Toulouse. Chronique d'un succès mondial annoncé, les nanotags | La lettre de Toulouse | Scoop.it

Laurence Ressier, enseignant-chercheur à l’Insa de Toulouse, tient une fiole contenant les nano-particules, invisibles à l’oeil nu, servant à faire les tags.


Du laboratoire à l'application industrielle, exemple réussi d'une innovation toulousaine. Les nanotags pourraient bientôt équiper bon nombre de cartes d'identité ou de santé.

Une innovation toulousaine qui suit la chaîne de valeurs sans faille pour bientôt partir à l’assaut d’un marché mondial, ça mérite qu’on s’y attarde. Les nanotags ou étiquettes à nanoparticules luminescentes, deux fois plus petites que la taille d’un cheveu, donc invisibles à l’oeil nu, intéressent tous les marchés de la lutte anti-contrefaçon. Et plus particulièrement, aujourd’hui, celui des cartes sécurisées comme les cartes de santé ou les cartes d’identification.

Mises au point pendant deux années par l’équipe de Laurence Ressier, enseignant-chercheur au Laboratoire de physique et chimie des nano-objets (LPCNO) à Toulouse [1], « ces étiquettes lisibles avec un microscope optique et une application smartphone peuvent contenir de nombreuses informations d’authentification et leur structure en trois dimensions et luminescente les rend difficiles à contrefaire. »

Toulouse Tech Transfer, du labo à l’industrie

Après un premier brevet déposé en mars 2013, un deuxième est en cours de dépôt via Toulouse Tech Transfer, l’entité publique créée en 2012 pour justement accélérer la transformation des découvertes issues des laboratoires publics vers des applications industrielles. Un domaine dans lequel la France peine. « Nous exploitons aujourd’hui une partie des potentialités de ces nanotags dans le domaine des titres d’identité. Le luxe, les produits pharmaceutiques ou l’automobile pourraient aussi être intéressés », explique Vincent Menny, responsable technique de Toulouse Tech Transfer.

En clair, Toulouse Tech Transfer a aujourd’hui trouvé un partenaire industriel toulousain, la société Nanolike, capable de transformer l’essai dans le domaine des cartes sécurisées. Le second brevet déposé donnera lieu à un octroi de licence en cours de finalisation avec Nanolike qui l’exploitera pour développer une technologie aboutie applicable aux grandes séries de production de tags.

Un marché mondial de plusieurs dizaines de millions d’euros

« Notre ambition est industrielle, c’est-à-dire que nous souhaitons développer une chaîne de fabrication de ces nanotags à Toulouse pour un premier contrat d’ici fin 2014 voire début 2015. Notre cible est principalement certains pays africains qui ont besoin de s’équiper en cartes sécurisées, de santé ou d’identité. Sur trois années, cela pourrait représenter jusqu’à 4 millions de cartes au prix moyen de 5 euros la carte équipée de nanotags », explique Jean-Jacques Bois, gérant-fondateur de Nanolike. Au final, un marché de plusieurs dizaines de millions d’euros récurrent puisque les cartes sécurisées sont souvent renouvelées au bout de cinq ans. Nanolike reversera alors des royalties à Toulouse Tech Transfer, qui a financé au côté de l’Agence nationale de la recherche (ANR) les travaux du LPCNO à hauteur de 200.000 euros. La boucle est bouclée.
Isabelle Meijers