Sécheresse : la création de réserves d'eau à l'ordre du jour - 22/03/2019 | La lettre de Toulouse | Scoop.it

Pour faire face à la pénurie d'eau l'été, il faudra économiser la ressource, mieux utiliser les réserves existantes mais aussi en créer d'autres. Le Département lance aujourd'hui la consultation.

 

Si les projets de grands barrages ont vécu, de nouvelles réserves d'eau verront-elles le jour, vraisemblablement au pied des Pyrénées ? C'est possible tant les pénuries estivales et le réchauffement climatique constituent d'ores et déjà une «situation alarmante», comme le soulignait, une fois de plus, le préfet de région, en novembre 2017.

 

Mais depuis quelques années et notamment le drame de Sivens en 2014, la création de retenues, qui suscite tant d'opposition, n'est plus envisagée comme la première et la seule des solutions. C'est dans cet esprit que le conseil départemental de la Haute-Garonne a décidé, en novembre 2017, d'ouvrir la délicate réflexion sur la gestion quantitative de l'eau.

 

Dès cette année-là, plusieurs actions ont été entreprises pour mieux utiliser les réserves existantes (lac de Filhet, réalimentation de Montbel, négociation avec EDF sur les lacs hydroélectriques d'altitude…) et pour économiser l'eau (dans la gestion des canaux, avec le virage environnemental souhaité de l'agriculture…).

Cette réflexion, qui concerne tout type d'usager, ne peut se mener sans se tourner vers la population. C'est le sens des «projets de territoire» voulus par la loi et donc de la consultation publique qui débute aujourd'hui, journée mondiale de l'eau, à l'échelle du bassin de la Garonne amont, des Pyrénées à la confluence de la Garonne avec l'Ariège à Portet.

Le Département, et le comité de pilotage (s'y ajoutent l'État, la Région, l'Ariège, les Hautes-Pyrénées, le Gers, le Val d'Aran, l'Agence de l'eau et Toulouse Métropole), ont mis le paquet. Un panel de trente citoyens, tiré au sort parmi 3000, est au cœur du dispositif. À l'occasion de quatre rencontres de deux journées, il leur sera demandé beaucoup : élaborer les grandes orientations mais aussi la liste d'actions à entreprendre. Des ateliers thématiques, des rencontres avec les citoyens sont aussi prévus. Le site www.garone-amont.fr, qui recueillera les avis, inclut tout le travail technique sur le sujet. En ces temps de demande de participation citoyenne, l'originalité de la méthode, qui n'est pas une première, est à souligner.

L'avis du panel «sera pris en compte par les élus du Département qui décideront», affirme Jean-Michel Fabre, vice-président de la collectivité, y compris sur la création de réserves. Et ce n'est bien qu'après cet avis que le travail sur celles-ci commencera. La concertation est prévue jusqu'en juin. La restitution par le Département aura lieu à l'automne en vue de décisions «avant la fin de l'année».

 

Repères

Le chiffre : 52

millions de m3 > Stock estival. Chaque été, quelque 52 millions de m3 d'eau, stockés dans les lacs hydroélectriques pyrénéens, sont disponibles pour soutenir le niveau de la Garonne.

Économies d'eau, meilleure utilisation des réserves existantes, créations de nouvelles retenues : « sur tous ces leviers, il faut un plan d'action ».

Jean-Michel Fabre, vice-président du conseil départemental

 

Un panel de citoyens au cœur de la consultation

La concertation pilotée par le conseil départemental repose sur quatre piliers : la création d'un panel de citoyens, des rencontres avec les habitants, des ateliers de travail thématiques et la création d'un site internet : https://www.garonne-amont.fr/

 

 

Trente personnes, tirées au sort parmi 3000, et volontaires, forme le panel qui se réunira pour la première fois aujourd'hui à Saint-Gaudens. Sa mission est de réfléchir aux actions à mettre en œuvre. Les ateliers sont ouverts à tous. Ils sont organisés par thèmes : agriculture (le 11 avril à Montesquieu-Volvestre), biodiversité (le 17 avril à Portet), tourisme… Les rencontres avec les habitants ont pour but de susciter des contributions de personnes qui ne seraient pas intervenues. Elles sont programmées sur les marchés, dans les collèges, des clubs de jeunes… En ligne à partir d'aujourd'hui, le site présente l'ensemble des documents et permet de recueillir des avis. Le Département déploie des moyens importants en recrutant quatre cabinets spécialisés. Le projet de territoire est financé à 70 % par l'Agence de l'eau et à 30 % par le Département.

 
Jean-Noël Gros