"Paradoxal discours sur la compétitivité
On nous dit que la compétitivité de l’entreprise vient de l’État. C’est à lui d’abaisser les charges des entreprises. Mais la compétitivité est un terme sportif ! Ce n’est pas être passif ! C’est se battre !
J’ai décidé d’enquêter. Qu’est-ce, réellement, que la compétitivité ? Comment rendre l’entreprise française compétitive, si la compétitivité est réellement son problème ?
Ce premier article (sur deux) fait une comparaison France/Allemagne. Car, lorsque l’on parle de compétitivité, "Allemagne" est le mot qui vient juste après. Qu’avons-nous à apprendre de l’Allemagne ? me suis-je demandé.
Beaucoup de travaux traitent du sujet. Ils sont cohérents, mais froids. J’ai cherché à leur donner un peu de vécu. Pour cela j’ai interviewé des personnes, généralement des dirigeants, qui connaissent bien les deux cultures. Leur point de vue apporte une dimension surprenante à la question…
Le Français est irrationnel
C’est déprimant ! Voici le sentiment que je partage avec mes interviewés. L’entreprise française est montée en dépit du bon sens. Surtout, avez-vous déjà écouté un Allemand ? Pour lui, tout ce qui n’est pas allemand est de mauvaise qualité. Et M. Montebourg ? Alors qu’il veut créer de l’emploi en France et qu’il est prêt à arroser d’argent du contribuable celui qui s’installera chez nous, son discours bravache terrorise l’homme d’affaires. Les étrangers n’ont que son nom à la bouche ! Il n’est pas seul. La France se fait une contre-publicité tonitruante. Le coq gaulois ne braille jamais avec autant d’arrogance que lorsqu’il a les pieds dans la crotte. Combien cela nous coûte-t-il ? Pourquoi sommes-nous aussi bêtes ?
Les racines culturelles de l'avantage allemand
Les logiques allemandes et françaises sont opposées. La logique allemande part du client ; la logique française de l’entreprise, ou de son dirigeant. La logique allemande est rationnelle. Elle a un objectif, à très long terme : acquérir le monopole d’un marché mondial (une niche pour les PME). Il est ensuite décliné impeccablement, systématiquement, de manière procédurale. Le dispositif intègre de larges marges de sécurité. Le modèle français est opportuniste. L’entreprise grossit au hasard des clients, sans réel plan. Jusqu’à ce qu’elle atteigne les limites du dirigeant. Le dispositif navigue au bord de la crise.
Explication culturelle
L’organisation française est une question d’hommes, l’allemande de "systèmes" : "La France va culpabiliser et pressurer ses collaborateurs le plus souvent généralistes en leur interdisant le droit à l’erreur, d’où un manque d’initiative et la naissance de stars. Temps de prise de décisions plus long, fait en coulisse. Règles du jeu floues. Les collaborateurs sont remplaçables (logique de mise en concurrence). L’Allemagne autorise l’erreur, car elle émane du système et non de l’individu et le cas échéant elle formera ses collaborateurs. Prise de décisions collectives, rationnelles ou le long terme est au centre. Règles du jeu claires pour l’entreprise et les collaborateurs. Les collaborateurs formés ont de la valeur (logique de confiance et long terme)".
Un autre interviewé : "Cette rigueur se voit sur le poste de travail et sur les méthodes de management où l’on n’hésite pas à montrer du doigt (dans le sens "humilier") les dysfonctionnements. Cela a un impact sur la qualité, la propreté du poste de travail...""
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Denis Vitel, Pharmacien et consultant