Les médias face à leur destin

Extrait

Les contenus du Washington Post, directement disponibles sur les appareils Kindle en mesure de les afficher – comprendre la tablette Kindle Fire et le smartphone, Fire Phone –, c'est la solution ultime. Une application Android préchargée permettra aux possesseurs de profiter immédiatement des informations diffusées par la publication. 

 Autrement dit, et pas vraiment besoin de savoir lire entre les lignes : le Washington Post deviendra un nouveau contenu au service du Kindle, et l'application sera déclinée, comme il se doit, sur les appareils iOS.

Lire aussi "Le Washington Post bientôt gratuit sur les nouvelles tablettes d'Amazon" article publié le 7 octobre 2014 sur Ijsberg.

Le journal, racheté cet automne pour 250 millions de dollars par le fondateur d’Amazon Jeff Bezos, continuera à occuper des espaces dans l’immeuble de briques claires «jusqu’à ce qu’il trouve un nouveau siège». rapporte Libé via l'AFP. 

Alors, pour vous, le début de la fin, ou le fondateur d’Amazon Jeff Bezos a-t-il la volonté d'offrir à l'un des titres phares de la presse américaine un navire amiral à la hauteur des mutations technologiques en cours? 

Pour certains experts, Jeff Bezos, qui a racheté le Washington Post  250 millions de dollars, peut apporter une approche nouvelle à une industrie de la presse écrite qui a été contrainte de sabrer des emplois en raison de revenus en chute libre et de publicités davantage intéressées par internet.

Une analyse de fond à travers un article court, donc vite lu, et pertinent. Personnellement, je suis d'accord avec la "fascination de la nouvelle bourgeoisie digitale pour la noblesse du papier" relevée par Benoît Raphaël dans la Social NewsRoom. "Elle le raille mais elle l'envie". Un atout pour donner du crédit au contenu, à condition qu'il soit de qualité. 

Le Post, qui était l'un des derniers grands quotidiens américains à laisser gratuite la consultation de son édition en ligne, rencontre de sérieuses difficultés financières.

Et pour cause, les bénéfices du groupe ont fondu de 85% au premier trimestre par rapport à la même période l'année dernière, après une baisse des ventes et de la publicité.

Superbe leçon de journalisme par quatre journalistes prestigieux du Washington Post: David Finkel, Bob Woodward, DeNeen Brown et Ezra Klein.

J'ai déjà partagé dans ce topic des articles évoquant la sortie d'une application, accessible gratuitement depuis la nouvelle version de la Kindle Fire, la tablette d'Amazon.

Plus intéressante me semble-t-il est la deuxième partie de cet article du Figaro. On y apprend par la bouche de Martin Baron, rédacteur en chef du Washington Post depuis 2013, que les capitaux apportés par Jeff Bezos ont permis l'embauche d'une centaine de journalistes, en échange de la réduction de certains avantages sociaux pour l'ensemble de la rédaction... mais surtout que ces sacrifices leur ont amené une forme de sérénité quant à leur avenir, et donc que "l''optimisme est contagieux». En d'autres termes,  "revivifié, le quotidien a sorti ces derniers mois de nombreuses enquêtes, dont l'une a conduit à la démission du directeur des services secrets américains. Ce bond qualitatif s'est traduit par une forte hausse des audiences sur Internet (+63 % en un an) mais aussi par la restauration d'une réputation perdue depuis de nombreuses années".

Voilà au moins une preuve que la qualité paie, mais que pour faire de la qualité il faut investir.

Extrait

le Washington Post et le New York Times, ont annoncé cet été qu'ils s'associaient au moteur de recherche Mozilla pour développer une nouvelle plateforme afin de mieux gérer les commentaires de leurs lecteurs en ligne.

double objectif : faire monter en qualité les contributions, et en puissance la collaboration entre la rédaction et ses lecteurs-experts.

La migration des journalistes des grands groupes de presse vers les start-ups numériques comme Buzzfeed, Gawker ou Vice, une remise en question salutaire pour de grands professionnels? ou alors la chronique d'une mort annoncée de la presse écrite?

Le New York Times, le Boston Globe, le Washington Post, Forbes, Medium, ou encore Beacon sont à l'avant-garde de l'expérimentation. 

Plusieurs bonnes idées devraient inspirer la PQR en France. Je pense à 61fresh au Boston Globe, au  système de « scrolling » intelligent de Forbes...

A lire absolument si vous travaillez dans la presse.

Après le rachat du Washington Post, le spécialiste des médias Mathew Ingram explique  sur GigaOM que Jeff Bezos doit maintenant imaginer «ce que doit être un quotidien dans l’âge numérique». Et pour lui, l’étape la plus cruciale et la plus difficile à franchir consiste à stopper définitivement les rotatives du Washington Post, à abandonner la version papier du journal.

Pour lui, écrit Slate, "il est presque impossible de totalement changer un modèle économique existant et dans le même de continuer à gérer ce même modèle économique. On ne change pas le moteur d’une voiture en roulant..."

Voilà qui promet des grincements de dents.

Après le Boston Globe et le Washington Post, à qui le tour?

Le Washington Post joue l'interaction sociale dans son nouveau show TV

Cinq façons de protéger les journalistes et l'anonymat de leurs sources, par  Timothy B. Lee, l'un des plus célèbres bloggueurs du Washington Post.

Sur le site internet du Washington Post, rien ne permet de distinguer les articles écrits par des entreprises des contenus éditoriaux, si ce n'est un petit logo « BrandConnect » placé au dessus du titre.

D'autres journaux succombent à la tentation Outre-Atlantique. Information/publicité, la confusion des genres se répand dans la presse américaine. Jusqu'où iront certains médias pour ne pas mourir? Des questions éthiques se posent. En France, Mediapart et d'autres ont pourtant montré qu'un autre monde journalistique était possible.

Le débat est ouvert...

PS: lire article précédent sur le cas de Forbes.