Et si les mathématiques étaient l'antidote au chômage ? | La lettre de Toulouse | Scoop.it

C'est une première. La parution d'une étude sur l'impact socio-économique des mathématiques en France. Commandée par les LabEx de mathématiques, elle dévoile que 2,4 millions des emplois sont impactés par les maths, soit 9%. Le point avec Christophe Besse.

 

Christophe Besse, vous êtes professeur à l’Université Toulouse 3 Paul Sabatier et directeur du LabEx CIMI*, qui est à l’origine de cette étude ?
Après la parution d’une étude anglo-saxonne, le CNRS s’est posé la question de réaliser une étude nationale pour voir où nous en sommes par rapport à d’autres pays. Cette étude est une commande collective de tous les acteurs des mathématiques en France.

 

Qu’attendez-vous de cette parution ?
Au niveau de l’emploi, de démontrer que l’on peut trouver du travail en faisant des études de mathématiques et d’informatique. Et aussi, à l’égard des décideurs politiques, de leur faire toucher du doigt leur importance.

 

L’étude met en avant la valeur ajoutée des emplois impactés par les maths, soit 2,4 millions en France. Ces chiffres sont-ils satisfaisants ?
On espérait être au même niveau que les autres pays, mais on ne savait pas quel était le nombre d’emplois impactés. Ces chiffres sont une très bonne nouvelle, mais il faudrait pouvoir regarder leur progression : est-ce qu’ils restent stables, augmentent, diminuent ? Il faudra savoir vers où on va.

 

Midi-Pyrénées fait partie du top 5 des régions concentrant le plus d’emplois impactés par les mathématiques. Mais à hauteur de 4,7%, contre 4,4% pour l’ensemble de l’emploi, cela semble faible…
Que la région Midi-Pyrénées ne concentre que 4,4% de l’emploi en France, c’est cela qui est choquant. Par contre, 4,7% est un très bon pourcentage : nous sommes la troisième région qui concentre le plus d’ingénieurs. Cela montre notre dynamisme.

 

L’étude pointe des relations avec le monde industriel « encore peu significatives ». Qu’en pensez-vous ?
C’est un vrai défi. Dans les pays anglo-saxons, les entreprises travaillent naturellement avec les labos universitaires, ce qui est moins le cas en France. Les enseignants chercheurs tirent difficilement reconnaissance à travailler avec les industriels. La communauté académique souhaite ainsi développer des labels à l’intention des industriels, comme le label C3I, qui certifie qu’un docteur a des compétences fortes en calcul scientifique.

 

L’étude constate la faible évolution des effectifs dans la formation doctorale, mais relève que les docteurs en mathématiques seraient les plus épargnés du chômage**. Quel regard portez-vous sur ces chiffres ?
Ce qui m’intéresse dans ce résultat, c’est que le nombre d’inscrits dans nos formations doctorales ne baisse pas. De plus, ce doctorat est un antidote au chômage. Les gens qui sortent d’études scientifiques sont souvent employés avant la fin de leur formation. Enfin, les champs de compétences en demande croissante, sont ceux développés dans le LabEx CIMI de Toulouse. C’est une très bonne nouvelle pour nous.
Propos recueillis par Virginie Mailles Viard