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A l’heure où sort le projet de loi « pour un nouveau modèle énergétique français », il faut voir cette transition comme une excellente opportunité de verdir l’économie, mais surtout de gagner en compétitivité. En France et en Europe, les industriels ont déjà énormément progressé sur ce plan en optimisant de très nombreux postes. Malgré cela, ils voient leur compétitivité lourdement menacée, car les prix des matières premières sont à la hausse et les exportations à la baisse. Une situation aggravée par l’incertitude pesant sur les prix de l’énergie, dans la perspective de l’ouverture totale du marché à la concurrence, au 31 décembre 2015. Des prix qui, par ailleurs, n’ont cessé de croître depuis ces cinq dernières années. Et tout indique que la tendance ne va pas s’inverser.

 

Maîtriser le prix de l’énergie

Pourtant, la transition énergétique offre dès maintenant des motifs d’espoir aux industriels. Quatre solutions peuvent être déployées rapidement, à la fois pour anticiper les évolutions réglementaires et réduire rapidement les coûts pesant sur leur compétitivité. La première consiste à optimiser son contrat de fourniture d’énergie, en comparant les offres des différents fournisseurs, et à mener une stratégie d’achat à court et moyen termes. Les exemples de baisse de plus de 15 % du coût d’achat de l’énergie ne sont pas rares ces dernières années, tant pour le gaz que pour l’électricité. Et surtout, maîtriser ce coût (qui représente 14 % de la valeur ajoutée des entreprises françaises) est un vrai facteur de différenciation pour l’entreprise industrielle sur son marché. Les économies peuvent être substantielles, et réalisées très rapidement.

A plus forte raison si, comme c’est la tendance actuelle, l’industriel décide de s’unir entre plusieurs consommateurs via un groupement d’achat, pour ainsi négocier des « prix de gros » auprès des fournisseurs mis en concurrence. De nombreuses fédérations professionnelles sensibilisent leurs adhérents en ce sens.

 

Jouer sur l’effacement

Au-delà de l’optimisation de leur contrat de fourniture, les industriels peuvent recourir à l’effacement, c’est-à-dire l’arrêt momentané de chaînes de production ou de certains équipements fonctionnant à l’électricité. Vu du réseau électrique, qui doit faire coïncider en permanence offre et demande de courant, l’effacement s’avère moins coûteux que la mobilisation de puissance supplémentaire : une non-consommation coûte moins cher que la mise en route, pour quelques heures seulement, d’une centrale thermique de pointe. Les industriels acceptant ainsi de s’effacer momentanément du réseau en sont rémunérés : une source de recettes non négligeable, parfois chiffrée en centaines de milliers d’euros par an.

C’est aussi, pour eux, un moyen de mieux maîtriser leur courbe de charge, et donc d’éviter les pénalités pour dépassement de puissance souscrite. Cette solution est de moins en moins réservée aux électro-intensifs, et gagne l’intérêt des petits consommateurs diffus. Mais elle suppose une forte expertise des réseaux et des marchés électriques, pouvant être confiée à un intermédiaire qualifié, chargé de détecter toutes les consommations effaçables, site par site : c’est le métier d’agrégateur d’effacement.

 

Récupérer les calories perdues

Troisième levier d’amélioration de la compétitivité qu’offre la transition énergétique : la récupération d’énergie perdue. Il s’agit de transformer en énergie ce qui, sur site, était jusqu’alors considéré comme un déchet ou un sous-produit fatal : eaux usées, déchets divers, matières organiques, déperditions de vapeur. Pour un investissement modique (tuyauterie, échangeurs de chaleur), il est judicieux de faire la chasse à toutes les calories perdues au cours du process industriel, puis d’en constituer une source d’énergie. Une énergie utilisable sur site, ou cessible, moyennant rémunération, à des utilisateurs voisins, sous forme de vapeur ou de froid.

De quoi réduire sa dépendance au prix fluctuant des énergies acheminées de l’extérieur par le réseau. Dans le même esprit, il est possible d’implanter une cogénération sur son site industriel, alimentée par exemple avec les déchets produits par l’usine elle-même. Le nouveau régime juridique propre à la cogénération, en obligation d’achat ou sur le marché libre, laisse entrevoir une certaine rentabilité maintenant que ces centrales sont éligibles au marché de capacité : tout possesseur d’une unité de production d’électricité, qui tient celle-ci à disposition du réseau à tout moment, bénéficiera d’une prime, que sa centrale fonctionne ou non.

 

Se faire accompagner par un expert

Enfin, les industriels peuvent bénéficier d’un accompagnement dans le déroulement d’un programme d’économies d’énergie. La première étape en est l’audit énergétique, un excellent moyen d’identifier non seulement les pistes de réduction des consommations, mais aussi toutes les améliorations techniques envisageables sur le process, ainsi que les bonnes pratiques à appliquer (gestes utiles, régulation, etc.). Prévu par la directive européenne sur l’efficacité énergétique de 2012, ce dispositif est d’autant plus accessible qu’il est actuellement, et pour quelques mois encore, subventionné par l’Ademe et plusieurs aides régionales. Une fois l’audit réalisé, l’industriel définit un plan d’actions.


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Via Denis Vitel, Pharmacien et consultant