C’est un livre remarquable, à faire lire par les pollueurs et les décideurs, afin qu’ils se rendent enfin compte de la gravité de la situation. Pourquoi faut-il « sauver le soldat insecte » ? Parce que les disparitions d’insectes sont des indicateurs fondamentaux de l’importance de la sixième extinction que nous causons et dont nous serons l’une des victimes.
Par André Nel, 13.01.2021
"La préservation réussie des insectes montrerait que nos actions pour infléchir cette extinction de masse peuvent être efficaces. Mais nous sommes encore loin du compte. Les cas emblématiques choisis montrent la complexité des causes de raréfactions. Ce ne sont ni les seuls ni les plus graves. Les solutions préconisées visent à protéger les écosystèmes. Cependant, protéger un site n’est pas forcément efficace.
Parnassius corybas gazeli, sous-espèce endémique du parc national du Mercantour, est en danger d’extinction. Les stations les plus remarquables de ce papillon rarissime sont détruites par le pâturage. Dans les parcs nationaux français, les activités agricoles « traditionnelles » ont pour effet des dévastations monstrueuses causées par des troupeaux géants (quelque 600 000 moutons se jettent sur les Alpes chaque été), qui font disparaître des dizaines d’espèces d’insectes endémiques.
Autre cas d’école, le papillon Graellsia isabellae : la toute première station où il a été observé en France, à L’Argentière-la-Bessée, a brûlé récemment. A-t-elle été replantée en pins sylvestres, plante hôte de cette espèce emblématique ? Que nenni : elle a été replantée en mélèzes, sur lesquels le papillon ne peut vivre."
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Auteur :Denis Richard et Pierre-Olivier Maquart
Editeur :OPIE-Delachaux & Niestlé
Année :2020
Pages :192 pages
Prix :29,90 euros
"Seuls les entomologistes de terrain ont le savoir nécessaire à des protections efficaces des insectes et de leurs milieux de vie. Au lieu de s’appuyer sur eux, la police de l’environnement contrôle les entomologistes qui pourraient détenir des insectes protégés. Pénaliser ceux qui pourraient être les acteurs essentiels de la conservation revient à faire le contraire de ce qui serait utile."
André Nel,
Laboratoire d’entomologie (CNRS UMR 5143) du Muséum national d’histoire naturelle, à Paris.