... le spectacle de l’amélioration matérielle et de la consommation de masse propres aux lendemains de la guerre n’échappe à personne, qu’il s’agisse de ses avocats ou de ses objecteurs les plus virulents. Ce qui est invisible, ou rendu tel, c’est plutôt le réseau de dépendances matérielles qui configure cette époque. On verra ainsi qu’une série de facteurs à la fois sociaux et matériels alimentent l’insensibilité écologique : l’adoption d’un système énergétique apparemment sans contraintes ni limites, dominé par le pétrole et le nucléaire entraîne l’externalisation massive des coûts écologiques du développement dans l’espace et dans le temps, c’est-à-dire le report vers des régions marginales et vers l’avenir de ces coûts et de ces risques.
Pierre Charbonnier
Extrait de l’ouvrage « Abondance et liberté », 2020, éditions La Découverte, pp.292-294
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