Mieux que la décroissance ? La "désinnovation" ! | EntomoScience | Scoop.it
Apprendre à «faire sans» une nouvelle technique, réutiliser au lieu de reconstruire: désinnover est une façon écologique de préserver la planète dans des secteurs aussi variés que l’agriculture, les transports, ou le BTP.

 

par Nicolas Celnik

publié le 2 juin 2022 à 18h31
 

"Et si le futur de l’innovation ne consistait pas à développer un nouvel outil, mais à en enlever un qui existe déjà ? Cette piste, qui n’est pas à proprement parler la manière orthodoxe d’envisager le progrès technique, est pourtant en train de se frayer un chemin dans les sphères écolos. On lui trouve un ensemble de noms, qu’il s’agisse de «désinnovation», «arts de la fermeture» ou de «redirection écologique».

 

L’idée de départ est simple : nous sommes en pleine catastrophe écologique. Celle-ci est causée par un ensemble de technologies dont nous dépendons au quotidien, qu’il s’agisse de pesticides, du smartphone ou des centrales nucléaires. Une énième mise à jour de logiciel, un drone épandeur de pesticides ou un hypothétique avion thermique ne permettront vraisemblablement pas de résoudre cette crise. Au contraire : ce sont plutôt des causes de l’impasse actuelle que des remèdes. Ou, selon les mots d’Alexandre Monnin, Diego Landivar et Emmanuel Bonnet, coauteurs de Héritage et fermeture. Une écologie du démantèlement (Divergences, 2021), ces objets et ces infrastructures qui nous encombrent sont des «communs négatifs»."

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→ « Le tournevis plutôt que la bêche » : une écologie du démantèlement – Libération, 23.07.2021 https://www.liberation.fr/idees-et-debats/le-tournevis-plutot-que-la-beche-une-ecologie-du-demantelement-20210723_54QWFPLPRZCG5GU2FKO7YRZAOE/

 

La révolution écologique sera noire, comme le cambouis : dans un court essai, Emmanuel Bonnet, Diego Landivar et Alexandre Monnin, enseignants à l’ESC-Clermont s’attaquent aux "communs négatifs", ces biens polluants qui doivent être démantelés pour garantir l’habitabilité de la planète.

 

par Clara Guillard

publié le 23 juillet 2021 à 10h00
 

En septembre 2020, Emmanuel Macron défendait avec ferveur la 5G devant un parterre d’entrepreneurs de la French Tech, moquant ceux qui voudraient «relever la complexité des problèmes contemporains en revenant à la lampe à huile». Les propos, méprisants et caricaturaux, ont soulevé une vague d’indignation. Et pourtant, ils posent un paradoxe bien réel, sur lequel achoppe encore une partie de la réflexion écologiste : la survie de l’humanité dépend de ce qui la tue à petit feu. Comment vivre aujourd’hui sans l’agriculture intensive, qui nourrit des millions d’êtres ? Se chauffer sans électricité produite au charbon ou par des centrales nucléaires dont nous ne savons que faire des déchets radioactifs ?

 

Emmanuel Bonnet, Diego Landivar et Alexandre Monnin, enseignants à l’ESC-Clermont Business School se saisissent de cette question dans leur dernier essai, Héritage et fermeture. Une écologie du démantèlement, paru aux éditions Divergences.

 

À rebours des injonctions à la désertion ou à la rupture, ils plaident pour la reconnaissance de la dépendance que les infrastructures capitalistes – routes, réseaux de communication, usines pétrochimiques – ont tissé à tous les niveaux de nos modes de subsistance. Se reconnecter à la nature passe donc d’abord par une «déconnexion» à l’égard d’un système technique polluant, productiviste et extractiviste (la «Technosphère») qui ne peut se contenter de la puissance d’imaginaires nouveaux et bucoliques. Tournevis à la main, les trois auteurs prônent une gestion collective et pragmatique du «patrimoine noir» de l’humanité : fleuves et sols pollués, câbles sous-marins, avions…