Les médias face à leur destin

A l'heure où de plus en plus de titres passent au paywall en France, le patron du Guardian estime qu'il est trop tard pour que son journal suive ce chemin. Difficile en effet de ne pas heurter de front des lecteurs qui ont pris l'habitude de la gratuité.

Malgré tout, Andrew Miller ne voit pas les moteurs de recherche comme des ennemis, bien au contraire. Il pense que la presse doit s'adapter au web plutôt que de continuer à protéger son ancien business model. 

Qui a raison? Qui a tort? Le marché ne tardera pas à livrer son verdict.

Cela dit, voici une infographie très instructive pour appuyer le point de vue d'Andrew Miller: http://www.vincentabry.com/le-nouveau-journalisme-passe-par-les-reseaux-sociaux-infographie-34154

Christophe Lachnitt nous faire découvrir un site que je ne connaissais pas, ViralNova, qui est passé en six mois du 443.652ème rang des sites les plus visités du web au… 1.685ème, au point de dépasser Gizmodo ou des sites comme celui du New York Post et de People, tout ça avec une seule personne aux manettes. 

Deuxième étape du développement de Christophe Lachnitt sur le métier de journaliste, plus philosophique celui là, "le journalisme, imparfaite recherche de la vérité, relève de l’éthique de responsabilité alors que l’activisme, imparfaite recherche de l’idéal, tient de l’éthique de conviction". Il s'appuie en cela sur l'exemple de Glenn Greenwald, qu'il range dans la catégorie des activistes plutôt que dans celle des journalistes même si Greenwald est éditorialiste au Guardian. Pour mémoire, c'est lui qui a recueilli les confessions d’Edward Snowden à propos du système de surveillance d’Internet mis en place par la NSA (National Security Agency). 

Fidèle à son habitude, Christophe Lachnitt dissèque les innovations de la presse sans avoir beson de tirer à la ligne. Clair, net, précis, il livre son verdict en quelques mots. En l'occurrence, je partage son scepticisme sur l'expérience (aussi sympathique qu'elle soit) du Guardian coffee, une "initiative qui n’apporte pas une réelle valeur ajoutée par rapport aux relations que le journal peut nouer avec ses lecteurs sur les réseaux sociaux et qui n’est pas, étant donnée l’équation économique des bars à café, reproductible à grande échelle". 

Christophe Lachnitt fait un parallèle très juste entre l'industrie française et la presse, qui relève à la fois de l'industrie et des services, ne l'oublions pas. Comme lui, je pense que le salut viendra du haut de gamme. Seul petit problème: combien de journaux seront capables d'élever le niveau avec une trésorerie en berne à cause de la crise? Investir, dans les outils et la formation, voilà en effet la solution, mais...

La photo glamour de Jahar Tsarnaev comparée à celle de Jim Morrison fait scandale sur les réseaux sociaux. Certes, cette photo choquera certainement moins le public jeune, cœur de cible de Rolling Stone. Mais je suis d'accord avec Christophe Lachnitt sur le risque d'identification à un criminel (présumé) starisé. Etre journaliste suppose aussi d'avoir le sens des responsbilités. Ce n'est pas l'utilisation de cette photo qui me choque. Elle aurait été légitime en page intérieure pour illustrer l'adolescence de ce garçon... à côté d'autres photos moins sexy. Mais la mettre ainsi à la une, en revanche, est lourd de sens pour une jeunesse en mal de repères.

Il se passe déjà plus de choses sur le web que dans la vie supposée réelle. Christophe Lachnitt se demande si "Internet est de fait en train de devenir la vie réelle"! Pour les geeks et autres homo numericus, certes. Mais, aussi étrange que celui puisse paraître, ils ne constituent pas encore  la majorité de la population mondiale. Eh oui, il y a un monde en dehors d'internet!!!

Dans sa chronique du jour, Christophe Lachnitt se penche sur une étude menée par l’Université Columbia (New York). "Sa principale conclusion est que les articles de presse sur des événements étaient neuf fois plus nombreux en 1955 que les autres alors que, aujourd’hui, ils ne représentent que la moitié du contenu des journaux."

Il en profite pour enfoncer le clou Superception: "L’avenir du journalisme réside dans sa montée dans la chaîne de valeurs et non dans une concurrence avec les produits gratuits disponibles sur le web."