« Comment tué Homard ? » en Suisse, où il est désormais interdit de les plonger dans l’eau bouillante. Et les insectes ? | Variétés entomologiques | Scoop.it

Par Alain Fraval. OPIE-Insectes. Les Épingles entomologiques - En épingle en 2018 : Janvier


"La Suisse vient d’interdire d’occire un homard Homarus sp. (Dec. Nephropidé) en le plongeant dans l’eau bouillante. Cet arthropode crustacé est certes aux marges de l’entomosphère mais la nouvelle mérite pourtant un bref commentaire.

L’argument principal des abolitionnistes suisses est la souffrance infligée à l’animal qui leur est manifeste quand il gigote pour sortir de la bassine. Quid des araignées de mer et des crevettes ?

Les carcinologues, à quelques exceptions près, sont d’avis que le homard ne souffre pas. Son cerveau n’est pas assez perfectionné pour ça, à l’instar de celui des insectes.


Les insectes se font (se faisaient) ébouillanter dans de multiples circonstances et sans soulever la moindre réprobation(*).


Furent arrosés d’eau bouillante les pyrales sur les ceps de vigne, les charançons du blé dans les recoins des greniers, les capnodes, les eumolpes (alias gribouris), les criocères et les hannetons collectés, les fourmis et les guêpes au nid.


Y sont plongés pour en extraire un matériau notamment les vers à soie emmaillotés dans leur cocon, les Herméties qui seront moulues en farine, les Cochenilles du Mexique productrices de carmin, les blattes source d’une poudre à sniffer ou des cosmétiques et, jadis, les hannetons matière première d’engrais.


Passent directement à la casserole les criquets dans les gargotes de Vientiane ou de Marrakech, les chenilles de Notodontidés aux environs de Lubumbashi, les libellules à Bali, les éphémères au Japon (zazamushi) et pas mal des insectes prisés des entomophages, tous des mets délicieux (paraît-il).


Pour les entomologistes, les insectes des denrées doivent être plongés dans l’eau « à 99°C » avant de les envoyer se faire déterminer – et pareil pour les chenilles à conserver avec leurs couleurs.


Les insectes ainsi traités – à la barbe des autorités suisses - souffrent-ils ? Sans doute pas du tout, leur cerveau est du même niveau que celui du homard. Ils ont au plus des réactions d’évitement (nociception), pas ou peu spécifiques selon les espèces et peu efficaces. Une chenille parasitée, bourrée de larves d’Hyménoptères parasitoïdes qui lui dévorent les organes, continue de vaquer (jusqu’à un certain point). Un puceron ne s’interrompt pas de ponctionner la sève alors qu’une coccinelle lui dévore l’abdomen.

Ce qui n’est absolument pas une raison pour s’amuser à martyriser les arthropodes.


Quant à notre homard, les défenseurs suisses des animaux préconisent de l’électrocuter ou de le poignarder. On peut aussi le couper en deux d’un coup de machette selon le plan sagittal et cuire les deux moitiés symétriques sur de la braise."


D’après, entre autres, « La Suisse interdit la plongée dans l’eau bouillante des homards vivants ». Le Monde, 11 janvier 2018.


Carte postale : échaudage de la vigne contre la pyrale.


(*) Selon l’islam, il est interdit de brûler tout être vivant, donc de verser de l’eau bouillante dans les coins des pièces pour exterminer insectes et araignées : Ibn Massoud a en effet rapporté que Mahomet, passant devant une fourmilière brûlée, a réprouvé le geste.