Haute-Garonne : le dépôt des vieux fusils de chasse fait un carton | La lettre de Toulouse | Scoop.it

La préfecture a mis en place trois centres de collecte, aux commissariats de police de Blagnac et Saint-Gaudens et à la gendarmerie de Muret. Il est possible de faire enregistrer son arme soit de s’en débarrasser.

 

C’est la ruée à la gendarmerie de Muret, l'un des trois centres de collecte d'armes non déclarées de la Haute-Garonne. Chaque jour, des centaines de personnes viennent y déposer les armes héritées de leurs aïeuls. Reportage.

 

"Jacqueline s'approche à petits pas de la gendarmerie de Muret.
Pour ne pas effrayer les passants, elle a recouvert d'une serviette de bain la vieille carabine qui lui sert "à tuer les taupes".
La mine renfrognée, cette retraitée âgée de 77 ans, domiciliée à Labarthe-sur-Lèze, présente son arme qu'elle veut faire enregistrer aux gendarmes à l'entrée de la caserne (*).
" Je l'ai héritée de ma grand-mère Emeline, elle a avant tout une valeur sentimentale pour moi. Il est hors de question que je m'en sépare. Je vais devoir faire des heures de queue pour être en règle.
On nous prend vraiment pour des couillons ! On vient chercher des poux dans la tête des honnêtes gens alors qu'il y a plein d'armes qui circulent chez les bandits", s'agace-t-elle.

 

"On nous prend pour des couillons"

 

Ce mercredi matin, le parking de la gendarmerie est bondé comme depuis le début de l'opération spéciale lancée par le gouvernement en vue de déclarer ou faire détruire des armes trouvées ou héritées.
En quelques heures, les militaires de Muret ont récupéré assez d'armes pour envoyer au front un petit régiment.

C'est la même chose dans les deux autres points de collecte du département au commissariat de Blagnac et à l'hôtel de police de Saint-Gaudens où les gendarmes sont venus prêter main-forte à leurs collègues de la police pour gérer le flux des personnes venues déposer leurs armes.
La très grande majorité sont des retraités qui veulent se délester de leurs vieux fusils de chasse oubliés dans les caves ou les greniers des maisons familiales.

 

C'est le cas de Michel, toulousain âgé de 68 ans, contrôleur de gestion à la retraite : "Je suis venu me séparer de ma carabine 9 mm. Mon grand-père me l'avait offerte quand j'étais gosse. Je l'accompagnais à la chasse avec au Fousseret. On partait avec ses chiens dès le lever du jour. Je me rappelle surtout des casse-croûte bien épais qu'on avalait à midi. ça a bercé mon enfance.
Après avec le temps, je suis devenu plutôt anti-chasse, donc ce n'est pas vraiment un problème de la faire détruire."

"Je ne veux pas que le fusil de mon oncle finisse entre de mauvaise main".

 

Christian était moins disposé à donner aux forces de l'ordre le fusil de chasse hérité de son oncle : "Je me suis fait cambrioler à trois reprises. Et la dernière fois, c'est tout récent. Je me suis dit que ça serait peut-être bien de la conserver en me mettant en règle à la préfecture mais à la réflexion, il fallait mieux que je m'en débarrasse.
Je n'aimerais vraiment pas qu'au cours d'un énième cambriolage, elle atterrisse entre de mauvaises mains", confie cet habitant de Lacroix-Falgarde.

 

 

(*) Jusqu'au 2 décembre inclus les particuliers, détenteurs non déclarés d'armes trouvées ou acquises par héritage, pourront se rendre dans des sites spécialement ouverts partout sur le territoire pour soit s'en dessaisir auprès de l'état, soit pour les enregistrer dans le système d'information sur les armes (SIA).

 

Sébastien Girardel