Jean-Marc Moschetta, GIS micro-drones : « Positionner Midi-Pyrénées sur la filière drones » | La lettre de Toulouse | Scoop.it

Le groupement d’intérêt scientifique Micro-drones vient récemment de voir le jour à Toulouse. Grâce à lui, onze laboratoires toulousains et plusieurs entreprises entendent stimuler la recherche et ne pas passer à côté d’un secteur aéronautique en pleine croissance. Interview.

 

Jean-Marc Moschetta, vous êtes enseignant-chercheur à l’Institut supérieur de l’aéronautique et de l’espace (Isae-Supaero) et directeur du tout nouveau groupement d’intérêt scientifique Micro-drones. En quoi le GIS va-t-il permettre à la filière drones de se structurer en région ?

Toulouse est connue pour son expertise de haut niveau dans les avions et les satellites, des choix prioritaires pour la région. Or, en aéronautique, le secteur des drones est en forte expansion. Il a d’ailleurs été largement investi par Bordeaux. Nous souhaitons donc, grâce à ce GIS, honorer la compétence aéronautique de Toulouse en la complétant par les mini et micro-drones. Le consortium fédère onze laboratoires partenaires, soit près d’une centaine de chercheurs du secteur, ainsi que des entreprises au statut de membres associés, dont Delair-Tech, Airborne Concept ou l’Avion Jaune.


Le GIS fonctionnera comme une structure d’animation de la recherche avec de nombreuses conférences. Il sera aussi une pépinière de projets. Lors d’appel d’offres public, il permettra d’associer rapidement entreprises et laboratoires, de créer des structures mixtes, capables d’y répondre. Les petites entreprises s’appuieront sur les chercheurs et le matériel des laboratoires comme les souffleries ou les volières à drones.

Quels sont aujourd’hui les projets déjà en cours ?

Notre consortium fait la part belle aux applications scientifiques. En archéologie, pour l’Institut de recherches archéologiques préventives (Inrap), nous travaillons sur des micro-drones explorateurs de grottes ou de boyaux de cavernes, voire en prévention de travaux souterrains. Pour le centre de recherche de la météo nationale qui étudie la microphysique des nuages, il y a le projet sky-scanner en cours. Au lieu d’envoyer un avion releveur de données dans les nuages, ce sera une dizaine de micro-drones en râteau aérien qui seront lancés. On peut citer, avec Airbone Concept, des drones largables depuis des avions de parachutistes en cas d’accidents dans des zones difficiles d’accès.
Un projet nous occupe pour le CHU de Toulouse : le transport de sang par drones entre les différents sites de Rangueil, Purpan et l’Oncopole. Des drones silencieux équipés de caméras vidéo sont capables de rouler ou s’accrocher aux plafonds ou aux vitres. Ils sont très utiles dans les cas de raids de police dans des appartements. Ils peuvent aussi être munis de caméras thermiques qui permettent de détecter des sources de chaleur humaine dans l’obscurité. Les applications sont variées, civiles ou militaires. Dernièrement, un appel à projets a été lancé concernant la surveillance des pipelines au Proche-Orient.

Comment vous donner plus de visibilité ?

L’organisation de la grande conférence Imav (International micro air vehicles, NDLR) à Toulouse en 2017 est d’ores et déjà actée. Elle a eu lieu il y a deux ans aux Pays-Bas, puis à Aix et prendra place en 2016 à Pékin. Nous souhaitons également lancer un salon professionnel du drone au sein du futur village des drones et de la robotique, sur l’ancienne base militaire de Francazal. Nous sommes en recherche de sponsors pour cet événement. Nous comptons d’ailleurs sur le soutien de la Région et du ministère de l’Intérieur pour toutes nos actions d’animations, de rencontres ou de conférences.

 

Propos recueillis par Isabelle Meijers - Photo ToulÉco.

Qu’est-ce qu’un mini ou micro-drone ?

« Le mini-drone a une taille de un à trois mètres d’envergure. C’est un mini-avion lancé à bout de bras, un peu comme un avion d’aéromodélisme doté d’une intelligence embarquée. Un micro-drone fait plutôt quelques dizaines de centimètres et fonctionne à la manière d’un hélicoptère avec des phases de vols stationnaires. Certains sont convertibles, alternant vols linéaires et stationnaires », explique Jean-Marc Moschetta.