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Biodiversité : interactions plantes-pollinisateurs | Collège de France

Biodiversité : interactions plantes-pollinisateurs | Collège de France | EntomoScience | Scoop.it
Emmanuelle Porcher est directrice depuis 2020 du Centre d'écologie et des sciences de la conservation. Lauréate en 2020 du prix Recherche de la Société française d'écologie et d'évolution, elle est invitée à occuper la chaire annuelle Biodiversité et écosystèmes du Collège de France pour l'année 2023-2024. Elle revient sur les enjeux de recherche auxquels nous nous heurtons face au déclin des pollinisateurs et de tous les écosystèmes dont ils font partie.

 

Il y a un risque de voir disparaître un grand nombre d’espèces de plantes

 

Publié le 14 décembre 2023

 

Entretien avec Emmanuelle Porcher

 

Que sait-on aujourd’hui sur le déclin des insectes pollinisateurs ?

 

Emmanuelle Porcher : Les rares études menées sur le sujet concluent à une disparition de deux tiers à trois quarts de la masse d'insectes en seulement l’espace de quelques décennies. Ces chiffres viennent de deux exemples bien documentés, qui ont attiré l'attention dans le monde de la recherche. En Allemagne, une association naturaliste a utilisé des pièges identiques pendant environ trente ans pour capturer et peser régulièrement la masse d'insectes. Une autre étude au Royaume-Uni a comparé les écrasements d'insectes sur les plaques minéralogiques des voitures entre 2004 et 2021. Cependant, ces études restent à une échelle régionale localisée, et ne permettent pas la caractérisation de ces changements à une échelle mondiale.

 

L’un des obstacles auxquels nous nous heurtons aujourd’hui est de mettre en évidence ce déclin à une plus large échelle. Pour y parvenir, nous devons utiliser des méthodes standardisées et le faire sur le long terme. Par exemple, en France, bien que les jeux de données des collections du Muséum national d’histoire naturelle soient très précis en termes d’identification des espèces, ils sont issus d'observations collectées de manière hétérogène au fil des années. Leur utilisation pour évaluer le déclin des insectes s'avère donc difficile malgré notre impression de connaissance. Des outils d’analyse statistique existent pour prendre en compte cette hétérogénéité, mais leur efficacité reste encore mal connue. Les synthèses disponibles à l'échelle mondiale divergent donc à cause de l’hétérogénéité des données : certaines signalent un déclin rapide des insectes, d'autres ne détectent aucun problème et certaines mentionnent même une augmentation dans certains environnements.

 

Dans ce contexte, les sciences participatives peuvent, de prime abord, sembler être un épiphénomène. En réalité, elles changent complètement la dimension de nos recherches dans les sciences naturelles en augmentant considérablement l’échelle des mesures, tout en s’appuyant sur un protocole unique et standardisé. Au lieu de compter uniquement sur un chercheur pour collecter ces données, plusieurs centaines de citoyens font remonter les mêmes informations, assurant ainsi une cohérence dans les données recueillies. Au Muséum national d'histoire naturelle, le programme de sciences participatives Vigie-Nature, en place depuis 1989 pour les oiseaux, se penche en particulier sur l’étude des insectes pollinisateurs, mais aussi celui des plantes pollinisées par ces derniers depuis une quinzaine d’années. En France, nos connaissances acquises sur les changements de la biodiversité ces dernières années proviennent en grande partie des sciences participatives.

 

On entend beaucoup parler du déclin des insectes. Les plantes, qui dépendent de ces derniers, sont-elles affectées ?

 

Elles changent elles aussi, même si c’est d’une façon différente. Par exemple, la taille de leurs fleurs a diminué en comparaison d’il y a quelques années. Pour le démontrer, Pierre-Olivier Cheptou, biologiste de l’évolution à Montpellier, a utilisé une approche appelée « l’écologie de la résurrection » : il a cultivé d’anciennes graines de pensées pour ensuite les comparer avec des graines récentes de la même population. Son constat est clair : les plantes ont actuellement des fleurs plus petites par rapport à il y a vingt ans. Cette réduction peut s'expliquer par la diminution de la présence des insectes pollinisateurs : quand il n’y a plus de pollinisateurs à attirer, la sélection naturelle favorise des fleurs plus petites, moins coûteuses à produire.

 

Il faut comprendre que le principal moteur de la pollinisation, ce sont les insectes. En buvant le nectar des plantes et en mangeant leur pollen, ils trouvent leur source de nourriture et, en transportant les cellules reproductrices entre les plantes, ils garantissent la reproduction de ces dernières. Ce cobénéfice a favorisé, au cours de l’évolution, les plantes ayant des caractéristiques attrayantes pour les pollinisateurs. Par exemple, nous savons que les insectes sont attirés par les couleurs jaunes, bleues et ultraviolettes – d'où la présence de fleurs dans ces teintes. Il arrive même qu'une même espèce de plante, en fonction de la population et du pollinisateur dominant, change de couleur. Par exemple, en Californie, une plante côtière pollinisée par des colibris a des fleurs rouges. Loin de la côte, pollinisée par un papillon, elle présente des fleurs jaunes.

 

Quand les pollinisateurs deviennent plus rares, les plantes peuvent s’adapter, en changeant leur façon de se reproduire. Une possibilité est de recourir à l’autofécondation, c’est-à-dire la reproduction d’une plante avec elle-même, sans avoir besoin de pollinisateurs. C’est le cas de certaines plantes céréalières comme le blé. Les plantes sauvages autofécondes, d’une part, ont des fleurs plus petites et avec moins de ressources pour les pollinisateurs, et, d’autre part, s’adaptent moins bien aux changements de leur environnement. Nous sommes donc en train de rentrer dans une spirale infernale : il y a de moins en moins de plantes avec de grandes fleurs attirantes et nourrissantes pour les pollinisateurs, ce qui contribue à faire diminuer les populations et à favoriser l’évolution des plantes vers des fleurs encore plus petites et plus autofécondes. Et à terme, celles-ci ne vont pas très bien s'adapter aux variations de l’environnement, par exemple les changements du climat. Il y a donc un risque de voir disparaître un grand nombre d’espèces de plantes.

 

Quelles conséquences ces transformations ont-elles sur la pollinisation et, plus largement, sur la production agricole ?

 

Il est probable que la pollinisation soit de moins en moins efficace, mais nous manquons de mesures sur le long terme pour le prouver. C'est précisément l'un des domaines sur lesquels je travaille. Néanmoins, certaines études suggèrent que les rendements des espèces de plantes cultivées, qui dépendent fortement des pollinisateurs, ont diminué ces dernières décennies. Prenons l'exemple des amandiers : la quantité d'amandes produites par hectare diminue dans le monde en raison d'une pollinisation moins efficace. Cependant, la demande mondiale de ce produit reste constante voire augmente, ce qui pousse les cultivateurs à planter des surfaces plus importantes. Il existe même aujourd'hui des entreprises proposant des machines à polliniser ! Ces machines, sous forme de gros tracteurs, pulvérisent du pollen dans les champs. Ce cas des amandiers n'est pas unique. En Bourgogne, les producteurs de liqueur de cassis rencontrent de sérieux problèmes de production. L’écologue Marie-Charlotte Anstett a démontré que l'introduction de nombreux bourdons autour des plants de cassis multiplie par deux voire quatre la production de cassis, permettant aux agriculteurs de générer jusqu'à 15 000 euros de bénéfices supplémentaires par hectare.

 

Le déclin des insectes et celui du potentiel de la pollinisation ont également un impact sur notre alimentation. Un tiers du volume total de la production agricole et une proportion importante des vitamines essentielles à notre alimentation dépendent des pollinisateurs. Par exemple, 98 % de la production en vitamine C d'origine naturelle provient des plantes, telles que les agrumes, qui requièrent des insectes pollinisateurs.

 

Quelles solutions peut-on envisager pour mieux protéger les plantes, les pollinisateurs et, avec eux, notre agriculture ?

 

De façon générale, il faut laisser plus de place au vivant sauvage et à sa diversité. Cela passe bien sûr par un renforcement des espaces naturels protégés, mais aussi par des changements qui permettent aux espèces sauvages de cohabiter avec les humains et leurs activités.

 

Concernant l'agriculture, jusqu'à présent, la tendance était d'opter pour des champs comprenant uniquement l'espèce cultivée en utilisant des pesticides pour lutter contre les mauvaises herbes et les espèces dites « ravageurs des cultures ». Une solution possible pour éviter leur recours est de diversifier les aménagements en réintroduisant des haies, des petits bois, des mares et des prairies permanentes. En ce moment, par exemple dans le nord de la France, les agriculteurs ne peuvent pas se passer des pesticides, car il n'y a plus d'éléments naturels dans ces paysages agricoles qui permettent d’abriter des prédateurs naturels pour contrôler les ravageurs. Des propositions sont faites pour rendre compatible le retour de ces éléments naturels dans les paysages agricoles avec l’utilisation de machines. Certains imaginent des configurations avec des champs allongés et juste assez d'espace pour faire passer une moissonneuse-batteuse et des haies de chaque côté afin de conserver des rendements élevés en réduisant, voire en abandonnant les pesticides. Ce n’est pas un pur fantasme : des scénarios à l’échelle européenne ont montré que recourir à l’agroécologie serait viable pour notre agriculture. Concernant l'impact sur les espèces sauvages, les études actuelles laissent entrevoir des résultats positifs. Par exemple, dans des champs en agriculture biologique, sans pesticides ni engrais de synthèse, il y a 50 % d'individus en plus et 25 % à 30 % de diversité d'espèces sauvages supplémentaires.

 

Les champs ne sont pas les seuls espaces sur lesquels nous devons agir si nous voulons préserver la biodiversité. Les espaces urbains doivent être, eux aussi, aménagés en conséquence. Certaines initiatives telles que l'installation de ruches d'abeilles domestiques en ville ont été entreprises. Cela reste une bonne idée en soi, cependant ces abeilles ne trouvent pas toujours une alimentation suffisante dans les plantes ornementales des villes. Ces plantes ont souvent été modifiées par la sélection humaine et ne sont pas toujours riches en ressources. Certaines études ont également montré qu'une forte densité de ruches peut entraîner une compétition entre abeilles et pollinisateurs sauvages, privant les derniers de ressources alimentaires : il est donc important de renforcer la diversité en plantes sauvages y compris au cœur des villes.

 

Sur le plan collectif, nous devrons revoir nos normes en matière d'aménagement des espaces urbains. Par exemple, des plantes mal aimées comme les orties, souvent écartées des espaces verts, peuvent être bénéfiques pour de nombreux chenilles et papillons. Le lierre, fleurissant en automne lorsque les autres ressources se raréfient, peut être cultivé pour soutenir les abeilles, leur évitant d'être nourries en hiver si elles ont stocké suffisamment de miel provenant du lierre autour de leurs ruches.

 

Pensez-vous que la biodiversité soit suffisamment prise au sérieux dans les politiques actuelles ?

 

Étant donné les problématiques actuelles, il est nécessaire de dépasser l'image traditionnelle de l'interaction entre les plantes et les pollinisateurs. Les fleurs et les papillons, c’est mignon, oui. Mais il est crucial de comprendre que c'est un système complexe qui sert de fondations au monde dans lequel nous vivons : nous commençons seulement à en saisir les rouages et la complexité totale échappe encore à notre compréhension. Cela a des implications directes pour nous, les humains.

Il est possible que ce que nous considérons comme insignifiant soit en réalité très important et qu'à un certain seuil, ce système subisse une transformation radicale, avec des répercussions non seulement sur nos ressources alimentaires, mais également sur la qualité de notre environnement. En ce qui concerne la crise de la biodiversité, nous n'avons peut-être pas encore pris la pleine mesure du problème.

 

Propos recueillis par Emmanuelle Picaud

 

 

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Haro sur les revues prédatrices en médecine

Haro sur les revues prédatrices en médecine | EntomoScience | Scoop.it
CHRONIQUE. La Conférence des doyens de médecine et le Conseil national des universités pour les disciplines de santé ont publié, en juin, une liste de 3 400 revues scientifiques à privilégier pour publier les travaux de recherche.

 

Nathalie Brafman

Publié le 06 juillet 2023

 

Vie des labos. C’est un vade-mecum destiné aux médecins hospitalo-universitaires et hospitaliers, aux enseignants-chercheurs et chercheurs travaillant dans les domaines de la médecine, de la santé et de la biologie. La Conférence des doyens de médecine (CDD) et le Conseil national des universités pour les disciplines de santé (CNU Santé) ont publié, lundi 19 juin, une liste de 3 400 revues non prédatrices, donc « recommandables ».

 

 

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Femmes et sciences. De l'invisibilisation de la pensée scientifique des femmes & autres chroniques du monde contemporain

Femmes et sciences. De l'invisibilisation de la pensée scientifique des femmes & autres chroniques du monde contemporain | EntomoScience | Scoop.it

Banque de données sur l’invisibilisation de la pensée scientifique des femmes (d’un certain « plafond de verre » dans le monde universitaire)

 

Mise à jour au 22 juin 2020

20 contributrices

 

 

Vous pouvez la consulter également ci-dessous par rubrique.

 

1. Absence de citation

           Ne pas mentionner les travaux d’un chercheur vous ayant précédé est un procédé classique d’élimination symbolique des concurrents dans le monde intellectuel. Il semble que ce procédé soit particulièrement fréquent s’agissant des concurrentes. Pourquoi, alors qu’une prime de sérieux devrait être accordée d’emblée à l’abondance des lectures et à la précision des sources, semble-t-il plus avantageux à un chercheur de s’abstenir de mentionner celles-ci lorsque cela l’obligerait à citer une femme ?

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2. Bibliographies lacunaires

           Les bibliographies sont des outils stratégiques de mise en visibilité des travaux sur lesquels s’appuie une contribution, donc de repérage du champ notionnel utilisé et de traçabilité des sources. Les lacunes y sont, bien sûr, inévitables – mais pourquoi celles-ci touchent-elles particulièrement les publications dues à des femmes ?

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3. Minimisation de l’influence

Il arrive que des chercheurs s’enthousiasment sincèrement pour les travaux d’une collègue. Mais il arrive aussi qu’ils oublient ensuite d’où ils viennent, ce qui revient à minimiser l’influence qu’ils ont pu exercer, y compris sur eux-mêmes.

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4. Déni d’antériorité

           Certes, « les idées sont de libre parcours », comme le stipule la loi, mais leur formulation constitue, elle, une « œuvre de l’esprit », dotée d’un auteur ainsi que d’un lieu et d’une date de publication. Cette dernière donnée est cruciale dans le monde intellectuel, car elle permet d’organiser la mise en valeur des contributions en fonction de ce critère primordial qu’est l’antériorité. Refuser de reconnaître celle-ci est un classique des mauvaises manières académiques – lesquelles sont encore plus courantes dès lors qu’elles visent une femme. 

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5. Déni d’originalité

           Traditionnellement les femmes sont perçues soit comme « inspirantes » (les muses), soit comme « inspirées » (par quelqu’un d’autre), mais non pas comme créatrices à l’origine de leur propre création. Ont-elles inventé quelque chose ? C’est probablement qu’il y a un homme derrière… 

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6. Condescendance

           Lorsque la situation ne permet pas l’invisibilisation pure et simple, ni l’imputation à autrui, ni le dénigrement, reste une ressource éprouvée pour minimiser l’apport de quelqu’un : la condescendance. Surtout lorsque le quelqu’un en question est une quelqu’une…

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7. Pillage, appropriation, plagiat

Une fois invisibilisée, rabaissée, minimisée, une contribution intellectuelle est évidemment plus facile à piller : l’appropriation se fait sans même, probablement, avoir à y penser… « Seeing your ideas live in the work of others », mentionne le manifeste des Guerrilla Girls parmi“The Advantages of Being a Woman Artist”

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8. Effacement délibéré

           On peut se demander quelle est la part de conscience ou d’inconscience dans ces pillages et appropriations dont les femmes sont les premières victimes. Il arrive toutefois que l’effacement soit parfaitement délibéré.

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9. Déni d’invisibilisation

Si certains procèdent sciemment à l’invisibilisation des contributions de celles qui ne leur paraissent pas mériter la lumière, d’autres le font, semble-t-il, en toute bonne foi : ce n’est pas qu’ils ne veulent pas les voir, mais c’est qu’ils ne voient même pas qu’ils ne les voient pas… C’est le comble de l’invisibilisation : elle reste invisible y compris à ceux qui la pratiquent. Comme dit l’adage : « Quand on ne voit pas ce qu’on ne voit pas, on ne voit pas qu’on ne le voit pas ».

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10. Sexisme au féminin

           Le sexisme est la chose au monde la mieux partagée, y compris par des femmes : même celles qui sont promptes à dénoncer le « machisme » des hommes ne se privent pas d’invisibiliser leurs consœurs… L’on ne parle jamais assez du sexisme de certaines femmes !

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11. Accusation de prétention

Réclamer d’être citée proportionnellement à ses apports conceptuels n’est pas forcément perçu comme une demande légitime de justice, mais peut apparaître comme une forme de prétention ou de focalisation sur d’insignifiantes blessures d’amour-propre, voire comme un aveuglement quant à sa propre visibilité.

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12. Résultat : retard à la reconnaissance

           « Knowing your career might pick up after you’re eighty », mentionne aussi le manifeste des Guerrilla Girls parmi “The Advantages of Being a Woman Artist”… Dans le monde académique, il serait intéressant de comparer les âges d’accès aux principaux indicateurs de reconnaissance entre hommes et femmes, à niveaux équivalents de publication. On découvrirait probablement qu’il vaut mieux pour cela avoir de la moustache – soit parce qu’on est un homme, soit parce qu’on est âgée…

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Bernadette Cassel's insight:

 

 

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« Vivre une expérience et ne pas la transmettre, c'est la trahir » : Institut Covid-19 Ad Memoriam

« Vivre une expérience et ne pas la transmettre, c'est la trahir » : Institut Covid-19 Ad Memoriam | EntomoScience | Scoop.it
Institut de l'Université de Paris et de l'IRD. Associer des mondes multiples pour penser ensemble la pandémie de COVID-19.

 

Université de Paris, 06.04.2021
 
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NDÉ
Pour aller plus loin
 
 

L’Institut Covid-19 Ad Memoriam, présidé par la Pr. Laëtitia Atlani-Duault, est un nouvel institut de l’Université Paris Cité et de l’IRD.


Créé sous l’égide du World Health Organisation Collaborative Center for Research on Health and Humanitarian Policies and Practices, il associe un très grand nombre d’institutions de la recherche, de la santé, du droit et de la justice, des associations, des cultes, des arts et de la culture. L’ambition de l’Institut est d’ouvrir un débat et de partir à la rencontre de tous.

 

L’objectif de l’Institut est de créer un lieu de mémoire numérique pour ouvrir le dialogue et préparer gouvernants et citoyens aux crises à venir. Il propose d’écouter et de collecter les expériences pour comprendre et se souvenir, car il n’y a pas d’espérance sans mémoire.

 

Lire l’article Un institut Covid pour se souvenir et préparer les prochaines crises

 

 

 

L’ensemble du projet sera conduit en étroite collaboration avec l’Institut Covid 19 Ad Memoriam.

 

Cet appel à projets constitue une déclinaison importante de l’initiative portée par l’Institut Covid-19 Ad Memoriam qui associe des « mondes » multiples – chercheurs, soignants, artistes, juristes, associations de victimes, autorités spirituelles, culturelles et grands courants de pensée, représentants de la société civile, entrepreneurs, étudiants… – pour élaborer une réflexion commune sur la pandémie de COVID-19 et collecter, archiver, analyser  les traces et mémoires de celle-ci.

Calendrier

La date limite du dépôt des projets de recherche pluridisciplinaire rédigés en français est fixée au 7 juillet 2021, à minuit.

 

 

 

Communiqué - Histoires de crise pour recueillir les témoignages des Français sur la pandémie de Covid-19
par la rédaction à partir du communiqué de presse - le 27 octobre 2021
 

Créé dès le début de la pandémie par l’anthropologue Laëtitia Atlani-Duault, l’Institut Covid-19 Ad Memoriam se donne pour mission de collecter, archiver et analyser les traces et mémoires de la pandémie. Avec la plateforme Histoires de crise, l’Institut franchit une étape majeure de son projet : la création d’un espace numérique de témoignages où chacune, chacun, quelles que soient ses expériences, peut venir raconter son vécu du Covid-19.

 

 

 

L’institut COVID-19 Ad Memoriam propose d’associer des « mondes » multiples – chercheurs, soignants, artistes, juristes, associations de victimes, autorités spirituelles et culturelles et grands courants de pensée, représentants de la société civile, philosophes, entrepreneurs… – pour penser ensemble la pandémie de COVID-19, qui constitue une rupture anthropologique majeure pour la société française et, plus largement notre monde globalisé. Les conséquences de cette crise sur la société seront nombreuses et durables, il s’agit de les mesurer, et de travailler à renforcer nos capacités d’anticipation et de résilience collective.

 

L’institut a pour Présidents d’honneur, les Professeurs Jean-François Delfraissy (Président du Conseil scientifique COVID-19) et Françoise Barré-Sinoussi (Présidente du CARE COVID-19).

Il est organisé comme un Consortium d’institutions majeures venant des mondes de la recherche, de la santé, du droit et de la justice, des associations de victimes, des autorités spirituelles et culturelles et grands courants de pensée, ou encore des arts et de la culture. 

Bernadette Cassel's insight:

 

 

(5 scoops)

 

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Notre relation amour-haine avec les insectes

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Topical Collection : Cultural Entomology: Our Love-hate Relationship with Insects

 

A topical collection in Insects (ISSN 2075-4450). This collection belongs to the section "Role of Insects in Human Society".

 

Insects, an international, peer-reviewed Open Access journal.

 

[Image] Editor

Dr. Joseph R. Coelho E-Mail Website
Institute for Franciscan Environmental Studies, Biology Program, Quincy University, Quincy, IL, USA
Interests: physiological ecology of insects; cultural entomology

 

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NDÉ

Traduction

(via ChatGPT)

 

L'entomologie culturelle est une discipline qui examine comment les humains perçoivent les insectes à travers les artefacts culturels. C'est une science jeune, qui découle principalement d'un article fondateur de Hogue (1987). Depuis lors, des travaux réalisés par des entomologistes et d'autres chercheurs ont abouti à une variété fascinante d'études, traditionnellement axées sur les médias tels que la musique, l'art et la littérature.

 

Cependant, des approches innovantes sur le sujet incluent des études sur les jeux vidéo (Shelomi 2019), les feux d'artifice (Coelho 2018) et les tatouages (Pearson 1996). Ces contributions ont non seulement développé la discipline, mais elles nous ont également permis d'aborder le sujet sous des perspectives indépendantes.

 

C'est grâce à cette diversité que des tendances générales émergent. Certaines tendances ont déjà été démontrées de manière claire ; par exemple, certains taxons sont constamment perçus de manière négative (les cafards), tandis que d'autres le sont de manière largement positive (les papillons). Bien que cette tendance particulière ne soit pas surprenante, d'autres commencent à émerger de manière plus subtile. Par exemple, des espèces chimériques avec un mélange d'anatomie humaine et d'insecte apparaissent à la fois dans l'art ancien en jade et sur des couvertures récentes (Coelho 2004).

 

Avec ce volume, nous espérons étendre les limites de l'entomologie culturelle pour approfondir notre compréhension de cette discipline intéressante et importante.

 

Dr. Joseph R. Coelho

Éditeur de la collection

Bernadette Cassel's insight:

 

 

Une collection thématique dans la revue Insects (ISSN 2075-4450). Cette collection appartient à la section "Rôle des insectes dans la société humaine"

 

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« Un monde sans insectes, ce serait une catastrophe »

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Par Coralie Schaub dans Libération - 11/04/2023

 

Le biologiste Dave Goulson publie un livre alarmant dans lequel il explique pourquoi nous ne pourrons pas survivre sans ces bestioles, dont les populations s’effondrent. Leur disparition rendrait la planète invivable pour les humains.

 

 

Lire l'article sur le site de "Libération" : 


https://www.liberation.fr/environnement/biodiversite/un-monde-sans-insectes-ce-serait-une-catastrophe-20230411_KXU7INKK35BIRK63L53BFAEYZ4/

 

 

C’est un livre choc. Aussi fascinant qu’horrifiant. Un nouveau cri d’alarme qui devrait nous extirper d’une torpeur individuelle et collective : en exterminant les insectes, nous condamnons notre civilisation. Dans Terre silencieuse, qui vient de paraître en français (Ed. Rouergue, 400 p., 23,80 euros), le biologiste britannique Dave Goulson, professeur à l’université du Sussex, explique à quel point notre destin est lié à celui de ces bestioles, belles, intelligentes, captivantes, mystérieuses, que nous faisons pourtant disparaître à un rythme ahurissant. Pour l’instant, nous n’en avons décrit et nommé qu’environ 1,1 million d’espèces, mais il pourrait y en avoir cinq fois plus.

 

Signataire en 2017, avec 20 000 autres scientifiques du monde entier, d’un «avertissement à l’humanité» publié dans la revue Bioscience et appelant à éviter «une souffrance généralisée et une perte catastrophique de biodiversité», il se désole de constater que depuis, rien n’a changé ou presque. Il redoute plus que jamais un «cataclysme imminent» si nous n’agissons pas illico pour enrayer «l’apocalypse des insectes». Et insiste : les solutions sont là.

 
 

Pourquoi les insectes sont-ils vitaux pour nous ?

 

Nous en avons tous besoin, où que nous habitions, que nous les aimions ou pas. Ils constituent la nourriture de la plupart des espèces d’oiseaux, de presque toutes celles de chauve-souris, des araignées, musaraignes, lézards, batraciens ou de nombreux poissons comme la truite et le saumon. Ils fournissent aussi une foule de «services écosystémiques». Environ 80 % de toutes les espèces de plantes dépendent de la pollinisation par les insectes. Et les trois quarts des cultures que nous faisons pousser dans le monde ne donneraient pas de bonnes récoltes sans les pollinisateurs. Cela inclut presque tous nos fruits et légumes, le chocolat ou le café. Ne resterait que celles pollinisées par le vent, comme le blé, l’orge, le riz ou le maïs. Mais il y a bien plus que la pollinisation…

 

C’est-à-dire ?

 

Les coccinelles, perce-oreilles, guêpes ou syrphes aident à contrôler d’autres insectes «nuisibles» comme les pucerons. Les insectes contribuent aussi à aérer et assainir le sol. Ils recyclent le bois mort, les feuilles, cadavres et excréments animaux. C’est discret, peu glamour mais vital, car cela rend les nutriments à nouveau utilisables par les plantes. En Australie, où il n’y avait pas le bon type de bousiers pour éliminer les bouses des vaches importées, celles-ci se sont accumulées sur des milliers de kilomètres carrés, étouffant l’herbe. Et beaucoup d’éléments chimiques trouvés chez les insectes peuvent être utilisés en médecine, par exemple pour lutter contre les bactéries résistantes aux antibiotiques. Chaque espèce qui s’éteint est une mine de médicaments potentiels disparue à jamais.

 

Un monde sans insectes, ce serait quoi ?

 

Ce serait la catastrophe. Il est difficile de voir comment les humains pourraient survivre sans les insectes. Peut-être qu’une poignée vivoterait, mais leur existence serait lugubre, morne, la civilisation disparaîtrait, de même que quasiment toutes les espèces de plantes et d’animaux. Ce serait un monde sans nourriture ou presque, sans fleurs, sans couleurs. Les insectes, qui sont à la base de la chaîne alimentaire, sous-tendent tout le reste. Si les pandas ou les rhinocéros s’éteignaient, ce serait triste, mais ça ferait peu de différence. Si nous perdions les insectes, tout s’écroulerait, pas uniquement les cultures agricoles. Et ce ne sont pas d’hypothétiques robots-abeilles qui nous sauveraient.

 

Le sous-titre de votre livre, en anglais, est «éviter l’apocalypse des insectes». Et vous écrivez que leur effondrement est «au cœur d’un cataclysme imminent». La situation est-elle si effroyable ?

 

Oui, cette «apocalypse» n’a pas encore eu lieu mais pourrait arriver demain. Ou alors, elle a eu lieu hier mais nous ne le savons pas encore. Nos écosystèmes appauvris sont résilients, mais jusqu’à un certain «point de rupture» que nous ne savons pas prévoir. Le biologiste américain Paul Ehrlich a comparé les espèces aux rivets d’un avion : si vous en enlevez un, deux, même dix, il vole toujours. Mais à un moment impossible à prédire, vous ôtez celui de trop et il s’écrase. Les insectes étant les rivets qui permettent aux écosystèmes de fonctionner, il semble prudent et urgent de freiner leur destruction.

 

Certaines conséquences de leur disparition sont déjà visibles. Les populations d’oiseaux qui en dépendent pour leur nourriture s’effondrent. En Angleterre, entre 1967 et 2016, le nombre de gobemouches gris a chuté de 93 %. Je n’en ai plus vu un seul depuis une vingtaine d’années, alors qu’enfant, j’en admirais très souvent. D’autres oiseaux très communs ont subi le même sort, comme la perdrix grise (-92 %), le rossignol (-93 %) ou le coucou (-77 %). Mais les humains souffrent déjà, eux aussi. Une étude publiée en décembre estime que 3 à 5 % de la production mondiale de fruits, légumes et noix sont perdus dans le monde à cause de la baisse du nombre de pollinisateurs, menant à une surmortalité de 427 000 personnes par an.

 

Pourquoi les populations d’insectes s’effondrent-elles à une vitesse folle ?

 

Il y a beaucoup d’inconnues car nous ne comptons pas la plupart des insectes et nous ne savons presque rien d’eux, y compris souvent de ceux que nous avons identifiés. Mais toutes les études de long terme qui ont été faites révèlent un déclin terrifiant. L’étude la plus connue est sans doute celle publiée en 2017 indiquant que le poids total des insectes pris au piège dans des réserves naturelles allemandes a chuté de 76 % en à peine vingt-sept ans, entre 1989 et 2016. Deux ans plus tard, une autre étude allemande constatait même un déclin encore plus rapide. Et les recherches dans d’autres pays développés vont dans le même sens. Les célèbres et merveilleux papillons monarques qui passent l’été aux Etats-Unis et au Canada et l’hiver au Mexique ont perdu 80 % de leur population entre 2006 et 2016. Pour ceux qui hivernent en Californie, c’est un quasi-anéantissement, avec une chute de 97 % entre 1997 et 2018. Ailleurs, les données manquent, faute d’études de long terme. L’étendue du déclin n’est pas connue en Amérique du Sud ou en Afrique, mais vu les pertes massives d’habitat sous les tropiques, dues notamment à la déforestation, il serait très surprenant que celle-ci ne soit pas considérable.

 
 

Nous manquons aussi de recul historique.

 

C’est vrai. L’étude allemande dont je viens de parler a démarré en 1989, soit vingt-sept ans après la publication du célèbre livre Printemps silencieux, de la biologiste américaine et lanceuse d’alerte Rachel Carson, qui insistait déjà sur l’effet des pesticides sur l’environnement, donc sans doute bien après le début du déclin des insectes. Nous pourrions facilement avoir déjà perdu 90 % de ceux qu’il y avait il y a une centaine d’années, avant l’apparition des pesticides et de l’agriculture industrielle. Et cela continue. C’est vertigineux, sidérant et la plupart des gens ne l’ont même pas remarqué, car nous souffrons tous d’une forme d’amnésie, générationnelle et personnelle. Nous acceptons comme normal le monde dans lequel nous grandissons, même s’il est très différent de celui dans lequel nos parents ont grandi et nous oublions même les changements graduels qui s’effectuent au cours de notre vie. La seule chose qui frappe l’esprit des plus de 40 ans est le fait que leur pare-brise ne soit plus constellé d’insectes après un voyage en voiture, comme c’était encore le cas à la fin du XXe siècle.

 

Comment en sommes-nous arrivés là ?

 

Les causes de la disparition des insectes sont multiples, mais toutes dues à l’homme. Nous détruisons leurs habitats pour les remplacer par du béton, des monocultures industrielles ou du gazon dénué de fleurs sauvages. Nous les exposons depuis des décennies à un cocktail mortel de pesticides de plus en plus dangereux. Par exemple, les néonicotinoïdes, qui attaquent le cerveau des insectes et altèrent leur système immunitaire, sont 7 000 fois plus toxiques que le DDT [un insecticide désormais interdit dans de nombreux payx, ndlr] et se répandent dans l’environnement. Ils sont massivement utilisés dans le monde, y compris dans les produits antipuces pour chiens et chats. Les fongicides et les herbicides comme le glyphosate sont eux aussi une tragédie pour les insectes. Nous introduisons des espèces invasives, des parasites et des maladies qui leur sont fatales. Nous illuminons de plus en plus la nuit (+2 à 6 % par an !), ce qui en tue des milliards. Ajoutez à cela les ravages croissants du dérèglement climatique et sans doute quantité d’autres causes que nous n’avons pas encore identifiées (nouveaux pesticides, métaux lourds, PCB [un polluant organique persistant], pollution de l’air). Tous ces facteurs de stress se cumulent, interagissent, de sorte que les insectes sont «bombardés» de toutes parts. Seules quelques espèces semblent profiter de notre présence et du changement climatique : malheureusement, il s’agit des cafards, moustiques, mouches ou punaises de lit…

 

Est-il trop tard ?

 

Je ne pense pas, je n’espère pas. Mais nous devons tous agir, d’urgence. Chacun peut faire de son jardin ou de son balcon une zone zéro pesticides parsemée de fleurs favorables aux pollinisateurs. La plupart d’entre nous pouvons acheter des produits de l’agriculture biologique, locaux, de saison. Nous pouvons réduire le gaspillage alimentaire et la consommation de viande : dans le monde, nous produisons trois fois plus de calories que nécessaire pour nourrir la population humaine, mais un tiers sert à engraisser les animaux et un autre tiers part à la poubelle. Nous pouvons voter pour des politiques vraiment prêts à agir. Prêts, surtout, à changer en profondeur le modèle agricole actuel, qui est un désastre et une impasse, pour produire une nourriture saine et abondante avec la nature et non contre elle. En réorientant les subventions, en taxant les pesticides… Nous avons les solutions, elles sont très simples, j’en cite beaucoup dans mon livre, mais elles gênent des lobbys puissants, qui bloquent.

 
 

L’ «alerte des scientifiques à l’adresse de l’humanité» que vous avez signée en 2017 ne semble pas avoir suffi à créer un électrochoc.

 

Hélas, non. C’était pourtant la deuxième alerte du genre après celle de 1992. Notre message était franc, direct, sans détour : la vie telle que vous la connaissez sur cette planète va prendre fin, votre civilisation va tomber en ruines si vous ne vous réveillez pas et ne stoppez pas la destruction de la nature. Si des dizaines de milliers de scientifiques disent cela, ils devraient être écoutés. Mais rien ne s’est passé. La plupart des gens, y compris des politiciens, ne comprennent pas la gravité de la situation. Je ressens une immense frustration, une colère, et je suis inquiet pour le sort de mes enfants et le monde dans lequel ils devront vivre. Tout le monde se préoccupe de ses enfants, n’est-ce pas ? Nous faisons tant de choses pour essayer de les aider… à part s’assurer qu’ils auront une planète vivable. Pourtant, rien ne nous oblige à continuer ainsi et à compromettre notre avenir à court terme. Nous recherchons toujours plus de combustibles fossiles, brûlons toujours plus de forêts équatoriales, mais nous pourrions arrêter demain. Il n’y a pas de fatalité. Si nous réapprenions à vivre avec la nature, à aimer et respecter les insectes, nous pourrions tous mener une existence épanouie. La prise de conscience croissante de ces enjeux, notamment par les jeunes, me donne un peu d’espoir."

 

 

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Match inégal ­entre les deux combats qui sont à mener aujourd’hui : la lutte contre le réchauf­fement climatique et celle contre la disparition de la biodiversité

Match inégal ­entre les deux combats qui sont à mener aujourd’hui : la lutte contre le réchauf­fement climatique et celle contre la disparition de la biodiversité | EntomoScience | Scoop.it
Dans son dernier ouvrage «A l’Aube de la 6e extinction. Comment habiter la Terre», le paléontologue Bruno David décrit les menaces fulgurantes qui pèsent sur certaines espèces, un effondrement dont l’homme est la cause principale. Il rappelle que la biodiversité est notre assurance vie, notre meilleure alliée contre les pathogènes.

 

« En éradiquant nombre d’espèces sauvages, les humains deviennent la cible privilégiée des virus » – par Catherine Calvet

publié le 3 février 2021, mis à jour le 26 janvier 2022 (abonnés)
 

"Président du muséum national d’Histoire naturelle et paléontologue, Bruno David a récemment publié un livre d’une grande clarté sur un sujet multiforme, la biodiversité. Dans A l’Aube de la 6e extinction. Comment habiter la Terre (Grasset, ­janvier), ce biologiste de formation ne renonce pas ­devant la complexité du sujet, et parvient à nous faire sentir humbles devant cette innovation permanente, cette imprévisibilité qui n’est autre que le cœur de la vie sur Terre."

 

Pourquoi parlez-vous de match inégal ­entre les deux combats qui sont à mener aujourd’hui : la lutte contre le réchauf­fement climatique et celle contre la disparition de la biodiversité ?

 

Il faut bien sûr se préoccuper des deux. Le climat est également une urgence. Mais la bio­diversité est une notion beaucoup plus dif­ficile à comprendre, à cerner. Bien que ce soit exact, il ne suffit pas de dire que c’est ce qui est vivant sur Terre.

 

Alors que nous disposons de mesures, de chiffres concernant le réchauffement clima­tique, il est bien plus difficile de mesurer ­l’effondrement de la biodiversité. Son déclin se fait de façon presque invisible. Même si l’on constate autour de nous la disparition locale de certaines espèces d’oiseaux ou d’insectes, on ne réalise pas facilement l’énorme chute des effectifs des espèces que nous voyons ­encore. Car le bon fonctionnement des écosystèmes dépend aussi du nombre d’indi­vidus par espèce qui dépend de leur ­fertilité et des chances de survie des nou­velles générations. L’abondance, c’est-à-dire le nombre d’individus dans une population ou une espèce, est une notion clé, c’est elle qui détermine les relations et les synergies entre les différentes espèces.

 

Le vivant est-il beaucoup plus complexe que le climat ?

 

Oui car, contrairement au climat, on ne peut pas modéliser l’ensemble du vivant pour la simple raison qu’il ne répond pas à une ­logique déterministe ; le vivant est en évo­lution constante, en perpétuelle innovation depuis 3 800 millions d’années. Souvent on a pensé le contraindre, le diriger, mais il a généralement réagi autrement par rapport à ce que nous ­attendions et de façon complè­tement imprévisible. On exerce sans toujours le savoir des pressions de sélection darwinienne qui provoquent souvent d’autres effets que ceux ­escomptés. Par exemple, l’Australie et la Nouvelle-Zélande étaient envahies par les lapins, les autorités ont donc décidé d’introduire un nouveau prédateur pour contenir l’espèce ­invasive : le furet qui est la version domes­tique du putois. Le furet se reproduit très mal dans la nature donc, a priori, il ne ­risquait pas de devenir invasif. En Nouvelle-Zélande, on a toutefois croisé des furets avec des putois afin qu’ils s’adaptent mieux à un environ­nement sauvage. Aujourd’hui, on se retrouve avec des furets devenus sauvages qu’il faut éradiquer. Tout cela signifie que l’on ne peut pas prétendre gérer la nature, nous ne sommes pas des démiurges. Il faut renoncer à cette arrogance dans notre rapport à la ­nature. Nous pouvons agir, mais en restant modestes. La vie ne se gouverne pas. Il faut se défaire de notre déterminisme.

 

La prise de conscience de l’effondrement de la biodiversité est beaucoup plus ­récente que celle du réchauffement ­climatique, pourquoi ?

 

Oui, on le voit dans les différentes institutions internationales. Le Giec est plus ancien que la Plateforme intergouvernementale scien­tifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (Ipbes). Et les ­rapports du Giec sont aussi beaucoup plus ­médiatisés. Il est plus rapide et facile de comprendre que l’année 2020 est la plus chaude enregistrée depuis cent cinquante ans que de saisir les implications d’une étude sur les pollinisateurs. Car si l’on peut étudier le climat globalement, on n’appréhende la biodiversité que par petites touches. On peut calculer un indice climatique mondial, mais pas un indice mondial de la biodiversité. Certes, il convient d’être le plus pédagogue possible, mais on ne peut pas ­réduire la complexité inhérente à la vie en deçà d’un certain seuil. Il faut accepter de se coltiner une part de complexité, même dans les médias."

(...)

  

[Image] Un consortium international d’une cinquantaine de scientifiques de quinze nationalités différentes s’alarme du déclin accéléré de toutes les espèces d’insectes. Outre l’effondrement des populations d’abeilles domestiques, ils font état, mardi 24 juin, des résultats d’une étude qui sera publiée dans la revue Environnemental Science and Pollution Research, d’une disparition progressive des insectes et des oiseaux des champs.

 

En cause, les insecticides systémiques dits « néonicotinoïdes », qui représentent 40 % du marché mondial des insecticides agricoles – 2,6 milliards de dollars. Pulvérisés ou appliqués en traitement des sols, ils ne sont pas absorbés en une seule saison végétative. Ils polluent ainsi massivement les cours d’eau, les sols et les plantes.

 

via La disparition des insectes menace toute la biodiversité

Publié le 25 juin 2014 - Mis à jour le 04 juillet 2019
https://www.lemonde.fr/planete/visuel/2014/06/25/la-disparition-des-insectes-menace-toute-la-biodiversite_4445017_3244.html

 

Bernadette Cassel's insight:

 

Précédemment

 

  • La biodiversité et le climat sont un seul et même combat, alertent le GIEC et l’IPBES dans une collaboration inédite - De www.novethic.fr - 12 juin 2021, 17:17

 

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