Les médias face à leur destin

Les premiers articles de Paris Match ont été publiés dans La Presse + le dimanche 9 novembre.

Question: outre la promo de son édition internationale diffusée au Québec et de son application iPad payante, quel est l'intérêt financier de l'hebdo français et accessoirement des journalistes qui rédigent les articles. Paris Match reçoit-il un forfait à l'année pour cette collaboration? Les droits d'auteurs sont-ils pris en compte sous la forme d'un petit bonus pour les journalistes concernés? Ces derniers toucheront-ils une prime en fonction des abonnements vendus au Québec?

Il n'y a pas la réponse dans cet article. En revanche, vendre du contenu est une piste de modèle économique que j'ai déjà évoquée dans des commentaires précédents, quotidiens ou hebdo se transformant alors en agence de presse pour élargir leur lectorat habituel via d'autres supports.

Une piste sérieuse à mon avis, à condition que les journalistes soient intéressés à l'affaire d'une manière ou d'une autre.

 - Selon le New York Times: « Vox Media est une entreprise née à l’ère du digital, une compagnie technologique qui produit des méidias et non une compagnie de médias qui utilise des technologies."  Ils ont opté pour "des annonces grand format. L’unité Vox Creative surfe sur la vague du brand content ."

- Autre succès, La Presse, à Montréal. L’application est gratuite et les revenus proviennent de publicités multimédias propres aux tablettes, interactives, élaborées et chères.

- Rare exemple de magazine papier ayant réussi son passage dans le numérique, le mensuel international gratuit Vice, qui dispose d’une offre multimédia et d’une abondance de contenus rendue possible par la mutualisation de l’ensemble des éditions de Vice.

Excellent article qui ne se contente pas d'aligner des chiffres ou des noms mais qui détaille aussi les modèles économiques choisis.

EXTRAITS

> En septembre 2014, dix-sept mois après le lancement, plus de 35 % de nos revenus viennent de La Presse +.

> Pour parvenir à un taux de pénétration de 10 %, la radio a mis six ans, la télévision onze ans, les ordinateurs huit ans, les smartphones sept ans alors que la tablette a mis seulement deux ans et demi.

> Nouveaux lecteurs : 74 % des lecteurs de La Presse + aujourd’hui ne consommaient pas La Presse au moment du lancement.

> En Amérique du Nord, 59 % des revenus des journaux ont disparu ces cinq dernières années. Au Canada, cette année, la baisse moyenne des revenus des journaux se situe entre 17 et 19 %.

> Durant l’été 2014, nous avons connu une croissance de 50 000 abonnés. Cela n’entraîne aucun coût supplémentaire.

> Avec des outils comme les nôtres, je pense que notre modèle est transférable, pour un coût d’environ 10 millions d’euros. Mais il ne faut pas attendre. Nous avons développé 25 logiciels (mise en page, gestion des abonnés, processus de fabrication…) qui peuvent être commercialisés.

300.000 téléchargements en 6 mois, 850.000 visites par semaine, 2,5 millions de visiteurs uniques par mois et 100 millions de pages vues... Tels sont les chiffres spectaculaires dont se félicite le journal canadien La Presse grâce à sa superbe application gratuite « La Presse + » pour iPad lancée mi-avril. Dans META-MEDIA, Eric Scherer, le directeur de la prospective à France Télévisions, analyse les raisons du succès mais aussi les écueils potentiels d'une formule qui a tout de même permis l'embauche de 55 journalistes.