Appels sans suite : le climat | Variétés entomologiques | Scoop.it
Que faire quand les choses vont mal ? Des appels bien sûr. Pour demander qu'elles aillent mieux, naturellement.

 

Par Frédéric Lordon (Les blogs du Diplo), 12.10.2018

 

"... On se demande combien de temps encore il faudra pour que ces appels à sauver la planète deviennent capables d’autre chose que de paroles sans suite, de propos en l’air et de mots qui n’engagent à rien — pas même à articuler le nom de la cause : capitalisme. Il est vrai que, de l’instant même où ils l’articuleraient, ni Laurent Joffrin, ni Le Monde, ni L’Obs, ni aucun de ces lieux qui se sont fait une spécialité de se refaire le plumage à coups d’appels du moment que ce soit pour de rire n’hébergerait quoi que ce soit qui menacerait de dire quoi que ce soit — car depuis maintenant des décennies, tous ces gens et tous ces titres se sont tenus avec la dernière fermeté à une ligne dont aucune force au monde ne pourra les faire dévier : dire rien. Et surtout pas « capitalisme » — sinon pour dire qu’on est tout à fait capable de le dire, et bien sûr de n’en tirer jamais aucune conséquence.

 

À cet égard la catégorie d’« anthropocène » s’est montrée d’une fameuse utilité (3). Car voilà : le changement climatique, c’est la faute de l’« homme ». L’« homme en général », qui ferait bien d’ailleurs de trier ses déchets et de fermer ses robinets.

 

Il faudra encore un peu de temps pour que, selon le vœu d’Andreas Malme (4), on en finisse avec cette ineptie de l’anthropocène et qu’on nomme vraiment les choses : capitalocène. Ce qui détruit la planète, ça n’est pas l’« homme » : c’est le capitalisme."

(...)