Le glyphosate, l’expertise et la défiance | EntomoScience | Scoop.it
CHRONIQUE. La défiance envers les politiques vaccinales contre le Covid-19 prospère sur les scandales sanitaires et environnementaux récents, permis par des expertises contestables, estime dans sa chronique Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».

 

Publié hier à 17h30, mis à jour à 07h01 le 06.02.2022

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Chronique. « On peut débattre de tout, sauf des chiffres. » Avec ce slogan, la communication gouvernementale pour la vaccination contre le Covid-19 résume bien la transformation en cours du débat public. Sur une variété de sujets, les choix politiques disparaissent de plus en plus derrière la rationalité – réelle ou supposée – de l’expertise scientifique. Le désaccord n’est alors plus possible, sauf à être soupçonné de complotisme ou de dérive antiscience.

 

Indépendamment de toute autre considération sur la gestion de la crise sanitaire, il est incontestable que les grandes orientations de la politique vaccinale du gouvernement ont suivi l’état le plus à jour de la connaissance scientifique, à mesure que celle-ci apparaissait dans les revues savantes.

 

D’où vient, alors, cette défiance qui traverse la société, et qui va probablement bien au-delà d’une petite minorité de militants antivaccins ? La réponse se trouve sans doute, en partie, dans l’accumulation de scandales sanitaires ou environnementaux rendus possibles par une expertise défaillante. Galvauder l’autorité de la science pour défendre des décisions politiques ou des intérêts particuliers est l’un des creusets de la défiance. Ce n’est pas un hasard si c’est aux Antilles, où les autorités ont jadis permis l’empoisonnement à grande échelle de l’environnement et de la population par un pesticide toxique et persistant, le chlordécone, que la défiance vaccinale a atteint son paroxysme.

 

C’est un autre pesticide célèbre, le glyphosate, qui a alimenté le soupçon ces dernières années. Il n’a été réautorisé en 2017 en Europe que pour cinq ans, après les avis favorables des agences réglementaires de l’Union européenne (UE), qui ont conclu à l’opposé du Centre international de recherche sur le cancer. Ce dernier avait classé la même substance « cancérogène probable » en mars 2015. Sept ans plus tard, la controverse n’a pas bougé, et une nouvelle expertise européenne s’achève en vue de la réautorisation du célèbre herbicide, en décembre 2022.

Éventuels conflits d’intérêts

En janvier, la Commission nationale de la déontologie et des alertes en matière de santé publique et d’environnement (CNDASPE) a pris ses responsabilités en demandant que soient examinées les expertises européennes conduites, depuis 2014, sur le fameux produit.

 

Le gouvernement n’a, à ce jour, donné aucune réponse publique à ces demandes, à savoir constituer deux groupes de personnalités qualifiées pour, d’une part, juger de la validité des choix scientifiques opérés dans le cadre de l’expertise et, d’autre part, analyser les éventuels conflits d’intérêts des experts européens y ayant participé."

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