En permettant de modifier l’ADN avec une facilité déconcertante, les outils d’ingénierie génomique comme CRISPR-Cas9 ouvrent la voie à des questionnements éthiques et législatifs complexes.
Quelle éthique pour les ciseaux génétiques ? Par Léa Galanopoulo, CNRS Le journal, 20.06.2016
"... Selon Patrick Gaudray*, la question cruciale autour des CRISPR reste celle des applications non humaines. « Nous avons désormais des outils à portée de main qui permettraient de faire disparaître une espèce », souligne-t-il, faisant référence à une expérience de 2015 qui avait rendu stérile le moustique tigre, à l’aide des CRISPR, pour limiter la transmission de la dengue. « L’éradication du moustique est une réalité totalement envisageable aujourd’hui ! Les approches techno-centrées sont-elles justifiées, sachant qu’on affecte de manière irréversible la biodiversité ? », s’interroge le chercheur. Cette vision utilitariste est, en tout cas, déjà de mise aux États-Unis, où la Food and Drug Administration a autorisé la commercialisation de champignons de Paris modifiés, via des CRISPR, pour ne jamais noircir. A-t-on réellement besoin de modifier durablement ces organismes vivants dans un tel but ?"
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[*] directeur de recherche en génomique au sein de l’unité Génétique, immunothérapie, chimie et cancer et membre, de 2008 à 2016, du Comité consultatif national d’éthique.