Les délateurs en embuscade sur le Net | Libertés Numériques | Scoop.it
A l'heure des réseaux sociaux, le pouvoir chinois cogite dur pour dénicher la recette qui lui permettra de maintenir son contrôle sur l'information. L'université Baiyun de Canton a trouvé une solution : mobiliser les étudiants les plus dévoués pour épier les discussions de leurs camarades sur la Toile. Le quotidien cantonais Nanfang Dushibao a révélé qu'une cellule de surveillance du Web avait été créée, à la fin de l'année 2010, autour de neuf professeurs et de six étudiants. Chaque membre de cette unité surnommée "l'armée rouge de Baiyun" scrute, une heure et demie par jour, les forums et plates-formes de microblogs populaires auprès des étudiants. Le groupe, qui s'intéresse particulièrement à 116 comptes Weibo, le Twitter chinois, a traité plus de 100 000 messages en trois ans.

Initialement, la cellule avait été fondée pour démentir les rumeurs - infondées - de décès sur le campus circulant sur le Web. Mais la lutte contre la rumeur à la chinoise se mue vite en contrôle idéologique. Selon Huang Yumei, un enseignant responsable de l'unité, cité par Nanfang Dushibao, ce système permettrait de faire remonter les doléances des étudiants sur la qualité du service à la cafétéria... mais aussi de "corriger les erreurs de l'opinion publique". D'ailleurs, M. Huang a confié qu'outre les bonnes notes, la sélection à l'université repose sur "la solidité des convictions politiques et idéologiques". En janvier 2012, Xi Jinping, l'actuel président de la République populaire, qui a envoyé sa fille, Xi Mingze, étudier à Harvard, ne voyait-il pas en l'université un "front idéologique clé" qui formera "les successeurs fiables de la cause socialiste de la Chine" ?