Animaux mis en scène, carcasses pour les attirer... De nombreux photographes animaliers trichent pour faire la photo parfaite. Dont certains lauréats de grands prix.
18 novembre 2023 à 08h30 Mis à jour le 21 novembre 2023
« Une image est belle, point. Il n’y a pas à polémiquer »
"... Même son de cloche du côté de Christophe Pereira, le directeur du festival de Montier-en-Der. Connaissait-il les conditions de prise de vue du grand cru 2021 ? « Je ne veux pas répondre à cette question », dit-il au téléphone. Et celles de l’affiche de 2023 ? Tout ce qu’il peut en dire, c’est qu’il ne regrette pas ce choix et peut se regarder dans une glace : « Nous ne sommes pas les renseignements généraux. Et puis quelle différence y a-t-il avec quelqu’un qui mettrait un nichoir au pas de sa porte pour photographier les chardonnerets ? » Le mot d’ordre est clair : « Une image est belle, point. Il n’y a pas à polémiquer », assume Christophe Pereira.
Au fil des discussions, le directeur et le président du jury finissent par l’admettre : tous deux ont agi en pleine conscience. Dans sa communication officielle, le festival international présente pourtant l’éthique comme « une notion indécrottable de son identité ». En 2021, le Fonds international pour la protection des animaux (Ifaw) et la marque d’objectifs Tamron ont élaboré une Charte de la photo animalière. Conçu comme une ligne de conduite soucieuse du bien-être animal, ce texte invite à « ne pas nourrir ou appâter les animaux ». Il a été relayé par le festival.
Olivier Larrey joue, lui, la carte de l’honnêteté. Le quadragénaire considère qu’il n’existe aucune alternative au nourrissage pour observer ces mythiques créatures que sont ours et loups."
[...]
"... Dans la catégorie des grenouilles tropicales aux positions délirantes, l’Asie du Sud-Est excelle. Empilées les unes sur les autres, à cheval sur un insecte ou se servant d’un champignon en guise de parapluie… Les batraciens redoublent d’imagination. Ou plutôt ceux qui les sortent du congélateur : « Si ça ne les tue pas, ça les endort suffisamment pour que les photographes puissent les placer à leur convenance », précise Camille Poirot.
D’autres professionnels font d’elles des marionnettes, en perçant leurs doigts palmés avec du fil de fer, détaille Myriam Dupouy. Des procédés aussi utilisés sur les souris et les papillons."
(...)
Précédemment