Une Bellevilloise sans histoire | Le BONHEUR comme indice d'épanouissement social et économique. | Scoop.it

« Ménilmontant mais oui madame ; c’est là que j’ai laissé mon cœur... » Trenet a composé la chanson juste avant la guerre de 1939, pour célébrer le quartier de son enfance. Quatre-vingts ans plus tard, la « petite église » du premier couplet, Notre-Dame-de-la-Croix, surplombe toujours la colline. Mais l’ancienne gare, qui fut en service jusqu’en 1985 (« Où chaque train passait joyeux »), a été remplacée par une barre d’immeubles modernes, aux 7 et 11 rue de la Mare. La dépose des rails qui a suivi a donné naissance à la « coulée verte » ; les temps changent. Mais restons à Ménilmontant, donc, puisque c’est là que ça se passe, Ménilmuche, et remontons la rue en pente qui part de la station de métro homonyme. On dépasse là des bistrots où la pression mousse à deux euros au comptoir, et des traiteurs asiatiques ; XXe arrondissement, entre Belleville et l’Asie majeure. En haut de la bosse et en sueur, la rue Boyer dévoile sur sa droite, du 19 au 25, les édifices imposants, mais à la simplicité art déco manifeste, de feue la Bellevilloise : façades de briques et de béton armé, baies vitrées. Une plaque de la mairie de Paris rappelle que se déploya là l’une des plus belles aventures coopératives de la IIIe République : « Achat direct au producteur, vente directe au consommateur. » Dans le mur et en vis-à-vis se découpent en mosaïque les mots « Science » et « Travail », et puis : « La Bellevilloise, 1877-1927 ». Noces d’or de la coopérative avec le petit peuple parisien - justement la couleur des carreaux de faïence. Demeure l’air entêtant de Trenet : autre époque. Ou douce France....


Via Alcofribas