La lettre de Toulouse
68.2K views | +3 today
Follow
La lettre de Toulouse
Quelques informations sur l'entreprise et l'immobilier à Toulouse
Your new post is loading...
Your new post is loading...

Popular Tags

Current selected tag: 'Maris'. Clear
Scooped by Jacques Le Bris
Scoop.it!

La ville de Muret rebaptise une école du nom de Bernard Maris, tué à Charlie Hebdo – Attentat à Charlie Hebdo - France 3 Midi-Pyrénées

La ville de Muret rebaptise une école du nom de Bernard Maris, tué à Charlie Hebdo – Attentat à Charlie Hebdo - France 3 Midi-Pyrénées | La lettre de Toulouse | Scoop.it

Le maire André Mandement a choisi de donner le nom de Bernard Maris à un groupe scolaire. Le père de l'économiste assassiné à Charlie Hebdo le 7 janvier a longtemps été instituteur dans cette ville de Haute-Garonne. 

 

Les élus de la ville de Muret (Haute-Garonne) ont décidé à l'unanimité de rebaptiser une école au nom de Bernard Maris, en mémoire de l'économiste originaire de la région toulousaine assassiné le 7 janvier à Paris au siège de Charlie Hebdo.

La décision a été prise la semaine dernière à Muret où le père de Bernard Maris avait "exercé pendant de nombreuses années en tant qu'instituteur", à 22 kms au sud de Toulouse, a-t-on appris auprès du cabinet du maire, André Mandement (PS).

Dans leur délibération municipale, les élus ont décrit Bernard Maris comme un "militant humaniste, tenant d'une vision économique alternative, pédagogue et transmetteur de savoir et d'idées en tant qu'enseignant, journaliste, écrivain" qui était "avant tout un citoyen libre".

Il a été enterré le 15 janvier à Montgiscard (Haute-Garonne) en présence de ses amis écrivains Michel Houellebecq et Emmanuel Carrère, du président de Radio France (Mathieu Gallet) où il tenait une chronique, et de nombreux professeurs de l'Université de Toulouse 1 où il avait enseigné.

No comment yet.
Scooped by Jacques Le Bris
Scoop.it!

Bernard Maris dans les colonnes d'Alternatives économiques

Bernard Maris dans les colonnes d'Alternatives économiques | La lettre de Toulouse | Scoop.it

Parmi les victimes de l'attentat du 7 janvier contre Charlie Hebdo figurait Bernard Maris. Il a longtemps été collaborateur de notre journal. Voici quelques-unes de ses principales contributions, ainsi que les hommages que journalistes et blogueurs d'Alternatives économiques ont souhaité lui apporter. 

Bernard Maris, auteur

Le suicide du libéralisme économique

Mort de l'économie, triomphe du libéralisme

Pourquoi lire Keynes aujourd'hui ?

Enron : le mythe de la transparence

Gilles Dostaler, "un grand économiste et un homme de la vie"


Bernard Maris répond à nos questions 

- Un entretien réalisé en avril 2013 : "Nos sociétés sont dépressives" 

Les ouvrages de Bernard Maris chroniqués par Alternatives économiques

-  Houellebecq économiste 

- Plaidoyer (impossible) pour les socialistes 

Antimanuel d'économie : 2. les cigales 

Keynes, ou l'économiste citoyen 

Le making of de l'économie par Philippe Chalmin, Benjamin Dard et Bernard Maris

La bourse ou la vie Philippe Labarde et Bernard Maris

Jacques Delors, artiste et martyr

Marx, ô Marx, pourquoi m'as-tu abandonné ?

Malheur aux vaincus. Ah, si les riches pouvaient rester entre riches… par Philippe Labarde et Bernard Maris

Lettre ouverte aux gourous de l'économie qui nous prennent pour des imbéciles

Une autre économie

Capitalisme et pulsion de mort

- Le journal

Hommages à Bernard Maris 
Adieu à Bernard Maris, par Philippe Frémeaux (initialement publié sur AlterEcoPlus)

L’attentat contre Charlie Hebdo n’a pas seulement tué des personnes. Il s’est aussi attaqué à la liberté d’expression, à la démocratie et à la cohésion de notre société. Il nous faut lutter contre le terrorisme avec détermination, mais sans perdre de vue que ce serait donner raison à ceux qui le pratiquent que d’abandonner nos valeurs pour adopter la vision du monde qui est la leur, un monde où l’intolérance est loi, un monde où l’identité se fonde sur la détestation de l’autre.   

Parmi les victimes de cet attentat, Bernard Maris, qui signait ses chroniques hebdomadaires dans Charlie Hebdo sous le pseudonyme d’« Oncle Bernard ». Universitaire de formation, Bernard Maris était présent dans de nombreux médias, et notamment France Inter ou I-télé. Mais il a également longtemps été collaborateur de notre journal. Nous partagions en effet bien des choses avec lui, à commencer par son regard critique sur le discours d’autorité tenus par les économistes dominants, qui habillent leurs prescriptions d’un vernis scientifique contestable. Un regard qu’il avait brillamment développé dans son livre Des économistes au-dessus de tout soupçon, paru en 1990.

Mais Bernard Maris n’était pas seulement un polémiste utilisant son immense talent pour ridiculiser la prétention et la pédanterie des économistes dominants. C’était aussi un « intellectuel » dont la vision du monde se nourrissait d’une fine connaissance des grands auteurs. Dans l’adieu au regretté Gilles Dostaler, lui aussi longtemps collaborateur d’Alternatives Economiques, qu’il nous avait livré en mars 2011, il écrivait : « Comme tous les « frondeurs » de notre génération, Gilles fut nourri de la Sainte Trinité, Nietzsche, Marx, Freud. Et très vite il fut ébloui par Keynes. (…) Keynes nous sauvait, Gilles et moi, moi plus que lui, de la tristesse dans laquelle nous plongeait l'économie orthodoxe. »

De cette proximité intellectuelle était notamment né Capitalisme et pulsion de mort, en 2009, un livre stimulant qui confrontait la pensée de Freud et Keynes, qui analysait avec finesse les ressorts de la quête démesurée de l’accumulation d’argent qui régit notre société. Avec des références à Bataille, mais aussi aux défenseurs de la monnaie fondante, tel Sylvio Gesell. Réfléchir à la place de la monnaie dans le capitalisme n’était donc pas seulement un enjeu en termes de régulation macro-économique, mais allait bien au-delà, en conduisant à s’interroger sur le désir, et, plus au fond, aux conditions d’une société pacifiée.

Bernard Maris était bien au fait de la complexité et de la violence du monde dont il vient d’être la victime. Il pouvait parfois donner l’impression, ces dernières années, d’être devenu plus distancié.  Auteur lui-même de plusieurs romans, il s’investissait désormais autant dans la littérature que dans l’économie. Tant il est vrai que les meilleurs romans nous en apprennent souvent plus sur la vie et la société que certains essais. Il venait de signer un « Houellebecq économiste » stimulant au sens où les romans de cet auteur sont aussi un symptôme des désordres du monde actuel, et de la perte de sens que l’on constate.

Eprouvé par la perte de sa femme, disparue depuis maintenant deux ans, il n’était pas pour autant tombé dans le cynisme. Il continuait d’espérer que notre société puisse devenir plus douce à ses membres, donner plus de place au don et au contre don.

Bernard, tu nous manques.

"Bernard Maris : souvenirs", par Christian Chavagneux (initialement publié sur AlterEcoPlus)

Nan mais t’as entendu ça Bernard ! Les voilà tous à parler de « l’économiste Bernard Maris ». Je t’entends d’ici : « Ah, les cons ! » De ton premier à ton dernier livre, tu n’as jamais cessé de railler l’establishment des économistes patentés dont les démonstrations, écrivais-tu, représentent « ce que les mots croisés sont à Proust » !

Formé à la micro à Toulouse !

Economiste, tu l’as été, ça c’est sûr. Docteur en économie, agrégé de l’université. Excusez du peu. Par une belle ironie qui n’appartient qu’à toi, tu as fait tes études d’économie à Toulouse : chez des matheux spécialisés dans la petite microéconomie théorique, toi le littéraire spécialiste des grandes questions macro ! T’en as bouffé des modèles ! Et même passé cinq ans de ta vie à écrire une thèse sur une approche théorique de la répartition des revenus en période de croissance équilibrée. Du sérieux.

Eh oui, à tous ceux qui prenaient Bernard pour un amuseur public, sachez qu’il a commencé par remplir sans problème les canons de la discipline ; avant de prendre, heureusement pour nous, les chemins de l’indiscipline économique. Jean-Jacques Laffont, le père spirituel de l’Ecole d’économie de Toulouse, t’appréciait beaucoup. C’est lui, on le sait peu, qui t’a permis d’aller enseigner un an aux Etats-Unis, à l’université d’Iowa, d’où tu es revenu avec un accent toulousano-américain absolument inimitable !

Une approche d’économie politique

« Si c’était à refaire, je ne le referais pas », disais-tu. Comme je te comprends.

Tu avais lu Marx, Keynes, Hayek et beaucoup d’autres : aujourd’hui majoritairement des noms sur de vieilles photos, je ne suis pas sûr que notre soi-disant prix Nobel en ait même parcouru la moitié. Et je ne parle même pas de tes grandes connaissances littéraires et philosophiques.

Tu dénonçais le goût immodéré de l’argent, cette course pour savoir qui serait le plus riche du cimetière

Tu défendais une approche d’économie politique, à vision large, qui s’interrogeait sur la nature du capitalisme, sa dynamique et sa dimension sociale, écologique et politique. Tu t’intéressais aux dimensions psychologiques et irrationnelles du comportement économique. Tu dénonçais la surconsommation et le goût immodéré de l’argent, cette course pour savoir qui serait le plus riche du cimetière.

Un style

Tu savais écrire, en français, pas en équations. Et quelle plume ! Le sens de la formule : la fin du travail « s’est muée en travail sans fin » ; les stock-options, une« simple avance sur pillage »… Et, bien sûr, le sens de l’humour. Les crises de rire qu’on a pu prendre dans le studio d’On n’arrête pas l’éco quand on t’écoutait répéter tes portraits juste avant l’émission. Et à l’écrit, je ne résiste pas à piocher deux trois choses parmi des centaines :

  • « Si l'on vendait Jacques Delors à sa valeur travail, on pourrait éponger les pertes sur Attali soldé à sa valeur pensée. »
  • « Quand on a passé quelques heures sur le périphérique, on a plus vite fait le tour du progrès que de Paris ! »
  • Ou quand tu te demandais ce que c’est d’être socialiste aujourd’hui :« Désormais, les socialistes sont des gestionnaires. Pourquoi pas ? Comptable est un métier comme un autre »

Tu avais le goût et tu avais fait le choix de la pédagogie économique. S’adresser à tous pour donner envie de comprendre et de s’impliquer dans le débat démocratique sur l’économie. En cela, tu ne pouvais qu’être proche d’Alternatives Economiques. Tu as toujours été un fidèle compagnon de route.

Bref, on le comprend à cette longue liste, tu n’avais plus rien à voir avec ce qui fait l’économiste standard d’aujourd’hui.

Etre journaliste

« Si c’était à refaire, j’aurais commencé par le journalisme », as-tu dit. Héritage de ton père, un peu, qui dirigeait des journaux pendant la résistance. « Journalisme », « résistance », deux mots qui vont si bien ensemble chez toi.

Permets-moi de finir sur une petite note personnelle. Quand Oncle Bernard m’a dédicacé son Journal d’un économiste en crise, il a écrit : « Pour mon cher neveu Christian. » Je peux te dire que j’étais pas peu fier ce jour-là ! Je suis sûr qu’on est plein à avoir reçu cette dédicace, parce que des neveux, heureusement, tu en as quelques-uns. C'est juste qu'il nous faudra encore un paquet d'années pour arriver à ton niveau de culture économique et de pédagogie. Et pour le reste, la voix, le style, l'humour, la poésie, etc., on sera obligé de faire autrement : tu as placé la barre trop haut.

Tes livres portaient une déception mais aussi un espoir

Enfin, alors que tu avais mon adresse mail et mon portable, quand tu voulais dire des choses importantes, tu continuais à écrire des lettres, à l’ancienne. Dans la dernière que j’ai reçue de toi, tu me disais que tes livres portaient « une déception mais aussi un espoir » : parce que « la vie est en nous, la vie est ailleurs », ailleurs que dans l'économie. Tu as été un homme généreux. Et par les temps qui courent, la générosité, ça fait un bien fou.

Bernard Maris a été assassiné le mercredi 7 janvier 2015 dans les locaux du magazine Charlie Hebdo, lors de la conférence de rédaction à laquelle il participait.

Bernard Maris avait de multiples qualités, tant intellectuelles, professionnelles, artistiques, que personnelles. En particulier, il était doté d’une gentillesse et d’une bienveillance rares.

En tant qu’économiste, il possédait avec brio ce qui est peut-être la qualité la plus importante : la capacité de surprendre, de provoquer, mais aussi et surtout d’expliquer au plus grand nombre, de décortiquer, d’expliquer et… de faire rire.

Il était un passeur, un éveilleur de consciences, un « poil à gratter » qui déshabillait sans cesse les thuriféraires de la pensée libérale pour montrer à quel point leur pensée allait à l’encontre du bonheur des hommes, du fonctionnement harmonieux de la société, et de la préservation de notre environnement.

Sur le plan théorique, il était keynésien, au sens plein du terme. Pour Maris, Keynes c’était cet « économiste citoyen », celui qui recherche inlassablement la paix et la prospérité – car Maris n’oubliait jamais, sombre présage, qu’au bout de l’horreur économique il y avait l’horreur tout court.

Pour Keynes, on le sait, « un économiste de qualité, ou simplement compétent, est un oiseau rare ». En effet, « il doit être mathématicien, historien, homme d’Etat, philosophe, dans une certaine mesure. Il doit comprendre les symboles et s’exprimer avec des mots. Il doit observer le particulier d’un point de vue général et atteindre le concret et l’abstrait du même élan de pensée. Il doit étudier le présent à la lumière du passé et dans la perspective du futur. Rien de la nature et des institutions de l’homme ne doit lui être étranger. Il doit être à la fois impliqué et désinteressé ; être aussi détaché et incorruptible qu’un artiste et cependant avoir autant les pieds sur terre qu’un homme politique ».

Bernard Maris était un peu de tout cela. Lorsqu’on lui demandait ce que lui, économiste critique radical pouvait bien enseigner, il répondait « l’histoire économique ». Aujourd’hui, l’histoire économique a à peu près disparu des cursus des facultés d’économie – tout comme la lecture des textes de Keynes.

Bernard Maris était d’une grande érudition, qui ne se limitait pas aux sciences sociales. Le combat de l’AFEP est avant tout celui de la culture économique, entendue comme connaissance des auteurs de sciences sociales, de l’histoire et des sociétés contemporaines. Son combat est le nôtre.

Aujourd’hui, les facultés d’économie produisent des Jean Tirole, qui s’opposent au pluralisme.

Si l’AFEP ne gagne pas ses combats, elles ne produiront plus de Bernard Maris.

En attendant, que faire ? Lire, lire, et encore lire. Donner à lire aux étudiants l’Anti-manuel d’économie de Bernard Maris, qui a connu un succès considérable dans la population mais qui est à peu près absents des cours de faculté.

Notre peine est infinie d’avoir perdu sous les balles une personne d’une telle intelligence, d’une telle humanité. Mais l’AFEP est là pour essayer d’empêcher que sa lumière ne s’éteigne tout à fait.

Le mot “atterré” a pris aujourd’hui un autre sens. Il ne désigne plus seulement une poignée d’économistes en opposition avec leurs collègues qui continuent envers et contre toute pensée logique de faire prendre des vessies pour des lanternes aux citoyens et à leurs étudiants. Bernard Maris faisait partie de ces économistes atterrés. Mais aujourd’hui le mot “atterré” désigne l’effondrement qui nous atteint, nous sidère et nous submerge après son assassinat et celui de ses amis de Charlie Hebdo.

Bernard Maris fut peut-être, à l’aube du capitalisme néolibéral qui vit la “science” économique basculer définitivement dans l’apologie de la finance spéculative, l’un des premiers sinon le premier de notre génération à partir en bataille contre cette pseudo-science. Il fit cela avec toute sa connaissance de l’intérieur de la discipline et avec un humour ravageur, à l’image de son Charlie Hebdo, de notre Charlie Hebdo.

Car la bataille qu’il mena était double. D’abord contre ses pairs qui ne lui arrivaient pas à la cheville.  Son livre Des économistes au-dessus de tout soupçon ou la grande mascarade des prédictions (A. Michel, 1990) dénonçait déjà il y a vingt-cinq ans, à une époque où les voix contraires étaient rares, les économistes “Diafoirus” et mettait en pièces les prétendues “lois” économiques enseignées dans toutes les universités.

Et il mena aussi une bataille pour la démocratie en rendant accessible, par la voie de la dérision et du pastiche, la dénonciation précise du discours envahissant la sphère cathodique. Il participa à sa manière à la critique de l’austérité pour les pauvres et des largesses pour les riches, du capitalisme envahissant tout, du productivisme qui détruit humains et planète, et son argumentation en faveur de la réduction du temps de travail ne se démentit jamais.

Atterrés que cette voix se soit tue, que cette voix ait été tuée, ulcérés devant de tant de violence et de haine envers l’humanité humaine, nous pleurons de tristesse et de stupeur.

Je suis Charlie, nous sommes Charlie, telle est la réponse que spontanément la société oppose à cette violence et à cette haine.

Bernard Maris était un “atterré” non violent. Nous sommes tous des atterrés non violents, mais déterminés.

Bernard Maris

No comment yet.