Les médias face à leur destin

Très intéressante conférence de Eric Scherer, directeur de la stratégie numérique et de la prospective à France Télévisions, à Ouest Médialab, le 10 juin. Toujours d'actualité. Si vous n'avez pas 37'10" devant vous, voici le résumé de la conférence :

Le thème principal: les conséquences de la démocratisation de l'écriture: "On était dans un web de publication, on arrive dans un web contributif...  Il fait de plus en plus coproduire et partager. Twitter est devenu une agence de presse gratuite mondiale... Un smartphone, c'est une station de télé dans sa poche, en mesure de broadcaster pour tout le monde....  Une partie de la mission des journalistes est désormais partagée avec l'audience."

Résultat, la désintermédiation. Les journalistes sont court-circuités par l'audience, mais aussi par leurs sources. L'Elysée comme la Maison Blanche , les politiques, les clubs de sport, les marques... deviennent des médias.

Autre phénomène: le développement de la vidéo avec de nouvelles chaînes qui concurrencent la télé via YouTube. Et la presse écrite suit. Le Wall Street journal, c'est 35 millions de vidéos vues par mois aujourd'hui, sur 30 platesformes différentes: à peine moins que France Télévisions. 

Selon Cisco, la vidéo va représenter en France plus de 70% du trafic internet d'ici 2017. Aujourdhui, on est à 55%.

Donc, il est indispensable de rechercher de nouvelles valeurs ajoutées en matière d'info. Trois mots clés pour ça: smart, mobile et social.

Etre plus smart. Pour ça, les journalistes peuvent s'appuyer sur la seule chose que l'audience ne peut pas apporter, c'est le filtre, la vérification et la hiérarchie: il faut donner du sens. 

Etre plus mobile, c'est être ouvert aux nouveaux outils. Etre de plus en plus multi compétent. Notamment dans l'a visualisation de données: c'est le symbole du nouveau journalisme, l'intersection entre différents métiers. Le journaliste va travailler de plus en plus avec des désigners, des ingénieurs, des statisticiens pour donner du sens à des chiffres, avec des développeurs, des graphistes...Il y a de nouvelles formes narratives avec les nouveaux écrans, ou entre différents écrans avec le transmédia. 

Enfin, un journalisme plus social en engageant le public de manière plus forte, à travers des débats dans la cité. 

Certes, il y a des freins culturels chez les journalistes. Comme dans toutes les professions, il y a des gens qui font des choses qu'ils n'aiment pas forcément. Mais Eric Scherer croit aux nouveaux outils, qui faciliteront l'inévitable évolution.