Huit artistes proposent de flâner avec eux à l’Écu de France, dans un univers peuplé de leurs créatures fantasmagoriques.
Avec Pascal GOET - Riou MORINIERE - Amandine GOLLÉ - Labo’M DesinVolt - Aymée DARBLAY - Jean‐Luc MANIOULOUX - Clémence GUEIB - Brigitte AMARGER - Atelier Noboru.
Exposition du 11 décembre au 16 janvier 2022
"De toute évidence, évoquer ce petit monde d’invertébrés, rampants ou volants, suscite toujours une multitude de réactions. Les uns fuiront poils hérissés à la simple vue d’une araignée, les autres passeront des heures émerveillées devant l’invraisemblable architecture du piège de soie.
De drôles de bestioles de métal et de cartons
Au-delà de l’utilité des insectes auxiliaires, indispensables dans la biodiversité de nos jardins, c’est surtout leur étrangeté, leur force, leurs carapaces semblables aux bois et aux cuirs les plus purs, leur iridescence qui se joue de la gamme chromatique, qui continuent d’interroger le regard et l’imaginaire des artistes.
Certains, comme Michaël Dullin, pour le Labo’M DesinVolt, ou François Riou Morinière, recréent le vivant et sculptent de nouvelles espèces à base de matériaux pour la plupart inorganiques. L’un illumine et donne des regards à des outils et à des pièces mécaniques destinées à la destruction, l’autre détourne les emballages de la grande distribution, capsules de bouteilles et autres canettes, pour donner naissance à de drôles de bestioles faites de métal et de cartons.
D’autres ont associé leur passion pour l’infiniment petit à leur amour du tissu ou de supports moins classiques, comme les vieilles radiographies récupérées auprès des laboratoires de radiologie. Transformée en entomologiste-couturière, Clémence Gueib brode et coud des sculptures textiles hyperréalistes et denses, alors que l’imagerie médicale permet à Brigitte Amarger de recréer ses « insectoscopies » dans un univers qui associe peinture, marouflage, technologie et transparence.
Tout droit sortis d’un catalogue d’art africain
Devenus « Chimères emplumées » ou passés de minuscules à géants, via la photographie ou la gravure, les insectes d’Amandine Gollé habitent quant à eux des paysages d’un monde fabuleux où les arthropodes sont aussi grands que l’homme et se muent en sujet d’interrogation et d’admiration... Parés de couleurs improbables, exhibant un aspect lisse et parfait, les insectes anthropomorphes, photographiés par Pascal Goet, semblent tout droit sortis d’un catalogue d’art africain, dans lequel, masques et totems rivalisent de beauté, d’éclat et de symétrie.
Autre observatrice éclairée et esthète de la nature, Aymée Darblay donne vie aux admirables motifs des toiles d’araignées. Collectées par l’artiste à divers endroits et présentées sur des fonds différents, ces œuvres naturelles révèlent alors toutes leurs caractéristiques et l’incroyable dextérité de l’aranéide. C’est aussi en toute délicatesse, et non sans humour, que Jean- Luc Maniouloux réalise ses compositions d’insectes naturalisés. Ils y défient les objets les plus courants et font voler en éclats ampoules ou coquilles d’œuf pour se frayer un chemin. Métaphore absolue du pot de fer contre le pot de terre où le plus faible a le dernier mot !
[Image] via Amandine Gollé, Facebook, 11.12.2021