique: «J'ai souhaité professionnaliser ce rôle en vue de dépolitiser au maximum le conseil d'administration. J'ai procédé à une dizaine d'entretiens et axé mes recherches sur des profils de femmes compétentes, que ce soit à l'interne ou à l'externe.» Un manque d'expérience dans le domaine des transports? Mme Hornung-Soukup est surtout engagée pour «dégager de l'efficience». «Les enjeux financiers sont importants. Il est essentiel d'apporter une vision nouvelle au sein de l'entreprise. On ne peut plus dépenser sans compter.»

Enfin, que pense-t-il de ses activités panaméennes? «Nous avons parlé de cela avec Mme Hornung-Soukup, en toute transparence. De notre point de vue, il n'y a rien de suspect ni d'illégal», répond-il. I

Source: opencorporates.com