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Choisir une filière scientifique : l’importance des « role models » pour les lycéennes

Choisir une filière scientifique : l’importance des « role models » pour les lycéennes | Insect Archive | Scoop.it
À partir du lycée, nombreuses sont les jeunes filles qui se détournent des filières scientifiques. Leur permettre de dialoguer avec des ingénieures et chercheuses peut-il modifier leurs choix ?

 

Publié: 26 février 2023, 12:11 EST

Marion Monnet

Maitresse de conférence en économie, Université de Bourgogne – UBFC

 

L’égalité entre les femmes et les hommes a été déclarée grande cause nationale par le président de la République. Réaliser les conditions de cette égalité commence dès le plus jeune âge, à l’école, comme le rappelle l’article L121-1 du Code de l’éducation qui stipule que « Les écoles, les collèges, les lycées et les établissements d’enseignement supérieur […] contribuent à favoriser la mixité et l’égalité entre les hommes et les femmes, notamment en matière d’orientation ». Or les chiffres montrent que nous sommes encore loin du compte en la matière.

 

Après le collège, premier temps fort dans l’orientation des élèves, les filles s’orientent pour la plupart vers la voie générale et technologique (71 %), quand seulement un peu plus de la moitié des garçons optent pour cette voie (57 %), l’autre moitié se dirigeant vers la voie professionnelle. C’est ensuite au lycée que les jeunes filles commencent à se détourner massivement des sciences dites « dures » (mathématiques et sciences de l’ingénieur) et du numérique, quand les garçons se détournent eux des filières plus littéraires.

 

À la rentrée 2021, les filles ne représentent, par exemple, que 40 % des effectifs de l’enseignement de spécialité de mathématiques et seulement 13 % des effectifs de sciences de l’ingénieur et du numérique. Ces choix d’enseignements de spécialités préfigurent très largement l’orientation post-bac des élèves, où les filles ne constituent que 17 % des effectifs d’étudiants en mathématiques, ingénierie et informatique.

 

Or le simple fait que filles et garçons ne fassent pas les mêmes choix d’orientation, et notamment le fait que les filles soient sous-représentées au sein de certaines filières scientifiques, explique entre un tiers et un quart des écarts de rémunérations entre les femmes et les hommes sur le marché du travail.

 

Le poids des stéréotypes de genre

Si les causes de ce désintérêt des filles pour les filières scientifiques sont multiples, le poids des normes sociales et des stéréotypes de genre est aujourd’hui reconnu par la communauté scientifique comme l’une des causes principales des inégalités d’orientation entre les filles et les garçons.

 

Dans une enquête réalisée auprès de 8 500 lycéens d’Île-de-France, nous montrons que la prévalence des stéréotypes de genre demeure élevée : entre 20 % et 30 % des filles et des garçons de notre échantillon sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle les hommes seraient naturellement plus doués en mathématiques que les femmes.

 

Contrecarrer l’influence de ces stéréotypes associés aux rôles masculins et féminins et promouvoir une image plus inclusive des filières scientifiques semble donc être un des premiers leviers à mobiliser pour favoriser des choix éducatifs moins genrés.

 

Une piste prometteuse pour y parvenir est de mettre les élèves au contact de role models féminins auxquels les jeunes filles puissent s’identifier. C’est ce que proposent diverses associations et programmes, à l’instar de « Elles bougent » ou encore « Femmes et maths ». Notre équipe de recherche a évalué l’impact de l’une de ces initiatives : le programme « For girls in science » porté par la fondation L’Oréal. Il consiste en des interventions dispensées par des femmes scientifiques en classes de seconde générale et de terminale scientifique, deux moments clés dans l’orientation des élèves.

 

L’objectif de cette heure d’échanges est double : déconstruire les stéréotypes associés à la présence de femmes en sciences et susciter l’intérêt des jeunes filles pour les filières scientifiques. L’évaluation de ce programme a été conduite dans 600 classes, réparties dans 98 lycées représentatifs des trois académies d’Île-de-France.

 

Afin de déterminer l’effet causal de l’intervention des femmes scientifiques sur les perceptions et sur les choix d’orientation des élèves, nous avons procédé à une évaluation par assignation aléatoire, qui consiste à tirer au sort la moitié des classes pour bénéficier de l’intervention (groupe « traité »), l’autre moitié servant de groupe de comparaison (groupe « témoin »).

 

Le tirage au sort garantit que les classes bénéficiant de la venue d’une femme scientifique sont en moyenne identiques aux classes témoins, puisqu’elles n’ont pas été choisies sur la base de caractéristiques spécifiques, comme une implication plus ou moins grande des enseignants dans le processus d’orientation, ou encore en fonction de la part plus ou moins élevée d’élèves projetant de faire des études scientifiques. Toute différence observée par la suite entre les classes traitées et témoins peut donc être interprétée comme l’effet direct de l’intervention.

 

Des représentations qui évoluent

Les résultats de notre étude montrent d’abord que l’intervention a eu des effets importants sur la manière dont les élèves se représentent les aptitudes des femmes et des hommes en sciences (Graphique 1). Parmi les élèves des classes traitées, la proportion se déclarant d’accord avec l’affirmation selon laquelle les hommes sont naturellement plus doués en mathématiques que les femmes, ou selon laquelle les cerveaux des hommes et des femmes sont différents diminue de 15 % à 23 % par rapport aux élèves des classes témoins.

 

L’intervention a par ailleurs rendu plus visible la sous-représentation des femmes en sciences, comme en témoigne la part d’élèves d’accord avec le fait qu’il y a plus d’hommes dans ce domaine qui augmente de 12 à 17 points de pourcentage. En revanche, un effet non anticipé du programme est qu’en mettant l’accent sur la sous-représentation des femmes en sciences, les interventions ont renforcé chez les élèves le sentiment que les femmes ont une moindre appétence pour les sciences et qu’elles sont discriminées dans les carrières scientifiques.

 

Graphique 1. Impact du programme sur la perception des différences de genre face aux sciences. Fourni par l'auteur

 

En suivant les élèves l’année après l’obtention de leur baccalauréat, nous montrons que, si le programme n’a en moyenne pas modifié les choix d’orientation des garçons ou des filles de seconde, il a néanmoins permis d’orienter une partie des filles de terminale scientifique vers des filières dans lesquelles elles sont largement sous-représentées. La proportion de filles inscrites en classe préparatoire scientifique passe ainsi de 11 % dans les classes témoins à 14,1 % dans les classes traitées, soit une augmentation de près de 30 %.

 

Dit autrement, cet effet est équivalent à avoir fait basculer une fille toutes les deux classes en classe préparatoire scientifique. Le graphique 2 montre que l’effet se concentre principalement sur les filles figurant parmi les 20 % les meilleures en mathématiques, avec une proportion d’inscrites en classe préparatoire scientifique passant de 28 % à 43 %.

 

Dans la toute dernière partie de notre étude, nous montrons que les intervenantes qui ont été les plus efficaces pour faire changer l’orientation des jeunes filles sont celles qui ont réussi à susciter l’intérêt des filles pour les métiers scientifiques. Celles ayant plus insisté sur la sous-représentation des femmes dans les métiers ne sont en moyenne pas parvenues à modifier les choix d’orientation.

 

Graphique 2. Impact du programme sur la probabilité de s’inscrire en classe préparatoire scientifique selon le niveau en mathématiques.

 

Bien que les interventions de role models féminins en milieu scolaire constituent une piste prometteuse pour susciter l’intérêt des jeunes filles pour les filières scientifiques, cela ne saurait suffire à résorber l’ampleur des inégalités d’orientation entre les filles et les garçons. Ce type d’intervention doit donc s’intégrer dans un ensemble plus large de mesures oeuvrant en faveur de l’égalité filles-garçons à l’école.

 

[Image] Des ingénieures rencontrent des lycéennes – Exemple d’actions menées par l’association Femmes et Mathématiques (France 3 Grand Est, 2022).

 

 

À lire aussi : Pourquoi l’égalité entre les sexes n’efface-t-elle pas les ségrégations dans les filières scientifiques ?

 

À lire aussi : Pourquoi les filles ont délaissé l’informatique

 

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Débat : Faut-il enseigner l’écriture inclusive ?

Débat : Faut-il enseigner l’écriture inclusive ? | Insect Archive | Scoop.it
Visant à assurer une meilleure égalité entre hommes et femmes, l’écriture inclusive peut creuser l’écart entre l’oral et l’écrit. Quelles règles transmettre aux élèves, pour inclure sans exclure ?

 

Par Anne Dister, Dominique Lafontaine et Marie-Louise Moreau

 

"Quels objectifs poursuit ce qu’on appelle l’écriture inclusive ? Pour l’essentiel, cette écriture vise à rendre les femmes davantage visibles, en indiquant explicitement leur présence, et à mettre fin à la supposée domination du masculin grammatical.

 

Sur le plan linguistique et sociolinguistique, on peut distinguer trois volets qui nous renseignent sur le traitement que l’école devrait leur réserver."

(...)

 

[Image] via Inclure sans exclure : les bonnes pratiques de rédaction inclusive - Portail de la Fédération Wallonie-Bruxelles http://www.federation-wallonie-bruxelles.be/index.php

 

Découvrez le guide, sans plus tarder :

 

  • Anne Dister et Marie-Louise Moreau. (2020). Inclure sans exclure. Les bonnes pratiques de rédaction inclusive. Bruxelles : Direction de la Langue française – Service général des Lettres et du Livre - Fédération Wallonie-Bruxelles.

 

 

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Rôles Modèles : Les pionnières, et bien d'autres encore ! | Talents du Numérique

Rôles Modèles : Les pionnières, et bien d'autres encore ! | Talents du Numérique | Insect Archive | Scoop.it
On les oublie parfois quand on ne les présente pas comme de précieuses exceptions. Le fait est là : les femmes ont très tôt joué un rôle décisif dans le secteur numérique. Très présentes dans les études d’informatique jusque dans les années 1980, leur nombre dans les écoles d’ingénieurs et dans les métiers techniques du numérique tend désormais à stagner quand il ne décroît pas. Pourtant les femmes numériques d’aujourd’hui sont plutôt bien dans leurs baskets et se voient avant tout comme des professionnelles épanouies, heureuses de manier la technologie. 98 % des étudiantes du numérique prévoient ainsi d’exercer un métier qui les passionnera*. Alors qu’est-ce qu’on attend ?

 


Petite rencontre avec les pionnières des XIX et XXe siècles qui nous montrent la voie. Avec nos contemporaines aussi, devenues « role models » (ou rôles modèles) sans le vouloir ou par vocation, avec l’objectif de développer la mixité dans un secteur porteur d’emplois et de beaux projets qui peuvent changer le monde (mais pas sans les femmes !).

 

Les pionnières

Ada Lovelace (1815-1852) : le programme informatique

Ada était la fille du poète Lord Byron qu’elle a très peu connu. Elle a été élevée par sa mère, passionnée de mathématiques et de sciences. Elle rencontre de grands chercheurs (hommes et femmes) de l’époque et notamment Charles Babbage dont la machine à calculs la fascine. Elle a 17 ans. Plus tard, devenue mère, elle retourne à ses études mathématiques avec l’aide du mathématicien Auguste de Morgan. En 1842, Charles Babbage lui confie la traduction depuis le français d’un article sur sa machine. Ada l’enrichit de notes explicatives. L’une d’entre elles comporte un algorithme très détaillé permettant de calculer à l’aide de la machine une suite de nombre rationnels (appelés « nombres de Bernoulli »). Le programme ainsi composé est considéré comme le premier programme informatique au monde.

Hedy Lamarr (1914 – 2000) : l’ancêtre du wifi

Sois belle et … invente. Les débuts cinématographiques d’Hedy ont lieu à Vienne en Autriche lorsqu’elle a 16 ans. On la connaît surtout comme l’une des Stars de la MGM (grand studio de cinéma hollywoodien). Pourtant sans elle, la seconde guerre mondiale aurait pu prendre un autre tour et vos téléphones portables ne seraient peut-être pas ce qu’ils sont. Pourquoi ? Au début des années 1941, elle a inventé, avec le compositeur de musique George Antheil, un système de communication permettant aux torpilles sous-marines de changer de fréquence sans être repérées. La technologie a également été utilisée par la suite pour communiquer avec les navettes spatiales, dans les mobiles et le wifi.

La dessinatrice et scénatrice de BD Pénélope Bagieu a croqué un portrait très sympa d’Hedy Lamarr que l’on peut retrouver sur le blog qu’elle a tenu sur le Monde.

© MGM/Clarence Bull/Wikimedia Commons/CC

Joyce Weisbecker (1958) : première professionnelle des jeux vidéos indépendants

À 16 ans, Joyce a déjà conçu et développé deux jeux vidéos ! En 1976, alors que les consoles de jeu programmables viennent à peine de sortir, elle gagne ses premiers dollars en proposant à la société RCA des jeux qui font preuve d’une grande créativité : quiz pour deux joueurs, jeux d’action (course de voiture ou jeu du chat et de la souris).  Évidemment à l’époque l’écran entier faisait 32 pixels par 32 pixels (l’équivalent de deux icônes Windows), un vrai défi … Il faut dire que son père est ingénieur et fabrique à la maison son propre ordinateur. Alors pourquoi pas elle ? Quand on lui demande de se définir, Joyce se présente comme une pionnière de la programmation de jeux vidéos indépendants. Elle est en effet la première femme professionnelle dans ce domaine. Devenue Ingénieure radar après l’échec de la console Studio II, dépassée par le succès d’Atari, elle n’exclurait pas aujourd’hui de revenir à ses premières passions en se lançant dans la programmation de jeux vidéos narratifs.

Et bien d’autres encore !

Nous vous avons raconté trois parcours, nous aurions pu en évoquer d’autres tout aussi emblématiques telles que ceux des informaticiennes Grace Hopper, inventeuse du compilateur, un programme qui facilite le dialogue homme-machine et a révolutionné le code informatique ou Margaret Hamilton, créatrice des logiciels embarqués qui ont permis la navigation et l’atterrissage sur la Lune de la navette Apollo. D’ailleurs aujourd’hui des prix sont remis en leur hommage : le Grace Murray Hopper Award et les Margaret.

 

Nous aurions pu également vous parler de Roberta Williams, conceptrice de jeux vidéos qui a créé le premier jeu d’aventure graphique, Mystery House.

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Conversation avec Gilles Bœuf : « Il faut enseigner l’écologie à tous »

Conversation avec Gilles Bœuf : « Il faut enseigner l’écologie à tous » | Insect Archive | Scoop.it
Gilles Bœuf étudie l’impact de l’homme sur son environnement. Son combat : sensibiliser tous les publics à l’importance de la préservation de la biodiversité.

 

Rencontre dans le cadre des Tribunes de la presse, à Bordeaux en décembre 2017. Conversation avec Gilles Bœuf : « Le temps de la nature n’est pas le temps de la politique » Par François Simon, 19.12.2017

 

[...]

 

Comment rebâtir une harmonie entre l’humain et la nature ?

 

"Il faut enseigner l’écologie à tous. Un énarque va prendre des décisions environnementales chaque jour et il ne sait pas ce qu’est l’écologie. Il ne sait pas qu’il a des bactéries partout dans lui et sur lui. L’écologie, c’est aussi important que l’histoire de l’art ou les mathématiques. Déjà, c’est une science. Je fais une grosse différence entre écologie et écologisme. Je suis écologue et non écologiste. Un écologiste est un militant de terrain qui appartient à un mouvement politique. Un écologue est quelqu’un qui fait de la science écologique, qui répond à des questions posées par une approche scientifique.

 

Quand les écologistes français auront des écologues avec eux, tout changera. Mais ce sont les générations futures, les jeunes, qui ont les clés en main. L’écologie doit être enseignée dès le plus jeune âge, à l’école primaire. Il faut leur apprendre qu’on fait partie d’un système vivant, leur apprendre l’humilité, l’harmonie, le partage, le respect de l’autre, la tolérance. L’humain fait partie de son environnement, il n’est pas un être à part.

 

La solution doit être globale : créer de l’emploi, donner à manger à chacun, réduire les inégalités à l’échelle planétaire est indispensable et l’innovation doit bénéficier à tous. Le développement durable passe par l’éradication de la pauvreté et une bien meilleure intégration des femmes."

 

 Propos recueillis par Manon Pélissier et Emeline Paillasseur, étudiantes en master professionnel à l’Institut de journalisme Bordeaux Montaigne/Université Bordeaux Montaigne.

 

 

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