Le pont de Mirepoix-sur-Tarn, en Haute-Garonne, ne présentait aucun problème de structure selon la dernière inspection du Cerema, un centre d'expertise public.
SECURITE Le pont suspendu de Mirepoix-sur-Tarn ne faisait pas partie des ponts à risque, contrairement à quatre autres ouvrages d’art de la Haute-Garonne
- Le pont suspendu de Mirepoix-sur-Tarn ne présentait « aucun problème de structure » selon le Cerema, l’organisme public qui l’a inspecté fin 2017.
- En Haute-Garonne, quatre ponts ont dû faire l’objet d’interventions immédiates après une inspection similaire. L’un a été fermé, les trois autres ont dû subir des travaux.
- Avant de penser à la reconstruction d’un nouveau pont à Mirepoix-sur-Tarn, la question du déblaiement des gravats de l’actuel se pose ainsi que celle de l’enlèvement du camion de plus de 50 tonnes qui gît au fond des eaux du Tarn.
Depuis l’effondrement du pont de Mirepoix-sur-Tarn, lundi matin au nord de Toulouse, l’état de vétusté et de sécurité de ces ouvrages d’art a suscité des interrogations. Voire de l’appréhension pour ceux qui roulent au quotidien sur des édifices similaires à celui qui a cédé, causant la mort d’une adolescente de 15 ans et d’un chef d’entreprise d’une société riveraine.
Si la cause «apparente» de ce drame semble être la surcharge du camion, d’un poids estimé à 51,2 tonnes alors que le poids maximal autorisé sur le pont était de 19 tonnes, la question de sa résistance reste posée.
Après le drame de Gênes l’an dernier, une mission d’information a été lancée pour connaître l’état des ponts de l’Hexagone. Et selon un rapport rendu en juin par les sénateurs, au moins 25.000 seraient «en mauvais état structurel et posent des problèmes de sécurité et de disponibilité pour les usagers ». Il précise que 7 % de ces ponts sont gérés par l’Etat, 8,5 % par les départements et près de 20 % par les intercommunalités.
En Occitanie, le viaduc de l'Arrêt-Darré, situé sur l’A64, dans les Hautes-Pyrénées, fait partie des 23 ponts considérés « à risque » par le ministère des Transports.
Celui de Mirepoix-sur-Tarn, construit en 1931, ne présentait par contre « aucun problème de structure » selon une inspection menée deux ans plus tôt par le Cerema, l’organisme public chargé des expertises poussées. Un récent contrôle mené par le Conseil départemental, gestionnaire de cet axe, n’avait rien décelé de suspect.
Quatre ponts identifiés en Haute-Garonne
Ce qui n’a pas été le cas, lors d’examens précédents, pour quatre autres ponts sur les 1.841 que cette collectivité gère en Haute-Garonne. « Quatre ont été classés en catégorie 3, c’est-à-dire nécessitant de prendre des mesures de rénovation immédiates », indique le conseil départemental.
Celui de Lacroix-Falgarde a purement et simplement été fermé et le pont de Fonsorbes a été rénové. Les deux ponts de Ravi, qui permettent de franchir la Pique et d’accéder à la station de Superbagnères, vont être remplacés par un seul sur une déviation.
Chaque année, 4 millions sont investis pour des travaux de rénovation ou de sécurisation, comme cela fut le cas pour celui de Villemur-sur-Tarn. L’an dernier, des pièces fragiles ont été changées sur ce pont suspendu qui surplombe le Tarn comme celui de Mirepoix.
C’est d’ailleurs sur cet axe qu’une partie du trafic automobile de 2.000 voitures qui empruntaient au quotidien le pont effondré va se reporter. Les automobilistes sont aussi déviés depuis lundi vers le pont de Layrac ou celui de Bessières, apte à amortir ce flux supplémentaire assure la collectivité qui a récemment fait des travaux sur cette structure.
Pour certains habitants, la fermeture de Bessières, et le report de son trafic, pourrait avoir fragilisé le pont de Mirepoix-sur-Tarn.
Déblayer avant de reconstruire
Une situation qui pourrait durer de longs mois. Car avant même de penser à remplacer l’ouvrage qui a cédé, il va falloir évacuer les tonnes de gravats qui gisent au fond du Tarn, ainsi que le camion et son chargement qui pèsent plus de 50 tonnes.
La préfecture a missionné la Direction départementale des territoires de Haute-Garonne pour trouver des entreprises qui pourront s’en charger. Et surtout trouver la solution technique pour le faire. Soit grâce à une barge flottante, soit en installant un dispositif sur les berges capable de supporter et tracter une charge aussi importante.
Quant à la reconstruction, « nous allons étudier ce qui est possible techniquement », indique le conseil départemental. Mais la profondeur de la rivière sur l’axe du pont de Mirepoix-sur-Tarn limite les possibilités, et notamment celle de réaliser des piles d’appui au sein même du lit du Tarn.
Béatrice Colin