Un sexe amovible, une arme de compétition spermatique | EntomoScience | Scoop.it

"Savez-vous pourquoi les chimpanzés ont, proportionnellement à leur corps, des testicules plus gros que ceux des gorilles ? Parce que chez les premiers, une femelle peut s’accoupler avec plusieurs mâles, alors que chez les seconds, les femelles se reproduisent le plus souvent avec un seul mâle. C’est un exemple d’adaptation morphologique liée à la compétition spermatique. L’idée est que la rivalité entre mâles pour assurer la transmission de ses gènes à la descendance existe avant l’accouplement, pendant l’acte, mais également après, à l’intérieur même de la femelle ! Les chimpanzés ont de gros testicules pour produire une grande quantité de sperme afin de diluer celui des rivaux.

Cette guerre post-accouplement a conduit à la sélection de nombreuses stratégies dont certaines sont très… ingénieuses, voire perverses.

 

Quelques exemples avant d’en arriver à la bestiole du jour."

 

Par Loïc Mangin. Best of bestioles, 05.08.2013

 

 

"Chez les agrions, des insectes proches des libellules et connus sous le nom de demoiselles, le pénis est une sorte de goupillon qui « nettoie » les voies génitales des femelles et ôte le sperme des précédents mâles.

 

Autre stratégie, plutôt efficace : faire durer l’accouplement, afin de laisser le temps aux spermatozoïdes de féconder les ovules de la femelle. C’est ce que font certains phasmes, tel Necroscia sparaxes, qui peut rester dans la femelle près de… 80 jours.

 

La mouche Drosophila bifurca a choisi une autre option : les mâles produisent des spermatozoïdes de six centimètres de longueur, soit 30 fois la longueur de l’individu ! La cellule empêcherait ainsi le passage à d’autres spermatozoïdes.

 

A ce stade, plusieurs questions se posent. D’abord, la femelle participe-t-elle à cette compétition spermatique ? La réponse est oui. Chez les insectes, les femelles contrôleraient l’ouverture et la fermeture des spermathèques (les réceptacles à la semence mâle) afin de privilégier tel ou tel mâle. Autre interrogation, l’espèce humaine est-elle au-dessus de ces contingences ? Non, le gland, dont la taille est « surdimensionnée » par rapport à celle de la verge remplirait le même rôle que le goupillon chez les agrions ! »

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[Image] Un mâle Drosophilia bifurca et son spermatozoïde géant enroulé autour de l’insecte. Crédit : S. Pitnick