Par Professeur Canardeau. Le Canard enchaîné. « Depuis le fameux Grenelle de l'environnement, tout aménageur peut bétonner à loisir des zones où vivent des espèces animales ou végétales protégées, à condition de "compenser" les dégâts. Un vrai business... »
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SUR LE MÊME SUJET :
→ Compensation des atteintes à la biodiversité : premiers crédits vendus par la CDC Biodiversité, Actu-Environnement, 10.10.2011
http://www.actu-environnement.com/ae/news/projet-rehabilitation-compensation-crau-amenagement-infrastructures-13781.php4
→ Les scientifiques pris au piège, Tela Botanica, 08.02.2012
http://www.tela-botanica.org/actu/article4878.html
« La compensation arrive chez nous. Une filiale de la Caisse de Dépôts et Consignations, CDC-biodiversité, gère ainsi pour trente ans un verger industriel à l’abandon des Bouches du Rhône, pour offrir « des unités de compensation ». Premier client, la société Carnivor, pour le bétonnage d’un pan de la plaine de la Crau toute proche, un milieu naturel d’exception.
La CDC a investi dans l’arrachage des arbres fruitiers, déjà couverts de parasites et en voie de recyclage gratuit, comme toute monoculture ici bas. Mais il s’agit d’accélérer un peu le processus qui prend des siècles. La Caisse paye aussi le suivi scientifique du milieu. Un autre de ses filiales, le site Internet d’information Novethic.fr, interroge Philippe Thievent de CDC-biodiversité, sur l’opération. La difficulté c’est d’y croire : il explique benoitement qu’un entrepreneur « peut souscrire des unités à condition que son projet impacte le même type de milieu naturel ». « Impacte », c’est le mot pudique consacré.
La CDC estime de peu de valeur encore, à l’hectare, le verger réformé, en comparaison des morceaux de Crau qu’on détruit. Mais elle en parle comme d’un investissement, susceptible de devenir rentable. Et là encore on hésite à y croire. Car alors se pose la question des bourses d’échange de crédits qui existent par ailleurs pour le carbone. Si la nature travaille bien et l’ancien verger prend de la valeur, pourra-t-on on détruire toujours plus d’espace par unité de compensation ?
L’union Internationale pour la Conservation de la Nature, UICN-France, s’alarme de cette logique folle et rappelle gentiment ÷ « la compensation doit correspondre à des actions de terrain, au plus près des sites impactés, avec une obligation de résultats, et non à un dédommagement financier » (13 janvier 2012). Ça ne suffira pas. »
→ La compensation écologique se banalise, Les Échos, 12.03.2014
http://www.lesechos.fr/12/03/2014/LesEchos/21645-093-ECH_la-compensation-ecologique-se-banalise.htm